Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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Les filles mêmes ne manquaient pas à cet Eden septentrional isolé en pleine guerre : Conrad se serait volontiers accroché à leurs jupons bariolés, si je n’avais traité ces engouements par le mépris ; et il était de ces gens scrupuleux et délicats que le mépris atteint au cœur, et qui doutent de leurs prédilections les plus chères, dès qu’ils les voient tourner en ridicule par une maîtresse ou un ami. Au moral, la différence entre Conrad et moi était absolue et subtile, comme celle du marbre et de l’albâtre. La mollesse de Conrad n’était pas qu’une question d’âge : il avait une de ces natures qui prennent et gardent tous les plis avec la souplesse caressante d’un beau velours. On l’imaginait très bien, à trente ans, petit hobereau abruti, courant les filles ou les garçons de ferme ; ou jeune officier de la Garde, élégant, timide et bon cavalier ; ou fonctionnaire docile sous le régime russe ; ou encore, l’après-guerre aidant, poète à la remorque de T. S. Eliot ou de Jean Cocteau dans les bars de Berlin. Les différences entre nous n’étaient d’ailleurs qu’au moral : au physique, nous étions pareils, élancés, durs, souples, avec le même ton de hâle et la même nuance d’yeux. Les cheveux de Conrad étaient d’un blond plus pâle, mais c’est sans importance. Dans les campagnes, les gens nous prenaient pour deux frères, ce qui arrangeait tout en présence de ceux qui n’ont pas le sens des amitiés ardentes ; quand nous protestions, mus par une passion de la vérité littérale, on consentait tout au plus à desserrer d’un cran cette parenté si vraisemblable, et on nous étiquetait cousins germains. S’il m’arrive de perdre une nuit qui aurait pu être consacrée au sommeil, au plaisir, ou tout simplement à la solitude, à causer sur la terrasse d’un café avec des intellectuels atteints de désespoir, je les étonne toujours en leur affirmant que j’ai connu le bonheur, le vrai, l’authentique, la pièce d’or inaltérable qu’on peut échanger contre une poignée de gros sous ou contre une liasse de marks d’après-guerre, mais qui n’en demeure pas moins semblable à elle-même, et qu’aucune dévaluation n’atteint. Le souvenir d’un tel état de choses guérit de la philosophie allemande ; il aide à simplifier la vie, et aussi son contraire. Et si ce bonheur émanait de Conrad, ou seulement de ma jeunesse, c’est ce qui importe peu, puisque ma jeunesse et Conrad sont morts ensemble. La dureté des temps et le tic affreux qui démontait le visage de la tante Prascovie n’empêchaient donc pas que Kratovicé ne fût une espèce de grand paradis calme, sans interdiction et sans serpent. Quant à la jeune fille, elle était mal coiffée, négligeable, se gorgeait de livres que lui prêtait un petit étudiant juif de Riga, et méprisait les garçons.
L’époque vint pourtant où je dus me faufiler à travers la frontière pour aller faire en Allemagne ma préparation militaire, sous peine de manquer à ce qu’il y avait tout de même de plus propre en moi. Je fis mon entraînement sous l’œil de sergents affaiblis par la faim et les maux de ventre, qui ne songeaient qu’à collectionner des cartes de pain, entouré de camarades dont quelques-uns étaient agréables, et qui préludaient déjà au grand chahut d’après-guerre. Deux mois de plus, et j’eusse été remplir une brèche ouverte dans nos rangs par l’artillerie alliée, et je serais peut-être à l’heure qu’il est paisiblement amalgamé à la terre française, aux vins de France, aux mûres que vont cueillir les enfants français. Mais j’arrivais juste à temps pour assister à la défaite totale de nos armées, et à la victoire ratée de ceux d’en face. Les beaux temps de l’armistice, de la révolution et de l’inflation commençaient. J’étais ruiné, bien entendu, et je partageais avec soixante millions d’hommes un manque complet d’avenir. C’était le bon âge pour mordre à l’hameçon sentimental d’une doctrine de droite ou de gauche, mais je n’ai jamais pu gober cette vermine de mots. Je vous ai dit que seuls les déterminants humains agissent sur moi, dans la plus entière absence de prétextes : mes décisions ont toujours été tel visage, tel corps. La chaudière russe en voie d’éclatement répandait sur l’Europe une fumée d’idées qui passaient pour neuves ; Kratovicé abritait un état-major de l’armée rouge ; les communications entre l’Allemagne et les pays baltes devenaient précaires, et Conrad d’ailleurs appartenait au type qui n’écrit pas. Je me croyais adulte : c’était ma seule illusion de jeune homme, et en tout cas, comparé aux adolescents et à la vieille folle de Kratovicé, il va de soi que je représentais l’expérience et l’âge mûr. Je m’éveillais à un sens tout familial des responsabilités, au point d’étendre même ce souci de protection à la jeune fille et à la tante.
En dépit de ses préférences pacifistes, ma mère approuva mon engagement dans le corps de volontaires du général baron von Wirtz qui participait à la lutte antibolchevique en Estonie et en Courlande. La pauvre femme avait dans ce pays des propriétés menacées par les contrecoups de la révolution bolchevique, et leurs revenus de plus en plus incertains étaient sa seule garantie contre le sort de repasseuse ou de femme de chambre d’hôtel. Ceci dit, il n’en est pas moins vrai que le communisme à l’Est et l’inflation en Allemagne venaient à point pour lui permettre de dissimuler à ses amies que nous étions ruinés bien avant que le Kaiser, la Russie, ou la France entraînassent l’Europe dans la guerre. Mieux valait passer pour la victime d’une catastrophe que pour la veuve d’un homme qui s’était laissé gruger à Paris chez les filles, et à Monte-Carlo chez les croupiers.
J’avais des amis en Courlande ; je connaissais le pays, je parlais la langue, et même quelques dialectes locaux. Malgré tous mes efforts pour atteindre au plus vite Kratovicé, je mis cependant trois mois à franchir les quelque cent kilomètres qui le séparaient de Riga. Trois mois d’été humide et ouaté de brouillard, bourdonnant des offres de marchands juifs venus de New York pour acheter dans de bonnes conditions leurs bijoux aux émigrés russes. Trois mois de discipline encore stricte, de potins d’état-major, d’opérations militaires sans suite, de fumée de tabac, et d’inquiétude sourde ou lancinante comme une rage de dents. Au début de la dixième semaine, pâle et ravi comme Oreste dès le premier vers d’une tragédie de Racine, je vis reparaître un Conrad bien pris dans un uniforme qui avait dû coûter l’un des derniers diamants de la tante, et marqué à la lèvre d’une petite cicatrice qui lui donnait l’air de mâchonner distraitement des violettes. Il avait gardé une innocence d’enfant, une douceur de jeune fille, et cette bravoure de somnambule qu’il mettait autrefois à grimper sur le dos d’un taureau ou d’une vague ; et ses soirées se passaient à commettre de mauvais vers dans le goût de Rilke. Du premier coup d’œil, je reconnus que sa vie s’était arrêtée en mon absence ; il me fut plus dur d’avoir à admettre, en dépit des apparences, qu’il en allait de même pour moi. Loin de Conrad, j’avais vécu comme on voyage. Tout en lui m’inspirait une confiance absolue dont il ne m’a jamais été possible par la suite de créditer quelqu’un d’autre. À son côté, l’esprit et le corps ne pouvaient être qu’en repos, rassurés par tant de simplicité et de franchise, et libres par là même de vaquer au reste avec le maximum d’efficacité. C’était l’idéal compagnon de guerre, comme ç’avait été l’idéal compagnon d’enfance. L’amitié est avant tout certitude, c’est ce qui la distingue de l’amour. Elle est aussi respect, et acceptation totale d’un autre être. Que mon ami m’ait remboursé jusqu’au dernier sou les sommes d’estime et de confiance que j’avais inscrites sous son nom, c’est ce qu’il m’a prouvé par sa mort. Les dons variés de Conrad lui eussent permis mieux qu’à moi de se tirer d’affaire dans des paysages moins désolés que la révolution ou la guerre ; ses vers auraient plu ; sa beauté aussi ; il aurait pu triompher à Paris chez des femmes qui protègent les arts, ou s’égarer à Berlin dans les milieux qui y participent. Dans cet imbroglio balte, où toutes les chances étaient du côté sinistre, je ne m’étais somme toute engagé que pour lui ; il fut bientôt clair qu’il ne s’y attardait que pour moi. J’appris par lui que Kratovicé avait subi une occupation rouge de courte durée, et singulièrement inoffensive, grâce peut-être à la présence du petit Juif Grigori Loew, maintenant travesti en lieutenant de l’armée bolchevique, et qui jadis, commis dans une librairie de Riga, conseillait obséquieusement Sophie dans ses lectures. Depuis lors, le château repris par nos troupes restait situé en pleine zone des combats, exposé aux surprises et aux attaques à la mitrailleuse. Pendant la dernière alerte, les femmes s’étaient réfugiées à la cave d’où Sonia – on avait le mauvais goût de l’appeler ainsi – avait insisté pour sortir, avec le courage de la folie, afin d’aller promener son chien.
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