Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Название:Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce
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- Издательство:Aelred - TAZ
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- Год:2012
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Je sens que je deviens très obscur. Assurément, il suffirait pour m’expliquer de quelques termes précis, qui ne sont même pas indécents parce qu’ils sont scientifiques. Mais je ne les emploierai pas. Ne croyez pas que je les craigne : on ne doit plus craindre les mots lorsqu’on a consenti aux choses. Tout simplement, je ne puis pas. Je ne puis pas, non seulement par délicatesse et parce que je m’adresse à vous, je ne puis pas devant moi-même. Je sais qu’il y a des noms pour toutes les maladies, et que ce dont je vous parle passe pour être une maladie. Moi même, je l’ai cru longtemps. Mais je ne suis pas un médecin ; je ne suis même plus sûr d’être un malade. La vie, Monique, est beaucoup plus complexe que toutes les définitions possibles ; toute image simplifiée risque toujours d’être grossière. Ne croyez pas non plus que j’approuve les poètes d’éviter les termes exacts, parce qu’ils ne connaissent que leurs rêves ; il y a beaucoup de vrai dans les rêves des poètes, mais ils ne sont pas toute la vie. La vie est quelque chose de plus que la poésie ; elle est quelque chose de plus que la physiologie, et même que la morale, à laquelle j’ai cru si longtemps. Elle est tout cela et bien davantage encore : elle est la vie. Elle est notre seul bien et notre seule malédiction. Nous vivons, Monique ; chacun de nous a sa vie particulière, unique, déterminée par tout le passé, sur lequel nous ne pouvons rien, et déterminant à son tour, si peu que ce soit, tout l’avenir. Sa vie. Sa vie qui n’est qu’à lui-même, qui ne sera pas deux fois, et qu’il n’est pas toujours sûr de comprendre tout à fait. Et ce que je dis là de la vie tout entière, je pourrais le dire de chaque moment d’une vie. Les autres voient notre présence, nos gestes, la façon dont les mots se forment sur nos lèvres ; seuls, nous voyons notre vie. Cela est étrange : nous la voyons, nous nous étonnons qu’elle soit ainsi, et nous ne pouvons la changer. Même lorsque nous la jugeons, nous lui appartenons encore ; notre approbation ou notre blâme en fait partie ; c’est toujours elle qui se reflète elle-même. Car il n’y a rien d’autre ; le monde, pour chacun de nous, n’existe que dans la mesure où il confine à notre vie. Et les éléments qui la composent ne sont pas séparables : je sais trop bien que les instincts dont nous sommes fiers et ceux que nous n’avouons pas ont au fond la même origine. Nous ne pourrions supprimer l’un d’eux sans modifier tous les autres. Les mots servent à tant de gens, Monique, qu’ils ne conviennent plus à personne ; comment un terme scientifique pourrait-il expliquer une vie ? Il n’explique même pas un fait ; il le désigne. Il le désigne de façon toujours semblable, et pourtant il n’y a pas deux faits identiques dans les vies différentes, ni peut-être dans une même vie. Les faits sont après tout bien simples ; il est facile d’en rendre compte : il se peut que vous les soupçonniez déjà. Mais quand vous sauriez tout, il resterait encore à m’expliquer moi-même.
Cette lettre est une explication. Je ne voudrais pas qu’elle devienne une apologie. Je n’ai pas la folie de souhaiter qu’on m’approuve ; je ne demande même pas d’être admis : c’est une exigence trop haute. Je ne désire qu’être compris. Je vois bien que c’est la même chose, et que c’est désirer beaucoup. Mais vous m’avez tant donné dans les petites choses que j’ai presque le droit d’attendre de vous de la compréhension dans les grandes.
Il ne faut pas que vous m’imaginiez plus solitaire que je n’étais. J’avais parfois des compagnons, je veux dire aussi jeunes que moi. C’était généralement à l’époque des grandes fêtes, où il venait beaucoup de monde. Il arrivait aussi des enfants, que souvent je ne connaissais pas. Ou bien, c’était pour les anniversaires, lorsque nous nous rendions chez des parents très éloignés, qui semblaient vraiment n’exister qu’un jour par an, puisqu’on ne pensait à eux que ce jour-là. Presque tous ces enfants étaient timides comme moi-même : ainsi, nous ne nous amusions pas. Il s’en trouvait d’effrontés, si turbulents qu’on souhaitait qu’ils s’en allassent ; et d’autres, qui ne l’étaient pas moins, mais qui vous tourmentaient sans même qu’on protestât, parce qu’ils étaient beaux ou que leur voix sonnait bien. Je vous ai dit que j’étais un enfant très sensible à la beauté. Je pressentais déjà que la beauté, et les plaisirs qu’elle nous procure, valent tous les sacrifices et même toutes les humiliations. J’étais naturellement humble. Je crois bien que je me laissais tyranniser avec délices. Il m’était très doux d’être moins beau que mes amis ; j’étais heureux de les voir ; je n’imaginais rien d’autre. J’étais heureux de les aimer ; je ne pensais même pas à souhaiter qu’ils m’aimassent. L’amour (pardonnez-moi, mon amie) est un sentiment que je n’ai pas ressenti par la suite ; il faut trop de vertus pour en être capable ; je m’étonne que mon enfance ait pu croire en une passion si vaine, presque toujours menteuse et nullement nécessaire, même à la volupté. Mais l’amour, chez les enfants, est une partie de la candeur : ils se figurent qu’ils aiment parce qu’ils ne s’aperçoivent pas qu’ils désirent. Ces amitiés n’étaient pas fréquentes ; les occasions n’y prêtaient guère ; c’est pour cela peut-être qu’elles demeurèrent très innocentes. Mes amis repartaient, ou bien c’était nous qui retournions à la maison ; la vie solitaire se reformait autour de moi. J’avais l’idée d’écrire des lettres, mais j’étais si peu capable d’y éviter les fautes que je ne les envoyais pas. D’ailleurs, je ne trouvais rien à dire. La jalousie est un sentiment blâmable, mais il faut pardonner aux enfants de s’y laisser aller, puisque tant de gens raisonnables en sont victimes. J’en ai beaucoup souffert, d’autant plus que je ne l’avouais pas. Je sentais bien que l’amitié ne devrait pas rendre jaloux ; je commençais déjà à redouter d’être coupable. Mais ce que je vous raconte est sûrement bien puéril : tous les enfants ont connu des passions semblables, et l’on aurait tort, n’est-ce pas, d’y voir un danger très grave ?
J’ai été élevé par les femmes. J’étais le dernier fils d’une famille très nombreuse ; j’étais d’une nature maladive ; ma mère et mes sœurs n’étaient pas très heureuses ; voilà bien des raisons pour que je fusse aimé. Il y a tant de bonté dans la tendresse des femmes que j’ai cru longtemps pouvoir remercier Dieu. Notre vie, si austère, était froide en surface ; nous avions peur de mon père ; plus tard, de mes frères aînés ; rien ne rapproche les êtres comme d’avoir peur ensemble. Ni ma mère ni mes sœurs n’étaient très expansives ; il en était de leur présence comme de ces lampes basses, très douces, qui éclairent à peine, mais dont le rayonnement égal empêche qu’il ne fasse trop noir et qu’on ne soit vraiment seul. On ne se figure pas ce qu’a de rassurant, pour un enfant inquiet tel que j’étais alors, l’affection paisible des femmes. Leur silence, leurs paroles sans importance qui ne signifient que leur calme, leurs gestes familiers qui semblent apprivoiser les choses, leurs visages effacés, mais tranquilles, qui pourtant ressemblaient au mien, m’ont appris la vénération. Ma mère est morte assez tôt : vous ne l’avez pas connue ; la vie et la mort m’ont également pris mes sœurs ; mais la plupart étaient alors si jeunes qu’elles pouvaient sembler belles. Toutes, je pense, avaient déjà leur amour qu’elles portaient au fond d’elles-mêmes, comme plus tard, mariées, elles ont porté leur enfant ou la maladie dont elles devaient mourir. Rien n’est aussi touchant que ces rêves de jeunes filles, où tant d’instincts qui dorment s’expriment obscurément ; c’est une beauté pathétique, car ils se dépensent en pure perte, et la vie ordinaire n’en aura pas l’emploi. Beaucoup de ces amours, je dois le dire, étaient encore très vagues ; elles avaient pour objets des jeunes gens du voisinage, et ceux-ci ne le savaient pas. Mes sœurs étaient très réservées ; elles se faisaient rarement de confidences les unes aux autres ; il leur arrivait parfois d’ignorer ce qu’elles ressentaient. Naturellement, j’étais beaucoup trop jeune pour qu’elles se confiassent à moi ; mais je les devinais ; je m’associais à leurs peines. Lorsque celui qu’elles aimaient entrait à l’improviste, le cœur me battait, peut-être plus qu’à elles. Il est dangereux, j’en suis sûr, pour un adolescent très sensible, d’apprendre à voir l’amour à travers des rêves de jeunes filles, même lorsqu’elles semblent pures, et qu’il s’imagine l’être aussi.
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