Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

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Je vous ai dit que je m’étais logé dans une maison assez misérable. Mon Dieu, je ne prétendais à rien d’autre. Mais ce qui rend la pauvreté si dure, ce ne sont pas les privations, c’est la promiscuité. Notre situation, à Presbourg, m’avait évité les contacts sordides que l’on subit dans les villes. Malgré les recommandations dont m’avait muni ma famille, il me fut longtemps difficile, à mon âge, de trouver à donner des leçons. Je n’aimais pas à me mettre en avant ; je ne savais donc pas m’y prendre. Il me sembla pénible de servir d’accompagnateur dans un théâtre, où ceux qui m’entouraient crurent me mettre à l’aise, à force de familiarité. Ce ne fut pas là que je pris meilleure opinion des femmes qu’on est censé pouvoir aimer. J’étais malheureusement très sensible aux aspects extérieurs des choses ; je souffrais de la maison où j’habitais ; je souffrais des gens que j’y devais parfois rencontrer. Vous pensez bien qu’ils étaient vulgaires. Mais j’ai toujours été aidé, dans mes rapports avec les gens, par l’idée qu’ils ne sont pas très heureux. Les choses non plus ne sont pas très heureuses ; c’est ce qui fait que nous nous prenons d’amitié pour elles. Ma chambre m’avait d’abord répugné ; elle était triste, avec une sorte de fausse élégance qui serrait le cœur, parce qu’on sentait qu’on n’avait pu faire mieux. Elle n’était pas non plus très propre : on voyait que d’autres personnes y avaient passé avant moi, et cela me dégoûtait un peu. Puis je finis par m’intéresser à ce qu’avaient pu être ceux-là, et à m’imaginer leur vie. C’étaient comme des amis, avec lesquels je ne pouvais me brouiller, parce que je ne les connaissais pas. Je me disais qu’ils s’étaient assis à cette table pour faire péniblement leurs comptes de la journée, qu’ils avaient allongé dans ce lit leur sommeil ou leur insomnie. Je pensais qu’ils avaient eu leurs aspirations, leurs vertus, leurs vices, et leurs misères, comme j’avais les miennes. Je ne sais pas, mon amie, à quoi nous serviraient nos tares, si elles ne nous enseignaient la pitié.

Je m’habituai. On s’habitue facilement. Il y a une jouissance à savoir qu’on est pauvre, qu’on est seul et que personne ne songe à nous. Cela simplifie la vie. Mais c’est aussi une grande tentation. Je revenais tard, chaque nuit, par les faubourgs presque déserts à cette heure, si fatigué que je ne sentais plus la fatigue. Les gens que l’on rencontre dans les rues, pendant le jour, donnent l’impression d’aller vers un but précis, que l’on suppose raisonnable, mais, la nuit, ils paraissent marcher dans leurs rêves. Les passants me semblaient, comme moi, avoir l’aspect vague des figures qu’on voit dans les songes, et je n’étais pas sûr que toute la vie ne fût pas un cauchemar inepte, épuisant, interminable. Je n’ai pas à vous dire la fadeur de ces nuits viennoises. J’apercevais quelquefois des couples d’amants étalés sur le seuil des portes, prolongeant tout à l’aise leurs entretiens, ou leurs baisers peut-être ; l’obscurité, autour d’eux, rendait plus excusable l’illusion réciproque de l’amour ; et j’enviais ce contentement placide, que je ne désirais pas. Mon amie, nous sommes bien étranges. J’éprouvais pour la première fois un plaisir de perversité à différer des autres ; il est difficile de ne pas se croire supérieur, lorsqu’on souffre davantage, et la vue des gens heureux donne la nausée du bonheur.

J’avais peur de me retrouver dans ma chambre, de m’étendre sur le lit, où j’étais sûr de ne pouvoir dormir. Pourtant, il fallait en venir là. Même lorsque je ne rentrais qu’à l’aube, ayant contrevenu à mes promesses envers moi-même (je vous assure, Monique, cela m’arrivait rarement), il fallait bien finir par remonter chez moi, ôter de nouveau mes vêtements comme j’aurais souhaité, peut-être, pouvoir me débarrasser de mon corps, et m’allonger entre les draps, où cette fois le sommeil venait. Le plaisir est trop éphémère, la musique ne nous soulève un moment que pour nous laisser plus tristes, mais le sommeil est une compensation. Même lorsqu’il nous a quittés, il nous faut quelques secondes pour recommencer à souffrir ; et l’on a, chaque fois qu’on s’endort, la sensation de se livrer à un ami. Je sais bien que c’est un ami infidèle, comme tous les autres ; lorsque nous sommes trop malheureux il nous abandonne aussi. Mais nous savons qu’il reviendra tôt ou tard, peut-être sous un autre nom, et que nous finirons par reposer en lui. Il est parfait quand il est sans rêves ; on pourrait dire que, chaque soir, il nous réveille de la vie.

J’étais absolument seul. Je me suis tu, jusqu’à présent, sur les visages humains où s’est incarné mon désir ; je n’ai interposé, entre vous et moi, que des fantômes anonymes. Ne croyez pas qu’une pudeur m’y contraigne, ou la jalousie qu’on éprouve même à l’égard de ses souvenirs. Je ne me vante pas d’avoir aimé. J’ai trop senti combien peu durables sont les émotions les plus vives, pour vouloir, du rapprochement d’êtres périssables, engagés de toutes parts dans la mort, tirer un sentiment qui se prétende immortel. Ce qui nous émeut chez un autre ne lui est après tout que prêté par la vie. Je sens trop bien que l’âme vieillit comme la chair, n’est, chez les meilleurs, que l’épanouissement d’une saison, un miracle éphémère, comme la jeunesse elle-même. À quoi bon, mon amie, nous appuyer à ce qui passe ?

J’ai craint les liens d’habitude, faits d’attendrissements factices, de duperie sensuelle et d’accoutumance paresseuse. Je n’aurais pu, ce me semble, aimer qu’un être parfait ; je serais trop médiocre pour mériter qu’il m’accueille, même s’il m’était possible de le trouver un jour. Ce n’est pas tout, mon amie. Notre âme, notre esprit, notre corps, ont des exigences le plus souvent contradictoires ; je crois malaisé de joindre des satisfactions si diverses sans avilir les unes et sans décourager les autres. Ainsi, j’ai dissocié l’amour. Je ne veux pas flatter mes actes d’explications métaphysiques, quand ma timidité est une cause suffisante. Je me suis presque toujours borné à des complicités banales, par une obscure terreur de m’attacher et de souffrir. C’est assez d’être le prisonnier d’un instinct, sans l’être aussi d’une passion ; et je crois sincèrement n’avoir jamais aimé.

Puis des souvenirs me reviennent. Ne vous effrayez pas : je ne décrirai rien ; je ne vous dirai pas les noms ; j’ai même oublié les noms, ou ne les ai jamais sus. Je revois la courbe particulière d’une nuque, d’une bouche ou d’une paupière, certains visages aimés pour leur tristesse, le pli de lassitude qui abaissait leurs lèvres, ou même ce je ne sais quoi d’ingénu qu’a la perversité d’un être jeune, ignorant et rieur ; tout ce qui affleure d’âme à la surface d’un corps. Je pense à des inconnus qu’on ne reverra pas, qu’on ne tient pas à revoir et qui, à cause de cela même, se racontent ou se taisent avec sincérité. Je ne les aimais pas : je ne désirais pas refermer les mains sur le peu de bonheur qui m’était apporté ; je ne souhaitais d’eux ni compréhension, ni même la durée d’une tendresse : simplement, j’écoutais leur vie. La vie est le mystère de chaque être : elle est si admirable qu’on peut toujours l’aimer. La passion a besoin de cris, l’amour lui-même se complaît dans les mots, mais la sympathie peut être silencieuse. Je l’ai ressentie, non seulement à des minutes prévues de gratitude et d’apaisement, mais envers des êtres que je n’associais à l’idée d’aucune joie. Je l’ai connue en silence, puisque ceux qui l’inspirent ne la comprendraient pas ; il n’est pas nécessaire que quelqu’un la comprenne. J’ai aimé de la sorte les figures de mes rêves, de pauvres gens médiocres, et quelquefois des femmes. Mais les femmes, bien qu’elles disent le contraire, ne voient dans la tendresse qu’un acheminement vers l’amour.

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