Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

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Et cependant, chose étrange, ce récit me rapprocha d’elle. Parfaitement innocente ou parfaitement gardée, Sophie ne m’eût inspiré que les sentiments de vague ennui et de gêne secrète que m’avaient fait éprouver à Berlin les filles des amies de ma mère ; soufflée, son expérience avoisinait la mienne, et l’épisode du sergent équilibrait bizarrement pour moi le souvenir unique et odieux d’une maison de femmes à Bruxelles. Puis, distraite par de pires souffrances, elle parut oublier tout à fait cet incident sur lequel ma pensée revenait sans cesse, et une diversion si profonde est peut-être ma seule excuse pour les tourments que je lui ai causés. Ma présence et celle de son frère lui rendaient peu à peu son rang de maîtresse de maison à Kratovicé, qu’elle avait perdu au point de n’être plus chez elle qu’une prisonnière épouvantée. Elle consentit à présider aux repas avec une espèce de crânerie attendrissante ; les officiers lui baisaient la main. Pour un court moment, ses yeux reprirent leur candide éclat qui n’était que le rayonnement d’une âme royale. Ensuite, ces yeux qui disaient tout se troublèrent de nouveau, et je ne les ai plus vus briller avec une limpidité admirable qu’une seule fois, dans des circonstances dont le souvenir ne m’est que trop présent.

Pourquoi les femmes s’éprennent-elles justement des hommes qui ne leur sont pas destinés, ne leur laissant ainsi que le choix de se dénaturer ou de les haïr ? Le lendemain de mon retour à Kratovicé, les profondes rougeurs de Sophie, ses disparitions soudaines, ce regard de biais qui convenait si mal à sa droiture, me firent croire au trouble tout naturel d’une jeune fille naïvement attirée par un nouveau venu. Plus tard, averti de sa mésaventure, j’appris à interpréter moins incorrectement ces symptômes d’humiliation mortelle qui se produisaient aussi en présence de son frère. Mais j’ai continué ensuite à me contenter trop longtemps de cette seconde explication, qui avait été juste, et tout Kratovicé parlait avec attendrissement ou avec gaieté de la passion de Sophie pour moi, que j’en restais encore au mythe de la jeune fille épouvantée. Je mis des semaines à m’apercevoir que ces joues tantôt plus pâles, tantôt plus roses, ce visage et ces mains à la fois tremblants et maîtrisés, et ces silences, et ce flux de paroles précipitées, signifiaient autre chose que la honte, et même davantage que le désir. Je ne suis pas fat : c’est assez facile à un homme qui méprise les femmes, et qui, comme pour se confirmer dans l’opinion qu’il a d’elles, a choisi de ne fréquenter que les pires. Tout me prédisposait à me méprendre sur Sophie, et d’autant plus que sa voix douce et rude, ses cheveux tondus, ses petites blouses, ses gros souliers toujours encroûtés de boue faisaient d’elle à mes yeux le frère de son frère. J’y fus trompé, puis je reconnus mon erreur, jusqu’au jour enfin où je découvris dans cette même erreur la seule part de vérité substantielle à quoi j’ai mordu de ma vie. En attendant, et brochant sur le tout, j’avais pour Sophie la camaraderie facile qu’un homme a pour les garçons quand il ne les aime pas. Cette position si fausse était d’autant plus dangereuse que Sophie, née la même semaine que moi, vouée aux mêmes astres, était loin d’être ma cadette, mais mon aînée en malheur. À partir d’un certain moment, ce fut elle qui mena le jeu ; et elle joua d’autant plus serré qu’elle misait sa vie. De plus, mon attention était forcément divisée ; la sienne entière. Il y avait pour moi Conrad, et la guerre, et quelques ambitions débarquées depuis. Il n’y eut bientôt plus pour elle que moi seul, comme si toute l’humanité autour de nous s’était muée en accessoires de tragédie. Elle aidait la servante dans les travaux de la cuisine et de la basse-cour, pour que je mangeasse à ma faim, et quand elle prit des amants, ce fut pour m’exaspérer. J’étais fatalement destiné à perdre, même si ce n’était pas dans le sens de sa joie, et je n’eus pas trop de toute mon inertie pour résister au poids d’un être qui s’abandonnait tout entier sur sa pente.

Contrairement à la plupart des hommes un peu réfléchis, je n’ai pas plus l’habitude du mépris de soi que de l’amour-propre ; je sens trop que chaque acte est complet, nécessaire et inévitable, bien qu’imprévu à la minute qui précède, et dépassé à la minute qui suit. Pris dans une série de décisions toutes définitives, pas plus qu’un animal, je n’avais eu le temps d’être un problème à mes propres yeux. Mais si l’adolescence est une époque d’inadaptation à l’ordre naturel des choses, j’étais certes resté plus adolescent, plus inadapté que je ne le croyais, car la découverte de ce simple amour de Sophie provoqua en moi une stupeur qui allait jusqu’au scandale. Dans les circonstances où je me trouvais, être surpris, c’est être en danger, et être en danger, c’est bondir. J’aurais dû haïr Sophie ; elle ne s’est jamais doutée du mérite qu’il y avait de ma part à n’en rien faire. Mais tout amoureux dédaigné garde le bénéfice d’un chantage assez bas sur notre orgueil : la complaisance qu’on a pour soi et l’émerveillement de se voir enfin jugé comme on espérait toujours l’être conspirent à ce résultat, et l’on se résigne à jouer le rôle de Dieu. Je dois dire aussi que l’infatuation de Sophie était moins insensée qu’il ne semble : après tant de malheurs, elle retrouvait enfin un homme de son milieu et de son enfance, et tous les romans qu’elle avait lus entre douze et dix-huit ans lui enseignaient que l’amitié pour le frère s’achève en amour pour la sœur. Ce calcul obscur de l’instinct était juste, puisqu’on ne pouvait lui reprocher de ne pas tenir compte d’une singularité imprévisible. Passablement né, assez beau, suffisamment jeune pour autoriser toutes les espérances, j’étais fait pour rassembler les aspirations d’une petite fille séquestrée jusqu’ici entre quelques brutes négligeables et le plus séduisant des frères, mais que la nature semblait n’avoir douée d’aucunes velléités pour l’inceste. Et pour que l’inceste même ne fît pas défaut, la magie des souvenirs me transformait en frère aîné. Impossible de ne pas jouer quand on a toutes les cartes en main : je ne pouvais que passer un tour, et c’est jouer encore. Bien vite, il s’établit entre Sophie et moi une intimité de victime à bourreau. La cruauté n’était pas de moi ; les circonstances s’en chargeaient ; il n’est pas certain que je n’y prisse pas plaisir. L’aveuglement des frères vaut celui des maris, car Conrad ne se doutait de rien. C’était une de ces natures pétries de songes qui, par le plus heureux des instincts, négligent tout le côté irritant et faussé de la réalité, et retombent de tout leur poids sur l’évidence des nuits, sur la simplicité des jours. Sûr d’un cœur fraternel dont il n’avait pas à explorer les recoins, il dormait, lisait, risquait sa vie, assumait la permanence télégraphique, et griffonnait des vers qui continuaient à n’être que le fade reflet d’une âme charmante. Pendant des semaines, Sophie passa par toutes les affres des amoureuses qui se croient incomprises, et s’exaspèrent de l’être ; puis, irritée par ce qu’elle prenait pour ma bêtise, elle se lassa d’une situation qui ne plaît qu’aux imaginations romanesques, et, romanesque elle ne l’était pas plus qu’un couteau. J’eus des aveux qui se croyaient complets, et qui étaient sublimes de sous-entendus.

— Comme on est bien ici ! disait-elle en s’installant avec moi dans une des cahutes du parc, pendant l’un des courts moments de tête-à-tête que nous parvenions à nous procurer, à l’aide de ruses qui n’appartiennent d’ordinaire qu’aux amants ; et elle éparpillait d’un coup sec autour d’elle les cendres de sa courte pipe de paysanne.

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