Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte
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La gare de Lyon était pratiquement en état de siège; des patrouilles de CRS découpaient des zones dans le hall d'entrée et circulaient le long des voies; on disait que des commandos de grévistes " durs " avaient décidé d'empêcher tous les départs. Cependant le train s'est avéré presque vide, et le voyage tout à fait paisible.
À Lyon-Perrache, un impressionnant déploiement d'autocars s'organisait en direction de Morzine, La Clusaz, Courchevel, Val-d'Isère… Pour l'Ardèche, rien de semblable. J'ai pris un taxi pour la Part-Dieu, où j'ai passé un quart d'heure fastidieux à feuilleter un affichage électronique déréglé pour finalement découvrir qu'un car partait le lendemain à six heures quarantecinq pour Aubenas; il était minuit et demi. J'ai décidé de passer ces quelques heures dans la gare routière de Lyon Part-Dieu; j'ai probablement eu tort. Au-dessus de la gare routière proprement dite s'étage une structure hypermoderne de verre et d'acier, à quatre ou cinq niveaux, reliés par des escalators nickelés qui se déclenchent à la moindre approche; rien que des magasins de luxe (parfumerie, haute couture, gadgets…) aux vitrines absurdement agressives; rien qui vende quoi que ce soit d'utile. Un peu partout des moniteurs vidéo qui diffusent des clips et de la pub; et, bien entendu, un fond sonore permanent composé des derniers tubes du Top 50. Le bâtiment, la nuit, est envahi par une bande de zonards et de semi-clochards. Des créatures crasseuses et méchantes, brutales, parfaitement stupides, qui vivent dans le sang, la haine et leurs propres excréments. Ils s'agglutinent là, dans la nuit, comme de grosses mouches à merde, autour des vitrines de luxe désertes. Ils vont par bandes, la solitude dans ce milieu étant quasiment fatale. Ils restent devant les moniteurs vidéo, absorbant sans réaction les images de pub. Parfois ils se querellent, sortent leurs couteaux. De temps en temps on en retrouve un mort le matin, égorgé par ses congénères.
Toute la nuit, j'ai erré entre les créatures. Je n'avais absolument pas peur. Un peu par provocation j'ai même ostensiblement retiré, dans un distributeur de billets, tout ce qui restait d'argent sur ma carte bleue. Mille quatre cents francs en liquide. Une jolie proie. Ils m'ont regardé, ils m'ont longuement regardé, mais aucun n'a tenté de me parler, ni même de m'approcher à moins de trois mètres.
Vers six heures du matin, j'ai renoncé à mon projet; j'ai repris un TGV dans l'après-midi.
La nuit du 31 décembre sera difficile. Je sens des choses qui se brisent en moi, comme des parois de verre qui éclatent. Je marche de part et d'autre en proie à la fureur, au besoin d'agir, mais je ne peux rien faire car toutes les tentatives me paraissent ratées d'avance. Échec, partout l'échec. Seul le suicide miroite au-dessus, inaccessible.
Vers minuit, je ressens comme une bifurcation sourde; quelque chose de douloureux et d'interne se produit. Je n'y comprends plus rien.
Nette amélioration le 1er janvier. Mon état se rapproche de l'hébétude; ce n'est pas si mal.
Dans l'après-midi, je prends rendez-vous avec un psychiatre. Il y a un système de rendez-vous psychiatriques urgents par Minitel: vous tapez votre créneau horaire, ils vous fournissent le praticien. Très pratique.
Le mien s'appelle le docteur Népote. Il habite dans le sixième arrondissement; comme beaucoup de psychiatres, j'ai l'impression. J'arrive chez lui à 19 h 30. L 'individu a une tête de psychiatre à un point hallucinant. Sa bibliothèque est impeccablement rangée, il n'y a ni masque africain ni édition originale de Sexus; ce n'est donc pas un psychanalyste. Par contre, il semble abonné à Synapse. Tout cela me paraît d'excellent augure.
L'épisode du voyage manqué dans l'Ardèche semble l'intéresser. En creusant un peu, il réussit à me faire avouer que mes parents étaient d'origine ardéchoise. Le voilà lancé sur une piste: d'après lui, je suis en quête de " repères d'identité ". Tous mes déplacements, généralise-t-il avec audace, sont autant de " quêtes d'identité ". C'est possible; j'en doute un peu, cependant. Mes déplacements professionnels, par exemple, me sont à l'évidence imposés. Mais je ne veux pas discuter. Il a une théorie, c'est bien. C'est toujours mieux d'avoir une théorie, au bout du compte.
Bizarrement, ensuite, il m'interroge sur mon travail. Je ne comprends pas; je n'arrive pas à accorder une réelle importance à sa question. L'enjeu, très évidemment, n'est pas là.
Il précise sa pensée en me parlant des " possibilités de rapports sociaux " offertes par le travail. J'éclate de rire, à sa légère surprise. Il me redonne rendez-vous pour lundi.
Le lendemain, je téléphone à mon entreprise pour annoncer que j'ai une " petite rechute ". Ils ont l'air de s'en foutre pas mal.
Week-end sans histoires; je dors beaucoup. Ça m'étonne d'avoir seulement trente ans; je me sens beaucoup plus vieux.
III
Le premier incident, le lundi suivant, se produisit vers quatorze heures. J'ai vu arriver le type d'assez loin, je me suis senti un peu triste. C'était quelqu'un que j'aimais bien, un type gentil, assez malheureux. Je savais qu'il était divorcé, qu'il vivait seul avec sa fille, depuis longtemps déjà. Je savais aussi qu'il buvait un peu trop. Je n'avais aucune envie de le mêler à tout ça.
Il s'est approché de moi, m'a dit bonjour et m'a demandé un renseignement sur un logiciel qu'apparemment je devais connaître. J'ai éclaté en sanglots. Il a aussitôt battu en retraite, interloqué, un peu effaré; il s'est même excusé, je crois. Il n'avait vraiment pas besoin de s'excuser, le pauvre.
J'aurais évidemment dû partir dès ce moment; nous étions seuls dans le bureau, il n'y avait pas eu de témoins, tout cela pouvait encore s'arranger de manière relativement décente.
Le second incident se produisit environ une heure plus tard. Cette fois, le bureau était plein de monde. Une fille est entrée, a jeté un regard désapprobateur sur l'assemblée et a finalement choisi de s'adresser à moi pour me dire que je fumais trop, que c'était insupportable, que je n'avais décidément aucun égard pour les autres. J'ai répliqué par une paire de claques. Elle m'a regardé, un peu interloquée elle aussi. Évidemment, elle n'était pas habituée; je me doutais bien qu'elle n'avait pas dû recevoir suffisamment de claques dans sa jeunesse. Un instant je me suis demandé si elle n'allait pas me gifler en retour; je savais que, si elle le faisait, j'éclaterais aussitôt en sanglots.
Un temps se passe, puis elle dit: " Ben… ", sa mâchoire inférieure bêtement pendante. Tout le monde est tourné vers nous, maintenant. Un grand silence s'est installé dans le bureau. Je me retourne, je lance à la cantonade, d'une voix forte: " J'ai rendez-vous avec un psychiatre! " et je sors. Mort d'un cadre.
C'est d'ailleurs vrai, j'ai rendez-vous avec le psychiatre, mais il me reste un peu plus de trois heures à attendre. Je les passerai dans un fast-food, à déchiqueter l'emballage carton de mon hamburger. Sans réelle méthode, si bien que le résultat s'est avéré décevant. Un déchiquetage pur et simple.
Une fois que j'ai raconté mes petites fantaisies au praticien, il me met en arrêt de travail pour une semaine. Il me demande même si je n'ai pas envie de faire un bref séjour en maison de repos. Je réponds que non, car j'ai peur des fous.
Une semaine plus tard, je retourne le voir. Je n'ai pas grandchose à dire; je prononce quelques phrases, cependant. Lisant à l'envers sur son carnet à spirales, je vois qu'il note: " Ralentissement idéatoire ". Ah ah. D'après lui, je serais donc en train de me transformer en imbécile. C'est une hypothèse.
De temps en temps il jette un regard sur son bracelet-montre (cuir fauve, cadran rectangulaire et doré); je n'ai pas l'impression de l'intéresser énormément. Je me demande s'il a un revolver dans son tiroir, pour les sujets en état de crise violente. Au bout d'une demi-heure il prononce quelques phrases de portée générale sur les périodes de passage à vide, prolonge mon arrêt de travail et augmente mes doses de médicaments. Il me révèle également que mon état a un nom: c'est une dépression. Officiellement, donc, je suis en dépression. La formule me paraît heureuse. Non que je me sente très bas; c'est plutôt le monde autour de moi qui me paraît haut.
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