Yasmina Reza - Babylone

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Babylone: краткое содержание, описание и аннотация

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« Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C’est l’image d’eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l’excitation d’être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d’autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l’infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j’entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l’irrémédiable. »
Romancière et dramaturge de renommée mondiale,
a publié chez Flammarion
(prix littéraire Le Monde 2013) et Yasmina Reza

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— Vous n’avez pas intérêt madame à devenir absolument son avocate.

— Je vous le dis à vous.

— D’accord, mais ce n’est pas la peine de prendre fait et cause pour lui. Vous avez un rapport de voisinage qui est devenu un rapport d’amitié. Vous allez à son secours pour qu’il ne fuie pas ses responsabilités car vous pensez que ce serait pire. Point. Vous comprenez bien que ce dont vous êtes soupçonnée c’est de complicité et de recel de cadavre.

— Je risque quoi ?

— Vous n’avez jamais été condamnée. Vous avez un travail. Tout dépend de ce qu’il va dire. Votre mari a été prévenu ?

— En principe oui.

— Qu’est-ce qu’il va raconter votre mari ?… Quand vous êtes montés, pourquoi n’avez-vous pas exigé de lui qu’il appelle la police tout de suite ?

— On l’a exigé. Enfin mon mari l’a exigé.

— Et vous êtes redescendus alors qu’il n’avait pas appelé ?

— Il a dit qu’il voulait être seul, qu’il avait besoin d’un peu de temps. Mon mari, tout à coup, a considéré qu’on n’avait rien à faire là, qu’on avait fait notre devoir et que ce n’était pas à nous d’appeler la police. Et on est redescendus.

— Au fait, pour quelle raison monsieur Manoscrivi est venu chez vous après avoir tué sa femme ?

— Je pense qu’il ne pouvait pas rester seul…

— Vos collègues de travail connaissent son existence ?

— Non.

— Lors de la soirée, votre comportement n’a pas laissé la moindre…

— Non.

— La voisine ne peut pas parler d’une attitude ambiguë ? Vous étiez loin de l’autre quand elle vous a vus ?

— Oui. Enfin à distance normale.

— … Le soupçon de la police peut consister en ceci : que c’est l’arrivée de la voisine qui vous oblige à prévenir la police, et que ce n’était pas votre intention. Comment vous faites tomber ça ?

— Qu’est-ce que j’aurais fait là en chaussons et en pyjama, sans rien… ?

— Il s’est passé combien de temps entre le moment où vous descendez et où vous prévenez la police ?

— Une demi-heure… Même pas. Le temps de le convaincre, d’aller chercher le chat et de le mettre chez nous.

— C’est quand même la présence de la voisine qui va le conduire à accepter de se rendre.

— Je ne peux pas dire le contraire.

— Vous êtes allée souvent chez lui ?

— Presque jamais. Peut-être une fois. Aujourd’hui même. Enfin hier, avec Lydie, pour chercher des chaises. Elle m’a prêté des chaises pour la soirée.

— Bien. Vous allez subir un interrogatoire. Qui ne va pas forcément être facile, il est possible qu’on joue un petit peu sur vos nerfs et que deux personnes vous interrogent en même temps parce qu’il peut y avoir un soupçon non pas de complicité dans l’acte criminel mais dans l’après. Que vous ayez tenté de dissimuler le cadavre, etc. Donc soyez attentive dans cette partie-là. Ce que vous dites tient. Je ne vois pas qu’on puisse vous garder au-delà des vingt-quatre heures. Si monsieur Manoscrivi corrobore votre version et si votre mari ne fournit pas de déclarations qui prêtent un tant soit peu à confusion, vous sortirez ce soir.

Je suis sortie en début de soirée. Pierre est venu me chercher. Il avait été entendu dans l’après-midi. J’ai rendu le manteau redingote. J’étais libre. Selon toute vraisemblance, Jean-Lino avait confirmé sa démarche solitaire. À présent il avait disparu, happé dans un trou noir. Dans la voiture Pierre faisait la gueule. Au lieu de me réconforter. Il avait l’air fatigué et triste. Il m’a dit qu’il n’aimait pas cette histoire. J’ai dit je ne vois pas comment on pourrait l’aimer. Il m’a demandé ce que j’avais fait pour de vrai.

— J’ai fait ce que j’ai raconté. Personne ne comprend que tu aies pu t’endormir, j’ai dit.

— J’avais trop bu. J’étais cuit.

— Tu n’as pas parlé de la salle de bain ?

— Tu me prends vraiment pour un con.

— J’ai eu peur que tu le fasses, pour me dédouaner…

— Tu l’as aidé ?!

— Non !

— Explique-moi la valise. Explique-la-moi bien.

— J’ai prêté la valise à Lydie pour transporter des trucs dans son cabinet.

— Quand ?

— Je ne sais pas… Il y a quelques jours.

— Lui, il voit une valise chez lui, il se dit tiens, la taille est bonne, je vais mettre ma femme dedans ?

— Je ne pouvais pas prévoir.

— Ma Delsey putain !

— Je suis désolée…

— Et bravo pour le chat. J’ai failli avoir une attaque. Il aurait pu y avoir deux morts cette nuit.

Un peu avant que la police ne l’appelle, il s’était levé pour me chercher dans l’appartement. Dans l’entrée, il avait marché sur quelque chose de mou. C’était la queue d’Eduardo qui dépassait du meuble. Celui-ci avait émis un gémissement strident. Terrifié, Pierre avait appuyé sur l’interrupteur et découvert le chat, museau aplati par terre, le reste du corps planqué sous le meuble, qui le fixait lui aussi avec des yeux épouvantés. Quand on est arrivés sur le parking, j’ai levé la tête. J’ai regardé l’immeuble. Notre étage, celui du dessus. J’ai pensé, il n’y a plus personne là-haut. Les branches du mimosa se balançaient doucement. J’ai dit, qui va s’occuper des plantes ?

— Quelles plantes ?

— Les plantes de Lydie.

— Personne. L’appartement a été placé sous scellés.

Ça m’a catastrophée. Le mimosa, les crocus, les bourgeons, toute cette vie naissante que j’avais vue la veille dans les pots disparates. Et je la revoyais, elle, penchée dans son lopin de jardin, prenant le crocus d’une blancheur inouïe entre ses doigts pour me le présenter. Nous sommes sortis de la voiture. J’ai vu la Laguna encore garée au même endroit. Le hall était vide. Impersonnel comme avant. On a pris l’ascenseur. Notre appartement était impeccable. Pierre avait nettoyé la cuisine. Il avait dégagé une place pour la litière et la table était mise pour deux. Je ne m’attendais pas à cette gentillesse. C’était juste ce qu’il me manquait pour pleurer.

Je ne sais plus combien de fois on m’a interrogée par la suite. Les enquêteurs du commissariat, ceux de la brigade criminelle, l’enquêteur de personnalité (il s’était affublé d’un autre nom mais j’ai oublié ; je n’ai pas compris s’il enquêtait sur ma personnalité ou sur celle de Jean-Lino), le juge d’instruction. Sur le déroulement des faits, toujours plus ou moins les mêmes questions. Avec quelques variantes. Pourquoi avoir offert un cognac à l’auteur présumé au lieu de porter secours à sa femme ? Avions-nous touché le corps ? (Heureusement que je lui avais mis le foulard, j’ai dit aussi que j’avais touché les jambes pendant que Pierre prenait le pouls.) Le juge d’instruction, que j’aime bien, m’a demandé, en ces termes, comment ça se faisait que mon mari n’ait rien trouvé de mieux à faire que d’aller se coucher, alors qu’il venait de découvrir le corps défunt de sa voisine ? Et bien sûr la question qui est revenue, sous toutes les déclinaisons, à la suite de l’avocat, qu’auriez-vous fait si le tiers n’était pas intervenu ? Mais le terrain que n’avait pas exploré Gilles Terneu, et que tous ont voulu me faire arpenter jusqu’à la nausée, a été celui de ma vie. Qu’est-ce qu’elle racontait cette Elisabeth Jauze, née Rainguez, à Puteaux ? Ça s’appelle la grande identité paraît-il dans le langage flic. Tout ce que vous avez soigneusement enterré il faut le ranimer. Tout ce que vous avez biffé, il faut le réécrire avec des caractères propres. Enfance, parents, jeunesse, études, bons et mauvais chemins. Ils se sont penchés sur ma vie avec un zèle ridicule. C’est l’impression que j’ai. Une application ridicule pour fabriquer une fausse matière. Un petit baluchon de sociologie qu’ils mettront dans le dossier et qui ne dira rien. La justice aura fait son travail. Moi ça m’a renvoyé des images. J’ignorais qu’elles étaient restées quelque part. Le café de Dieppe, la grosse machine endormie, décorée pour la fête, qu’on réveillait dans le brouillard, je ne savais pas que je les portais encore. On ne peut pas comprendre qui sont les gens hors du paysage. Le paysage est capital. La vraie filiation c’est le paysage. Autant la chambre et la pierre que la découpe du ciel. C’est ça que Denner m’avait appris à voir dans les photos dites de rue, comment le paysage éclaire l’homme. Et comment, en retour, il fait partie de lui. Et je peux dire que c’est ça que j’ai toujours aimé chez Jean-Lino, la façon dont il portait le paysage en lui, sans se défendre de rien.

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