Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

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Il m’arrivait encore de frapper la nuit à la porte de Sophie pour m’humilier en m’assurant qu’elle n’était pas seule ; jadis, c’est-à-dire un mois plus tôt, dans les mêmes circonstances, le rire faux et provocant de Sophie m’aurait rassuré presque autant que l’eussent fait ses larmes. Mais on ouvrait la porte ; la correction glacée de cette scène contrastait avec l’ancien désordre de lingerie éparpillée et de flacons de liqueurs ; et Volkmar m’offrait d’un geste sec son étui à cigarettes. Ce que je supporte le moins, c’est d’être épargné ; je tournais les talons en imaginant les chuchotements et les fades baisers qui reprendraient après mon départ. Ils parlaient de moi, d’ailleurs, et j’avais raison de n’en pas douter. Il existait entre Volkmar et moi-même une haine si cordiale que je me demande par moments s’il n’avait pas jeté les yeux sur Sophie seulement parce que tout Kratovicé nous mettait ensemble. Mais il faut bien que j’aie tenu à cette femme plus passionnément que je ne le croyais, puisque j’ai tant de mal à admettre que cet imbécile l’ait aimée.

Je n’ai jamais vu de soirée de Noël plus gaie qu’à Kratovicé pendant cet hiver de guerre. Irrité par les préparatifs ridicules de Conrad et de Sophie, je m’étais éclipsé sous prétexte d’un rapport à faire. Vers minuit, la curiosité, la faim, le bruit des rires, et le son un peu éraillé d’un de mes disques préférés m’amenèrent au salon où les danseurs tournaient à la lueur d’un feu de bois et de deux douzaines de lampes dépareillées. Une fois de plus, j’avais l’impression de ne pas participer à la gaieté des autres, et de mon propre gré, mais l’amertume n’en est pas moindre. Un souper de jambon cru, de pommes et de whisky avait été préparé sur l’une des consoles lourdement dorée ; Sophie elle-même avait boulangé le pain. L’énorme carrure du médecin Paul Rugen me cachait la moitié de la chambre ; une assiette sur les genoux, ce géant expédiait rapidement sa part de victuailles, pressé comme toujours de regagner son hôpital installé dans les anciennes remises du prince Pierre ; j’aurais pardonné à Sophie, si ç’avait été à celui-là, et non à Volkmar qu’elle eût fait signe. Chopin, qui avait pour les jeux de société une prédilection solitaire, s’évertuait à construire un édifice de bouts d’allumettes dans le goulot égueulé d’une bouteille. Conrad s’était tailladé le doigt avec sa maladresse habituelle en essayant de débiter le jambon en tranches minces ; un mouchoir enroulé autour de l’index, il mettait à profit la silhouette de son bandage pour varier sur le mur les ombres qu’il dessinait des deux mains. Il était pâle, et boitait encore à la suite de sa blessure récente. De temps à autre, il s’arrêtait de gesticuler pour alimenter le gramophone.

La Paloma avait fait place à je ne sais quelles nouveautés nasillardes ; Sophie changeait de partenaire à chaque danse. Danser était encore ce qu’elle faisait de mieux : elle tourbillonnait comme une flamme, ondulait comme une fleur, glissait comme un cygne. Elle avait mis sa robe de tulle bleu à la mode de 1914, la seule toilette de bal qu’elle ait possédée de sa vie, et encore à ma connaissance ne l’a-t-elle portée que deux fois. Cette robe à la fois démodée et neuve suffisait à changer en héroïne de roman notre camarade de la veille. Une multitude de jeunes filles en tulle bleu aperçues dans les glaces étant les seules invitées de la fête, le reste des garçons se trouvaient réduits à former entre eux des couples. Le matin même, en dépit de sa jambe malade, Conrad s’était obstiné à grimper au haut d’un chêne pour s’emparer d’une touffe de gui ; cette imprudence de gamin avait provoqué la première des deux seules disputes que j’aie jamais eues avec mon ami. L’idée de cette touffe de gui venait de Volkmar ; suspendue au sombre lustre que nul d’entre nous n’avait vu allumé depuis les Noëls de notre enfance, elle servait de prétexte aux garçons pour embrasser leur danseuse. Chacun de ces jeunes gens colla tour à tour ses lèvres à celles d’une Sophie hautaine, amusée, condescendante, bonne enfant, ou tendre. Quand j’entrai au salon, le tour de Volkmar était venu ; elle échangea avec lui un baiser que j’étais payé pour savoir très différent de celui de l’amour, mais qui signifiait indubitablement la gaieté, la confiance, l’accord. Le « Tiens donc, Éric, on n’attendait plus que toi ! » de Conrad obligea Sophie à tourner la tête. Je me tenais dans l’embrasure d’une porte, loin de toutes lumières, du côté du salon de musique. Sophie était myope ; elle me reconnut pourtant, car elle ferma à demi les yeux. Elle appuya les mains sur ces épaulettes détestées que les Rouges clouaient parfois dans la chair des officiers blancs prisonniers, et la seconde accolade donnée à Volkmar fut un baiser de défi. Son partenaire penchait au-dessus d’elle un visage à la fois attendri et allumé ; si cette expression est celle de l’amour, les femmes sont folles de ne pas nous fuir, et ma méfiance envers elles n’est pas sans raison. Les épaules nues dans sa toilette bleue, rejetant en arrière ses courts cheveux qu’elle avait brûlés en essayant de les friser au fer, Sophie présentait à cette brute les lèvres les plus invitantes et les plus fausses que jamais actrice de cinéma ait offertes en louchant vers l’appareil de prise de vues. C’en était trop. Je la saisis par le bras, et je la giflai. La secousse ou la surprise furent si grandes qu’elle recula, fit un tour sur elle-même, buta du pied contre une chaise, et tomba. Et un saignement de nez vint ajouter son ridicule à toute cette scène.

La stupeur de Volkmar fut telle qu’il prit un temps avant de se jeter sur moi. Rugen s’interposa, et je crois bien qu’il m’assit de force dans un fauteuil Voltaire. Un numéro de boxe faillit pourtant terminer la fête ; en plein tumulte Volkmar s’enrouait à réclamer des excuses ; on nous crut ivres, ce qui arrangea l’affaire. Nous partions le lendemain pour une mission dangereuse, et l’on ne se bat pas avec un camarade, par un soir de Noël, et pour une femme dont on ne veut pas. On me fit serrer la main de Volkmar, et le fait est que je ne pestais que contre moi-même. Quant à Sophie, elle avait disparu dans un grand bruit de tulle froissé. En l’arrachant à son danseur, j’avais rompu le fermoir du mince fil de perles qu’elle portait au cou, et qui lui avait été donné le jour de sa confirmation par sa grand-mère Galitzine. L’inutile jouet traînait à terre. Je me baissai, et l’empochai machinalement. Je n’ai jamais eu l’occasion de le rendre à Sophie. J’ai souvent pensé à le vendre, dans une de mes périodes de débine, mais les perles avaient jauni et pas un bijoutier n’en aurait voulu. Je l’ai encore, ou plutôt je l’avais encore, au fond d’une petite valise qui m’a été volée cette année en Espagne. Il y a ainsi des objets qu’on garde, on ne sait pas pourquoi.

Cette nuit-là, mes allées et venues de la fenêtre à l’armoire égalèrent en régularité celles de la tante Prascovie. J’étais pieds nus, et mes pas sur le plancher ne pouvaient réveiller derrière son rideau Conrad endormi. À dix reprises, cherchant dans l’obscurité mes chaussures, ma veste, je décidai d’aller rejoindre Sophie dans sa chambre, où cette fois j’étais sûr de la trouver seule. Mû par le ridicule besoin de netteté d’un cerveau à peine adulte, j’en étais encore à me demander si j’aimais cette femme. Et certes, il manquait jusqu’ici à cette passion la preuve dont les moins grossiers d’entre nous se servent pour authentifier l’amour, et Dieu sait que j’avais en cela gardé rancune à Sophie de mes propres hésitations. Mais c’était le malheur de cette fille abandonnée à tous qu’on ne pouvait penser à s’engager envers elle que pour toute la vie. À une époque où tout fout le camp, je me disais que cette femme au moins serait solide comme la terre, sur laquelle on peut bâtir ou se coucher. Il eût été beau de recommencer le monde avec elle dans une solitude de naufragés. Je savais n’avoir jusque-là vécu que sur mes limites ; ma position se ferait intenable ; Conrad vieillirait, moi aussi, et la guerre ne servirait pas toujours d’excuse à tout. Au pied de l’armoire à glace, des refus qui n’étaient pas tous ignobles reprenaient le pas sur des acquiescements qui n’étaient pas tous désintéressés. Je me demandais avec un prétendu sang-froid ce que je comptais faire de cette femme, et certes je n’étais pas préparé à considérer Conrad en beau-frère. On ne laisse pas tomber, pour en séduire, un peu malgré soi, la sœur, un ami divinement jeune et vieux de vingt ans. Puis, comme si mon va-et-vient dans la chambre m’avait ramené à l’autre extrémité du pendule, je redevenais pour un temps ce personnage qui se moquait pas mal de mes complications personnelles, et qui ressemblait sans doute trait pour trait à tous ceux de ma race qui s’étaient avant moi cherché des fiancées. Ce garçon plus simple que moi-même palpitait comme le premier venu au souvenir d’une gorge blanche. Un peu avant l’heure où le soleil se fût levé, si le soleil se levait par ces jours gris, j’entendis le doux bruit de fantôme que font des vêtements féminins tremblant au vent d’un corridor, le grattement pareil à celui d’un animal familier qui demande à se faire ouvrir par son maître, et cette respiration haletante d’une femme qui a couru jusqu’au bout de son destin. Sophie parlait à voix basse, la bouche collée à la paroi de chêne, et les quatre ou cinq langues qui lui étaient familières, y compris le français et le russe, lui servaient à varier ces mots maladroits qui sont par tous pays les plus galvaudés et les plus purs.

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