Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

Здесь есть возможность читать онлайн «Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 2012, Издательство: Aelred - TAZ, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Elle me savait très pauvre. La pauvreté, comme la maladie, étaient des choses laides dont elle se détournait. Pour rien au monde elle n’eût consenti à monter cinq étages. Il ne faut pas, mon amie, que vous la blâmiez trop vite : elle était d’une délicatesse infinie. C’était, peut-être, pour ne pas me blesser qu’elle ne me faisait que des présents inutiles, et les plus inutiles sont les plus nécessaires. Lorsqu’elle me sut malade, elle m’envoya des fleurs. On n’a pas à rougir, devant des fleurs, d’être sordidement logé. C’était plus que je n’attendais de personne ; je ne croyais pas qu’il y eût, sur la terre, un seul être assez bon pour m’envoyer des fleurs. Elle avait, à cette époque, la passion des lilas mauves ; j’eus, grâce à elle, une convalescence embaumée. Je vous ai dit combien ma chambre était triste : peut-être, sans les lilas de la princesse Catherine, je n’aurais jamais eu le courage de guérir.

Lorsque j’allai la remercier, j’étais encore très faible. Je la trouvai, comme d’ordinaire, devant l’un de ces travaux à l’aiguille, qu’elle avait rarement la patience de finir. Mes remerciements l’étonnèrent ; elle ne se souvenait déjà plus qu’elle m’eût envoyé des fleurs. Mon amie, cela m’indigna : il semble que la beauté d’un présent diminue, quand celui qui le fait n’y attache pas d’importance. Les persiennes, chez la princesse Catherine, étaient presque toujours fermées ; elle vivait, par goût, dans un perpétuel crépuscule, et cependant l’odeur poussiéreuse des rues envahissait la chambre ; l’on se rendait bien compte que l’été commençait. Je pensais, avec une accablante fatigue, que j’aurais à subir ces quatre mois d’été. Je me représentais les leçons devenues plus rares, les vaines sorties nocturnes à la recherche d’un peu de fraîcheur, l’énervement, l’insomnie, d’autres dangers encore. J’avais peur de retomber malade, bien pis que malade ; je finis par me plaindre, à haute voix, que l’été vînt si vite. La princesse de Mainau le passait à Wand, dans un ancien domaine qui lui venait des siens. Wand n’était pour moi qu’un nom vague, comme tous ceux des endroits où nous croyons ne jamais vivre : je mis quelque temps à comprendre que la princesse m’invitait. Elle m’invitait par pitié. Elle m’invitait gaiement, s’occupant d’avance à me choisir une chambre, prenant, pour ainsi dire, possession de ma vie jusqu’au prochain automne. Alors j’eus honte d’avoir paru, en me plaignant, espérer quelque chose. J’acceptai. Je n’eus pas le courage de me punir en refusant, et vous savez, mon amie, qu’on ne résistait pas à la princesse Catherine.

J’étais allé à Wand pour n’y passer que trois semaines : j’y demeurai plusieurs mois. Ce furent de longs mois immobiles. Ils s’écoulèrent lentement, de façon machinale et vraiment insensible ; on aurait dit que j’attendais à mon insu. L’existence là-bas était cérémonieuse tout en étant très simple ; je goûtai l’apaisement de cette vie plus facile. Je ne puis dire que Wand me rappelait Woroïno : pourtant, c’était la même impression de vieillesse et de durée tranquille. La richesse paraissait installée, dans cette maison, depuis des temps très anciens, comme chez nous la pauvreté. Les princes de Mainau avaient toujours été riches ; on ne pouvait donc pas s’étonner qu’ils le fussent, et les pauvres eux-mêmes ne s’en irritaient pas. Le prince et la princesse recevaient beaucoup ; on vivait parmi les livres nouvellement arrivés de France, les partitions ouvertes et les grelots d’attelages. Dans ces milieux cultivés, et cependant frivoles, il semble que l’intelligence soit un luxe de plus. Sans doute, le prince et la princesse, pour moi, n’étaient pas des amis : ce n’étaient que des protecteurs. La princesse me nommait en riant son extraordinaire musicien ; on exigeait, le soir, que je me misse au piano. Je sentais bien qu’on ne pouvait jouer, devant ces gens du monde, que des musiques banales, superficielles comme les paroles qui venaient d’être dites, mais il y a de la beauté dans ces ariettes oubliées.

Ces mois passés à Wand me semblent une longue sieste, pendant laquelle je m’efforçais de ne jamais penser. La princesse n’avait pas voulu que j’interrompisse mes concerts ; je m’absentai pour en donner plusieurs, dans de grandes villes allemandes. Il m’arrivait, là-bas, de me trouver en face de tentations bien connues, mais ce n’était qu’un incident. Mon retour à Wand en effaçait jusqu’au souvenir : je faisais usage, une fois de plus, de mon effrayante faculté d’oubli. La vie des gens du monde se limite, en surface, à quelques idées agréables, ou tout au moins décentes. Ce n’est même pas de l’hypocrisie, on évite simplement de faire allusion à ce qu’il est choquant d’exprimer. On sait bien qu’il existe des réalités humiliantes, mais on vit comme si on ne les subissait pas. C’est comme si l’on finissait par prendre ses vêtements pour son corps. Sans doute, je n’étais pas capable d’une erreur si grossière ; il m’était arrivé de me regarder nu. Seulement, je fermais les yeux. Je n’étais pas heureux, à Wand, avant votre arrivée : je n’étais qu’assoupi. Ensuite, vous êtes venue. Je ne fus pas non plus heureux à vos côtés : j’imaginai seulement l’existence du bonheur. Ce fut comme le rêve d’un après-midi d’été.

Je savais de vous, par avance, tout ce qu’on peut savoir d’une jeune fille, c’est-à-dire peu de chose, et de très petites choses. On m’avait dit que vous étiez très belle, que vous étiez riche, et tout à fait accomplie. On ne m’avait pas dit combien vous étiez bonne ; la princesse l’ignorait, ou peut-être la bonté n’était pour elle qu’une qualité superflue : elle pensait que l’aménité suffit. Beaucoup de jeunes filles sont très belles ; il en est aussi de riches et de tout à fait accomplies, mais je n’avais aucune raison de m’intéresser à tout cela. Il ne faut pas vous étonner, mon amie, que tant de descriptions soient restées inutiles : il y a, au fond de tout être parfait, je ne sais quoi d’unique qui décourage l’éloge. La princesse désirait que je vous admirasse d’avance ; et je vous crus ainsi moins simple que vous ne l’êtes. Jusqu’alors, il ne m’avait pas été désagréable de jouer, à Wand, un rôle d’invité très modeste, mais il me semblait, devant vous, qu’on se proposât de me forcer à briller. Je sentais bien que j’en étais incapable, et les visages nouveaux m’intimidaient toujours. S’il n’avait tenu qu’à moi, je serais parti avant votre arrivée, mais cela me fut impossible. Je comprends, maintenant, dans quelle intention le prince et la princesse me retinrent : j’avais malheureusement, autour de moi, deux vieilles gens désireux de me ménager du bonheur.

Il faut, mon amie, que vous pardonniez à la princesse Catherine. Elle me connaissait assez peu pour me croire digne de vous. La princesse vous savait très pieuse ; j’étais moi-même, avant de vous connaître, d’une piété timorée, enfantine. Sans doute, j’étais catholique, vous étiez protestante, mais cela importait si peu. La princesse se figurait qu’un nom très ancien suffisait à compenser ma pauvreté, et les vôtres aussi raisonnèrent de la sorte. Catherine de Mainau plaignait, exagérément peut-être, ma vie solitaire et souvent difficile ; elle redoutait pour vous les épouseurs vulgaires ; elle se croyait tenue, en quelque sorte, de remplacer votre mère et la mienne. Et puis, elle était ma parente ; elle voulait aussi faire plaisir aux miens. La princesse de Mainau était sentimentale : elle aimait à vivre dans une atmosphère un peu fade de fiançailles allemandes ; le mariage, pour elle, était une comédie de salon, semée d’attendrissements et de sourires, où le bonheur arrive avec le cinquième acte. Le bonheur n’est pas venu, mais peut-être, Monique, en sommes-nous incapables ; et ce n’est pas la faute de la princesse Catherine.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
Маргерит Юрсенар - Блаженной памяти
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
libcat.ru: книга без обложки
Маргерит Юрсенар
Отзывы о книге «Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce»

Обсуждение, отзывы о книге «Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x