Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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Je m’essuyai le visage de ma manche avant d’entrer chez Conrad. Le bruit de mitrailleuse et de machine à coudre du télégraphe crépitait de l’autre côté des battants entrebâillés. Conrad travaillait le dos à la fenêtre, accoudé à une énorme table de chêne sculpté, au milieu de ce bureau où un grand-père maniaque avait entassé une grotesque collection de souvenirs de chasse. Une série cocasse et sinistre de petits animaux empaillés s’alignait sur des étagères, et je me souviendrai toujours d’un certain écureuil accoutré d’une veste et d’un bonnet tyrolien sur son pelage mangé aux vers. J’ai passé quelques-uns des moments les plus critiques de ma vie dans cette chambre qui sentait le camphre et la naphtaline. Conrad releva à peine, en me voyant entrer, sa figure pâle, creusée par le surmenage et par l’inquiétude. Je remarquai que la mèche de cheveux blonds qui s’obstinait à lui tomber sur le front se faisait moins épaisse, moins brillante qu’autrefois ; il serait un peu chauve à trente ans. Conrad était tout de même assez russe pour être un des fanatiques de Broussaroff ; il me donnait tort, et peut-être d’autant plus qu’il s’était usé d’angoisses à mon sujet. Il m’interrompit dès les premiers mots :
— Volkmar ne croyait pas Broussaroff mortellement blessé.
— Volkmar n’est pas médecin, dis-je, et le choc de ce nom fit déborder en moi toute la rancune que je ne me sentais pas contre le personnage dix minutes plus tôt. Paul a jugé tout de suite que Broussaroff n’en avait plus pour quarante-huit heures...
— Et comme Paul n’est plus là, il ne reste plus qu’à te croire sur parole.
— Dis tout de suite que tu aurais préféré ne pas me voir revenir.
— Ah, vous me dégoûtez tous ! dit-il en se prenant la tête entre ses mains étroites, et je fus frappé par l’identité de ce cri avec celui de la fugitive. Le frère et la sœur étaient également purs, intolérants et irréductibles.
Mon ami ne me pardonna jamais la perte de ce vieillard imprudent et mal informé, mais il soutint jusqu’au bout en public cette conduite qu’à part soi il jugeait inexcusable. Debout devant la fenêtre, j’écoutais parler Conrad sans l’interrompre ; bien plus, je l’entendais à peine. Une petite figure se détachant sur le fond de neige, de boue et de ciel gris, occupait mon attention, et ma seule crainte était que Conrad se levât en boitillant, et vînt à son tour jeter un coup d’œil du côté de la vitre. La fenêtre donnait sur la cour, et, par-delà l’ancienne boulangerie, on apercevait un tournant de la route qui menait au village de Mârba, sur l’autre berge du lac. Sophie marchait péniblement, arrachant du sol avec effort ses lourdes bottes qui laissaient derrière elle des empreintes énormes ; elle courbait la nuque, aveuglée sans doute par le vent, et son baluchon la faisait ressembler de loin à une colporteuse. Je retins mon souffle jusqu’au moment où sa tête enveloppée d’un châle eut plongé derrière le petit mur en ruine qui bordait la route. Le blâme que la voix de Conrad continuait à déverser sur moi, je l’acceptais en échange des reproches justifiés qu’il eût été en droit de me faire, s’il avait su que je laissais Sophie s’éloigner seule et sans espoir de retour dans une direction inconnue. Je suis sûr qu’elle n’avait à ce moment que juste assez de courage pour marcher droit devant soi sans tourner la tête en arrière ; Conrad et moi l’eussions facilement rejointe et ramenée de force, et c’est précisément ce que je ne voulais pas. Par rancune d’abord, et parce que, après ce qui s’était passé d’elle à moi, je ne pouvais plus supporter de voir de nouveau s’établir et durer entre nous cette même situation tendue et monotone. Par curiosité aussi, et ne serait-ce que pour laisser aux événements la chance de se développer d’eux-mêmes. Une chose au moins était claire : elle n’allait certes pas se jeter dans les bras de Volkmar. Contrairement aussi à l’idée qui un moment m’avait traversé l’esprit, ce chemin de halage abandonné ne la conduisait pas aux avant-postes rouges. Je connaissais trop Sophie pour ne pas savoir qu’on ne la reverrait jamais vivante à Kratovicé, mais je gardais en dépit de tout la certitude qu’un jour ou l’autre nous nous retrouverions face à face. Même si j’avais su dans quelles circonstances, je crois que je n’aurais rien fait pour me mettre en travers de sa route. Sophie n’était pas une enfant, et je respecte assez les êtres, à ma manière, pour ne pas les empêcher de prendre leurs responsabilités.
Si étrange que cela puisse paraître, près de trente heures passèrent avant que la disparition de Sophie fût remarquée. Comme il fallait s’y attendre, ce fut Chopin qui donna l’alerte. Il avait rencontré Sophie la veille, vers midi, à l’endroit où le chemin de Mârba quitte la berge et s’enfonce dans le petit bois de sapins. Sophie avait réclamé de lui une cigarette, et, se trouvant à court, il avait partagé avec elle la dernière d’un paquet. Ils s’étaient assis côte à côte sur le vieux banc qui demeurait là, témoin branlant d’une époque où tout l’étang se trouvait compris dans les limites du parc, et Sophie avait demandé des nouvelles de la femme de Chopin, qui venait d’accoucher dans une clinique de Varsovie. En le quittant, elle lui avait recommandé de garder le silence sur cette rencontre.
— Surtout, pas de bavardages, as-tu compris ? Vois-tu, mon vieux, c’est Éric qui m’envoie.
Chopin était habitué à lui voir porter pour moi des messages dangereux, et à ne me désapprouver qu’en silence. Le lendemain pourtant, il me demanda si j’avais chargé la jeune fille d’une mission du côté de Mârba. Je dus me contenter de hausser les épaules ; Conrad inquiet insista ; il ne me resta qu’à mentir et à déclarer que je n’avais pas revu Sophie depuis mon retour. Il eût été plus prudent d’admettre que je l’avais croisée sur une marche d’escalier, mais on ment presque toujours pour soi-même, et pour s’efforcer de refouler un souvenir.
Le jour suivant, des réfugiés russes nouveaux venus à Kratovicé firent allusion à une jeune paysanne en pelisse de fourrure qu’ils avaient rencontrée le long de la route, sous l’auvent d’une hutte où ils s’étaient reposés pendant une rafale de neige. Ils avaient échangé avec elle des saluts et des plaisanteries gênées par leur ignorance du dialecte, et elle leur avait offert de son pain. Aux questions que l’un d’entre eux lui avait alors posées en allemand, elle avait répondu en secouant la tête, comme si elle ne connaissait que le patois local. Chopin décida Conrad à organiser dans les environs des recherches, qui n’aboutirent pas. Toutes les fermes de ce côté étaient abandonnées, et les empreintes solitaires qu’on rencontra sur la neige auraient aussi bien pu appartenir à un rôdeur ou à un soldat. Le lendemain, le mauvais temps découragea Chopin lui-même de continuer ses explorations, et une nouvelle attaque des Rouges nous força à nous occuper d’autre chose que du départ de Sophie.
Conrad ne m’avait pas donné sa sœur à garder, et ce n’était pas moi, après tout, qui avais volontairement poussé Sophie sur les routes. Pourtant, durant ces longues nuits, l’image de la jeune fille pataugeant dans la boue glacée hanta mon insomnie aussi obstinément que s’il s’agissait d’un fantôme. Et de fait, Sophie morte n’est jamais revenue me poursuivre comme le faisait à cette époque Sophie disparue. À force de réfléchir aux circonstances de son départ, je tombai sur une piste, que je gardai pour moi. Je me doutais depuis longtemps que la reprise de Kratovicé sur les Rouges n’avait pas complètement interrompu les relations entre Sophie et l’ancien commis de librairie Grigori Loew. Or, le chemin de Mârba menait aussi à Lilienkron, où la mère Loew exerçait la double et lucrative profession de sage-femme et de couturière. Son mari, Jacob Loew, avait pratiqué le métier presque aussi officiel et plus lucratif encore de l’usure, longtemps à l’insu de son fils, je veux bien le croire, et ensuite pour le plus grand dégoût de celui-ci. Au cours de représailles pratiquées par les troupes antibolcheviques, le père Loew avait été abattu sur le seuil de la friperie, et occupait maintenant dans la petite communauté juive de Lilienkron le poste intéressant de martyr. Quant à la femme, bien que suspecte à tous les points de vue, puisque son fils exerçait un commandement dans l’armée bolchevique, elle avait réussi jusqu’à ce jour à se maintenir dans le pays, et tant d’habileté ou de bassesse ne me prédisposait pas en sa faveur. Après tout, la suspension de porcelaine et le salon en reps écarlate de la famille Loew avaient été pour Sophie la seule expérience personnelle hors de Kratovicé, et du moment qu’elle nous quittait, elle ne pouvait guère que se retourner vers eux. Je n’ignorais pas qu’elle avait consulté la mère Loew à l’époque où elle s’était crue menacée d’une maladie ou d’une grossesse, à la suite de ce viol qui avait été son premier malheur. Pour une fille comme elle, avoir donné sa confiance une fois déjà à cette matrone israélite était une raison pour se confier à nouveau, et toujours. D’ailleurs, et je devais être assez perspicace pour m’en apercevoir au premier coup d’œil, en dépit de mes préjugés les plus chers, le visage de cette vieille créature noyée dans la graisse était empreint d’une lourde bonté. Dans la vie de caserne que nous avions fait mener à Sophie, il restait toujours entre elles deux la franc-maçonnerie des femmes.
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