Michel Houellebecq - Plateforme

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Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

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– Vous croyez?

– J'en suis sûre. Ma mère le lit.

– Peut-être que les journalistes parlent de ce qui les intéresse, pas de ce qui intéresse les lectrices.

– Économiquement, ça ne devrait pas être viable; normalement, les choses sont faites pour satisfaire les goûts du client.

– Peut-être que ça satisfait les goûts du client.»

Elle réfléchit, répondit: «Peut-être…» avec hésitation.

«Vous croyez, insistai-je, que quand vous aurez soixante ans vous ne vous intéresserez plus aux nouvelles tendances?

– J'espère bien que non…» fit-elle avec sincérité.

J'allumai une cigarette. «Si je reste, il va falloir que je mette de la crème… commentai-je avec mélancolie.

– On va se baigner! Vous mettrez de la crème après.» En un instant elle fut sur ses pieds, me tira vers le rivage.

Elle nageait bien. Personnellement, je ne peux pas dire que je nage; je fais vaguement la planche, je me fatigue vite. «Vous vous fatiguez vite, dit-elle. C'est parce que vous fumez trop. Il faut faire du sport. Je vais m'occuper de vous!…» Elle me tordit le biceps. Oh non, pensai-je, non. Elle finit par se calmer et par retourner se faire dorer au soleil, après s'être vigoureusement frictionné la tête. Elle était jolie, comme ça, avec ses longs cheveux noirs ébouriffés. Elle n'enlevait pas son soutien-gorge, c'était dommage; j'aurais bien aimé qu'elle enlève son soutien-gorge. J'aurais bien aimé voir ses seins, là, maintenant.

Elle surprit mon regard vers sa poitrine, eut un rapide sourire. «Michel…» dit-elle après un léger silence. Je sursautai à l'emploi de mon prénom. «Pourquoi est-ce que vous vous sentez si vieux?» demanda-t-elle en me regardant droit dans les yeux.

C'était une bonne question; je suffoquai légèrement. «Vous n'êtes pas forcé de répondre tout de suite… dit-elle gentiment. J'ai un livre pour vous» poursuivit-elle en le sortant de son sac. Je reconnus avec surprise la couverture jaune du Masque, et un titre d'Agatha Christie, Le vallon.

«Agatha Christie? fis-je avec hébétude.

– Lisez quand même. Je pense que ça va vous intéresser.»

Je hochai la tête comme un abruti. «Vous n'allez pas déjeuner? demanda-t-elle au bout d'une minute. Il est déjà une heure.

– Non… Non, je ne crois pas.

– Vous n'aimez pas tellement la vie de groupe?»

Il était inutile de répondre; je souris. Nous avons ramassé nos affaires, nous sommes partis ensemble. Sur le chemin nous avons croisé Lionel, qui errait un peu comme une âme en peine; il nous fit un signe aimable, mais il avait déjà l'air de s'amuser beaucoup moins. Ce n'est pas sans raison que les hommes seuls sont si rares dans les clubs de vacances. On les observe, tendus, à la limite des activités de divertissement. Le plus souvent ils rebroussent chemin; parfois ils se lancent, ils participent. Je quittai Valérie devant les tables du restaurant.

Dans chaque nouvelle de Sherlock Holmes, on reconnaissait, bien sûr, les traits caractéristiques du personnage; mais, aussi, l'auteur ne manquait jamais d'introduire un trait nouveau (la cocaïne, le violon, l'existence du frère aîné Mycroft, le goût pour l'opéra italien… certains services jadis rendus à des familles régnantes européennes… la première affaire résolue par Sherlock, lorsqu'il était encore adolescent). À chaque nouveau détail révélé il se dessinait de nouvelles zones d'ombre, et on finissait par obtenir un personnage réellement fascinant: Conan Doyle avait réussi à élaborer un mélange parfait entre le plaisir de la découverte et le plaisir de la reconnaissance. Il m'avait toujours semblé qu'Agatha Christie, au contraire, donnait trop de place au plaisir de la reconnaissance. Dans ses descriptions initiales de Poirot elle avait tendance à se limiter à quelques phrases type, limitées aux caractéristiques les plus évidentes du personnage (son goût maniaque pour la symétrie, ses bottines vernies, le soin qu'il apportait à ses moustaches); dans ses ouvrages les plus médiocres on avait même l'impression que ces phrases de présentation étaient recopiées telles quelles, d'un livre à l'autre.

L'intérêt du Vallon, ceci dit, était ailleurs. Il ne se situait même pas dans l'ambitieux personnage d'Henrietta, le sculpteur, à travers laquelle Agatha Christie avait cherché à représenter, non seulement les tourments de la création (la scène où elle détruisait une de ses statues, juste après l'avoir difficilement achevée, parce qu'elle sentait qu'il manquait quelque chose), mais la souffrance spécifique qui s'attache au fait d'être artiste: cette incapacité à être vraiment heureuse ou malheureuse; à ressentir vraiment la haine, le désespoir, l'exultation ou l'amour; cette espèce de filtre esthétique qui s'interposait, sans rémission possible, entre l'artiste et le monde. La romancière avait mis beaucoup d'elle-même dans ce personnage, et sa sincérité était évidente. Malheureusement l'artiste, mis en quelque sorte à part du monde, n'éprouvant les choses que de manière double, ambiguë, et par conséquent moins violente, en devenait par là même un personnage moins intéressant. Foncièrement conservatrice, hostile à toute idée de répartition sociale des richesses, Agatha Christie avait pris, tout au long de sa carrière romanesque, des positions idéologiques très tranchées. Cet engagement théorique radical lui permettait, en pratique, de se montrer souvent assez cruelle dans la description de cette aristocratie anglaise dont elle défendait les privilèges. Lady Angkatell était un personnage burlesque, à la limite du vraisemblable, et parfois presque effrayant. La romancière était fascinée par sa créature, qui avait oublié jusqu'aux règles qui s'appliquent aux êtres humains ordinaires; elle devait s'être beaucoup amusée à écrire des phrases comme: «C'est tellement difficile de faire vraiment connaissance quand on a un meurtre à la maison»; mais ce n'était certainement pas à Lady Angkatell qu'allait sa sympathie. Elle traçait par contre un portrait chaleureux de Midge, obligée de travailler comme vendeuse dans la semaine pour gagner sa vie, et passant ses week-ends au milieu de gens qui n'avaient pas la moindre idée de ce que représentait un travail. Courageuse, active, Midge aimait Edward d'un amour sans espoir. Edward, lui, se considérait comme un raté: il n'avait jamais rien pu faire de sa vie, même pas devenir écrivain ; il rédigeait de petites chroniques emplies d'une ironie désenchantée dans d'obscures revues de bibliophiles. Il avait par trois fois proposé le mariage à Henrietta, sans succès. Henrietta avait été la maîtresse de John, elle admirait sa personnalité rayonnante, sa force; mais John était marié. Son assassinat bouleversait le subtil équilibre de désirs inassouvis qui reliait ces personnages: Edward comprenait enfin qu'Henrietta ne pourrait jamais vouloir de lui, qu'il n'était décidément pas à la hauteur de John; pour autant il ne parvenait pas à se rapprocher de Midge, et sa vie semblait définitivement gâchée. C'est à partir de ce moment que Le vallon devenait un livre émouvant, et étrange; on était comme devant des eaux profondes, et qui bougent. Dans la scène où Midge sauvait Edward du suicide, et où il lui proposait de l'épouser, Agatha Christie avait atteint quelque chose de très beau, une sorte d'émerveillement à la Dickens.

Elle le serra dans ses bras. Il lui sourit:

«Tu es si chaude, Midge… si chaude…»

Oui, pensa Midge, c'est ça, le désespoir. Quelque chose de glacial, un froid et une solitude infinis. Elle n'avait jamais compris jusqu'à présent que le désespoir était froid; elle l'avait toujours imaginé brûlant, véhément, violent. Mais non. Voilà ce que c'était, le désespoir: un abîme sans fond d'obscurité glacée, de solitude intolérable. Et le péché de désespoir, dont parlaient les prêtres, était un péché froid, qui consistait à se couper de tout contact humain, chaleureux et vivant.

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