Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte

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Extension du domaine de la lutte: краткое содержание, описание и аннотация

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Des personnages luttent en quête d'amour, d'argent… Cette idée, Michel Houellebecq nous la transmet via une oeuvre amère : un homme dénué de toute ambition, cumulant les déceptions, qui risque de sombrer peu à peu dans la dépression.

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Chez moi, il fait froid. Je me souviens que plus tôt dans la soirée, juste avant de partir, j'ai cassé une vitre d'un coup de poing. Pourtant, bizarrement, ma main est intacte; aucune coupure.

Je me couche quand même, et je dors. Les cauchemars n'arriveront que plus tard dans la nuit. D'abord pas reconnaissables en tant que cauchemars; même plutôt agréables.

Je plane au-dessus de la cathédrale de Chartres. J'ai une vision mystique au sujet de la cathédrale de Chartres. Elle semble contenir et représenter un secret – un secret ultime. Pendant ce temps des groupes de religieuses se forment dans les jardins, près des entrées latérales. Elles accueillent des vieillards et même des agonisants, leur expliquant que je vais dévoiler un secret.

Cependant, je marche dans les couloirs d'un hôpital. Un homme m'a donné rendez-vous, mais il n'est pas là. Je dois attendre un moment dans un hangar frigorifique, puis j'accède à un nouveau couloir. Il n'est toujours pas là, celui qui pourrait me faire sortir de l'hôpital. Alors, j'assiste à une exposition. C'est Patrick Leroy, du ministère de l'Agriculture, qui a tout organisé. Il a découpé des têtes de personnages dans des journaux illustrés, il les a recollées sur des peintures quelconques (représentant, par exemple, la flore du Trias), et il vend ses petites figurines très cher. J'ai l'impression qu'il veut que je lui en achète une; il a l'air content de lui et presque menaçant.

Puis, à nouveau, je survole la cathédrale de Chartres. Le froid est extrême. Je suis absolument seul. Mes ailes me portent bien.

Je m'approche des tours, mais je ne reconnais plus rien. Ces tours sont immenses, noires, maléfiques, elles sont faites de marbre noir qui renvoie des éclats durs, le marbre est incrusté de figurines violemment coloriées où éclatent les horreurs de la vie organique.

Je tombe, je tombe entre les tours. Mon visage qui va se fracasser se recouvre de lignes de sang qui marquent précisément les endroits de la rupture. Mon nez est un trou béant par lequel suppure la matière organique.

Et maintenant je suis dans la plaine champenoise, déserte. Il y a de petits flocons de neige qui volent de part et d'autre, avec des feuilles d'un journal illustré, imprimé en gros caractères agressifs. Le journal doit dater de 1900.

Suis-je reporter ou journaliste? Il semblerait, car le style des articles m'est familier. Ils sont écrits sur ce ton de complainte cruelle cher aux anarchistes et aux surréalistes.

Octavie Léoncet, quatre-vingt-douze ans, a été retrouvée assassinée dans sa grange. Une petite ferme dans les Vosges. Sa sœur, Léontine Léoncet, quatre-vingt-sept ans, se fait un plaisir de montrer le cadavre aux journalistes. Les armes du crime sont là, bien visibles: une scie à bois et un vilebrequin. Tout cela taché de sang, bien sûr.

Et les crimes se multiplient. Toujours de vieilles femmes isolées dans leurs fermes. À chaque fois l'assassin, jeune et insaisissable, laisse ses outils de travail en évidence: parfois un burin, parfois une paire de sécateurs, parfois simplement une scie égoïne.

Et tout cela est magique, aventureux, libertaire.

Je me réveille. Il fait froid. Je replonge.

À chaque fois, devant ces outils tachés de sang, je ressens au détail près les souffrances de la victime. Bientôt, je suis en érection. Il y a des ciseaux sur la table près de mon lit. L'idée s'impose: trancher mon sexe. Je m'imagine la paire de ciseaux à la main, la brève résistance des chairs, et soudain le moignon sanguinolent, l'évanouissement probable.

Le moignon, sur la moquette. Collé de sang.

Vers onze heures, je me réveille à nouveau. J'ai deux paires de ciseaux, une dans chaque pièce. Je les regroupe et je les place sous quelques livres. C'est un effort de la volonté, probablement insuffisant. L'envie persiste, grandit et se transforme. Cette fois mon projet est de prendre une paire de ciseaux, de les planter dans mes yeux et d'arracher. Plus précisément dans l'œil gauche, à un endroit que je connais bien, là où il apparaît si creux dans l'orbite.

Et puis je prends des calmants, et tout s'arrange. Tout s'arrange.

V Vénus et Mars

À l'issue de cette nuit je crus bon de reconsidérer la proposition du docteur Népote, concernant le séjour en maison de repos. Il m'en félicita avec chaleur. Selon lui, je prenais ainsi le droit chemin vers un plein rétablissement. Le fait que l'initiative vienne de moi était hautement favorable; je commençais à prendre en charge mon propre processus de guérison. C'était bien; c'était même très bien.

Je me présentai donc à Rueil-Malmaison, muni de sa lettre introductive. Il y avait un parc, et les repas étaient pris en commun. À vrai dire, dans un premier temps, toute ingestion d'aliments solides me fut impossible; je les vomissais aussitôt, avec des hoquets douloureux; j'avais l'impression que mes dents allaient partir avec. Il fallut recourir aux perfusions.

D'origine colombienne, le médecin-chef me fut d'un faible secours. J'exposais, avec l'imperturbable sérieux des névrosés, des arguments péremptoires contre ma survie; le moindre d'entre eux me paraissait susceptible d'entraîner un suicide immédiat. Il semblait écouter; du moins il se taisait; tout au plus étouffait-il parfois un léger bâillement. Ce n'est qu'au bout de plusieurs semaines que la vérité se fit jour à mes yeux: je parlais bas; il n'avait de la langue française qu'une connaissance très approximative; en réalité, il ne comprenait pas un mot à mes histoires.

Un peu plus âgée, d'origine sociale plus modeste, la psychologue qui l'assistait m'apporta au contraire une aide précieuse. Il est vrai qu'elle préparait une thèse sur l'angoisse, et bien entendu elle avait besoin d'éléments. Elle utilisait un magnétophone Radiola; elle me demandait l'autorisation de le mettre en route. Naturellement, j'acceptais. J'aimais bien ses mains crevassées, ses ongles rongés, quand elle appuyait sur la touche Record. Pourtant j'ai toujours détesté les étudiantes en psychologie: des petites salopes, voilà ce que j'en pense. Mais cette femme plus âgée, qu'on imaginait plongée dans une lessiveuse, le visage entouré d'un turban, m'inspirait presque confiance.

Nos relations, pourtant, ne furent pas d'emblée faciles. Elle me reprochait de parler en termes trop généraux, trop sociologiques. Selon elle, ce n'était pas intéressant: je devais au contraire m'impliquer, essayer de me " recentrer sur moi-même ".

" Mais j'en ai un peu assez, de moi-même… objectais-je.

– En tant que psychologue je ne peux accepter un tel discours, ni le favoriser en aucune manière. En dissertant sur la société vous établissez une barrière derrière laquelle vous vous protégez; c'est cette barrière qu'il m'appartient de détruire pour que nous puissions travailler sur vos problèmes personnels. "

Ce dialogue de sourds se poursuivit pendant un peu plus de deux mois. Je crois au fond qu'elle m'aimait bien. Je me souviens d'un matin, c'était déjà le début du printemps; par la fenêtre on voyait les oiseaux sautiller sur la pelouse. Elle avait l'air fraîche, détendue. Il y eut d'abord une brève conversation sur mes doses de médicaments; et puis d'une manière directe, spontanée, très inattendue, elle me demanda: " Au fond, pourquoi est-ce que vous êtes si malheureux? " Tout cela était assez inhabituel; cette franchise. Et je fis, moi aussi, quelque chose d'inhabituel: je lui tendis un petit texte que j'avais écrit la nuit précédente pour meubler mon insomnie.

" Je préférerais vous entendre… dit-elle.

– Lisez quand même. "

Elle était décidément de bonne humeur; elle prit la feuille que je lui tendais, et lut les phrases suivantes:

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