Marc Levy - Une autre idée du bonheur

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– Si, elle me disait que la Beat Generation n'existait pas, qu'elle n'avait été composée que d'une bande de gosses, des écrivains naïfs qui rêvaient d'être publiés.

– À chacun son point de vue, rétorqua sèchement Agatha. En ce qui me concerne, ce poème aura décidé de ma vie. Si je ne l'avais pas lu, elle aurait certainement été très différente.

– De quelle façon ?

– Nous n'étions pas très riches, et mes années d'études étaient comptées par l'argent qui manquait, mais j'aurais pu devenir secrétaire, ou documentaliste peut-être, j'aimais tant lire.

– Mais alors qu'avez-vous fait durant toutes ces années ?

Agatha regarda par la vitre et inspira profondément.

– J'ai voyagé, murmura-t-elle.

Puis elle resta silencieuse jusqu'à Gettysburg, le regard perdu sur l'asphalte qu'avalait l'Oldsmobile au son rond du moteur.

– La drogue, vous y avez goûté ?

– J'ai essayé pas mal de trucs peu recommandables, mais j'avais la chance d'avoir les pieds sur terre et je n'aimais pas cette sensation d'être sous influence. Et puis j'ai vu tant de copains et copines faire des voyages dont ils ne revenaient pas que j'ai vite arrêté. Le sexe, en revanche, j'aurais peut-être dû m'en donner un peu plus à cœur joie. Ces saletés de drogues ont eu raison de la promesse d'un monde nouveau, et de la plus belle des révolutions étudiantes.

– Vos amis y ont participé ?

– Oui, et il n'en reste qu'une petite dizaine.

– Que sont devenus les autres ?

– La plupart sont morts tués par le LSD, l'alcool et la misère, d'autres ont été assassinés.

– Par qui ?

– Par la police et le FBI sur instruction du gouvernement.

– Mais pourquoi ? demanda Milly incrédule.

– Parce que nous leur avions fichu une trouille bleue ; quatre étudiants sur dix pensaient qu'une révolution était inévitable et nécessaire. Nous bâtissions des communautés de travailleurs, organisions des collectifs féministes, nous donnions corps aux premières communautés gay et lesbiennes, mais le pire était que nous nous attaquions à l'ordre dicté par les classes dirigeantes, un défi qui leur était intolérable. Quand nous arriverons à Gettysburg, nous traverserons les champs de bataille sur lesquels s'est joué le sort de la guerre civile. À la fin des années 1960 comme au début des années 1970, le pays faillit en connaître une autre et la répression fut sanglante.

– Ils ont tué des étudiants pacifistes ?

– Par dizaines, mais nous n'étions pas que des pacifistes, certains s'étaient engagés dans la lutte armée. Les combats de rue, actions de sabotage ou attentats à la bombe s'enchaînaient et se comptaient, eux, par centaines.

– Vous en avez commis ?

– Quelques-uns, soupira Agatha.

– Vous avez du sang sur les mains ?

– Non, mais j'en ai eu sur le visage quand nous prenions des coups de matraque.

Agatha se pencha vers Milly, écarta deux mèches de cheveux et lui montra une longue cicatrice, non sans un certain élan de fierté.

La voiture s'écarta de la route et les roues mordirent le bas-côté, Milly serra le volant et en reprit le contrôle.

– Je t'ai dit de regarder devant toi ! cria Agatha avec une mauvaise foi qui dépassait l'entendement. Tiens, la mémoire me revient, c'était sur le campus que je l'ai rencontré, il se promenait toujours avec sa caméra Super 8 à la main et passait son temps à filmer. Il étudiait le journalisme et voulait en faire son métier, à moins que ce ne soit le cinéma, je ne sais plus très bien.

– Votre histoire a duré longtemps ? demanda Milly.

– Prends la direction de Hagerstown, nous devrions bientôt entrer en Virginie.

Milly s'étonna de l'air qu'avait affiché Agatha en disant cela ; comme si elle était soulagée de franchir les frontières de l'État.

– Nous sommes restés complices durant deux ans, ajouta-t-elle. Ta mère n'avait peut-être pas tort en disant que nous étions naïfs, car je n'ai jamais cessé de penser à lui.

– Qu'est-ce que vous entendez par « complices » ?

Cette question, d'apparence anodine, raviva la mémoire d'Agatha, faisant resurgir des souvenirs enfouis, pareils à ces cauchemars qu'on oublie au réveil.

Elle entendit hurler les étudiants tandis que les matraques fondaient sur eux dans un brouillard lacrymogène, revit couler les larmes sur les joues de ses amis, revécut ces matins de janvier, de février et de mars, où la neige noircissait sous les pas de longs cortèges funèbres. Le regard éthéré des parents écrasés sous le poids du chagrin et de la culpabilité, incapables de s'expliquer la nature du combat qu'avaient mené leurs gosses, leur dissidence, au lieu de réserver leur colère à ceux qui les avaient assassinés.

Certains de ses amis n'avaient plus revu leur famille, ni ne leur avaient parlé au téléphone pendant dix ans, tout comme elle n'avait plus jamais revu sa mère. Ses copains et elle étaient entrés en clandestinité, laissant à leurs proches, dans l'ombre de leur adolescence, une question irrésolue. Pourquoi avoir choisi l'obscurité au pays des libertés ?

– Parce que ces libertés étaient prisonnières des murs que leur génération avait laissé dresser, se mit à murmurer Agatha, les lèvres tremblantes. Des murs entre lesquels les minorités n'avaient que peu de droits, les murs de nos prisons pleines à craquer de gens de couleur, les murs de nos collèges et universités formant les étudiants modèles dont la société industrielle avait besoin, les murs du monde du travail qui se nourrissait de ces jeunes faciles à contrôler et qui se contentaient de peu de choses. Nos parents n'avaient pas eu le courage de remettre ce monde en question, son homophobie, son sexisme, eux qui avaient érigé en société idéale leurs banlieues confortables, leurs voitures dispendieuses, leurs postes de télé aseptisés, nos mères qui se gavaient de Valium en regardant partir au petit matin leurs maris dans leur complet gris, et nos pères qui s'enivraient au whisky en rentrant le soir.

– Agatha ? intervint Milly, inquiète. De quoi parlez-vous ?

Agatha secoua la tête, cherchant à recouvrer un semblant de contenance.

– Il était différent, dit-elle, à voix basse.

– Différent de qui ?

– De tous les autres, mais c'est toujours ainsi quand on aime. Je suppose que toi aussi tu dois trouver Frank différent, n'est-ce pas ?

– Oui, répondit Milly.

– Et en quoi l'est-il ? demanda Agatha d'un ton posé.

– Il est sécurisant, profondément gentil...

– Tu me donnes envie de te secouer comme un prunier pour te sortir de ta foutue routine ! On ne partage pas sa vie avec quelqu'un parce qu'il est gentil, mais parce qu'il vous fait vibrer, rire, parce qu'il vous emporte sans vous retenir, parce qu'il vous manque même quand il est dans la pièce à côté, parce que ses silences vous parlent autant que ses conversations, parce qu'il aime vos défauts autant que vos qualités, parce que lorsque le soir en s'endormant on a peur de la mort, la seule chose qui vous apaise est d'imaginer son regard, la chaleur de ses mains. Voilà pourquoi on construit sa vie avec quelqu'un, et si ce quelqu'un est gentil, alors tant mieux, c'est un plus, mais seulement un plus !

– Bravo pour la leçon, elle était épatante, en attendant, je suis en couple depuis trois ans, et vous, toute seule. Et merci beaucoup, je vais suivre vos conseils à la lettre, si je peux vous ressembler à votre âge, je serais la plus heureuse des femmes.

Cette fois, ce fut Agatha qui encaissa le coup sans mouffeter.

La voiture entra en Virginie et fila en direction de Harrisonburg. Ni l'une ni l'autre ne dirent mot pendant les trente miles suivants, seule la musique classique que diffusait le poste de radio occupait le silence.

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