François Mauriac - Le Nœud de vipères

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Dans sa propriété de Calèse, en Gironde, Louis, un vieil avocat avare et anticlérical, attend la mort. Il espère vivre asse longtemps pour achever de rédiger la confession qu'il destine à sa femme, Isa. Isa, avec qui il a vécu plus de quarante ans. Quatre décennies d'indifférence, de brouilles, de rancunes, de haine. Trois enfants sont nés de cette union. Un rêve maintient le vieil homme en vie : frustrer les siens de l'héritage qu'ils attendent, telle une meute au moment de la curée. La mort d'Isa va bouleverser tous ses plans. Entre l'affaire Dreyfus et le krach de 1929, c'est « l'histoire d'un homme aveuglé par ses passions, qui croit haïr sa femme et ses enfants et n'aimer que l'argent, alors que sa nature, s'il l'avait suivie, l'aurait conduit à l'amour de Dieu », disait François Mauriac de son chef-d'œuvre.

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Était-ce précisément ces pensées que je remâchais, appuyé contre ce piquet de vigne, à l’extrémité d’une rège, face aux prairies resplendissantes d’Yquem, où le soleil déclinant s’était posé ? Un incident, que je dois rapporter ici, me les a sans doute rendues plus claires ; mais elles étaient en moi déjà, ce soir-là, tandis que je revenais vers la maison, pénétré jusqu’au cœur par la paix qui remplissait la terre ; les ombres s’allongeaient, le monde entier n’était qu’acceptation ; au loin, les côtes perdues ressemblaient à des épaules courbées : elles attendaient le brouillard et la nuit pour s’allonger peut-être, pour s’étendre, pour s’endormir d’un sommeil humain.

J’espérais trouver Geneviève et Hubert à la maison : ils m’avaient promis de partager mon dîner. C’était la première fois de ma vie que je souhaitais leur venue, que je m’en faisais une joie. J’étais impatient de leur montrer mon nouveau cœur. Il ne fallait pas perdre une minute pour les connaître, pour me faire connaître d’eux. Aurais-je le temps, avant la mort, de mettre ma découverte à l’épreuve ? Je brûlerais les étapes vers le cœur de mes enfants, je passerais à travers tout ce qui nous séparait. Le nœud de vipères était enfin tranché : j’avancerais si vite dans leur amour qu’ils pleureraient en me fermant les yeux.

Ils n’étaient pas arrivés encore. Je m’assis sur le banc, près de la route, attentif au bruit des moteurs. Plus ils tardaient et plus je désirais leur venue. J’avais des retours de ma vieille colère : ça leur était bien égal de me faire attendre ! il leur importait peu que je souffrisse à cause d’eux ; ils faisaient exprès… Je me repris : ce retard pouvait avoir une cause que j’ignorais, et il n’y avait aucune chance que ce fût précisément celle dont, par habitude, je nourrissais ma rancœur. La cloche annonçait le dîner. J’allai jusqu’à la cuisine pour avertir Amélie qu’il fallait attendre encore un peu. Il était bien rare que l’on me vît sous ces solives noires où des jambons pendaient. Je m’assis près du feu, sur une chaise de paille. Amélie, son mari et Cazau, l’homme d’affaires, dont j’avais entendu de loin les grands rires, s’étaient tus dès mon entrée. Une atmosphère de respect et de terreur m’entourait. Jamais je ne parle aux domestiques. Non que je sois un maître difficile ou exigeant, ils n’existent pas à mes yeux, je ne les vois pas. Mais ce soir, leur présence me rassurait. Parce que mes enfants ne venaient pas, j’aurais voulu prendre mon repas sur un coin de cette table, où la cuisinière hachait la viande.

Cazau avait fui, Ernest enfilait une veste blanche pour me servir. Son silence m’oppressait. Je cherchais en vain une parole. Mais je ne connaissais rien de ces deux êtres qui nous étaient dévoués depuis vingt ans. Enfin je me rappelai qu’autrefois, leur fille, mariée à Sauveterre de Guyenne, venait les voir et qu’Isa ne lui payait pas le lapin qu’elle apportait, parce qu’elle prenait plusieurs repas à la maison. J’articulai, sans tourner la tête, un peu vite :

— Eh bien, Amélie, comment va votre fille ? Toujours à Sauveterre ?

Elle abaissa vers moi sa face tannée, et après m’avoir dévisagé :

— Monsieur sait qu’elle est morte… il y aura dix ans le 29, le jour de la Saint-Michel. Monsieur se rappelle bien ?

Son mari, lui, resta muet ; mais il me regarda d’un air dur ; il croyait que j’avais fait semblant d’oublier. Je balbutiai : « Excusez-moi… ma vieille tête… » Mais, comme quand j’étais gêné et intimidé, je ricanais un peu, je ne pouvais me retenir de ricaner. L’homme annonça, avec sa voix habituelle : « Monsieur est servi. »

Je me levai aussitôt et allai m’asseoir dans la salle à manger mal éclairée, en face de l’ombre d’Isa. Ici Geneviève, puis l’abbé Ardouin, puis Hubert… Je cherchai des yeux, entre la fenêtre et le buffet, la haute chaise de Marie qui avait servi à Janine et à la fille de Janine. Je fis semblant d’avaler quelques bouchées ; le regard de cet homme qui me servait m’était horrible.

Au salon, il avait allumé un feu de sarments. Dans cette pièce, chaque génération, en se retirant, comme une marée ses coquillages, avait laissé des albums, des coffrets, des daguerréotypes, des lampes carcel. Des bibelots morts couvraient les consoles. Un pas lourd de cheval dans l’ombre, le bruit du pressoir qui touche la maison me navraient le cœur. « Mes petits, pourquoi n’êtes-vous pas venus ? » Cette plainte me monta aux lèvres. Si, à travers la porte, les domestiques l’avaient entendue, ils auraient cru qu’il y avait un étranger dans le salon ; car ce ne pouvait être la voix ni les paroles du vieux misérable, dont ils s’imaginaient qu’il avait fait exprès de ne pas savoir que leur fille était morte.

Tous, femme, enfants, maîtres et serviteurs, ils s’étaient ligués contre mon âme, ils m’avaient dicté ce rôle odieux. Je m’étais figé atrocement dans l’attitude qu’ils exigeaient de moi. Je m’étais conformé au modèle que me proposait leur haine. Quelle folie, à soixante-huit ans, d’espérer remonter le courant, leur imposer une vision nouvelle de l’homme que je suis pourtant, que j’ai toujours été ! Nous ne voyons que ce que nous sommes accoutumés à voir. Et vous non plus, pauvres enfants, je ne vous vois pas. Si j’étais plus jeune, les plis seraient moins marqués, les habitudes moins enracinées ; mais je doute que, même dans ma jeunesse, j’eusse pu rompre cet enchantement. Il faudrait une force, me disais-je. Quelle force ? Quelqu’un. Oui, quelqu’un en qui nous nous rejoindrions tous et qui serait le garant de ma victoire intérieure, aux yeux des miens ; quelqu’un qui porterait témoignage pour moi, qui m’aurait déchargé de mon fardeau immonde, qui l’aurait assumé…

Même les meilleurs n’apprennent pas seuls à aimer : pour passer outre aux ridicules, aux vices et surtout à la bêtise des êtres, il faut détenir un secret d’amour que le monde ne connaît plus. Tant que ce secret ne sera pas retrouvé, vous changerez en vain les conditions humaines : je croyais que c’était l’égoïsme qui me rendait étranger à tout ce qui touche l’économique et le social ; et il est vrai que j’ai été un monstre de solitude et d’indifférence ; mais il y avait aussi en moi un sentiment, une obscure certitude que cela ne sert à rien de révolutionner la face du monde ; il faut atteindre le monde au cœur. Je cherche celui-là seul qui accomplirait cette victoire ; et il faudrait que lui-même fût le Cœur des cœurs, le centre brûlant de tout amour. Désir, qui peut-être était déjà prière. Il s’en est fallu de peu, ce soir-là, que je ne me misse à genoux, accoudé à un fauteuil, comme faisait Isa dans les étés d’autrefois, avec les trois enfants pressés contre sa robe. Je revenais de la terrasse vers cette fenêtre illuminée ; j’étouffais mes pas et, invisible dans le jardin noir, je regardais ce groupe suppliant : « Prosternée devant Vous, ô mon Dieu, récitait Isa, je Vous rends grâce de ce que Vous m’avez donné un cœur capable de Vous connaître et de Vous aimer… »

Je demeurai debout, au milieu de la pièce, vacillant, comme frappé. Je pensais à ma vie, je regardais ma vie. Non, on ne remonte pas un tel courant de boue. J’avais été un homme si horrible que je n’avais pas eu un seul ami. Mais, me disais-je, n’était-ce pas parce que j’avais toujours été incapable de me travestir ? Si tous les hommes marchaient aussi démasqués que je l’ai fait pendant un demi-siècle, peut-être s’étonnerait-on qu’entre eux, les différences de niveau soient si petites. Au vrai, personne n’avance à visage découvert, personne. La plupart singent la grandeur, la noblesse. À leur insu, ils se conforment à des types littéraires ou autres. Les saints le savent, qui se haïssent et se méprisent parce qu’ils se voient. Je n’eusse pas été si méprisé si je n’avais été si livré, si ouvert, si nu.

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