Michel Houellebecq - Plateforme

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Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

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Après quelques minutes de marche dans les rues de Patong Beach, je me rendis compte que tout ce que le monde civilisé avait pu produire en fait de touristes se trouvait réuni là, sur les deux kilomètres du front de mer. En quelques dizaines de mètres je croisai des Japonais, des Italiens, des Allemands, des Américains, sans compter quelques Scandinaves et Sud-Américains riches. «On est tous pareils, on cherche tous le soleil», comme me le disait la fille de l'agence de voyages. Je me comportai en client exemplaire, de type moyen: je louai une chaise longue avec matelas incorporé, un parasol, je consommai quelques Sprite ; je fis trempette avec modération. Les vagues étaient douces. Je rentrai à l'hôtel vers cinq heures, moyennement satisfait de ma journée libre, mais cependant décidé à continuer. I was attached to a delusive existence. Il me restait les bars à hôtesses; avant de me diriger vers le quartier approprié, je flânai à la devanture des restaurants. Devant le Royal Savoey Seafood, j'aperçus un couple d'Américains qui fixaient un homard avec une attention exagérée. «Deux mammifères devant un crustacé», me dis-je. Un serveur les rejoignit, tout sourire, probablement pour vanter la fraîcheur du produit. «Ça fait trois», poursuivis-je machinalement. La foule se déversait continûment, composée de solitaires, de familles, de couples; tout cela donnait une grande impression d'innocence.

Parfois, lorsqu'ils ont beaucoup bu, les seniors allemands se réunissent en groupe et entonnent des chansons lentes, d'une tristesse infinie. Ceci amuse beaucoup les serveurs thaïs, qui les entourent en poussant de petits cris.

Emboîtant le pas à trois quinquagénaires bonhommes, qui échangeaient avec vigueur des: «Ach!» et des «Ja», je me retrouvai sans l'avoir cherché dans la rue des bars à hôtesses. Des jeunes filles en jupe courte rivalisaient de roucoulements pour m'entraîner vers le Blue Nights, le Naughty Girl, le Classroom, le Marilyn, le Venus… J'optai finalement pour le Naughty Girl. Il n'y avait pas encore grand monde: une dizaine d'Occidentaux, seuls à leur table – surtout des Anglais et des Américains jeunes, entre vingt-cinq et trente ans. Sur la piste de danse, une dizaine de filles ondulaient lentement sur une sorte de rythme disco-rétro. Les unes étaient en bikini blanc, les autres avaient enlevé leur haut de maillot pour ne garder que le string. Elles avaient toutes autour de vingt ans, elles avaient toutes une peau d'un brun doré, un corps excitant et souple. Un vieil Allemand était attablé à ma gauche devant une Carlsberg: ventre imposant, barbe blanche, lunettes, il ressemblait assez à un professeur d'université à la retraite. Il fixait les jeunes corps qui bougeaient devant ses yeux, complètement hypnotisé; son immobilité était si prononcée qu'à un moment je le crus mort.

Plusieurs machines à fumée entrèrent en action, la musique changea pour être remplacée par un slow polynésien. Les filles quittèrent la scène pour être remplacées par une dizaine d'autres, vêtues de colliers de fleurs à la hauteur de la poitrine et de la taille. Elles tournaient doucement sur elles-mêmes, les colliers de fleurs faisaient apparaître tantôt les seins, tantôt la naissance des fesses. Le vieil Allemand fixait toujours la scène; à un moment il enleva ses lunettes pour les essuyer, ses yeux étaient humides. Il était au paradis.

À proprement parler, les filles ne racolaient pas; mais on pouvait inviter l'une d'entre elles à prendre un verre, discuter un peu, éventuellement payer à l'établissement un bar fee de cinq cents bahts, et emmener la fille à l'hôtel après avoir négocié les prix. Pour la nuit complète, je crois que le tarif était de quatre ou cinq mille bahts – à peu près le salaire mensuel d'un ouvrier non qualifié en Thaflande; mais Phuket est une station chère. Le vieil Allemand fit un signe discret à l'une des filles qui attendait, toujours vêtue d'un string blanc, avant de remonter sur scène. Elle s'approcha aussitôt, s'installa familièrement entre ses cuisses. Ses jeunes seins ronds étaient à la hauteur du visage du vieillard, qui rougissait de plaisir. J'entendis qu'elle l'appelait: «Papa». Je payai ma tequila citron et sortis, un peu gêné; j'avais l'impression d'assister à une des dernières joies du vieil homme, c'était trop émouvant et trop intime.

Juste à côté du bar, je trouvai un restaurant de plein air où je m'assis pour manger une assiette de riz au crabe. Pratiquement toutes les tables étaient occupées par des couples composés d'un Occidental et d'une Thaïe – la plupart ressemblaient à des Californiens, à l'idée qu'on se fait des Californiens, en tout cas ils portaient des tongs. En réalité, il s'agissait peut-être d'Australiens – c'est facile à confondre; quoi qu'il en soit ils avaient l'air sains, sportifs et bien nourris. Ils étaient l'avenir du monde. C'est à ce moment, en voyant tous ces Anglo-Saxons jeunes, irréprochables et pleins d'avenir, que je compris à quel point le tourisme sexuel était l'avenir du monde. À la table voisine, deux Thaïes d'une trentaine d'années, aux formes généreuses, papotaient avec animation; elles faisaient face à deux jeunes Anglais aux crânes rasés, au look de bagnards postmodernes, qui avalaient difficilement leurs bières sans prononcer une parole. Un peu plus loin, deux gouines allemandes en salopette, assez boulottes, aux cheveux ras et rouges, s'étaient offert la compagnie d'une délicieuse adolescente aux longs cheveux noirs, au visage très pur, vêtue d'un sarong multicolore. Il y avait également deux Arabes isolés, à la nationalité indéfinissable – leur crâne était entouré de cette espèce de torchon de cuisine auquel on reconnaît Yasser Arafat dans ses apparitions télévisées. En résumé le monde riche ou demi-riche était là, il répondait présent à l'appel immuable et doux de la chatte asiatique. Le plus étrange était qu'on avait l'impression, au premier regard posé sur chaque couple, de savoir si, oui ou non, les choses allaient coller. Le plus souvent les filles s'ennuyaient, arboraient une mine boudeuse ou résignée, jetaient des regards de côté sur les autres tables. Mais certaines, le regard tourné vers leur compagnon dans une attitude d'attente amoureuse, restaient accrochées à leurs paroles, leur répondaient avec animation; on pouvait alors imaginer que les choses aillent plus loin, qu'il se développe une amitié ou même une relation plus durable: je savais que les cas de mariage n'étaient pas rares, en particulier avec les Allemands.

Pour ma part, je n'avais pas trop envie d'engager la conversation avec une fille dans un bar; trop axés sur la nature et le coût de la prestation sexuelle à venir, ces échanges sont en général décevants. Je préférais les salons de massage, où l'on commence par le sexe; parfois une intimité se développe, parfois non. Dans certains cas on envisage une prolongation à l'hôtel, et c'est là qu'on s'aperçoit que la fille n'en a pas toujours envie: parfois elle est divorcée, elle a des enfants à faire garder; c'est triste, et c'est bien. En terminant mon riz, je jetai les bases d'un film pornographique d'aventures intitulé Le salon de massage. Sirien, une jeune Thaïe du Nord, était tombée éperdument amoureuse de Bob, un étudiant américain qui avait échoué là par hasard après une soirée trop arrosée, entraîné par des compagnons de beuverie. Bob ne l'avait pas touchée, il s'était contenté de la regarder de ses beaux yeux bleu clair et de lui parler de son pays – la Caroline du Nord, ou quelque chose d'approchant. Ils se voyaient ensuite plusieurs fois en dehors du travail de Sirien, mais, malheureusement, Bob devait repartir pour achever sa dernière année d'études à l'université de Yale. Ellipse. Sirien attendait avec espoir tout en satisfaisant aux exigences de ses nombreux clients. Quoique pure dans son cœur, elle branlait et suçait avec ardeur des Français bedonnants et moustachus (second rôle pour Gérard Jugnot), des Allemands adipeux et chauves (second rôle pour un acteur allemand). Finalement Bob revenait, et tentait de la sortir de son enfer; mais la mafia chinoise ne l'entendait pas de cette oreille. Bob faisait intervenir l'ambassadeur des États-Unis et la présidente d'une association humanitaire opposée à la traite des jeunes filles (second rôle pour Jane Fonda). Compte tenu de la mafia chinoise (évocation des Triades) et de la complicité des généraux thaïs (dimension politique, appel aux valeurs de la démocratie), on pouvait s'attendre à des bagarres et des poursuites dans Bangkok. Au bout du compte, Bob l'emportait. Dans une scène quasi finale, Sirien faisait étalage de sa science sexuelle, pour la première fois avec sincérité. Toutes ces bites qu'elle avait sucées, humble employée de salon de massage, elle ne les avait sucées que dans l'attente et dans l'espérance de la bite de Bob, qui résumait toutes les autres – enfin, il faudrait voir au dialogue. Fondu enchaîné sur les deux fleuves (la Chao Phraya, le Delaware). Générique de fin. Pour l'exploitation européenne je prévoyais déjà une publicité particulière, un peu genre: «Vous avez aimé Le salon de musique ; vous adorerez Le salon de massage». Enfin c'était flou tout ça, pour l'instant je manquais de partenaires. Je me levai après avoir payé, marchai cent cinquante mètres en évitant différentes propositions et me retrouvai devant le Pussy Paradise. Je poussai la porte et entrai. Trois mètres devant moi je reconnus Robert et Lionel, attablés devant des Irish coffees. Dans le fond, derrière une vitre, une cinquantaine de filles étaient assises sur des gradins, avec leurs macarons numérotés. Un serveur s'approcha de moi avec rapidité. Tournant la tête Lionel m'aperçut, une expression de honte envahit son visage. Robert se retourna à son tour, m'invita d'un geste lent à les rejoindre. Lionel se mordait les lèvres, il ne savait plus où se mettre. Le serveur prit ma commande. «Je suis de droite… dit Robert sans raison apparente; mais attention…» Il agita l'index au-dessus de la table, comme pour me mettre en garde. Depuis le début du voyage, je l'avais noté, il s'imaginait que j'étais de gauche, et attendait l'occasion favorable pour entamer une conversation avec moi; je n'avais aucune intention de me laisser prendre à ce petit jeu. J'allumai une cigarette; il me toisa avec sévérité. «Le bonheur est chose délicate, prononça-t-il d'une voix sentencieuse; il est difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs.» Au bout de quelques secondes, il ajouta d'une voix sévère: «Chamfort ». Lionel le regardait avec admiration, il semblait complètement sous le charme. La phrase me paraissait discutable: en intervertissant «difficile» et «impossible », on se serait peut-être davantage rapproché de la réalité; mais je ne souhaitais pas poursuivre le dialogue, il me paraissait impératif de revenir à une situation touristique normale. En plus je commençais à avoir envie de la 47, une petite Thaïe très mince, même un peu maigre, mais avec des lèvres épaisses, et l'air gentille; elle portait une mini-jupe rouge et des bas noirs. Conscient de la dispersion de mon attention, Robert se retourna vers Lionel. «Je crois à la vérité, dit-il d'une voix basse; je crois à la vérité et au principe de la preuve.» Écoutant distraitement, j'appris avec surprise qu'il était agrégé de mathématiques, et que dans sa jeunesse il avait été l'auteur de travaux prometteurs sur les groupes de Lie. Je réagis vivement à l'information: il y avait donc certains domaines, certains secteurs de l'intelligence humaine où il avait été le premier à percevoir nettement la vérité, à en acquérir une certitude absolue, démontrable. «Oui… en convint-il presque à regret. Naturellement, tout cela a été redémontré dans un cadre plus général.» Il avait ensuite enseigné, en particulier dans des classes préparatoires; c'est sans plaisir qu'il avait consacré les années de son âge mûr à faire bachoter des jeunes cons dont l'obsession était d'intégrer Polytechnique ou Centrale – et encore, pour les plus doués d'entre eux. «De toute façon, ajouta-t-il, je n'avais pas l'étoffe d'un mathématicien créateur. C'est donné à très peu.» Vers la fin des années 70, il avait participé à une commission ministérielle sur la réforme de l'enseignement des mathématiques – une belle connerie, de son propre aveu. Aujourd'hui, il avait cinquante-trois ans; ayant pris sa retraite depuis trois ans, il se consacrait au tourisme sexuel. Il avait été marié trois fois. «Je suis raciste… dit-il gaiement. Je suis devenu raciste… Un des premiers effets du voyage, ajouta-t-il, consiste à renforcer ou à créer les préjugés raciaux; car comment imaginerait-on les autres avant de les connaître? Comme identiques à soi, cela va sans dire; ce n'est que peu à peu qu'on prend conscience que la réalité est légèrement différente. Quand il le peut, l'Occidental travaille ; souvent son travail l'ennuie ou l'exaspère, mais il feint de s'y intéresser: on observe cela. À l'âge de cinquante ans, las de l'enseignement, des mathématiques et de toutes choses, je décidai de découvrir le monde. Je venais de divorcer pour la troisième fois; sur le plan sexuel, je n'avais pas d'attente particulière. Mon premier voyage fut pour la Thaïlande; tout de suite après, je suis parti à Madagascar. Depuis, je n'ai plus jamais baisé avec une Blanche; je n'en ai même plus jamais éprouvé le désir. Croyez-moi, ajouta-t-il en posant une main ferme sur l'avant-bras de Lionel, la bonne chatte douce, docile, souple et musclée, vous ne la trouverez plus chez une Blanche; tout cela a complètement disparu.» La 47 s'aperçut que je la fixais avec insistance; elle me sourit et croisa les jambes très haut, découvrant un porte-jarretelles écarlate. Robert continuait d'exposer ses conceptions. «À l'époque où les Blancs se considéraient comme supérieurs, dit-il, le racisme n'était pas dangereux. Pour les colons, les missionnaires, les instituteurs laïques du xix esiècle, le nègre était un gros animal pas très méchant, aux coutumes distrayantes, une sorte de singe un peu plus évolué. Dans le pire des cas on le considérait comme une bête de somme utile, déjà capable d'effectuer des tâches complexes; dans le meilleur des cas comme une âme fruste, mal dégrossie, mais capable par l'éducation de s'élever jusqu'à Dieu – ou jusqu'à la raison occidentale. De toute façon on voyait en lui un «frère inférieur», et pour un inférieur on n'éprouve pas de haine, tout au plus une bonhomie méprisante. Ce racisme bienveillant, presque humaniste, a complètement disparu. À partir du moment où les Blancs se sont mis à considérer les Noirs comme des égaux, il était clair qu'ils en viendraient tôt ou tard à les considérer comme supérieurs. La notion d'égalité n'a nul fondement chez l'homme», continua-t-il en dressant à nouveau l'index. Je crus un moment qu'il allait citer ses sources – La Rochefoucauld, ou je ne sais qui – mais finalement non. Lionel plissa le front. «Les Blancs se considérant eux-mêmes comme inférieurs, poursuivit Robert, soucieux d'être compris, tout est prêt pour l'apparition d'un racisme de type nouveau, basé sur le masochisme: historiquement, c'est dans ces conditions qu'on en arrive à la violence, à la guerre interraciale et au massacre. Tous les antisémites, par exemple, s'accordent à attribuer aux Juifs une supériorité d'un certain ordre: si vous lisez les écrits antisémites de l'époque, vous serez frappé par le fait que le Juif est considéré comme plus intelligent, plus malin, qu'on lui prête des qualités spéciales dans le domaine de la finance – et, par ailleurs, de la solidarité communautaire. Résultat: six millions de morts.»

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