Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte

Здесь есть возможность читать онлайн «Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Extension du domaine de la lutte: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Extension du domaine de la lutte»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Des personnages luttent en quête d'amour, d'argent… Cette idée, Michel Houellebecq nous la transmet via une oeuvre amère : un homme dénué de toute ambition, cumulant les déceptions, qui risque de sombrer peu à peu dans la dépression.

Extension du domaine de la lutte — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Extension du domaine de la lutte», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Le lendemain matin, je retourne à mon bureau; c'est mon chef de service qui a souhaité me voir pour " faire le point ". Comme je m'y attendais, il est revenu extrêmement bronzé de son séjour à Val d'Isère; mais je distingue quelques fines rides au coin de ses yeux; il est un peu moins beau que dans mon souvenir. Je ne sais pas, je suis déçu.

D'emblée, je l'informe que je suis en dépression; il accuse le coup, puis se reprend. Ensuite l'entretien ronronne agréablement pendant une demi-heure, mais je sais que dorénavant s'est élevé entre nous comme un mur invisible. Il ne me considérera plus jamais comme un égal, ni comme un successeur possible; à ses yeux, je n'existe même plus vraiment; je suis déchu. De toute façon je sais qu'ils vont me renvoyer, dès que mes deux mois légaux d'arrêt maladie seront épuisés; c'est ce qu'ils font toujours, en cas de dépression; j'ai eu des exemples.

Dans le cadre de ces contraintes il se comporte assez bien, il me cherche des excuses. À un moment, il émet:

" Dans ce métier, nous sommes parfois soumis à des pressions terribles…

– Oh, pas tellement ", réponds-je.

Il sursaute comme s'il se réveillait, met fin à la conversation. Il fera l'ultime effort de me raccompagner jusqu'à la porte, mais en maintenant une distance de sécurité de deux mètres, comme s'il craignait que tout à coup je lui vomisse dessus. " Eh bien reposez-vous, prenez le temps qu'il faudra ", conclut-il.

Je sors. Me voici un homme libre.

IV La confession de Jean-Pierre Buvet

Les semaines suivantes m'ont laissé le souvenir d'un effondrement lent, entrecoupé de phases cruelles. À part le psychiatre, je ne voyais personne; la nuit tombée, je sortais racheter des cigarettes et du pain de mie. Un samedi soir, cependant, je reçus un coup de téléphone de Jean-Pierre Buvet; il semblait tendu.

" Alors? Toujours curé? dis-je pour dégeler l'atmosphère.

– Il faudrait que je te voie.

– Oui, on pourrait se voir…

– Maintenant, si tu peux. "

Je n'avais jamais mis les pieds chez lui; je savais juste qu'il habitait Vitry. L'HLM, du reste, était bien tenue. Deux jeunes Arabes m'ont suivi du regard, l'un d'eux a craché par terre à mon passage. Au moins il ne m'avait pas craché à la gueule.

L'appartement était payé sur les fonds du diocèse, quelque chose de ce genre. Effondré devant son téléviseur, Buvet suivait Sacrée soirée d'un œil morne. Apparemment, il avait descendu pas mal de bières en m'attendant.

" Eh bien? eh bien? fis-je avec bonhomie.

– Je t'avais dit que Vitry n'est pas une paroisse facile; c'est encore pire que ce que tu peux imaginer. Depuis mon arrivée j'ai essayé de monter des groupes de jeunes; aucun jeune n'est venu, jamais. Cela fait trois mois que je n'ai pas célébré un baptême. À la messe, je n'ai jamais réussi à dépasser cinq personnes: quatre Africaines et une vieille Bretonne; je crois qu'elle avait quatre-vingt-deux ans; c'était une ancienne employée des chemins de fer. Elle était veuve depuis déjà longtemps; ses enfants ne venaient plus la voir, elle n'avait plus leur adresse. Un dimanche, je ne l'ai pas vue à la messe. Je suis passé chez elle, elle habite une ZUP, par là… (il fit un geste vague, sa canette de bière à la main, aspergeant la moquette de quelques gouttes). Ses voisins m'ont appris qu'elle venait de se faire agresser; on l'avait transportée à l'hôpital, mais elle n'avait que des fractures légères. Je lui ai rendu visite: ses fractures mettraient du temps à se ressouder, bien sûr, mais il n'y avait aucun danger. Une semaine plus tard, quand je suis revenu, elle était morte. J'ai demandé des explications, les médecins ont refusé de m'en donner. Ils l'avaient déjà incinérée; personne de la famille ne s'était déplacé. Je suis sûr qu'elle aurait souhaité un enterrement religieux; elle ne me l'avait pas dit, elle ne parlait jamais de la mort; mais je suis sûr que c'est ce qu'elle aurait souhaité. "

Il but une gorgée, puis continua:

" Trois jours plus tard, j'ai reçu la visite de Patricia. "

Il marqua une pause significative. Je jetai un regard sur l'écran télé, dont le son était coupé; une chanteuse en string lamé noir semblait entourée de pythons, voire d'anacondas. Puis je reportai mon regard sur Buvet en essayant d'émettre une grimace de sympathie. Il reprit:

" Elle souhaitait se confesser, mais elle ne savait pas comment faire, elle ne connaissait pas la procédure. Patricia était infirmière dans le service où l'on avait transporté la vieille; elle avait entendu les médecins parler entre eux. Ils n'avaient pas envie de la laisser occuper un lit pendant les mois nécessaires à son rétablissement; ils disaient que c'était une charge inutile. Alors ils ont décidé de lui administrer un cocktail lytique; c'est un mélange de tranquillisants fortement dosés qui procure une mort rapide et douce. Ils en ont discuté deux minutes, pas plus; puis le chef de service est venu demander à Patricia d'effectuer l'injection. Elle l'a fait, la nuit même. C'est la première fois qu'elle pratiquait une euthanasie; mais cela arrive fréquemment à ses collègues. Elle est morte très vite, dans son sommeil. Depuis, Patricia n'arrivait plus à dormir; elle rêvait de la vieille.

– Qu'est-ce que tu as fait?

– Je suis allé à l'archevêché; ils étaient au courant. Dans cet hôpital, apparemment, on pratique beaucoup d'euthanasies. Il n'y a jamais eu de plaintes; de toute façon, jusqu'à présent, tous les procès se sont terminés par des acquittements. "

Il se tut, finit sa bière d'un trait, décapsula une nouvelle bouteille; puis, assez courageusement, il se lança:

" Pendant un mois, j'ai revu Patricia pratiquement toutes les nuits. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Depuis le séminaire, je n'avais pas eu de tentations. Elle était tellement gentille, tellement naïve. Elle ne connaissait rien aux choses de la religion, elle était très curieuse de tout ça. Elle ne comprenait pas pourquoi les prêtres n'avaient pas le droit de faire l'amour; elle se demandait s'ils avaient une vie sexuelle, s'ils se masturbaient. Je répondais à toutes ses questions, je n'éprouvais aucune gêne. Je priais beaucoup pendant cette période, je relisais constamment les Évangiles; je n'avais pas l'impression de faire quoi que ce soit de mal; je sentais que le Christ me comprenait, qu'il était avec moi. "

Il se tut à nouveau. Sur l'écran télé, il y avait maintenant une publicité pour la Renault Clio; la voiture semblait très logeable.

" Lundi dernier, Patricia m'a annoncé qu'elle avait rencontré un autre garçon. Dans une discothèque, le Métropolis. Elle m'a dit qu'on ne se reverrait plus, mais qu'elle était contente de m'avoir connu; elle aimait bien changer de garçon; elle n'avait que vingt ans. Au fond elle m'aimait bien, sans plus; c'était surtout l'idée de coucher avec un curé qui l'excitait, qu'elle trouvait marrante; mais elle ne dirait rien à personne, c'était promis. "

Cette fois, le silence dura deux bonnes minutes. Je me demandais ce qu'un psychologue aurait dit à ma place; probablement rien. Finalement, une idée saugrenue me vint:

" Tu devrais te confesser.

– Demain, il va falloir que je dise la messe. Je ne vais pas y arriver. Je ne pense pas pouvoir y arriver. Je ne sens plus la présence.

– Quelle présence? "

Ensuite, nous n'avons pas dit grand-chose. De temps en temps je prononçais des phrases du genre: " Allons, allons… "; il continuait, assez régulièrement, à descendre des bières. À l'évidence, je ne pouvais rien pour lui. Finalement, j'ai appelé un taxi.

Au moment où je franchis le seuil, il me dit: " Au revoir… " Je n'y crois pas du tout; j'ai nettement l'impression qu'on ne se reverra jamais.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Extension du domaine de la lutte»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Extension du domaine de la lutte» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Extension du domaine de la lutte»

Обсуждение, отзывы о книге «Extension du domaine de la lutte» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x