Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte
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En revenant, je vis que Tisserand avait engagé la conversation avec la pseudo-Véronique; elle le regardait avec calme et sans dégoût. Cette jeune fille était une merveille, j'en avais la certitude intime; mais ce n'était pas grave, j'étais masturbé. Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d'amour; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage; mais cela n'était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l'amour ne peut s'épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté de mœurs qui caractérise l'époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d'amants; un tel mode de vie appauvrit l'être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L'amour comme innocence et comme capacité d'illusion, comme aptitude à résumer l'ensemble de l'autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l'adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d'ordre sentimental et romanesque; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d'amour qu'un vieux torchon. Et on mène ensuite, évidemment, une vie de torchon; en vieillissant on devient moins séduisant, et de ce fait amer. On jalouse les jeunes, et de ce fait on les hait. Cette haine, condamnée à rester inavouable, s'envenime et devient de plus en plus ardente; puis elle s'amortit et s'éteint, comme tout s'éteint. Il ne reste plus que l'amertume et le dégoût, la maladie et l'attente de la mort.
Au bar, j'ai réussi à négocier avec le garçon une bouteille de bourbon pour sept cents francs. En me retournant, j'ai heurté un jeune électricien de deux mètres. Il m'a dit: " Ho! ça a pas l'air d'aller " d'un ton plutôt amical; j'ai répondu: " Le doux miel de l'humaine tendresse… " en le regardant par en dessous. Dans la glace, j'ai aperçu mon visage; il était traversé par un rictus nettement déplaisant. L'électricien a secoué la tête avec résignation; j'ai entamé la traversée de la piste de danse, ma bouteille à la main; juste avant d'arriver à destination j'ai trébuché dans une caissière et je me suis affalé. Personne ne m'a relevé. Je voyais les jambes des danseurs qui s'agitaient audessus de moi; j'avais envie de les trancher à la hache. Les éclairages étaient d'une violence insoutenable; j'étais en enfer.
Un groupe de garçons et de filles s'était assis à notre table; sans doute des camarades de classe de la pseudo-Véronique. Tisserand ne lâchait pas prise, mais il commençait à être un peu dépassé; il se laissait progressivement évincer du champ de la conversation, la chose n'était que trop visible; et quand un des garçons proposa de payer une tournée au bar il était déjà implicitement exclu. Il esquissa pourtant le geste de se lever, il tenta de capter le regard de la pseudo-Véronique; en vain. Se ravisant, il se laissa brutalement retomber sur la banquette; complètement tassé sur lui-même, il ne se rendait même plus compte de ma présence; je me suis resservi un verre.
L'immobilité de Tisserand dura un peu plus d'une minute; puis un sursaut se produisit, sans doute imputable à ce qu'il est convenu d'appeler " l'énergie du désespoir ". Se relevant brutalement, il me frôla presque en se dirigeant vers la piste de danse; son visage était souriant et déterminé; il était toujours aussi laid, cependant.
Sans hésiter, il se planta devant une minette de quinze ans, blonde et très sexy. Elle portait une robe courte et très mince, d'un blanc immaculé; la transpiration l'avait plaquée contre son corps, et visiblement elle n'avait rien en dessous; ses petites fesses rondes étaient moulées avec une précision parfaite; on distinguait nettement, tendues par l'excitation, les aréoles brunes de ses seins; le disc-jockey venait d'annoncer un quart d'heure rétro.
Tisserand l'invita à danser un rock; un peu prise de court, elle accepta. Dès les premières mesures de Come on everybody, je sentis qu'il commençait à déraper. Il balançait la fille avec brutalité, sans desserrer les dents, l'air mauvais; chaque fois qu'il la ramenait vers lui il en profitait pour lui plaquer la main sur les fesses. Aussitôt les dernières notes jouées, la minette se précipita vers un groupe de filles de son âge. Tisserand restait au milieu de la piste, l'air buté; il bavait légèrement. La fille le désignait en parlant à ses copines; elles pouffaient de rire en le regardant.
À ce moment, la pseudo-Véronique revint du bar avec son groupe d'amis; elle était en grande conversation avec un jeune Noir, ou plutôt un métis. Il était un peu plus âgé qu'elle; j'estimai qu'il pouvait avoir vingt ans. Ils vinrent s'asseoir près de notre table; au passage, je fis à la pseudo-Véronique un petit signe de main amical. Elle me regarda avec surprise, mais ne réagit pas.
Après le deuxième rock, le disc-jockey enchaîna un slow. C'était Le Sud, de Nino Ferrer; un slow magnifique, il faut en convenir. Le métis toucha légèrement l'épaule de la pseudo-Véronique; d'un commun accord, ils se levèrent. À ce moment, Tisserand se retourna et lui fit face. Il ouvrit les mains, il ouvrit la bouche, mais je ne crois pas qu'il ait eu le temps de parler. Le métis l'écarta calmement, avec douceur, et en quelques secondes ils furent sur la piste de danse.
Ils formaient un couple magnifique. La pseudo-Véronique était assez grande, peut-être un mètre soixante-dix, mais il la dépassait d'une tête. Elle blottit son corps, avec confiance, dans celui du type. Tisserand se rassit à mes côtés; il tremblait de tous ses membres. Il regardait le couple, hypnotisé. J'attendis environ une minute; ce slow, je m'en souvenais, était interminable. Puis je lui secouai doucement l'épaule en répétant: " Raphaël… "
" Qu'est-ce que je peux faire? demanda-t-il.
– Va te branler.
– Tu crois que c'est foutu?
– Bien entendu. C'est foutu depuis longtemps, depuis l'origine. Tu ne représenteras jamais, Raphaël, un rêve érotique de jeune fille. Il faut en prendre ton parti; de telles choses ne sont pas pour toi. De toute façon, il est déjà trop tard. L'insuccès sexuel, Raphaël, que tu as connu depuis ton adolescence, la frustration qui te poursuit depuis l'âge de treize ans laisseront en toi une trace ineffaçable. À supposer même que tu puisses dorénavant avoir des femmes – ce que, très franchement, je ne crois pas – cela ne suffira pas; plus rien ne suffira jamais. Tu resteras toujours orphelin de ces amours adolescentes que tu n'as pas connues. En toi, la blessure est déjà douloureuse; elle le deviendra de plus en plus. Une amertume atroce, sans rémission, finira par emplir ton cœur. Il n'y aura pour toi ni rédemption, ni délivrance. C'est ainsi. Mais cela ne veut pas dire, pour autant, que toute possibilité de revanche te soit interdite. Ces femmes que tu désires tant tu peux, toi aussi, les posséder. Tu peux même posséder ce qu'il y a de plus précieux en elles. Qu'y a-t-il, Raphaël, de plus précieux en elles?
– Leur beauté?… hasarda-t-il.
– Ce n'est pas leur beauté, sur ce point je te détrompe; ce n'est pas davantage leur vagin, ni même leur amour; car tout cela disparaît avec la vie. Et tu peux, dès à présent, posséder leur vie. Lance-toi dès ce soir dans la carrière du meurtre; crois-moi, mon ami, c'est la seule chance qu'il te reste. Lorsque tu sentiras ces femmes trembler au bout de ton couteau, et supplier pour leur jeunesse, là tu seras vraiment le maître; là tu les posséderas, corps et âme. Peut-être même pourras-tu, avant leur sacrifice, obtenir d'elles quelques savoureuses gâteries; un couteau, Raphaël, est un allié considérable. "
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