Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация
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On parle toujours comme si les tragédies se passaient dans le vide : elles sont pourtant conditionnées par leur décor. Notre part de bonheur ou de malheur à Kratovicé avait pour cadre ces corridors aux fenêtres bouchées où l’on butait sans cesse, ce salon d’où les Bolcheviks n’avaient emporté qu’une panoplie d’armes chinoises, et où un portrait de femme troué d’un coup de baïonnette nous regardait du haut d’un trumeau, comme amusé par cette aventure ; le temps y jouait son rôle par l’offensive impatiemment attendue et par la chance perpétuelle de mourir. Les avantages que les autres femmes obtiennent de leur table de toilette, des conciliabules avec le coiffeur et la couturière, de tous les jeux de miroirs d’une vie malgré tout différente de celle de l’homme, et souvent merveilleusement protégée, Sophie les devait aux promiscuités gênantes d’une maison changée en caserne, à ses dessous de laine rose qu’elle était bien forcée de repriser devant nous sous la lampe, à nos chemises qu’elle lavait à l’aide d’un savon fabriqué sur place, et qui lui crevassait les mains. Ces frottements continuels d’une existence sur le qui-vive nous laissaient à la fois écorchés et durcis. Je me souviens du soir où Sophie se chargea d’égorger et de plumer pour nous quelques poulets étiques : je n’ai jamais vu sur un visage aussi résolu pareille absence de cruauté. Je soufflai un à un les quelques duvets pris dans sa chevelure ; une fade odeur de sang montait de ses mains. Elle rentrait de ces besognes accablée par le poids de ses bottes de neige, jetait n’importe où sa pelisse humide, refusait de manger, ou s’attaquait goulûment à d’affreuses crêpes qu’elle s’obstinait à nous préparer avec de la farine gâtée. À ce régime, elle maigrissait.
Son zèle s’étendait à nous tous, mais un sourire suffisait à m’apprendre qu’elle ne servait pourtant que moi seul. Elle devait être bonne, car elle ratait sans cesse des occasions de me faire souffrir. Aux prises avec un échec que les femmes ne pardonnent pas, elle fit ce que font les cœurs bien placés réduits au désespoir : elle chercha pour s’en souffleter les pires explications de soi-même ; elle se jugea comme la tante Prascovie l’eût fait, si la tante Prascovie avait été capable de le faire. Elle se crut indigne : une telle innocence eût mérité qu’on se mît à genoux. Pas un instant d’ailleurs, elle ne songea à révoquer ce don de soi-même, pour elle aussi définitif que si je l’avais accepté. C’était un trait de cette nature altière : elle ne reprenait pas l’aumône refusée par un pauvre. Qu’elle me méprisât, j’en suis sûr, et je l’espère pour elle, mais tout le mépris du monde n’empêchait pas que, dans un élan d’amour, elle ne m’eût baisé les mains. J’épiais avec avidité un mouvement de colère, un reproche mérité, n’importe quel acte qui eût été pour elle l’équivalent d’un sacrilège, mais elle se tint sans cesse au niveau de ce que je demandais à son absurde amour. De sa part, un manque de goût du cœur m’eût à la fois rassuré et déçu. Elle m’accompagnait dans mes reconnaissances à travers le parc : ce devaient être pour elle des promenades de damnés. J’aimais la pluie froide sur nos nuques, ses cheveux plaqués comme les miens, la toux qu’elle étouffait dans le creux de sa paume, ses doigts tourmentant un roseau le long de l’étang lisse et désert où flottait ce jour-là un cadavre ennemi. Brusquement, elle s’adossait à un arbre, et, pendant un quart d’heure, je la laissais me parler d’amour. Un soir, trempés jusqu’aux os, nous dûmes nous réfugier dans les ruines du pavillon de chasse ; nous enlevâmes nos vêtements, coude à coude dans l’étroite chambre encore munie d’un toit : je mettais une espèce de bravade à traiter cette adversaire en ami. Enveloppée d’une couverture de cheval, elle fit sécher devant le feu qu’elle venait d’allumer mon uniforme et sa robe de laine. Au retour, nous dûmes plusieurs fois nous planquer pour éviter les balles ; je la prenais par la taille, comme un amant, pour la coucher de force à côté de moi dans un fossé, par un mouvement qui prouvait tout de même que je ne souhaitais pas qu’elle meure. Au milieu de tant de tourments, je m’irritais de voir sans cesse monter dans ses yeux une espérance admirable : il y avait en elle cette certitude de leur dû que les femmes gardent jusqu’au martyre. Un si pathétique manque de désespoir donne raison à la théorie catholique, qui place les âmes à peu près innocentes au Purgatoire, sans les précipiter en Enfer. De nous deux, c’est elle qu’on eût plainte ; elle avait la meilleure part.
Cette effroyable solitude d’un être qui aime, elle l’aggravait en pensant autrement que nous tous. Sophie cachait à peine ses sympathies pour les Rouges : pour un cœur comme le sien, l’élégance suprême était évidemment de donner raison à l’ennemi. Habituée à penser contre soi, elle mettait peut-être la même générosité à justifier l’adversaire qu’à m’absoudre. Ces tendances de Sophie dataient de l’époque de l’adolescence ; Conrad les eût partagées, s’il n’avait toujours adopté d’emblée mes vues sur la vie. Ce mois d’octobre fut l’un des plus désastreux de la guerre civile : à peu près complètement abandonnés par von Wirtz, qui se cantonnait strictement à l’intérieur des provinces baltes, nous tenions dans le bureau du régisseur de Kratovicé des conciliabules de naufragés. Sophie assistait à ces séances, le dos appuyé au chambranle de la porte ; elle luttait sans doute pour maintenir une sorte d’équilibre entre des convictions qui étaient après tout son seul bien personnel, et la camaraderie dont elle ne se sentait pas dégagée envers nous. Elle a dû souhaiter plus d’une fois qu’une bombe vienne mettre fin à nos palabres d’état-major, et son vœu a été souvent bien près de s’accomplir. Elle était d’ailleurs si peu tendre qu’elle vit des prisonniers rouges fusillés sous ses fenêtres sans un seul mot de protestation. Je sentais que chacune des résolutions passées en sa présence provoquait chez elle une explosion intérieure de haine ; dans les détails d’ordre pratique, au contraire, elle donnait son avis avec un bon sens de paysanne. Seul à seule, nous discutions des suites de cette guerre et de l’avenir du marxisme avec une violence où il entrait de part et d’autre un besoin d’alibi ; elle ne me cachait pas ses préférences ; c’était la seule chose que la passion n’eût pas entamée en elle. Curieux de voir jusqu’où irait chez Sophie une bassesse qui était sublime, parce qu’elle était amoureuse, j’ai essayé plus d’une fois de mettre la jeune fille en contradiction avec ses principes, ou plutôt avec les idées que lui avait inculquées Loew. J’y parvenais moins aisément qu’on aurait pu le croire ; elle éclatait en protestations indignées. Il y avait en elle un étrange besoin de haïr tout ce qui était moi, sauf moi-même. Mais sa confiance en moi n’en demeurait pas moins entière et la poussait dans cet ordre aussi à me faire des aveux compromettants qu’elle n’eût faits à personne. Un jour, je réussis à l’obliger à porter sur le dos une charge de munitions jusqu’en première ligne ; elle accepta avec avidité cette chance de mourir. Par contre, elle n’a jamais voulu faire le coup de feu à nos côtés. C’est dommage : à seize ans, elle avait fait preuve d’une justesse de tir merveilleuse dans les battues.
Elle se chercha des rivales. Dans ces enquêtes qui m’exaspéraient, il y avait peut-être moins de jalousie que de curiosité. Comme un malade qui se sent perdu, elle ne demandait plus de remèdes, qu’elle cherchait encore des explications. Elle exigea des noms, que j’eus l’imprudence de ne pas inventer. Elle m’assurait un jour qu’elle eût renoncé sans peine au profit d’une femme aimée ; c’était mal se connaître : si cette femme avait existé, Sophie l’eût déclarée indigne de moi, et eût essayé de me la faire quitter. L’hypothèse romanesque d’une maîtresse laissée en Allemagne n’eût pas suffi contre cette intimité des jours, ce voisinage des nuits ; d’autre part, dans notre vie ramassée sur elle-même, les soupçons ne pouvaient se porter que sur deux ou trois créatures dont les complaisances n’eussent rien expliqué, et ne pouvaient satisfaire personne. J’eus des scènes absurdes à propos d’une paysanne rousse qui se chargeait de nous cuire le pain. Ce fut un de ces soirs-là que j’eus la brutalité de dire à Sophie que si j’avais eu besoin d’une femme, c’était elle la dernière que j’aurais été chercher, et c’était vrai, mais pour d’autres raisons certes que le manque de beauté. Elle fut assez de son sexe pour ne songer qu’à celle-là ; je la vis chanceler comme une fille d’auberge assommée par un coup de poing d’ivrogne. Elle sortit en courant, monta l’escalier en se retenant à la rampe ; je l’entendais sangloter et buter le long des marches.
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