Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

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Cher Dieu, quand mourrai-je ?... Monique, vous vous rappelez ces paroles. Elles sont au commencement d’une vieille prière allemande. Je suis fatigué de cet être médiocre, sans avenir, sans confiance en l’avenir, de cet être que je suis bien forcé d’appeler Moi, puisque je ne puis m’en séparer. Il m’obsède de ses tristesses, de ses peines ; je le vois souffrir, – et je ne suis même pas capable de le consoler. Je suis certes meilleur que lui ; je puis parler de lui comme je ferais d’un étranger ; je ne comprends pas quelles raisons m’en font le prisonnier. Et le plus terrible peut-être, c’est que les autres ne connaîtront de moi que ce personnage en lutte avec la vie. Ce n’est même pas la peine de souhaiter qu’il meure, puisque, lorsqu’il mourra, je mourrai avec lui. À Vienne, durant ces années de combats intérieurs, j’ai souvent souhaité mourir.

On ne souffre pas de ses vices, on souffre seulement de ne pouvoir s’y résigner. Je connus tous les sophismes de la passion ; je connus aussi tous les sophismes de la conscience. Les gens se figurent qu’ils réprouvent certains actes parce que la morale s’y oppose ; en réalité, ils obéissent (ils ont le bonheur d’obéir) à des répugnances instinctives. J’étais frappé, malgré moi, par l’extrême insignifiance de nos fautes les plus graves, par le peu de place qu’elles tiendraient dans notre vie, si nos remords n’en prolongeaient la durée. Notre corps oublie comme notre âme ; c’est peut-être ce qui explique, chez certains d’entre nous, les renouvellements d’innocence, Je m’efforçais d’oublier ; j’oubliais presque. Puis, cette amnésie m’épouvantait. Mes souvenirs, me paraissant toujours incomplets, me suppliciaient davantage. Je me jetais sur eux pour les revivre. Je me désespérais qu’ils pâlissent. Je n’avais qu’eux pour me dédommager du présent, de l’avenir auxquels je renonçais. Il ne me restait pas, après m’être interdit tant de choses, le courage de m’interdire mon passé.

Je vainquis. À force de rechutes misérables et de plus misérables victoires, j’arrivai à vivre une année tout entière comme j’aurais désiré avoir vécu toute ma vie. Mon amie, il ne faut pas sourire. Je ne veux pas exagérer mon mérite : avoir du mérite à s’abstenir d’une faute, c’est une façon d’être coupable. On dirige quelquefois ses actes ; on dirige moins ses pensées ; on ne dirige pas ses rêves. J’eus des rêves. Je connus le danger des eaux stagnantes. Il semble qu’agir nous absolve. Il y a quelque chose de pur, même dans un acte coupable, comparé aux pensées que nous nous en formons. Mettons, si vous voulez, de moins impur, et disons que cela tient à ce je ne sais quoi de médiocre qu’a toujours la réalité. Cette année, où je ne commis, je vous l’assure, rien de répréhensible, fut troublée de plus de hantises que toute autre, et de hantises plus basses. On eût dit que cette plaie, fermée trop vite, se fût rouverte dans l’âme et finît par l’empoisonner. Il me serait facile de faire un récit dramatique, mais ni vous ni moi ne nous intéressons aux drames, – et il est bien des choses qu’on exprime davantage en ne les disant pas. Ainsi, j’avais aimé la vie. C’était au nom de la vie, je veux dire de mon avenir, que je m’étais efforcé de me reconquérir sur moi-même. Mais on hait la vie quand on souffre. Je subis les obsessions du suicide, j’en subis d’autres, plus abominables. Je ne voyais plus, dans les plus humbles objets de la vie journalière, que l’instrument d’une destruction possible. J’avais peur des étoffes, parce qu’on peut les nouer ; des ciseaux, à cause de leurs pointes ; surtout, des objets tranchants. J’étais tenté par ces formes brutales de la délivrance : je mettais une serrure entre ma démence et moi.

Je devins dur. Je m’étais, jusqu’alors, abstenu de juger les autres ; j’aurais fini par être, si j’en avais eu le pouvoir, aussi impitoyable pour eux que je l’étais pour moi-même. Je ne pardonnais pas au prochain les plus petites transgressions ; je craignais que mon indulgence envers autrui ne m’amenât, devant ma conscience, à excuser mes propres fautes. Je redoutais l’amollissement que procurent les sensations douces ; j’en vins à haïr la nature, à cause des tendresses du printemps. J’évitais, le plus possible, la musique émouvante : mes mains, posées devant moi sur les touches, me troublaient par le souvenir des caresses. Je craignis l’imprévu des rencontres mondaines, le danger des visages humains. Je fus seul. Puis la solitude me fit peur. On n’est jamais tout à fait seul : par malheur, on est toujours avec soi-même.

La musique, cette joie des forts, est la consolation des faibles. La musique était devenue un métier que j’exerçais pour vivre. L’enseigner aux enfants est une épreuve pénible, parce que la technique les détourne de l’âme. Il faudrait, je pense, leur en faire d’abord goûter l’âme. En tout cas, l’usage s’y oppose, et ni mes élèves, ni leurs familles, ne tenaient à changer l’usage. J’aimais encore mieux les enfants que les personnes plus âgées qui me vinrent par la suite et se croyaient forcées d’exprimer quelque chose. Et puis, les enfants m’intimidaient moins. J’aurais pu, si je l’avais essayé, avoir des leçons plus nombreuses ; celles que je donnais me suffisaient pour vivre. Je travaillais déjà trop. Je n’ai pas le culte du travail, lorsque le résultat n’importe qu’à nous-mêmes. Sans doute, se fatiguer est une façon de se dompter ; mais l’épuisement du corps finit par engourdir l’âme. Reste à savoir, Monique, si une âme inquiète ne vaut pas mieux qu’une âme endormie.

Mes soirées me restaient. Je m’accordais, chaque soir, un moment de musique qui n’était qu’à moi seul. Certes, ce plaisir solitaire est un plaisir stérile, mais aucun plaisir n’est stérile lorsqu’il remet notre être d’accord avec la vie. La musique me transporte dans un monde où la douleur ne cesse pas d’exister, mais s’élargit, se tranquillise, devient tout à la fois plus calme et plus profonde, comme un torrent qui se transforme en lac. On ne peut, quand on rentre tard, se mettre à jouer de musique trop bruyante ; d’ailleurs, je ne l’ai jamais aimée. Je sentais bien, dans la maison, qu’on tolérait seulement la mienne, et sans doute le sommeil des gens fatigués vaut toutes les mélodies possibles. C’est de la sorte, mon amie, que j’appris à jouer presque toujours en sourdine, comme si j’avais peur d’éveiller quelque chose. Le silence ne compense pas seulement l’impuissance des paroles humaines, il compense aussi, pour les musiciens médiocres, la pauvreté des accords. Il m’a toujours semblé que la musique ne devrait être que du silence, et le mystère du silence, qui chercherait à s’exprimer. Voyez, par exemple, une fontaine. L’eau muette emplit les conduits, s’y amasse, en déborde, et la perle qui tombe est sonore. Il m’a toujours semblé que la musique ne devrait être que le trop-plein d’un grand silence.

Enfant, j’ai désiré la gloire. À cet âge, nous désirons la gloire comme nous désirons l’amour : nous avons besoin des autres pour nous révéler à nous-mêmes. Je ne dis pas que l’ambition soit un vice inutile ; elle peut servir à fouetter l’âme. Seulement elle l’épuise. Je ne sache pas de succès qui ne s’achète par un demi-mensonge ; je ne sache pas d’auditeurs qui ne nous forcent à omettre, ou à exagérer quelque chose. J’ai souvent pensé, avec tristesse, qu’une âme vraiment belle n’obtiendrait pas la gloire, parce qu’elle ne la désirerait pas. Cette idée, qui m’a désabusé de la gloire, m’a désabusé du génie. J’ai souvent pensé que le génie n’est qu’une éloquence particulière, un don bruyant d’exprimer. Même si j’étais Chopin, Mozart ou Pergolèse, je dirais seulement, imparfaitement peut-être, ce qu’éprouve chaque jour un musicien de village, lorsqu’il fait de son mieux en toute humilité. Je faisais de mon mieux. Mon premier concert fut quelque chose de pire qu’un insuccès, ce fut un demi-succès. Il fallut, pour me décider à le donner, toutes sortes de raisons matérielles et cette autorité que prennent sur nous les gens du monde lorsqu’ils veulent nous aider. Ma famille avait à Vienne nombre de parents assez vagues ; c’étaient pour moi presque des protecteurs, et tout à fait des étrangers. Ma pauvreté les humiliait un peu ; ils auraient désiré que je devinsse célèbre, pour n’être plus gênés quand on parlait de moi. Je les voyais rarement ; ils m’en voulaient, peut-être, parce que je ne leur donnais pas l’occasion de me refuser un secours. Et cependant, ils m’aidèrent. Ce fut, je le sais bien, de la façon la moins coûteuse, mais je ne vois pas, mon amie, de quel droit nous exigerions la bonté.

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