Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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— Éric, ça vous embête que je meure ?
Je détestais ces inflexions enrouées et tendres qu’elle avait adoptées depuis qu’elle se conduisait en fille. Le fracas d’une bombe m’évita de répondre. C’était à l’est, du côté de l’étang, ce qui me fit espérer que l’orage s’éloignait. J’appris le lendemain que l’obus était tombé sur la berge, et des roseaux fauchés flottèrent sur l’eau pendant quelques jours, mêlés aux ventres blancs des poissons morts, et aux débris d’un canot brisé.
— Oui, reprit-elle lentement, du ton de quelqu’un qui cherche à se rendre compte, j’ai peur, et c’est étonnant quand j’y pense. Parce que ça ne devrait rien me faire, n’est-ce pas ?
— À votre aise, Sophie, répondis-je avec aigreur, mais cette malheureuse vieille femme habite une chambre à deux pas de la vôtre. Et Conrad...
— Oh, Conrad, dit-elle avec un accent d’infinie fatigue, et elle se mit debout en s’appuyant des deux mains à la table, comme une infirme qui hésite à quitter son fauteuil.
Sa voix impliquait tant d’indifférence au sort de son frère que je me demandais si elle avait commencé à le haïr. Mais elle était tout simplement arrivée à cet état d’abrutissement où plus rien ne compte, et elle avait cessé de s’inquiéter du salut des siens, en même temps que d’admirer Lénine.
— Souvent, dit-elle en se rapprochant de moi, je pense que c’est mal de ne pas avoir peur. Mais si j’étais heureuse, continua-t-elle, et elle avait retrouvé cette voix à la fois rude et douce qui m’émouvait toujours comme les notes basses d’un violoncelle, il me semble que ça ne me ferait plus rien, la mort. Cinq minutes de bonheur, ce serait comme un signe que m’aurait envoyé Dieu. Est-ce que vous êtes heureux, Éric ?
— Oui, je suis heureux, fis-je à contrecœur, en m’apercevant soudain que je ne disais là qu’un mensonge.
— Ah, c’est que vous n’en avez pas l’air, reprit-elle sur un ton de taquinerie où perçait l’écolière d’autrefois. Et c’est parce que vous êtes heureux que ça ne vous embête pas de mourir ?
Elle avait l’air d’une petite bonne mal réveillée à minuit par un coup de sonnette, avec son châle noir ravaudé par-dessus sa chemise de flanelle de pensionnaire. Je ne saurai jamais pourquoi je fis ce geste ridicule et indécent de rouvrir les volets. Les coupes d’arbres déplorées par Conrad avaient mis à nu le paysage ; on voyait jusqu’à la rivière où, comme toutes les nuits, des coups de feu intermittents et inutiles se répondaient. L’avion ennemi tournait encore dans le ciel verdâtre, et le silence était plein de ce bourdonnement horrible de moteur, comme si tout l’espace n’était qu’une chambre où virait maladroitement une guêpe géante. J’entraînai Sophie sur le balcon comme un amant par un clair de lune ; nous regardions en bas le gros pinceau lumineux de la lampe osciller sur la neige. Il ne devait pas faire grand vent, car le reflet bougeait à peine. Le bras passé autour de la taille de Sophie, j’avais l’impression d’ausculter son cœur ; ce cœur surmené hésitait, puis repartait, à un rythme qui était celui même du courage, et ma seule pensée, autant que je peux m’en souvenir, était que si nous mourions cette nuit-là, c’est tout de même près d’elle que j’avais choisi de périr. Soudain, un fracas énorme éclata tout près de nous ; Sophie se boucha les oreilles comme si ce tapage était plus affreux que la mort. L’obus était tombé cette fois à moins d’un jet de pierre, sur le toit en tôle ondulée de l’écurie : cette nuit-là, deux de nos chevaux payèrent pour nous. Dans l’incroyable silence qui suivit, on entendit encore le bruit d’un mur de briques qui n’en finissait pas de s’écrouler par saccades, et le hennissement horrible d’un cheval qui meurt. Derrière nous, la vitre avait volé en éclats ; en rentrant dans la chambre, nous marchions sur du verre brisé. J’éteignis la lampe, comme on la rallume après avoir fait l’amour.
Elle me suivit dans le corridor. Là, une inoffensive veilleuse continuait de brûler au pied d’une des images pieuses de la tante Prascovie. Sophie respirait rapidement ; son visage était radieusement pâle, ce qui me prouva qu’elle m’avait compris. J’ai vécu avec Sophie des moments plus tragiques encore, mais aucun plus solennel, ni plus proche d’un échange de serments. Son heure dans ma vie, ç’a été celle-là. Elle leva ses mains marquées par la rouille de la balustrade où nous étions une minute plus tôt appuyés ensemble, et se jeta sur ma poitrine comme si elle venait à l’instant d’être blessée.
Ce geste qu’elle avait mis près de dix semaines à accomplir, le plus étonnant, c’est que je l’acceptai. Maintenant qu’elle est morte, et que j’ai cessé de croire aux miracles, je me sais gré d’avoir au moins une fois baisé cette bouche et ces rudes cheveux. Cette femme, pareille à un grand pays conquis où je ne suis pas entré, je me souviens en tout cas de l’exact degré de tiédeur qu’avait ce jour-là sa salive et de l’odeur de sa peau vivante. Et si jamais j’avais pu aimer Sophie en toute simplicité des sens et du cœur c’est bien à cette minute, où nous avions tous les deux une innocence de ressuscités. Elle palpitait contre moi, et aucune rencontre féminine de prostitution ou de hasard ne m’avait préparé à cette violente, à cette affreuse douceur. Ce corps à la fois défait et raidi par la joie pesait dans mes bras d’un poids aussi mystérieux que la terre l’eût fait, si quelques heures plus tôt j’étais entré dans la mort. Je ne sais à quel moment le délice tourna à l’horreur, déclenchant en moi le souvenir de cette étoile de mer que maman, jadis, avait mis de force dans ma main, sur la plage de Scheveningue, provoquant ainsi chez moi une crise de convulsions pour le plus grand affolement des baigneurs. Je m’arrachai à Sophie avec une sauvagerie qui dut paraître cruelle à ce corps que le bonheur rendait sans défense. Elle rouvrit les paupières (elle les avait fermées) et vit sur mon visage quelque chose de plus insupportable sans doute que la haine ou l’épouvante, car elle recula, se couvrit la figure de son coude levé, comme une enfant souffletée, et ce fut la dernière fois que je la vis pleurer sous mes yeux. J’ai encore eu avec Sophie deux entrevues sans témoin, avant que tout ne fût accompli. Mais à partir de ce soir-là, tout se passa comme si l’un de nous deux était déjà mort, moi, en ce qui la concernait, ou elle, dans cette part de soi-même qui m’avait fait confiance à force de m’aimer.
Ce qui ressemble encore le plus aux phases monotones d’un amour, ce sont les rabâchages infatigables et sublimes des quatuors de Beethoven. Pendant ces sombres semaines de l’avent (et la tante Prascovie, multipliant ses jours de jeûne, ne nous laissait rien oublier du calendrier de l’Église), la vie continua chez nous avec son pourcentage habituel de misères, d’irritations et de catastrophes. Je vis ou j’appris la mort de quelques-uns de mes rares amis ; Conrad fut légèrement blessé ; du village, pris et repris par trois fois, il ne restait que quelques pans de murs fondant sous la neige. Quant à Sophie, elle était calme, résolue, serviable, et butée. Ce fut vers cette époque que Volkmar prit ses quartiers d’hiver au château, avec les déchets d’un régiment que nous envoyait von Wirtz. Depuis la mort de Franz von Aland, notre petit corps expéditionnaire allemand s’était effrité de jour en jour, remplacé par un mélange d’éléments baltes et russes blancs. Je connaissais ce Volkmar pour l’avoir détesté à quinze ans chez le professeur de mathématiques où l’on nous envoyait trois fois par semaine durant les mois d’hiver passés à Riga. Il me ressemblait comme une caricature ressemble au modèle : il était correct, aride, ambitieux et intéressé. Il appartenait à ce type d’hommes à la fois stupides et nés pour réussir, qui ne tiennent compte des faits nouveaux que dans la mesure où ils en profitent, et basent leurs calculs sur les constantes de la vie. Sans la guerre, Sophie n’aurait pas été pour lui ; il se jeta sur cette occasion. Je savais déjà qu’une femme isolée en pleine caserne acquiert sur les hommes un prestige qui tient de l’opérette et de la tragédie. On nous avait crus amants, ce qui était littéralement faux ; quinze jours ne se passèrent pas sans qu’on les étiquetât fiancés. J’avais supporté sans souffrir les rencontres d’une Sophie à demi somnambule avec des garçons qui ne faisaient, et encore, que lui procurer des moments d’oubli. La liaison avec Volkmar m’inquiéta, parce qu’elle me la tint cachée. Elle ne dissimulait rien ; elle m’enlevait simplement mon droit de regard sur sa vie. Et certes, j’étais moins coupable envers elle que je ne l’avais été au début de notre entente, mais on est toujours puni à contre-saison. Sophie était pourtant assez généreuse pour garder envers moi des égards affectueux, et d’autant plus peut-être qu’elle commençait à me juger. Je me trompais donc sur la fin de cet amour comme je m’étais trompé sur son commencement. Par instants, je crois encore qu’elle m’aima jusqu’à son dernier souffle. Mais je me défie d’une opinion où mon orgueil est à ce point engagé. Il avait chez Sophie un fond de santé assez solide pour permettre toutes les convalescences amoureuses : il m’arrive parfois de me l’imaginer mariée à Volkmar, maîtresse de maison entourée d’enfants, serrant dans une gaine de caoutchouc rose sa taille épaissie de femme de quarante ans. Ce qui infirme cette vue, c’est que ma Sophie est morte exactement dans l’atmosphère et sous l’éclairage qui appartenaient à notre amour. En ce sens, et comme on disait en ce temps-là, j’ai donc l’impression d’avoir gagné la guerre. Pour m’exprimer de façon moins odieuse, disons simplement que j’avais vu plus juste dans mes déductions que Volkmar dans ses calculs, et qu’il existait bien entre Sophie et moi une affinité d’espèce. Mais pendant cette semaine de Noël, Volkmar eut tous les atouts.
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