Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

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Je n’ai pas incriminé les livres : j’accuse encore moins les exemples. Je ne crois, mon amie, qu’aux tentations intérieures. Je ne nie point que des exemples me bouleversèrent, mais non comme vous l’imaginez. Je fus terrifié. Je ne dis pas que je fus indigné, c’est un sentiment trop simple. Je crus être indigné. J’étais un jeune garçon scrupuleux, plein de ce qu’on appelle les meilleurs sentiments ; j’attachais une importance presque maladive à la pureté physique, probablement parce que, sans le savoir, j’attachais aussi beaucoup d’importance à la chair ; l’indignation me parut donc naturelle ; et d’ailleurs il me fallait un nom pour désigner ce que j’éprouvais. Je sais maintenant que c’était la peur. Toujours j’avais eu peur, une peur indéterminée, incessante, peur de quelque chose qui devait être monstrueux et me paralyser d’avance. Dès lors, l’objet de cette peur fut précis. C’était comme si je venais de découvrir une maladie contagieuse qui s’étendait autour de moi ; et, bien que je m’affirmasse le contraire, je sentais qu’elle pouvait m’atteindre. Je savais confusément qu’il existait de pareilles choses ; sans doute, je ne me les figurais pas ainsi ; ou (puisqu’il faut tout dire) l’instinct, à l’époque de mes lectures, était moins éveillé. Je m’imaginais ces choses à la façon de faits un peu vagues, qui s’étaient passés autrefois, ou qui se passaient ailleurs, mais qui n’avaient pour moi aucune réalité. Maintenant, je les voyais partout. Le soir, dans mon lit, je suffoquais en y pensant ; je croyais sincèrement que je suffoquais de dégoût. J’ignorais que le dégoût est une des formes de l’obsession, et que, si l’on désire quelque chose, il est plus facile d’y penser avec horreur que de n’y pas penser. J’y pensais continuellement. La plupart de ceux que je soupçonnais n’étaient peut-être pas coupables, mais je finissais par suspecter tout le monde. J’avais l’habitude de l’examen de conscience ; j’aurais dû me suspecter moi-même. Naturellement, je n’en fis rien. Il m’était impossible de me croire, sans aucune preuve matérielle, au niveau de mon propre dégoût ; et je pense encore que je différais des autres.

Un moraliste n’y verrait aucune différence. Pourtant, il me semble que je n’étais pas comme les autres, et même que je valais un peu mieux. D’abord, parce que j’avais des scrupules, et que ceux dont je vous parle n’en avaient certainement pas. Ensuite parce que j’aimais la beauté, que je l’aimais exclusivement, et qu’elle eût limité mon choix, ce qui n’était pas leur cas. Enfin, parce que j’étais plus difficile, ou si l’on veut, plus raffiné. Ce furent même ces raffinements qui me trompèrent. Je pris pour une vertu ce qui n’est qu’une délicatesse, et la scène dont le hasard me fit témoin m’eût certes beaucoup moins choqué si les acteurs en avaient été plus beaux.

À mesure que l’existence en commun me devenait plus pénible, je souffrais davantage d’être sentimentalement seul. Du moins, j’attribuais à ma souffrance une cause sentimentale. Des choses toutes simples m’irritèrent ; je me crus soupçonné, comme si j’étais déjà coupable ; une pensée qui ne me quittait plus m’empoisonna tous les contacts. Je tombai malade. Il vaut mieux dire que je devins plus malade, car je l’étais toujours un peu.

Ce ne fut pas une maladie bien grave. Ce fut ma maladie, celle que je devais connaître à plusieurs reprises et que j’avais déjà connue ; car chacun de nous a sa maladie particulière comme son hygiène et sa santé, et qu’il est difficile de déterminer tout à fait. Ce fut une maladie assez longue ; elle dura plusieurs semaines ; comme il arrive toujours, elle me rendit un peu de calme. Les images qui m’avaient obsédé durant la fièvre s’en allaient avec elle ; il ne m’en restait plus qu’une honte confuse, pareille à ce mauvais goût que laisse derrière lui l’accès, et le souvenir se brouilla dans ma mémoire obscurcie. Alors, comme une idée fixe ne disparaît un moment que si une autre la remplace, je vis lentement grandir ma seconde obsession. La mort me tenta. Il m’a toujours semblé bien facile de mourir. Ma façon de concevoir la mort ne différait guère de mes imaginations sur l’amour : j’y voyais une défaillance, une défaite qui serait douce. De ce jour, durant toute mon existence, ces deux hantises ne cessèrent d’alterner en moi ; l’une me guérissait de l’autre et aucun raisonnement ne me guérissait des deux. J’étais couché dans mon lit d’infirmerie ; je regardais, à travers la vitre, le mur gris de la cour voisine, et des voix rauques d’enfants montaient. Je me disais que la vie serait éternellement ce mur gris, ces voix rauques, et ce malaise d’un trouble caché. Je me disais que rien n’en valait la peine, et qu’il serait aisé de ne plus vouloir vivre. Et lentement, comme une sorte de réponse que je me faisais à moi-même, une musique montait en moi. C’était d’abord une musique funèbre, mais elle cessait bientôt de pouvoir être appelée ainsi, car la mort n’a plus de sens où la vie n’atteint pas, et cette musique planait beaucoup au-dessus d’elles. C’était une musique paisible, paisible parce qu’elle était puissante. Elle emplissait l’infirmerie, elle me roulait sous elle comme dans le bercement d’une lente houle régulière, voluptueuse, à laquelle je ne résistais pas, et pendant un instant je me sentais calmé. Je n’étais plus un jeune garçon maladif effrayé par soi-même : je me croyais devenu ce que j’étais vraiment, car tous nous serions transformés si nous avions le courage d’être ce que nous sommes. À moi, qui suis trop timide pour rechercher des applaudissements, ou même pour les supporter, il me semblait facile d’être un grand musicien, de révéler aux gens cette musique nouvelle, qui battait en moi à la façon d’un cœur. La toux d’un autre malade, dans un coin opposé de la chambre, l’interrompait tout à coup, et je m’apercevais que mes artères battaient trop vite, tout simplement.

Je guéris. Je connus les émotions de la convalescence et ses larmes à fleur de paupière. Ma sensibilité, affinée par la souffrance, répugnait davantage à tous les froissements du collège. Je souffrais du manque de solitude et du manque de musique. Toute ma vie, la musique et la solitude ont joué pour moi le rôle de calmants. Les combats intérieurs, qui s’étaient livrés en moi sans que je m’en aperçusse, et la maladie, qui les avait suivis, avaient épuisé mes forces. J’étais si faible que je devins très pieux. J’avais la spiritualité facile que donne toute grande faiblesse ; elle me permettait de mépriser plus sincèrement ce dont je vous parlais tout à l’heure, et à quoi il m’arrivait de penser encore. Je ne pouvais plus vivre dans un milieu souillé pour moi. J’écrivis à ma mère des lettres absurdes, exagérées et cependant vraies, où je la suppliais de me retirer du collège. Je lui disais que j’y étais malheureux, que je voulais devenir un grand musicien, que je ne lui coûterais plus d’argent, que j’arriverais vite à me suffire à moi-même Et pourtant, le collège m’était devenu moins odieux qu’autrefois. Plusieurs de mes condisciples, qui d’abord m’avaient brutalisé, se montraient maintenant un peu meilleurs pour moi ; j’étais si facile à contenter que j’en éprouvais une grande reconnaissance ; je pensais que je m’étais trompé et qu’ils n’étaient pas méchants. Je me souviendrai toujours qu’un jeune garçon, auquel je n’avais presque jamais parlé, s’étant aperçu que j’étais fort pauvre et que ma famille ne m’envoyait presque rien, voulut absolument partager avec moi je ne sais quelles douceurs. J’étais devenu d’une sensibilité ridicule qui m’humiliait moi-même ; j’avais un tel besoin d’affection que cela me fit fondre en larmes, et je me rappelle que j’eus honte de mes larmes comme d’une sorte de péché. De ce jour, nous fûmes amis. En d’autres circonstances, ce commencement d’amitié m’eût fait souhaiter de remettre mon départ : il me confirma au contraire dans mon désir de m’en aller, et cela le plus tôt possible. J’écrivis à ma mère des lettres encore plus pressantes. Je la priai de me reprendre sans retard.

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