Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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Elle dut passer la nuit penchée sur le miroir encadré de blanc de sa chambre de jeune fille, à se demander si vraiment son visage, son corps, ne pouvaient plaire qu’à des sergents pris de boisson, et si ses yeux, sa bouche, ses cheveux desservaient l’amour qu’elle portait au cœur. La glace lui renvoya des yeux d’enfant et d’ange, un large visage un peu informe qui était la terre même au printemps, un pays, des campagnes douces traversées de ruisseaux de larmes ; des joues couleur de soleil et de neige ; une bouche dont le rose bouleversant faisait presque trembler ; et des cheveux blonds comme ce bon pain dont nous n’avions plus. Elle eut horreur de toutes ces choses qui la trahissaient, n’étaient d’aucun secours devant l’homme aimé, et, se comparant désespérément aux photographies de Pearl White et de l’Impératrice de Russie suspendues à son mur, elle pleura jusqu’à l’aube sans parvenir à ruiner ses paupières de vingt ans. Le lendemain, je m’aperçus que pour la première fois elle avait omis de porter pour dormir ces bigoudis qui la faisaient ressembler, pendant les nuits d’alerte, à une Méduse coiffée de serpents. Acceptant une fois pour toutes la laideur, elle consentait héroïquement à paraître devant moi avec des cheveux plats. Je fis l’éloge de cette coiffure lisse ; comme je l’avais prévu, elle reprit courage ; mais un reste d’inquiétude sur son prétendu manque de charme ne servit qu’à lui donner une assurance nouvelle, comme si, ne craignant plus d’exercer sur moi le chantage de la beauté, elle se sentait d’autant plus le droit d’être considérée en amie.
J’étais allé à Riga discuter les conditions de la prochaine offensive, emmenant avec moi deux camarades dans la Ford épileptique des films comiques américains. Les opérations devaient prendre pour base Kratovicé, et Conrad était resté sur place pour pousser les préparatifs avec ce mélange d’activité et de nonchalance que je n’ai vu qu’à lui, et qui rassurait nos hommes. Dans l’hypothèse où tous les Si de l’avenir se seraient accomplis, c’eût été l’aide de camp admirable du Bonaparte que je ne me suis pas mêlé d’être, un de ces disciples idéals sans lesquels le maître ne s’explique pas. Pendant deux heures de dérapage le long de routes glacées, nous nous exposâmes à toutes les variétés de mort subite que risque un automobiliste passant ses vacances de Noël en Suisse. J’étais exaspéré par la tournure que prenaient, et la guerre, et mes affaires intimes. La participation à la défense antibolchevique en Courlande ne signifiait pas seulement danger de mort ; il faut bien dire que la comptabilité, les malades, le télégraphe, et la présence épaisse ou sournoise de nos camarades empoisonnaient peu à peu mes relations avec mon ami. La tendresse humaine a besoin de solitude autour d’elle, et d’un minimum de calme dans l’insécurité. On fait mal l’amour, ou l’amitié, dans une chambrée entre deux corvées de fumier. Contre toute attente, ce fumier, c’est ce qu’était devenue pour moi la vie à Kratovicé. Sophie seule tenait bon dans cette atmosphère d’un ennui sinistre et véritablement mortel, et il est assez naturel que le malheur résiste mieux aux emmerdements que son contraire. Mais c’était justement pour fuir Sophie que je m’étais désigné pour Riga. La ville était plus lugubre que jamais par ce temps de novembre. Je ne me souviens que de l’irritation provoquée chez nous par les atermoiements de von Wirtz, et du champagne atroce que nous bûmes dans une boîte de nuit russe, aux côtés d’une authentique Juive de Moscou, et de deux Hongroises qui se faisaient passer pour Françaises, et dont l’accent parisien m’aurait fait crier. Depuis des mois, j’étais sorti de la mode : j’avais du mal à me faire aux ridicules chapeaux enfoncés des femmes.
Vers quatre heures du matin, je me retrouvai dans une chambre du seul hôtel passable de Riga en compagnie d’une des Hongroises, l’esprit juste assez lucide pour me dire que j’aurais quand même préféré la Juive. Mettons qu’il y ait eu dans tant de conformité aux usages quatre-vingt-dix-huit pour cent du désir de ne pas me singulariser vis-à-vis de nos camarades, et le reste de défi adressé à moi-même : ce n’est pas toujours dans le sens de la vertu qu’on se contraint le plus. Les intentions d’un homme forment un écheveau si embrouillé qu’il m’est impossible, à la distance où je suis de tout cela, de décider si j’espérais ainsi me rapprocher de Sophie par des voies détournées, ou l’insulter en assimilant un désir que je savais le plus pur du monde à une demi-heure passée sur un lit en désordre dans les bras de la première venue. Un peu de mon dégoût devait forcément rejaillir sur elle, et je commençais peut-être à avoir besoin d’être fortifié dans le mépris. Je ne me dissimule pas qu’une crainte assez basse de m’engager à fond contribuait à ma prudence à l’égard de la jeune fille ; j’ai toujours eu horreur de me commettre, et quelle est la femme amoureuse avec laquelle on ne se commet pas ? Cette chanteuse des petits cafés de Budapest au moins ne prétendait pas s’empêtrer dans mon avenir. Il faut pourtant dire qu’elle s’accrocha à moi, pendant ces quatre jours à Riga, avec une ténacité de poulpe auquel ses longs doigts gantés de blanc faisaient penser. Il a toujours dans ces cœurs ouverts à tout venant une place vide sous un abat-jour rose, où elles s’efforcent désespérément d’installer n’importe qui. Je quittai Riga plein d’une sorte de soulagement maussade à me dire que je n’avais rien de commun avec ces gens, cette guerre, ce pays, non plus qu’avec les quelques rares plaisirs inventés par l’homme pour se distraire de la vie. Pensant pour la première fois au lendemain, je fis des projets d’émigration au Canada avec Conrad, et d’existence dans une ferme, au bord des grands lacs, sans tenir compte que je sacrifiais ainsi pas mal de goûts de mon ami.
Conrad et sa sœur m’attendaient sur les marches du perron, sous la marquise dont les canonnades de l’été précédent n’avaient pas laissé une seule vitre intacte, de sorte que ces cloisons de fer vides ressemblaient à une énorme feuille morte et décortiquée dont il ne restait que les nervures. La pluie coulait au travers, et Sophie s’était noué sur la tête un mouchoir comme une paysanne. Tous deux s’étaient fatigués à me remplacer pendant mon absence : Conrad était d’une pâleur de nacre ; et mes inquiétudes au sujet de sa santé, que je savais fragile, me firent ce soir-là oublier tout le reste. Sophie avait fait monter pour nous une des dernières bouteilles de vin français dissimulées au fond du cellier. Mes camarades, déboutonnant leurs capotes, prirent place à table en échangeant des plaisanteries sur ce qui avait été pour eux les bonnes heures de Riga ; Conrad levait les sourcils avec une expression de surprise amusée et polie ; il avait fait avec moi l’expérience de ces sombres soirées en réaction contre soi-même, et une Hongroise de plus ou de moins ne l’étonnait pas. Sophie se mordit les lèvres en s’apercevant qu’elle avait répandu un peu de bourgogne en s’efforçant de remplir mon verre. Elle sortit pour aller chercher une éponge, et mit à faire disparaître cette tache autant de soin que si ç’avait été la trace d’un crime. J’avais rapporté des livres de Riga : ce soir-là, sous l’abat-jour improvisé à l’aide d’une serviette, je regardai Conrad s’endormir d’un sommeil d’enfant dans le lit voisin, en dépit des bruits de pas de la tante Prascovie qui allait et venait nuit et jour à l’étage supérieur en marmonnant les prières auxquelles elle attribuait notre relative préservation. Du frère et de la sœur, c’était Conrad qui répondait paradoxalement le plus à l’idée qu’on se fait d’une jeune fille ayant des princes pour ancêtres. La nuque hâlée de Sophie, ses mains gercées serrant une éponge m’avaient rappelé subitement le jeune valet de ferme Karl chargé d’étriller les poneys de notre enfance. Après le visage graissé, poudré, tapoté de ma Hongroise, elle était à la fois mal soignée et incomparable.
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