Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

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Ma mère fut très bonne. Elle s’est toujours montrée bonne. Elle vint me chercher elle-même. Il faut dire aussi que ma pension coûtait cher : c’était, chaque semestre, un souci pour les miens. Si mes études avaient été meilleures, je ne crois pas qu’on m’eût retiré du collège, mais je n’y faisais rien, mes frères jugeaient que c’était de l’argent perdu. Il me semble qu’ils n’avaient pas complètement tort. L’aîné venait de se marier ; ç’avait été un surcroît de dépenses. Quand je rentrai à Woroïno, je vis qu’on m’avait relégué dans une aile éloignée, mais naturellement, je ne me plaignis pas. Ma mère insista pour que j’essayasse de manger ; elle voulut me servir elle-même ; elle me souriait de ce faible sourire qui paraissait toujours s’excuser de ne pouvoir faire davantage ; sa figure et ses mains me semblèrent usées comme sa robe, et je remarquai que ses doigts, dont j’admirais tant la finesse, commençaient d’être gâtés par le travail comme ceux d’une très pauvre femme. Je sentis bien que je l’avais un peu déçue, qu’elle avait espéré pour moi autre chose que l’avenir d’un musicien, probablement d’un musicien médiocre. Et cependant, elle était contente de me revoir. Je ne lui racontai pas mes tristesses du collège ; elles me paraissaient maintenant tout à fait imaginaires, comparées aux peines et aux efforts que la simple existence représentait pour ma famille ; c’était d’ailleurs un récit difficile. Il n’était pas jusqu’à mes frères pour qui je ne ressentisse une sorte de respect ; ils administraient ce qu’on nommait encore le domaine ; c’était plus que je ne faisais, que je ne ferais jamais ; je commençais vaguement à comprendre que cela avait son importance.

Vous pensez que mon retour fut triste ; au contraire, j’étais heureux. Je me sentais sauvé. Vous devinez probablement que c’était de moi-même que je me sentais sauvé. C’était un sentiment ridicule, d’autant plus que je l’ai éprouvé plusieurs fois par la suite, ce qui montre qu’il n’était jamais définitif. Mes années de collège n’avaient été qu’un interlude : je n’y songeais vraiment plus. Je ne m’étais pas encore détrompé de ma prétendue perfection ; j’étais satisfait de vivre selon l’idéal de moralité passive, un peu morne, que j’entendais prôner autour de moi ; je croyais que ce genre d’existence pouvait durer toujours. Je m’étais mis sérieusement au travail ; j’étais parvenu à remplir mes journées d’une musique si continue que les moments de silence me paraissaient de simples pauses. La musique ne facilite pas les pensées ; elle facilite seulement les rêves, et les rêves les plus vagues. Je semblais craindre tout ce qui pouvait me distraire de ceux-ci, ou peut-être les préciser. Je n’avais renoué aucune de mes amitiés d’enfance : lorsque les miens s’en allaient en visite, je priais qu’on me laissât. C’était une réaction contre la vie en commun imposée au collège ; c’était aussi une précaution, mais je la prenais sans me l’avouer à moi-même. Il passait dans notre région nombre de vagabonds tziganes ; quelques-uns sont de bons musiciens, et vous savez que cette race est quelquefois très belle. Jadis, lorsque j’étais beaucoup plus jeune, j’allais causer avec leurs enfants à travers les grilles du jardin, et, ne sachant que dire, je leur donnais des fleurs. Je ne sais pas si les fleurs les réjouissaient beaucoup. Mais, depuis mon retour, j’étais devenu raisonnable, et je ne sortais qu’au grand jour, lorsque la campagne était claire.

Je n’avais pas d’arrière-pensées ; je pensais le moins possible. Je me rappelle, avec un peu d’ironie, que je me félicitais d’être tout entier à l’étude. J’étais comme un fiévreux qui ne trouve pas son engourdissement désagréable, mais qui craint de bouger, parce que le moindre geste pourrait lui donner des frissons. C’était ce que j’appelais du calme. J’ai appris par la suite qu’il faut craindre ce calme, où l’on s’endort lorsqu’on est près des événements. On se croit tranquille, peut-être parce que quelque chose, à notre insu, s’est déjà décidé en nous.

Et ce fut alors que cela eut lieu, un matin pareil aux autres, où rien, ni mon esprit, ni mon corps, ne m’avertissaient plus nettement qu’à l’ordinaire. Je ne dis pas que les circonstances me surprirent elles s’étaient déjà présentées sans que je les accueillisse, mais les circonstances sont ainsi. Elles sont timides et infatigables ; elles vont et viennent devant notre porte, toujours semblables à elles-mêmes, et il dépend de nous que nous tendions la main pour arrêter ces passantes. C’était un matin comme tous les matins possibles, ni plus lumineux, ni plus voilé. Je marchais en pleine campagne, dans un chemin bordé par des arbres ; tout était silencieux comme si tout s’écoutait vivre ; mes pensées, je vous l’affirme, n’étaient pas moins innocentes que cette journée qui commençait. Du moins, je ne puis me souvenir de pensées qui ne fussent pas innocentes, car, lorsqu’elles cessèrent de l’être, je ne les contrôlais déjà plus. En ce moment, où je parais m’éloigner de la nature, il me faut la louer d’être partout présente, sous la forme de nécessité. Le fruit ne tombe qu’à son heure, lorsque son poids l’entraînait depuis longtemps vers la terre : il n’y a pas d’autre fatalité que ce mûrissement intime. Je n’ose vous dire cela que d’une façon très vague ; j’allais, je n’avais pas de but ; ce ne fut pas ma faute si, ce matin-là, je rencontrai la beauté...

Je rentrai. Je ne veux pas dramatiser les choses : vous vous apercevriez vite que je dépasse la vérité. Ce que j’éprouvais n’était pas de la honte, c’était encore moins du remords, c’était plutôt de la stupeur. Je n’avais pas imaginé tant de simplicité dans ce qui m’épouvantait d’avance : la facilité de la faute déconcertait le repentir. Cette simplicité, que le plaisir m’enseignait, je l’ai retrouvée plus tard dans la grande pauvreté, dans la douleur, dans la maladie, dans la mort, je veux dire dans la mort des autres, et j’espère bien un jour la retrouver dans ma mort. Ce sont nos imaginations qui s’efforcent d’habiller les choses, mais les choses sont divinement nues. Je rentrai. La tête me tournait un peu ; je n’ai jamais pu me rappeler comment je passai la journée ; le frémissement de mes nerfs fut lent à mourir en moi. Je me souviens seulement de mon retour dans ma chambre, le soir, et de larmes absurdes, nullement pénibles, qui n’étaient qu’une détente. J’avais confondu toute ma vie le désir et la crainte ; je ne ressentais plus ni l’un ni l’autre. Je ne dis pas que j’étais heureux : je n’avais pas assez l’habitude du bonheur ; j’étais seulement stupéfait d’être si peu bouleversé.

Tout bonheur est une innocence. Il faut, même si je vous scandalise, répéter ce mot qui paraît toujours misérable, car rien ne prouve mieux notre misère que l’importance du bonheur. Pendant quelques semaines, je vécus les yeux fermés. Je n’avais pas abandonné la musique ; je sentais au contraire une grande facilité à me mouvoir en elle ; vous connaissez cette légèreté que l’on éprouve au fond des rêves. Il semblait que les minutes matinales me libérassent de mon corps pour le reste du jour. Mes impressions d’alors, si diverses qu’elles fussent, sont une dans ma mémoire : l’on eût dit que ma sensibilité, n’étant plus bornée à moi seul, se fût dilatée dans les choses. L’émotion du matin se prolongeait dans les phrases musicales du soir ; telle nuance des saisons, telle odeur, telle ancienne mélodie dont je m’épris alors sont demeurées pour moi d’éternelles tentatrices, parce qu’elles me parlent d’un autre. Puis, un matin, il ne vint plus. Ma fièvre tomba ce fut comme un réveil. Je ne puis comparer cela qu’à l’étonnement produit par le silence, quand la musique a cessé.

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