François Mauriac - Un adolescent d'autrefois

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Un adolescent d'autrefois: краткое содержание, описание и аннотация

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L'étouffoir… Ce n'est pas seulement cette lande qui sent le pin brûlé. Maltaverne et ses deux mille hectares, ses papillons cloués à la résine des arbres… C'est aussi cette force obscure qui saisit les êtres, les incendie…
Alain est l'héritier de ce domaine. Il aime Marie, du moins la désire. Mais elle n'a pas de dot et, quand on s'appelle Alain Gajac, on ne se commet pas avec une employée de librairie.
Madame Gajac, sa mère, ne rêne que stères de bois et bourgeoisie bien pensante… Ses fantômes, qui les connaît ? Quant à Jeannette, cette innocente, elle est déjà fauchée avant même que d'être en fleur. Alain sait qu'on la lui destine. Il l'a surnommée « le pou »…
Malaise, mal d'aimer… À Maltaverne, le drame couve, exacerbé par le ciel brûlant des Landes. Car tous, à commencer par cet adolescent d'autrefois, ont oublié une chose : vivre…

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Je dévalais le chemin de sable qui descend vers le moulin et m’aperçus avec dépit qu’un baigneur solitaire s’ébattait dans l’étang. L’eau est si froide qu’on ne s’y attarde guère. Je décidai donc d’attendre qu’il ait fait place nette et me glissai dans les fougères d’où je pouvais, invisible, ne pas le perdre des yeux. Il y a un plaisir inavouable, mais que j’avoue, à voir quelqu’un qui ne nous voit pas, qui ne sait pas que nous sommes là, qui se croit seul. Au vrai, c’est un plaisir de Dieu. Je m’aperçus très vite que mon baigneur était une baigneuse, en vérité si gracile, aux jambes si longues, qu’on aurait pu s’y tromper. Plus tout à fait une petite fille. Avec les filles on ne sait jamais, les filles ne sont jamais des enfants, l’enfance leur est interdite. La preuve que celle-là était une fillette, c’est qu’elle se baignait en maillot comme un garçon. Jamais une fille du bourg ne se le serait permis. Elle sortit de l’eau et s’assit sur le bord, au soleil, pour se sécher, regarda autour d’elle. C’était la solitude et le silence du milieu du jour. Elle fit glisser d’un geste rapide le haut du maillot, dénuda chastement ses épaules maigrichonnes et une gorge à peine née. Ce que je ressentis alors ce ne fut pas ce que Donzac va croire : un plaisir faunesque. Non, les petites filles ne me donnent pas encore de mauvaises pensées. Je crus que le poing qui me serrait la gorge s’ouvrait tout à coup, (si j’avais su !) ce fut comme si quelqu’un apposait ses mains sur mes yeux aveugles et les retirait, et tout à coup je voyais. Un seul être comme celui-là était une merveille et il y en avait des millions de par le monde — ce monde que je ne connaissais pas, et que rien ni personne d’ailleurs ne m’obligerait à parcourir, si je préférais demeurer dans une chambre, là où sont mes livres et où ne sont pas les autres hommes.

Elle resta debout un long moment dans le soleil, la petite fille, et ce fut si peu une pensée louche qu’elle me donna que ce que j’éprouvai à la contempler, et sans doute qui ne vaut que pour moi, et que me donne toujours la vue d’un jeune corps s’il est beau, c’est l’évidence que Dieu est. Dieu existe, vous le voyez bien. De sorte que la même voix qui crie à mon oreille : « Tout est là, tout est offert, tue et mange… », cette même voix me souffle aussi : « Mais tu peux choisir de renoncer à tout et de me chercher, Moi, et c’est cela l’unique aventure. »

La petite fille avait disparu dans les fougères et en sortit un instant après, court vêtue, pas belle, autant que j’en pus juger de loin avec son peigne rond qui lui tirait les cheveux en arrière et lui faisait un trop grand front. Mais moi qui l’avais vue dévêtue, je savais qu’elle était belle, non pas de cette beauté fixée dans certains traits, mais qui tient à une ligne appelée à s’effacer, liée au moment d’une mue. J’avais surpris un instant entre l’aube et l’aurore, ou plutôt entre l’aurore et le matin — la merveille qui ne durera pas, est là déjà sans être vraiment commencée.

Je la laissai filer et la suivis, mais de loin. Elle marchait droite et sérieuse, comme une grande fille, et tout à coup entrait dans les fougères d’un bond de cabri, se penchait pour ramasser je ne savais quoi, repartait. À un moment, une branche morte craqua sous mon espadrille. Elle se retourna, mit sa petite main à la hauteur de ses yeux pour voir qui approchait, et tout à coup, m’avait-elle reconnu ? elle détala, disparut à un tournant, et quand j’y parvins moi-même, elle avait dû filer à travers bois, car je ne la vis plus.

12

À mon retour du moulin, l’esprit encore tout occupé de cette baigneuse effrayée, je vis que maman sur le perron me guettait. Elle me cria qu’il y avait un télégramme pour moi. Elle me le tendit ouvert : « Je l’ai ouvert, naturellement ! C’est de Simon… il a un toupet ! » Je lus : « Besoin urgent de vous voir. Télégraphiez si pouvez être demain Talence. »

— Si j’ai un conseil à te donner, c’est d’exiger qu’il t’écrive d’abord de quoi il retourne.

— Non, il n’y a pas plus discret que lui. Il doit avoir un motif très sérieux. Je partirai demain matin. Je vais avertir le chauffeur.

— Bien entendu ! C’est ta voiture et c’est ton chauffeur.

Dans le brouillard de l’aube les coqs de Maltaverne répondaient à ceux des métairies perdues. « C’est un cri répété par mille sentinelles. » Je me doutais bien que c’était Marie qui m’appelait et que je la trouverais chez Simon. Je n’en avais pas même la curiosité, résolu à me dérober aux palabres ; il n’y a pas à faire semblant, avec une comédienne, de croire à la réalité du personnage qu’elle joue, si convaincue qu’elle soit et si habile à se duper elle-même. Donzac dit des romans de Bourget que c’est de la psychologie à deux sous. Oui, et c’est de cette monnaie de billon que nous nous payons les uns les autres. Et puis, bien que j’eusse atteint un palier à ce moment-là, j’étais moi-même trop exténué, je ne sentais plus rien. Je riais seul dans l’auto à l’idée que ce qui surnageait de tous mes griefs contre Marie tenait dans ce qu’elle avait dit à Simon des orties de la Hure, et des mouches, et de la carriole, et de la gare du Nizan, c’était son reniement de Maltaverne, l’ingrate, l’indigne, l’idiote.

Elle n’était pas chez Simon quand je débarquai mais elle nous y rejoindrait à l’heure du déjeuner. Bard s’affolait parce que, me dit Simon, Marie avait dû interrompre son travail.

Ce qui la tuait, c’était de n’avoir pu m’expliquer elle-même ce projet de mariage qui dans son esprit se ramenait à un arrangement pour que la librairie ne change pas de mains. Simon reconnut qu’il avait fait à Marie une peinture trop noire de ma fureur quand il m’avait parlé sans précaution de ce projet qu’il croyait que je connaissais.

— Vous répétez tout, lui reprochai-je irrité. Vous envenimez tout. La discrétion est une vertu qui ne s’apprend pas malheureusement.

Il se défendit mal. Il devait avoir beaucoup d’autres péchés de cet ordre sur la conscience.

Marie descendit du tramway un peu avant midi. Ce qui était au moment de fondre sur moi, et que j’étais alors à mille lieues de pouvoir imaginer, maintenant que c’est arrivé m’empêche de fixer mon attention sur les propos confus échangés avec Marie dans la chambre où Simon nous avait laissés seuls. Ce que je dois dire à l’honneur de Marie, c’est qu’à peine eut-elle vu ma triste mine, elle ne s’inquiéta plus que de moi. Peut-être est-ce un don que j’ai d’éveiller chez les femmes une mère soucieuse et vite alarmée. Elle prit ma tête dans ses deux mains, elle me dit : « Je n’aime pas ton regard. »

J’entrai sans en débattre dans toutes les raisons qu’elle me donna de son mariage, comme si je ne m’en souciais plus. Les quelques heures qui me séparent de ces explications de Marie, du déjeuner qui suivit au bistrot de Talence où Simon nous invitait, ces quelques heures me paraissent être un espace de temps presque infini, une coupure dans ma vie entre deux mondes : comme si la vraie raison de mon angoisse m’avait été découverte tout à coup, comme si l’actualité la plus banale, une note sous un portrait dans La Petite Gironde apportée ce matin par le concierge de la rue de Cheverus avec mon café, avait suffi à me précipiter d’une seule poussée dans un vide sans fin où je n’arrête pas de couler.

Donc ce matin, après avoir bu quelques gorgées de café, je jetai un coup d’œil distrait sur la première page du journal et je me crus halluciné : cette figure de petite fille aux cheveux tirés sur un trop grand front et qui ne souriait pas, je la reconnaissais. C’était la petite fille du moulin. Et au-dessous, en italique : « Jeannette Séris a quitté avant-hier après-midi le domicile de son père, M. Numa Séris et n’a pas reparu. On croit à une fugue, l’enfant y étant sujet. Elle portait un jersey rayé et des espadrilles blanches, elle n’avait pas de bas. Ses cheveux étaient tenus par un peigne rond. » Suivait l’adresse de Numa Séris, un numéro de téléphone. C’était le Pou ! Avant de m’attabler et de mâcher et de remâcher tout ce que cette histoire promettait à mon angoisse, je m’attardai à cette farce que quelqu’un me faisait : c’était le Pou que j’avais vu au moulin de M. Lapeyre et trouvé adorable ! Ce ne pouvait être un hasard, c’était trop bien machiné. Comme il est écrit : « C’est l’ennemi qui a fait cela… » Oui, c’est l’ennemi qui me l’a fait voir adorable, mais elle, ma vue l’a terrifiée et elle a fui, et elle a disparu, peut-être pour toujours.

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