Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

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Et ce fut à ce moment que mes mains m’apparurent. Mes mains reposaient sur les touches, deux mains nues, sans bague, sans anneau, – et c’était comme si j’avais sous les yeux mon âme deux fois vivante. Mes mains (j’en puis parler, puisque ce sont mes seules amies) me semblaient tout à coup extraordinairement sensitives ; même immobiles, elles paraissaient effleurer le silence comme pour l’inciter à se révéler en accords. Elles reposaient, encore un peu tremblantes du rythme, et il y avait en elles tous les gestes futurs, comme tous les sons possibles dormaient dans ce clavier. Elles avaient noué autour des corps la brève joie des étreintes ; elles avaient palpé, sur les claviers sonores, la forme des notes invisibles ; elles avaient, dans les ténèbres, enfermé d’une caresse le contour des corps endormis. Souvent, je les avais tenues levées, dans l’attitude de la prière ; souvent, je les avais unies aux vôtres, mais de tout cela, elles ne se souvenaient plus. C’étaient des mains anonymes, les mains d’un musicien. Elles étaient mon intermédiaire, par la musique, avec cet infini que nous sommes tentés d’appeler Dieu, et, par les caresses, mon moyen de contact avec la vie des autres. C’étaient des mains effacées, aussi pâles que l’ivoire auquel elles s’appuyaient, car je les avais privées de soleil, de travail et de joie. Et cependant, c’étaient des servantes bien fidèles ; elles m’avaient nourri, quand la musique était mon gagne-pain ; et je commençais à comprendre qu’il y a quelque beauté à vivre de son art, puisque cela nous libère de tout ce qui n’est pas lui. Mes mains, Monique, me libéreraient de vous. Elles pourraient de nouveau se tendre sans contrainte ; elles m’ouvraient, mes mains libératrices, la porte du départ. Peut-être, mon amie, est-il absurde de tout dire, mais ce soir-là, gauchement, à la façon dont on scelle un pacte avec soi-même, j’ai baisé mes deux mains.

Si je passe rapidement sur les jours qui suivirent, c’est que mes sensations ne concernent et n’émeuvent que moi seul. J’aime mieux garder pour moi mes souvenirs intimes, puisque je n’en puis parler, devant vous, qu’avec les précautions d’une pudeur qui ressemble à de la honte, et que je mentirais si je montrais du repentir. Rien n’égale la douceur d’une défaite qu’on sait définitive : à Vienne, durant ces derniers jours ensoleillés d’automne, j’eus l’émerveillement de retrouver mon corps. Mon corps, qui me guérit d’avoir une âme. Vous n’avez vu de moi que les craintes, les remords et les scrupules de la conscience, non pas même de la mienne, mais de celle des autres, que je prenais pour guide. Je n’ai pas su, ou pas osé vous dire quelle adoration ardente me fait éprouver la beauté et le mystère des corps, ni comment chacun d’eux, quand il s’offre, semble m’apporter un fragment de la jeunesse humaine. Mon amie, vivre est difficile. J’ai assez bâti de théories morales pour n’en pas construire d’autres, et de contradictoires : je suis trop raisonnable pour croire que le bonheur ne gît qu’au bord d’une faute, et le vice pas plus que la vertu ne peut donner la joie à ceux qui ne l’ont pas d’eux-mêmes. Seulement, j’aime encore mieux la faute (si c’en est une) qu’un déni de soi si proche de la démence. La vie m’a fait ce que je suis, prisonnier (si l’on veut) d’instincts que je n’ai pas choisis, mais auxquels je me résigne, et cet acquiescement, je l’espère, à défaut du bonheur, me procurera la sérénité. Mon amie, je vous ai toujours crue capable de tout comprendre, ce qui est bien plus rare que de tout pardonner.

Et maintenant, je vous dis adieu. Je pense, avec une infinie douceur, à votre bonté féminine, ou plutôt maternelle : je vous quitte à regret, mais j’envie votre enfant. Vous étiez le seul être devant qui je me jugeais coupable, mais écrire ma vie me confirme en moi-même ; je finis par vous plaindre sans me condamner sévèrement. Je vous ai trahie ; je n’ai pas voulu vous tromper. Vous êtes de celles qui choisissent toujours, par devoir, la voie la plus étroite et la plus difficile : je ne veux pas, en implorant votre pitié, vous donner un prétexte pour vous sacrifier davantage. N’ayant pas su vivre selon la morale ordinaire, je tâche, du moins, d’être d’accord avec la mienne : c’est au moment où l’on rejette tous les principes qu’il convient de se munir de scrupules. J’avais pris envers vous d’imprudents engagements que devait protester la vie : je vous demande pardon, le plus humblement possible, non pas de vous quitter, mais d’être resté si longtemps.

Lausanne,

31 août 1927 — 17 septembre 1928.

Le Coup de Grâce

PRÉFACE

Le Coup de Grâce , ce court roman placé dans le sillage de la guerre de 1914 et de la Révolution russe, fut écrit à Sorrente en 1938, et publié trois mois avant la Seconde Guerre mondiale, celle de 1939, donc vingt ans environ après l’incident qu’il relate. Le sujet en est à la fois très éloigné de nous et très proche, très éloigné parce que d’innombrables épisodes de guerre civile se sont en vingt ans superposés à ceux-là ; très proche, parce que le désarroi moral qu’il décrit reste celui où nous sommes encore et plus que jamais plongés. Le livre s’inspire d’une occurrence authentique, et les trois personnages qui s’appellent ici respectivement Éric, Sophie et Conrad, sont restés à peu près tels que me les avait décrits l’un des meilleurs amis du principal intéressé.

L’aventure m’émut, comme j’espère qu’elle émouvra le lecteur. De plus, et du seul point de vue littéraire, elle me parut porter en soi tous les éléments du style tragique, et par conséquent se prêter admirablement à entrer dans le cadre du récit français traditionnel, qui semble avoir retenu certaines caractéristiques de la tragédie. Unité de temps, de lieu et, comme le définissait jadis Corneille avec un singulier bonheur d’expression, unité de danger ; action limitée à deux ou trois personnages dont l’un au moins est assez lucide pour essayer de se connaître et de passer jugement sur soi-même ; enfin, inévitabilité du dénouement tragique auquel la passion tend toujours, mais qui prend d’ordinaire dans la vie quotidienne des formes plus insidieuses ou plus invisibles. Le décor même, ce coin obscur de pays balte isolé par la révolution et la guerre, semblait, pour des raisons analogues à celles qu’a si parfaitement exposées Racine dans sa préface de Bajazet , satisfaire aux conditions du jeu tragique en libérant l’aventure de Sophie et d’Éric de ce que seraient pour nous ses contingences habituelles, en donnant à l’actualité d’hier ce recul dans l’espace qui est presque l’équivalent de l’éloignement dans le temps.

Mon intention n’était pas en écrivant ce livre de recréer un milieu ou une époque, ou ne l’était que secondairement. Mais la vérité psychologique que nous cherchons passe trop par l’individuel et le particulier pour que nous puissions avec bonne conscience, comme le firent avant nous nos modèles de l’époque classique, ignorer ou taire les réalités extérieures qui conditionnent une aventure. L’endroit que j’appelais Kratovicé ne pouvait pas n’être qu’un vestibule de tragédie, ni ces sanglants épisodes de guerre civile qu’un vague fond rouge à une histoire d’amour. Ils avaient créé chez ces personnages un certain état de désespoir permanent sans lequel leurs faits et gestes ne s’expliquaient pas. Ce garçon et cette fille que je connaissais seulement par un bref résumé de leur aventure n’existeraient plausiblement que sous leur éclairage propre, et autant que possible dans des circonstances historiquement authentiques. Il s’ensuit que ce sujet choisi parce qu’il m’offrait un conflit de passions et de volontés presque pur a fini par m’obliger à déplier des cartes d’état-major, à glaner des détails donnés par d’autres témoins oculaires, à rechercher de vieux journaux illustrés pour essayer d’y trouver le maigre écho ou le maigre reflet parvenant à l’époque en Europe occidentale de ces obscures opérations militaires sur la frontière d’un pays perdu. Plus tard, à deux ou trois reprises, des hommes qui avaient participé à ces mêmes guerres en pays balte ont bien voulu venir m’assurer spontanément que Le Coup de Grâce ressemblait à leurs souvenirs, et aucune critique favorable ne m’a jamais plus rassurée sur la substance d’un de mes livres.

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