Маргерит Юрсенар - Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce

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Alexis ou le Traité du Vain Combat - Le Coup de Grâce: краткое содержание, описание и аннотация

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J’avais, pour voisine de chambre, une personne assez jeune qui se nommait Marie. Ne vous imaginez pas que Marie fût très belle ; c’était une physionomie ordinaire, qui passait inaperçue. Marie était un peu mieux qu’une servante. Elle travaillait pourtant, et je ne crois pas que son travail aurait suffi à la faire vivre. En tout cas, lorsque j’allais chez elle, je la trouvais toujours seule. Elle s’arrangeait, je suppose, pour l’être à ces heures-là.

Marie n’était pas intelligente, ni peut-être très bonne, mais elle était serviable, comme sont les pauvres gens qui savent la nécessité de l’entraide. Il semble que la solidarité se dépense, chez eux, en petite monnaie journalière. On doit être reconnaissant des moindres bons procédés ; c’est pourquoi je parle de Marie. Elle n’avait d’autorité sur personne ; elle aimait, je pense, à en avoir sur moi ; elle me donnait des conseils sur la façon de me vêtir chaudement, ou d’allumer mon feu, et s’occupait à ma place de petits riens utiles. Je n’ose dire que Marie me rappelait mes sœurs ; pourtant, je retrouvais là ces doux gestes de femme, qu’enfant j’avais aimés. On voyait qu’elle s’efforçait d’avoir de belles manières, et c’est déjà méritoire. Marie croyait aimer la musique ; elle l’aimait véritablement : par malheur, elle avait très mauvais goût. C’était un mauvais goût presque touchant à force d’être ingénu ; les sentiments les plus conventionnels lui paraissaient les plus beaux : on eût dit que son âme, comme sa personne, se contentait de parures fausses. Marie pouvait mentir le plus sincèrement du monde. Je suppose qu’elle vivait, comme la plupart des femmes, d’une existence imaginaire où elle était meilleure et plus heureuse que dans l’autre. Par exemple, si je l’avais interrogée, elle m’aurait affirmé n’avoir jamais eu d’amants ; elle aurait pleuré si je ne l’avais pas crue. Elle avait, au fond d’elle-même, le souvenir d’une enfance vécue à la campagne, dans un milieu très honorable, et celui d’un vague fiancé. Elle avait aussi d’autres souvenirs, dont elle ne parlait pas. La mémoire des femmes ressemble à ces tables anciennes dont elles se servent pour coudre. Il y a des tiroirs secrets ; il y en a, fermés depuis longtemps et qui ne peuvent s’ouvrir ; il y a des fleurs séchées qui ne sont plus que de la poussière de roses ; des écheveaux emmêlés, quelquefois des épingles. La mémoire de Marie était très complaisante : elle devait lui servir à broder son passé.

J’allais chez elle, le soir, lorsqu’il commençait à faire froid, et que j’avais peur d’être seul. Notre conversation était certainement insipide, mais il y a je ne sais quoi d’apaisant, pour ceux qui se tourmentent sans cesse, à entendre une femme parler de choses insignifiantes. Marie était paresseuse : elle ne s’étonnait pas que je travaillasse très peu. Je n’ai rien d’un prince de légende. J’ignorais que les femmes, surtout lorsqu’elles sont pauvres, croient souvent avoir rencontré le personnage de leurs rêves, même lorsque la ressemblance est extrêmement lointaine. Ma situation, et peut-être mon nom, avaient pour Marie un prestige romanesque, que je concevais mal. Bien entendu, je lui avais toujours montré la plus grande réserve ; elle en était flattée, au commencement, comme d’une délicatesse dont elle n’avait pas l’habitude. Je ne devinais pas ses pensées, lorsqu’elle cousait en silence ; je croyais simplement qu’elle me voulait du bien ; et puis, certaines idées ne me venaient même pas.

Peu à peu, je m’aperçus que Marie se montrait beaucoup plus froide. Il y avait, dans ses moindres paroles, une sorte de déférence agressive, comme si elle s’était subitement rendu compte que je sortais d’un milieu jugé très supérieur au sien. Je sentais qu’elle était fâchée. Je ne m’étonnais pas que l’affection de Marie fût passée : tout passe. Je voyais seulement qu’elle était triste ; j’avais la naïveté de ne pas deviner pourquoi. Je croyais impossible qu’elle soupçonnât certain côté de mon existence ; je ne me rendais pas compte qu’elle s’en fût peut-être moins scandalisée que moi-même. Enfin, d’autres circonstances survinrent ; je dus me loger dans une maison plus pauvre, ma chambre étant devenue trop coûteuse pour moi. Je ne revis jamais Marie. Comme il est difficile, quelques précautions qu’on prenne, de ne pas faire souffrir...

Je continuais à lutter. Si la vertu consiste en une série d’efforts, je fus irréprochable. J’appris le danger des renoncements trop rapides ; je cessai de croire que la perfection se trouve de l’autre côté d’un serment. La sagesse, comme la vie, me parut faite de progrès continus, de recommencements, de patience. Une guérison plus lente me sembla moins précaire : je me contentai, à la façon des pauvres, de petits gains misérables. J’essayai d’espacer les crises ; j’en vins à un calcul maniaque des mois, des semaines, des jours. Sans l’avouer, pendant ces périodes d’excessive discipline, je vivais soutenu par l’attente du moment où je me permettrais de faillir. Je finissais par céder à la première tentation venue, uniquement parce que, depuis trop longtemps, je m’interdisais de le faire. Je me fixais à peu près, d’avance, l’époque de ma prochaine faiblesse ; je m’abandonnais, toujours un peu trop vite, moins par impatience de ce bonheur pitoyable que pour m’éviter l’horreur d’attendre l’accès, et de le supporter. Je vous épargne le récit des précautions que je pris contre moi-même ; elles me semblent maintenant plus avilissantes que des fautes. Je crus d’abord qu’il s’agissait d’éviter les occasions du péché ; je m’aperçus bientôt que nos actions n’ont qu’une valeur de symptômes c’est notre nature qu’il nous faudrait changer. J’avais eu peur des événements ; j’eus peur de mon corps ; je finis par reconnaître que nos instincts se communiquent à notre âme, et nous pénètrent tout entiers. Alors, je n’eus plus d’asile. Je trouvais, dans les pensées les plus innocentes, le point de départ d’une tentation ; je n’en découvrais pas une seule qui demeurât longtemps saine ; elles semblaient se gâter en moi et mon âme, quand je la connus mieux, me dégoûta comme mon corps.

Certaines époques étaient particulièrement dangereuses : la fin des semaines, le commencement des mois, peut-être parce que j’avais un peu plus d’argent et que j’avais pris l’habitude des complicités payées. (Il y a, mon amie, de ces raisons misérables.) Je craignais aussi la veille des fêtes, leur désœuvrement, leur tristesse pour ceux qui vivent seuls. Je m’enfermais ces jours-là. Je n’avais rien à faire : j’allais et venais, fatigué de voir mon image se refléter dans la glace ; je haïssais ce miroir, qui m’infligeait ma propre présence. Un crépuscule brouillé commençait d’emplir la chambre ; l’ombre se posait sur les choses comme une salissure de plus. Je ne fermais pas la fenêtre, parce que l’air me manquait ; les bruits du dehors me fatiguaient au point de m’empêcher de penser. J’étais assis, je m’efforçais de fixer mon esprit sur une idée quelconque, mais une idée mène toujours à une autre ; on ne sait pas où cela peut conduire. Il valait mieux se mouvoir, marcher. Il n’y a rien de blâmable à sortir au crépuscule ; pourtant, c’était une défaite, et qui présageait l’autre. J’aimais cette heure où bat la fièvre des villes. Je ne décrirai pas la recherche hallucinée du plaisir, les déconvenues possibles, l’amertume d’une humiliation morale bien pire qu’après la faute, lorsque aucun apaisement ne vient la compenser. Je passe sur le somnambulisme du désir, la brusque résolution qui balaie toutes les autres, l’alacrité d’une chair qui, enfin, n’obéit plus qu’à elle-même. Nous décrivons souvent le bonheur d’une âme qui se débarrasserait de son corps : il y a des moments, dans la vie, où le corps se débarrasse de l’âme.

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