Michel Houellebecq - La possibilité d'une île

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Au XXIe siècle, une secte promettant l'immortalité à ses membres a supplanté les religions traditionnelles. Chacun des adeptes, devenu vieux, se suicide en laissant un échantillon d'ADN et un récit de vie. Cloné indéfiniment tous les 50 ans, il mène plusieurs siècles d'une vie esseulée où les sentiments n'ont pas cours.

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Nous attendîmes l'heure de mon embarquement dans une salle aux immenses baies vitrées qui surplombait les pistes. Les volcans se découpaient dans le lointain, présences familières, presque rassurantes sous le ciel d'un bleu sombre. Je sentais que Vincent aurait souhaité donner à ces adieux un tour plus chaleureux, de temps en temps il me pressait le bras, ou me prenait par les épaules; mais il ne trouvait pas réellement les mots, et ne savait pas réellement faire les gestes. Le matin même j'avais subi le prélèvement d'ADN, et faisais donc officiellement partie de l'Église. Au moment où une hôtesse annonçait l'embarquement du vol pour Madrid, je me dis que cette île au climat tempéré, égal, où l'ensoleillement et la température ne connaissaient tout au long de l'année que des variations minimes, était bien l'endroit idéal pour accéder à la vie éternelle.

DANIEL25,7

En effet, Vincentl nous apprend que c'est à la suite de cette conversation avec Daniel1 sur le parking de l'aéroport d'Arrecife qu'il eut pour la première fois l'idée du récit de vie, d'abord introduit comme une annexe, un simple palliatif en attendant que progressent les travaux de Slotanl sur le câblage des réseaux mémoriels, mais qui devait prendre une si grande importance à la suite des conceptualisations logiques de Pierce.

DANIEL1,19

J'avais deux heures d'attente à l'aéroport de Madrid avant l'embarquement du vol pour Almeria; ces deux heures suffirent à balayer l'état d'étrangeté abstraite dans lequel m'avait laissé le séjour chez les élohimites et à me replonger intégralement dans la souffrance, comme on entre, pas à pas, dans une eau glacée; en remontant dans l'avion, malgré la chaleur ambiante, je tremblais déjà littéralement d'angoisse. Esther savait que je repartais le jour même, et il m'avait fallu un effort énorme pour ne pas lui avouer que j'avais deux heures d'attente à l'aéroport de Madrid, la perspective de l'entendre me dire que c'était trop court pour deux heures, le trajet en taxi, etc., m'étant à peu près insupportable. Il n'empêche que pendant ces deux heures, errant entre les magasins de CD qui faisaient une promotion éhontée du dernier disque de David Bisbal (elle avait figuré, assez dénudée, dans un des clips récents du chanteur), les Punta de Fumadores et les boutiques de fringues Jennyfer, j'avais la sensation de plus en plus insoutenable de percevoir son jeune corps, érotisé dans une robe d'été, traverser les rues de la ville, à quelques kilomètres de là, sous le regard admiratif des garçons. Je m'arrêtai à «Tap Tap Tapas» et commandai des saucisses écœurantes baignant dans une sauce très grasse, que j'accompagnai de plusieurs bières; je sentais mon estomac se gonfler, se remplir de merde, et l'idée me traversa d'accélérer consciemment le processus de destruction, de devenir vieux, répugnant et obèse pour mieux me sentir définitivement indigne du corps d'Esther. Au moment où j'entamais ma quatrième Mahou la radio du bar diffusa une chanson, je ne connaissais pas l'interprète mais ce n'était pas David Bisbal, plutôt un latino traditionnel, avec ces tentatives de vocalises que les jeunes Espagnols trouvaient à présent ridicules, un chanteur pour ménagères plutôt qu'un chanteur pour minettes en somme, toujours est-il que le refrain était: «Mujer es fatal », et je me rendis compte que cette chose si simple, si niaise, je ne l'avais jamais entendu exprimer aussi exactement, et que la poésie lorsqu'elle parvenait à la simplicité était une grande chose, the big thing décidément, le mot fatal en espagnol convenait à merveille, je n'en voyais aucun autre qui corresponde mieux à ma situation, c'était un enfer, un enfer authentique, j'étais moi-même rentré dans le piège, j'avais souhaité y rentrer mais je ne connaissais pas la sortie et je n'étais même pas certain de vouloir sortir, c'était de plus en plus confus dans mon esprit si tant est que j'en eusse un, j'avais en tout cas un corps, un corps souffrant et ravagé par le désir.

De retour à San José je me couchai immédiatement, après avoir absorbé une dose de somnifères massive. Les jours suivants, je ne fis qu'errer de pièce en pièce dans la résidence; j'étais immortel, certes, mais pour l'instant ça ne changeait pas grand-chose, Esther n'appelait toujours pas, et c'était la seule chose qui paraissait avoir de l'importance. Ecoutant par hasard une émission culturelle à la télévision espagnole (c'était plus qu'un hasard d'ailleurs c'était un miracle, car les émissions culturelles sont rares à la télévision espagnole, les Espagnols n'aiment pas du tout les émissions culturelles, ni la culture en général, c'est un domaine qui leur est profondément hostile, on a parfois l'impression en parlant de culture qu'on leur fait une sorte d'offense personnelle), j'appris que les dernières paroles d'Emmanuel Kant, sur son lit de mort, avaient été:«C'est suffisant.» Immédiatement je fus saisi d'une crise de rire douloureux, accompagnée de maux d'estomac, qui se prolongèrent pendant trois jours, au bout desquels je me mis à vomir de la bile. J'appelai un médecin qui diagnostiqua un empoisonnement, m'interrogea sur mon alimentation des derniers jours et me recommanda d'acheter des laitages. J'achetai des laitages, et le soir même je retournai au Diamond Nights, qui m'avait laissé le souvenir d'un établissement honnête, où l'on ne vous poussait pas exagérément à la consommation. Il y avait une trentaine de filles autour du bar, mais seulement deux clients. J'optai pour une Marocaine qui ne pouvait guère avoir plus de dix-sept ans; ses gros seins étaient bien mis en valeur par le décolleté, et j'ai vraiment cru que ça allait marcher, mais une fois dans la chambre j'ai dû me rendre à l'évidence: je ne bandais même pas assez pour qu'elle puisse me mettre un préservatif; dans ces conditions elle refusa de me sucer, et alors quoi? Elle finit par me branler, son regard obstinément fixé sur un coin de la pièce, elle y allait trop fort, ça faisait mal. Au bout d'une minute il y eut un petit jet translucide, elle lâcha ma bite aussitôt; je me rajustai avant d'aller pisser.

Le lendemain matin, je reçus un fax du réalisateur de «DIOGÈNE LE CYNIQUE». Il avait entendu dire que je renonçais au projet «LES ÉCHANGISTES DE L'AUTO-ROUTE», il trouvait ça vraiment dommage; lui-même se sentait prêt à assumer la réalisation si j'acceptais d'écrire le scénario. Il devait passer à Madrid la semaine suivante, il me proposait de se voir pour en parler.

Je n'étais pas vraiment en contact régulier avec ce type, en fait ça faisait plus de cinq ans que je ne l'avais pas vu. En entrant dans le café, je m'aperçus que j'avais complètement oublié à quoi il pouvait ressembler; je m'assis à la première table venue et commandai une bière. Deux minutes plus tard, un homme d'une quarantaine d'années, petit, rondouillard, aux cheveux frisés, vêtu d'un étonnant blouson de chasse kaki à poches multiples, s'arrêta devant ma table, tout sourire, son verre à la main. Il était mal rasé, son visage respirait la roublardise et je ne le reconnaissais toujours pas; je l'invitai malgré tout à s'asseoir. Mon agent lui avait fait lire ma note d'intentions et la séquence prégénérique que j'avais développée, dit-il; il trouvait le projet d'un intérêt tout à fait exceptionnel. J'acquiesçai machinalement en jetant un regard en coin à mon portable; en arrivant à l'aéroport j'avais laissé un message à Esther pour la prévenir que j'étais à Madrid. Elle rappela au moment opportun, alors que je commençais à m'enferrer dans mes contradictions, et promit de passer dans une dizaine de minutes. Je relevai les yeux vers le réalisateur, je n'arrivais toujours pas à me souvenir de son nom mais je me rendis compte que je ne l'aimais pas, je n'aimais pas non plus sa vision de l'humanité, et plus généralement je n'avais rien à faire avec ce type. Il me proposait maintenant de travailler en collaboration sur le scénario; je sursautai à cette idée. Il s'en aperçut, fit machine arrière, m'assura que je pouvais parfaitement travailler seul si je préférais, qu'il me faisait toute confiance. Je n'avais aucune envie de me lancer dans ce scénario à la con, je voulais juste vivre, vivre encore un petit peu, si la chose était possible, mais je ne pouvais pas lui en parler ouvertement, ce type avait tout de la langue de vipère, la nouvelle ne tarderait pas à faire le tour de la profession, et pour d'obscures raisons – peut-être simplement par fatigue – il me paraissait encore nécessaire de donner le change quelques mois. Afin d'alimenter la conversation je lui racontai l'histoire de cet Allemand qui en avait dévoré un autre, rencontré par Internet. D'abord il lui avait sectionné le pénis, puis l'avait fait frire, avec des oignons, et ils l'avaient dégusté ensemble. Il l'avait ensuite tué avant de le couper en morceaux, qu'il avait stockés dans son congélateur. De temps en temps il sortait un morceau, le décongelait et le faisait cuire, il utilisait à chaque fois une recette différente. Le moment de la manducation commune du pénis avait été une expérience religieuse intense, de réelle communion entre lui et sa victime, avait-il déclaré aux enquêteurs. Le réalisateur m'écoutait avec un sourire à la fois benêt et cruel, s'imaginant probablement que je comptais intégrer ces éléments dans mon travail en cours, se réjouissant déjà des images répugnantes qu'il allait pouvoir en tirer. Heureusement Esther arriva, souriante, sa jupe d'été plissée tourbillonnant autour de ses cuisses, et se jeta dans mes bras avec un abandon qui me fit tout oublier. Elle s'assit et commanda un diabolo menthe, attendant sagement que notre conversation s'achève. Le réalisateur lui jetait de temps à autre des regards appréciateurs – elle avait posé les pieds sur la chaise en face d'elle, écarté les jambes, elle ne portait pas de culotte et tout cela semblait naturel et logique, une simple conséquence de la température ambiante, je m'attendais d'un instant à l'autre à ce qu'elle s'essuie la chatte avec une des serviettes en papier du bar. Enfin il prit congé, nous nous promîmes de garder le contact. Dix minutes plus tard j'étais en elle, et j'étais bien. Le miracle se reproduisait, aussi fort qu'au premier jour, et je crus encore, pour la dernière fois, qu'il allait durer éternellement.

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