Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
- Жанр:
- Год:2012
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Tout, même une tare, a ses avantages pour un esprit un peu lucide ; elle procure une vue moins conventionnelle du monde. Ma vie moins solitaire, et la lecture des livres, m’apprirent quelle différence existe entre les convenances extérieures et la morale intime. Les hommes ne disent pas tout, mais lorsqu’on a, comme moi, dû prendre l’habitude de certaines réticences, on s’aperçoit très vite qu’elles sont universelles. J’avais acquis une aptitude singulière à deviner les vices ou les faiblesses cachés ; ma conscience, mise à nu, me révélait celle des autres. Sans doute, ceux auxquels je me comparais se fussent indignés d’un rapprochement semblable ; ils se croyaient normaux, peut-être parce que leurs vices étaient très ordinaires ; et cependant, pouvais-je les juger bien supérieurs à moi, dans leur recherche d’un plaisir qui n’aboutit qu’à soi-même, et qui, le plus souvent, ne souhaite pas l’enfant ? Je finissais par me dire que mon seul tort (mon seul malheur plutôt) était d’être, non certes pire que tous, mais seulement différent. Et même, bien des gens s’accommodent d’instincts pareils aux miens ; ce n’est pas si rare, ni surtout si étrange. Je m’en voulais d’avoir pris au tragique des préceptes que démentent tant d’exemples, – et la morale humaine n’est qu’un grand compromis. Mon Dieu, je ne blâme personne : chacun couve en silence ses secrets et ses rêves, sans l’avouer jamais, sans se l’avouer même, et tout s’expliquerait si l’on ne mentait pas. Ainsi, je m’étais torturé pour peu de chose peut-être. Me conformant aux règles morales les plus strictes, je me donnais maintenant le droit de les juger, et l’on eût dit que ma pensée osait être plus libre, depuis que je renonçais à toute liberté dans la vie.
Je n’ai pas encore dit combien vous désiriez un fils. Je le désirais passionnément aussi. Pourtant, lorsque je sus qu’un enfant nous viendrait, je n’en ressentis que peu de joie. Sans doute, le mariage sans l’enfant n’est qu’une débauche permise ; si l’amour de la femme est digne d’un respect que ne mérite pas l’autre, c’est uniquement peut-être parce qu’il contient l’avenir. Mais, ce n’est pas au moment où la vie semble absurde et dénuée de but, qu’on peut se réjouir de la perpétuer. Cet enfant, dont nous rêvions ensemble, allait venir au monde entre deux étrangers : il n’était ni la preuve, ni le complément du bonheur, mais une compensation. Nous espérions vaguement que tout s’arrangerait lorsqu’il serait là, et je l’avais voulu parce que vous étiez triste. Vous éprouviez même, d’abord, quelque timidité à me parler de lui ; cela, plus que toute autre chose, montre combien nos vies étaient restées distantes. Et cependant, ce petit être commençait à nous venir en aide. J’y pensais, un peu comme s’il était l’enfant d’un autre ; je goûtais la douceur de cette intimité, redevenue fraternelle, où la passion n’avait plus à entrer. Il me semblait presque que vous étiez ma sœur, ou quelque proche parente que l’on m’avait confiée et qu’il fallait soigner, rassurer et peut-être consoler d’une absence. Vous aviez fini par aimer beaucoup cette petite créature qui, du moins, vivait déjà pour vous. Mon contentement, si avouable, n’était pas non plus dépouillé d’égoïsme : n’ayant pas su vous rendre heureuse, je trouvais naturel de m’en décharger sur l’enfant.
Daniel naquit en juin, à Woroïno, dans ce triste pays de la Montagne-Blanche où je suis né moi-même. Vous aviez tenu à ce qu’il vînt au monde dans ce paysage d’autrefois : c’était, pour vous, comme si vous me donniez plus complètement mon fils. La maison, quoique restaurée et nouvellement repeinte, était restée la même : elle semblait seulement devenue bien plus grande, parce que nous étions moins nombreux. Mon frère (je n’avais plus qu’un frère) y demeurait avec sa femme ; c’étaient des gens très provinciaux, que la solitude avait rendus sauvages, et que la pauvreté avait rendus craintifs, ils vous accueillirent avec un empressement un peu gauche, et, comme le voyage vous avait fatiguée, ils vous offrirent, pour vous faire honneur, la grande chambre où ma mère était morte, et où nous étions nés. Vos mains, posées sur la blancheur des draps, ressemblaient presque aux siennes ; chaque matin, comme au temps où j’entrais chez ma mère, j’attendais que ces longs doigts fragiles se posassent sur ma tête, afin de me bénir. Mais je n’osais demander pareille chose : je me contentais de les baiser, tout simplement. Et cependant, j’aurais eu grand besoin de cette bénédiction. La chambre était un peu sombre, avec un lit de parade entre des rideaux très épais. Bien des femmes, je suppose, aux jours anciens de ma famille, s’étaient couchées là pour attendre leur enfant ou leur mort, et la mort n’est peut-être que l’enfantement d’une âme.
Les dernières semaines de votre grossesse furent pénibles : un soir, ma belle-sœur vint me dire de prier. Je ne priai pas ; je me répétais seulement que sans doute vous alliez mourir. Je craignais de ne pas éprouver un désespoir assez sincère : j’en avais, d’avance, une sorte de remords. Et puis, vous étiez résignée. Vous étiez résignée comme ceux qui ne tiennent pas beaucoup à vivre : je voyais un reproche dans cette tranquillité. Peut-être sentiez-vous que notre union n’était pas faite pour durer toute la vie, et que vous finiriez par aimer quelqu’un d’autre. Avoir peur de l’avenir, cela nous facilite la mort. Je tenais dans mes mains vos mains toujours un peu fiévreuses ; nous nous taisions tous deux sur une pensée commune, votre disparition possible ; et votre fatigue était telle que vous ne vous demandiez même pas ce que deviendrait l’enfant. Je me disais, avec révolte, que la nature est injuste envers ceux qui obéissent à ses lois les plus claires, puisque chaque naissance met en péril deux vies. Chacun fait souffrir, quand il naît, et souffre quand il meurt. Mais ce n’est rien que la vie soit atroce ; le pire est qu’elle soit vaine et qu’elle soit sans beauté. La solennité d’une naissance, comme la solennité d’une mort, se perd, pour ceux qui y assistent, en détails répugnants ou simplement vulgaires. On avait cessé de m’admettre dans votre chambre : vous vous débattiez parmi les soins et les prières des femmes, et comme les lampes restaient allumées toute la nuit, on sentait bien qu’on attendait quelqu’un. Vos cris, m’arrivant à travers les portes fermées, avaient quelque chose d’inhumain, qui me faisait horreur. Je n’avais pas songé à vous imaginer, d’avance, aux prises avec cette forme tout animale de la douleur, et je m’en voulais de cet enfant qui vous faisait crier. C’est ainsi, Monique, que tout se tient, non seulement dans une vie, mais aussi dans une âme : le souvenir de ces heures, où je vous crus perdue, contribua peut-être à me ramener du côté où penchaient toujours mes instincts.
On me fit entrer dans votre chambre pour me montrer l’enfant. Tout, maintenant, était redevenu paisible ; vous étiez heureuse, mais d’un bonheur physique, fait surtout de fatigue et de libération. Seulement, l’enfant pleurait entre les bras des femmes. Je suppose qu’il souffrait du froid, du bruit des paroles, des mains qui le maniaient, du contact des langes. La vie venait de l’arracher aux chaudes ténèbres maternelles : il avait peur, je pense, et rien, pas même la nuit, pas même la mort, ne remplacerait pour lui cet asile vraiment primordial, car la mort et la nuit ont des ténèbres froides, et que n’anime pas le battement d’un cœur. Je me sentais timide, devant cet enfant qu’il fallait embrasser. Il m’inspirait, non pas de la tendresse, ni même de l’affection, mais une grande pitié, car on ne sait jamais, devant les nouveau-nés, quelle raison de pleurer leur fournira l’avenir.
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