Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

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Si vous pensez à ma vie familiale, que je vous ai décrite, vous devez comprendre que cette ambiance était morne comme un très long novembre. Il me semblait qu’une existence moins triste serait aussi plus pure ; je pensais, d’ailleurs, avec justesse, que rien ne pousse aux extravagances de l’instinct comme la régularité d’une vie trop raisonnable. Nous passâmes l’hiver à Presbourg. La santé d’une de mes sœurs rendait nécessaire le séjour dans une ville, et la proximité des médecins. Ma mère, qui faisait de son mieux pour contribuer à mon avenir, avait insisté pour que je prisse des leçons d’harmonie ; on disait autour de moi que j’avais fait de grands progrès. Il est certain que je travaillais comme travaillent ceux qui cherchent un refuge dans une occupation. Le musicien qui m’enseignait (c’était un homme assez médiocre, mais plein de bonne volonté) conseillait à ma mère de m’envoyer finir à l’étranger mon éducation musicale. Je savais que l’existence serait là-bas difficile ; pourtant, je désirais partir. Nous tenons par tant d’attaches aux lieux où nous avons vécu qu’il nous semble en les quittant plus facile de nous quitter.

Ma santé, qui s’était beaucoup raffermie, n’était plus un obstacle, seulement ma mère me trouvait trop jeune. Elle craignait peut-être les tentations où m’exposerait une vie plus libre ; elle se figurait, je suppose, que l’existence familiale m’en avait préservé. Beaucoup de parents sont ainsi. Elle comprenait bien qu’il m’était nécessaire de gagner un peu d’argent, mais elle pensait sans doute que je pouvais attendre. Je ne devinais pas, alors, le pathétique de son refus. J’ignorais qu’elle n’avait plus longtemps à vivre.

Un soir, à Presbourg, peu de temps après la mort de ma sœur, je rentrai plus désemparé qu’à l’ordinaire. J’avais beaucoup aimé ma sœur. Je ne prétends pas que sa mort m’affligea outre mesure ; j’étais trop tourmenté pour être très ému. La souffrance nous rend égoïstes, car elle nous absorbe tout entiers c’est plus tard, sous forme de souvenir, qu’elle nous enseigne la compassion. Je rentrai un peu moins tôt que je ne me l’étais promis ; mais je n’avais pas fixé d’heure à ma mère ; elle ne m’attendait donc pas. Je la trouvai, quand je poussai la porte, assise dans l’obscurité. Ma mère, dans les derniers temps de sa vie, se plaisait à demeurer sans rien faire, aux approches de la nuit. Il semblait qu’elle voulût s’habituer à l’inaction et aux ténèbres. Son visage, je suppose, prenait alors cette expression plus calme, plus sincère aussi, que nous avons lorsque nous sommes tout à fait seuls et qu’il fait complètement noir. J’entrai. Ma mère n’aimait pas qu’on la surprît ainsi. Elle me dit, comme pour s’excuser, que la lampe venait de s’éteindre, mais j’y posai les mains : le verre n’en était même pas tiède. Elle s’aperçut bien que j’avais quelque chose : nous sommes plus clairvoyants, quand il fait noir, parce que nos yeux ne nous trompent pas. En tâtonnant, je m’assis près d’elle. J’étais dans un état d’alanguissement un peu spécial, que je connaissais trop bien ; il me semblait qu’un aveu allait couler hors de moi, involontairement, à la façon des larmes. J’allais peut-être tout raconter quand la servante entra avec une autre lampe.

Alors, je sentis que je ne pourrais plus rien dire, que je ne supporterais pas l’expression que prendrait le visage de ma mère, lorsqu’elle m’aurait compris. Ce peu de lumière m’épargna une faute irréparable, inutile. Les confidences, mon amie, sont toujours pernicieuses, quand elles n’ont pas pour but de simplifier la vie d’un autre.

J’avais été trop loin pour m’en tenir au silence ; je dus parler. Je dépeignais la tristesse de mon existence, mes chances d’avenir indéfiniment reculées, la sujétion où mes frères me retenaient dans la famille. Je pensais à une sujétion bien pire, dont j’espérais me délivrer en partant. Je mis, dans ces pauvres plaintes, toute la détresse que j’aurais mise dans un autre aveu, que je ne pouvais faire, et qui m’importait seul. Ma mère se taisait ; je compris que je l’avais persuadée. Elle se leva pour gagner la porte. Elle était faible et fatiguée ; je sentis combien il lui était pénible de ne pas me dire non. C’était peut-être comme si elle avait perdu un second enfant. Je souffrais de ne pouvoir lui donner la vraie cause de mon insistance ; elle devait me croire égoïste j’aurais voulu lui dire que je ne m’en irais pas.

Le lendemain, elle me fit appeler ; nous parlâmes de mon départ comme s’il avait toujours été convenu entre nous. Ma famille n’était pas assez riche pour me faire une pension ; je devrais travailler pour vivre. Afin de me faciliter les débuts, ma mère me donna, en grand secret, une somme prise sur son argent personnel. Ce n’était pas une somme importante, mais elle nous le parut à tous deux. Je l’ai remboursée en partie, dès que cela me fut possible, mais ma mère est morte trop vite ; je n’ai pu m’acquitter tout à fait. Ma mère croyait à mon avenir. Si jamais j’ai désiré un peu de gloire, c’est parce que je savais qu’elle en serait heureuse. Ainsi, à mesure que disparaissent ceux que nous avons aimés, diminuent les raisons de conquérir un bonheur que nous ne pouvons plus goûter ensemble.

J’allais avoir dix-neuf ans. Ma mère tenait à ce que je ne partisse qu’après mon anniversaire ; je revins donc à Woroïno. Durant les quelques semaines que j’y passai, je n’eus à me reprocher aucun acte, et presque aucun désir. J’étais naïvement occupé de préparer mon départ ; je désirais m’en aller avant le temps de Pâques, qui ramène dans le pays trop d’étrangers. Le dernier soir, je fis mes adieux à ma mère. Nous nous séparâmes simplement. Il y a quelque chose de blâmable à se montrer trop tendre, lorsqu’on s’en va, comme pour se faire regretter. Puis, les baisers voluptueux nous désapprennent les autres ; on ne sait plus, ou l’on n’ose plus. Je voulais partir le lendemain de très bonne heure, sans déranger personne. Je passai la nuit dans ma chambre, devant ma fenêtre ouverte, à imaginer mon avenir. C’était une nuit immense et claire. Le parc n’était séparé du grand chemin que par une grille ; des gens attardés passaient sur la route en silence ; j’entendais dans l’éloignement leurs pas lourds ; soudain, leur chant triste monta. Il se peut que ces pauvres gens ne pensaient, ne souffraient qu’obscurément, à la façon des choses. Mais leur chant contenait ce qu’ils pouvaient avoir d’âme. Ils chantaient seulement pour alléger leur marche ; ils ne savaient pas ce qu’ils exprimaient ainsi. Je me souviens d’une voix de femme, si limpide qu’elle aurait pu voler sans fatigue, indéfiniment, jusqu’à Dieu. Je ne croyais pas impossible que la vie tout entière devînt une ascension pareille ; je me le promis solennellement. Il n’est pas difficile de nourrir des pensées admirables lorsque les étoiles sont présentes. Il est plus difficile de les garder intactes dans la petitesse des journées ; il est plus difficile d’être devant les autres ce que nous sommes devant Dieu.

J’arrivai à Vienne. Ma mère m’avait inculqué contre l’Autriche toutes les préventions des Moraves ; je passai une première semaine si cruelle que j’aime mieux n’en rien dire. Je pris une chambre dans une maison assez pauvre. J’étais plein de bonnes intentions ; je me rappelle que je croyais pouvoir ranger méthodiquement mes désirs et mes peines, comme on range les objets dans le tiroir d’un meuble. Il y a, dans les renoncements de la vingtième année, un enivrement amer. J’avais lu, j’ignore dans quel livre, que certains troubles ne sont pas rares, à une époque déterminée de l’adolescence ; j’antidatais mes souvenirs pour me prouver qu’il s’agissait d’incidents très banals, limités à une période de la vie que j’avais dépassée. Je ne songeais même pas aux autres formes du bonheur ; il me fallait donc choisir entre mes penchants, que je jugeais criminels, et une renonciation complète qui n’est peut-être pas humaine. Je choisis. Je me condamnai, à vingt ans, à l’absolue solitude des sens et du cœur. Ainsi commencèrent plusieurs années de luttes, d’obsessions, de sévérité. Il ne m’appartient pas de dire que mes efforts furent admirables ; on pourrait dire qu’ils furent insensés. En tout cas, c’est quelque chose que de les avoir faits ; ils me permettent aujourd’hui de m’accepter plus honorablement moi-même. Justement parce que j’aurais pu trouver, dans cette ville inconnue, des occasions plus faciles, je me crus tenu de les repousser toutes ; je ne voulais pas manquer à la confiance qu’on m’avait montrée en me laissant partir. Pourtant, il est étrange de voir avec quelle rapidité nous nous habituons à nous-mêmes ; je trouvais méritoire de renoncer à ce dont, quelques mois plus tôt, je croyais avoir horreur.

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