Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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— Oui, on est bien, répétai-je, grisé par cette tendresse toute récente comme par l’introduction d’un nouveau thème musical dans ma vie, et j’effleurai gauchement ces bras fermes posés devant moi sur la table du jardin, un peu à la façon dont j’aurais flatté un beau chien ou un cheval qu’on m’aurait donné.
— Vous avez confiance ?
— Le jour n’est pas plus pur que le fond de votre cœur, chère amie.
— Éric, – et elle appuyait lourdement son menton sur ses mains croisées, – j’aime mieux vous dire tout de suite que je suis devenue amoureuse de vous... Quand vous voudrez, vous comprenez ? Et même si ce n’est pas sérieux...
— Avec vous, c’est toujours sérieux, Sophie.
— Non, dit-elle, vous ne me croyez pas.
Et, rejetant en arrière sa tête boudeuse avec un mouvement de défi qui était plus doux que toutes les caresses :
— Il ne faut pourtant pas vous figurer que je sois si bonne pour tout le monde.
Nous étions tous les deux trop jeunes pour être tout à fait simples, mais il y avait chez Sophie une droiture déconcertante qui multipliait les chances d’erreur. Une table de sapin qui sentait la résine me séparait de cet être qui s’offrait sans détour, et je continuais à tracer à l’encre sur une carte d’état-major élimée un pointillé de moins en moins sûr. Comme pour éviter jusqu’au soupçon de se chercher en moi des complices, Sophie avait choisi sa plus vieille robe, son visage sans fard, deux escabeaux de bois, et le voisinage de Michel qui fendait des bûches dans la cour. À cet instant où elle croyait atteindre au comble de l’impudeur, cette ingénuité eût ravi toutes les mères. Une telle candeur passait d’ailleurs en habileté la pire des ruses : si j’eusse aimé Sophie, c’eût été pour ce coup droit assené par un être en qui je me plaisais à reconnaître le contraire d’une femme. Je battis en retraite à l’aide des premiers prétextes venus, trouvant pour la première fois une saveur ignoble à la vérité. Entendons-nous : ce que la vérité avait d’ignoble, c’est précisément qu’elle m’obligeait de mentir à Sonia. À partir de ce moment, la sagesse eût été d’éviter la jeune fille, mais outre que la fuite n’était pas très facile dans notre vie d’assiégés, je fus bientôt incapable de me passer de cet alcool dont j’entendais bien ne pas me griser. J’admets qu’une telle complaisance envers soi-même mérite des coups de pied, mais l’amour de Sophie m’avait inspiré mes premiers doutes sur la légitimité de mes vues sur la vie ; son don complet de soi me raffermissait au contraire dans ma dignité ou ma vanité d’homme. Le comique de la chose était que c’est justement mes qualités de froideur et de refus qui m’avaient fait aimer : elle m’eût repoussé avec horreur, si elle avait aperçu dans mes yeux, à nos premières rencontres, cette lueur que maintenant elle mourait de n’y pas voir. Par un retour sur soi-même toujours facile aux natures probes, elle se crut perdue par l’audace de son propre aveu : c’était ne pas se douter que l’orgueil a sa reconnaissance comme la chair. Sautant à l’autre extrême, elle prit désormais le parti de la contrainte, comme une femme d’autrefois serrant héroïquement les lacets de son corset. Je n’eus plus devant moi qu’un visage aux muscles tendus, qui se crispait pour ne pas trembler. Elle atteignait d’emblée à la beauté des acrobates, des martyres. L’enfant s’était haussée d’un tour de reins jusqu’à la plate-forme étroite de l’amour sans espoir, sans réserves et sans questions : il était certain qu’elle ne s’y maintiendrait pas longtemps. Rien ne m’émeut comme le courage : un si total sacrifice méritait de ma part la confiance la plus entière. Elle n’a jamais cru que je la lui eusse accordée, ne se doutant pas jusqu’où allait ma méfiance à l’égard d’autres êtres. En dépit des apparences, je ne regrette pas de m’être livré à Sophie autant qu’il était en moi de le faire : j’avais reconnu du premier coup d’œil en elle une nature inaltérable, avec laquelle on pouvait conclure un pacte précisément aussi périlleux et aussi sûr qu’avec un élément : on peut se fier au feu, à condition de savoir que sa loi est de mourir ou de brûler.
J’espère que notre vie côte à côte a laissé en Sophie quelques souvenirs aussi beaux que les miens : peu importe, d’ailleurs, puisqu’elle n’a pas assez vécu pour thésauriser son passé. La neige fit son apparition dès la Saint-Michel ; le dégel survint, suivi de nouvelles chutes de neige. La nuit, tous feux éteints, le château ressemblait à un navire abandonné pris dans une banquise. Conrad travaillait seul dans la tour ; je concentrais mon attention sur les dépêches qui jonchaient ma table ; Sophie entrait dans ma chambre en tâtonnant avec des précautions d’aveugle. Elle s’asseyait sur le lit, balançait ses jambes aux chevilles emmitouflées dans d’épaisses chaussettes de laine. Bien qu’elle dût se reprocher comme un crime de manquer aux conditions de notre accord, Sophie n’était pas plus capable de n’être pas femme que les roses le sont de n’être pas des roses. Tout en elle criait un désir auquel l’âme était encore mille fois plus intéressée que la chair. Les heures se traînaient ; la conversation languissait ou tournait aux injures ; Sophie inventait des prétextes pour ne pas quitter ma chambre ; seule avec moi, elle cherchait sans le vouloir ces occasions qui sont le viol des femmes. Si irrité que j’en fusse, j’aimais cette espèce d’escrime épuisante où mon visage portait une grille, et où le sien était nu. La chambre froide et suffocante, salie par l’odeur d’un poêle avare, se transformait en salle de gymnastique où un jeune homme et une jeune fille perpétuellement sur leurs gardes se surexcitaient à lutter jusqu’à l’aube. Les premières lueurs du jour nous ramenaient Conrad, fatigué et content comme un enfant qui sort de l’école. Des camarades prêts à partir avec moi aux avant-postes passaient la tête par la porte entrouverte, demandaient à boire avec nous la première eau-de-vie de la journée. Conrad s’asseyait près de Sophie pour lui enseigner à siffler, au milieu des rires fous, quelques mesures d’une chanson anglaise, et il attribuait à l’alcool le simple fait que ses mains tremblaient.
Je me suis souvent dit que Sophie avait peut-être accueilli mon premier refus avec un soulagement secret, et qu’il y avait dans son offre une bonne part de sacrifice. Elle était encore assez près de son unique mauvais souvenir pour apporter à l’amour physique plus d’audace, mais aussi plus de craintes que les autres femmes. De plus, ma Sophie était timide : c’est ce qui expliquait ses accès de courage. Elle était trop jeune pour se douter que l’existence n’est pas faite d’élans subits et de constance obstinée, mais de compromissions et d’oublis. À ce point de vue, elle serait toujours restée trop jeune, même si elle était morte à soixante ans. Mais Sophie dépassa bientôt la période où le don de soi demeure un acte de volonté passionné, pour arriver à l’état où il est aussi naturel de se donner que de respirer pour vivre. Je fus dorénavant la réponse qu’elle se faisait à soi-même, et ses malheurs précédents lui parurent suffisamment expliqués par mon absence. Elle avait souffert parce que l’amour ne s’était pas encore levé sur le paysage de sa vie, et ce manque de lumière ajoutait à la rudesse des mauvais chemins où le hasard des temps l’avait fait marcher. Maintenant qu’elle aimait, elle enlevait une à une ses dernières hésitations, avec la simplicité d’un voyageur transi qui ôte au soleil ses vêtements trempés, et se tenait devant moi nue comme aucune femme ne l’a jamais été. Et peut-être, ayant affreusement épuisé d’un seul coup toutes ses terreurs et ses résistances contre l’homme, ne pouvait-elle plus offrir désormais à son premier amour que cette douceur ravissante d’un fruit qui se propose également à la bouche et au couteau. Une telle passion consent à tout, et se contente de peu : il me suffisait d’entrer dans une chambre où elle se trouvait, pour que le visage de Sophie prît immédiatement cette expression reposée qu’on a dans un lit. Quand je la touchais, j’avais l’impression que tout le sang au-dedans de ses veines se changeait en miel. Le meilleur miel fermente à la longue : je ne me doutais pas que j’allais payer au centuple pour chacune de mes fautes, et que la résignation avec laquelle Sophie les avait acceptées me serait comptée à part. L’amour avait mis Sophie entre mes mains comme un gant d’un tissu à la fois souple et fort ; quand je la quittais, il m’arrivait des demi-heures plus tard de la retrouver à la même place, comme un objet abandonné. J’eus pour elle des insolences et des douceurs alternées, qui toutes tendirent au même but, qui était de la faire aimer et souffrir davantage, et la vanité me compromit envers elle comme le désir l’eût fait. Plus tard, lorsqu’elle commença à compter pour moi, je supprimai les douceurs. J’étais sûr que Sophie n’avouerait à personne ses souffrances, mais je m’étonne qu’elle n’ait pas pris Conrad comme confident de nos rares joies. Il devait déjà y avoir entre nous une complicité tacite, puisque nous nous accordions à traiter Conrad en enfant.
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