Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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Je dus réfléchir. Naturellement, je ne pouvais me juger que d’après les idées admises autour de moi : j’aurais trouvé plus abominable encore de ne pas avoir horreur de ma faute que de l’avoir commise ; je me condamnais donc sévèrement. Ce qui m’effrayait surtout, c’était d’avoir pu vivre ainsi, être heureux pendant plusieurs semaines, avant d’être frappé par l’idée du péché. Je cherchais à me rappeler les circonstances de cet acte ; je n’y parvenais pas ; elles me bouleversaient beaucoup plus qu’au moment où je le vivais, car en de tels moments je ne me regardais pas vivre. Je m’imaginais avoir cédé à une folie passagère ; je ne voyais pas que mes examens de conscience m’eussent rapidement mené à une folie bien pire : j’étais trop scrupuleux pour ne pas m’efforcer d’être le plus malheureux possible.
J’avais, dans ma chambre, un de ces petits miroirs d’autrefois, qui sont toujours un peu troubles, comme si des haleines en avaient terni la glace. Puisque quelque chose de si grave avait eu lieu en moi, il me semblait naïvement que je devais être changé, mais le miroir ne me renvoyait que mon image ordinaire, un visage indécis, effrayé et pensif. J’y passais la main, moins pour en effacer la trace d’un contact que pour m’assurer que c’était bien moi-même. Ce qui rend peut-être la volupté si terrible, c’est qu’elle nous enseigne que nous avons un corps. Auparavant, il ne nous servait qu’à vivre. Maintenant, nous sentons que ce corps a son existence particulière, ses rêves, sa volonté, et que, jusqu’à notre mort, il nous faudra tenir compte de lui, céder, transiger ou lutter. Nous sentons (nous croyons sentir) que notre âme n’est que son meilleur rêve. Il m’est arrivé, seul, devant un miroir qui dédoublait mon angoisse, de me demander ce que j’avais de commun avec mon corps, avec ses plaisirs ou ses maux, comme si je ne lui appartenais pas. Mais je lui appartiens, mon amie. Ce corps, qui paraît si fragile, est cependant plus durable que mes résolutions vertueuses, peut-être même que mon âme, car l’âme souvent meurt avant lui. Cette phrase, Monique, vous choque sans doute plus que ma confession tout entière : vous croyez en l’âme immortelle. Pardonnez-moi d’être moins sûr que vous, ou d’avoir moins d’orgueil ; l’âme ne me paraît souvent qu’une simple respiration du corps.
Je croyais en Dieu. J’en avais une conception très humaine, c’est-à-dire très inhumaine, et je me jugeais abominable devant lui. La vie, qui seule nous apprend la vie, nous explique par surcroît les livres : certains passages de la Bible, que j’avais lus négligemment, prirent pour moi une intensité nouvelle ; ils m’épouvantèrent. Parfois, je me disais que cela avait eu lieu, que rien n’empêcherait que cela ait eu lieu, et qu’il fallait m’y résigner. Il en était de cette pensée comme de celle de la damna-lion : elle me calmait. Il y a un apaisement au fond de toute grande impuissance. Je me promis seulement que cela n’arriverait plus ; je le jurai à Dieu, comme si Dieu acceptait les serments. Ma faute, pour témoin, n’avait eu qu’un complice et celui-ci n’était plus là. C’est l’opinion d’autrui qui confère à nos actes une sorte de réalité ; les miens, n’étant sus de personne, n’en avaient guère plus que les gestes accomplis en rêve. J’aurais pu, tant mon esprit fatigué se réfugiait dans le mensonge, finir par affirmer que rien n’avait eu lieu : il n’est pas plus absurde de nier le passé que d’engager l’avenir.
Ce que j’avais éprouvé n’était rien moins qu’un amour ; ce n’était pas même une passion. Si ignorant que je fusse, je m’en rendais bien compte. C’était un entraînement que je pouvais croire extérieur. Je rejetais la responsabilité tout entière sur celui qui l’avait seulement partagée ; je me persuadais que ma séparation d’avec lui avait été volontaire, qu’elle était méritoire. Je savais bien que ce n’était pas vrai, mais enfin, ç’aurait pu l’être : notre mémoire est notre dupe aussi. À force de nous répéter ce que nous aurions dû faire, nous finissons par trouver impossible que nous ne l’ayons pas fait. Le vice consistait pour moi dans l’habitude du péché ; je ne savais pas qu’il est plus difficile de ne céder qu’une fois, que de ne céder jamais ; expliquant ma faute comme un effet des circonstances, où je me promettais de ne plus m’exposer, je la séparais en quelque sorte de moi-même pour n’y plus voir qu’un accident. Mon amie, il faut tout vous dire : depuis que je m’étais juré de ne plus la commettre, je regrettais un peu moins de l’avoir une fois goûtée.
Je vous épargne le récit des transgressions nouvelles, qui m’ôtèrent l’illusion de n’être qu’à demi coupable. Vous me reprocheriez de m’y complaire ; vous auriez peut-être raison. Je suis maintenant si loin de l’adolescent que j’étais, de ses idées, de ses souffrances, que je me penche vers lui avec une sorte d’amour ; j’ai envie de le plaindre, et presque de le consoler. Ce sentiment, Monique, me porte à réfléchir : je me demande si ce n’est pas le souvenir de notre jeunesse qui nous trouble devant celle des autres. J’étais effrayé de la facilité avec laquelle, moi, si timide, si lent d’esprit, j’arrivais à prévoir les complicités possibles ; je me reprochais, non pas tant mes fautes que la vulgarité des circonstances, comme s’il n’avait tenu qu’à moi de les choisir moins basses. Je n’avais pas l’apaisement de me croire irresponsable : je sentais bien que mes actes étaient volontaires, mais je ne les voulais qu’en les accomplissant. On eût dit que l’instinct, pour prendre possession de moi, attendait que la conscience s’en allât ou qu’elle fermât les yeux. J’obéissais tour à tour à deux volontés contraires, qui ne se heurtaient pas, puisqu’elles se succédaient. Quelquefois, pourtant, une occasion s’offrait, que je ne saisissais pas : j’étais timide. Ainsi, mes victoires sur moi-même n’étaient qu’une autre défaite ; nos défauts sont parfois les meilleurs adversaires que nous opposions à nos vices.
Je n’avais personne à qui demander un conseil. La première conséquence de penchants interdits est de nous murer en nous-mêmes : il faut se taire, ou n’en parler qu’à des complices. J’ai beaucoup souffert, dans mes efforts pour me vaincre, de ne pouvoir attendre ni encouragement ni pitié, ni même ce peu d’estime que mérite toute bonne volonté. Je n’avais jamais eu d’intimité avec mes frères ; ma mère, qui était pieuse et triste, avait sur moi des illusions touchantes ; elle m’en aurait voulu de lui ôter l’idée très pure, très douce, et un peu fade qu’elle se faisait de son enfant. Si j’avais osé me confesser aux miens, ce qu’ils m’eussent le moins pardonné, ç’aurait été, précisément, cette confession. J’aurais mis ces gens scrupuleux dans une situation difficile, que l’ignorance leur évitait ; j’aurais été surveillé, je n’aurais pas été aidé. Notre rôle, dans la vie de famille, est fixé une fois pour toutes, par rapport à celui des autres. On est le fils, le frère, le mari, que sais-je ? Ce rôle nous est particulier comme notre nom, l’état de santé qu’on nous suppose, et les égards qu’on doit ou ne doit pas nous montrer. Le reste n’a pas d’importance ; le reste, c’est notre vie. J’étais à table, ou bien dans un salon paisible ; j’avais des instants d’agonie, où je me figurais mourir ; je m’étonnais qu’on ne le vît pas. Il semble alors que l’espace entre nous et les nôtres devienne infranchissable : on se débat dans la solitude comme au centre d’un cristal. J’en venais à penser que ces gens étaient assez sages pour comprendre, ne pas intervenir et ne pas s’étonner. Cette hypothèse, si l’on y songe, pourrait peut-être expliquer Dieu. Mais, lorsqu’il s’agit des gens ordinaires, il est inutile de leur prêter de la sagesse ; il suffit de l’aveuglement.
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