Michel Houellebecq - La possibilité d'une île
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L'amour non partagé est une hémorragie. Pendant les mois qui suivirent, alors que l'Espagne s'installait dans l'été, j'aurais encore pu me prétendre à moi-même que tout allait bien, que nous étions à égalité dans l'amour; mais je n'avais malheureusement jamais été très doué pour me mentir. Deux semaines plus tard elle vint me rendre visite à San José, et si elle me prêtait toujours son corps avec autant d'abandon, aussi peu de retenue, je remarquai également que, de plus en plus fréquemment, elle s'éloignait de quelques mètres pour parler dans son portable. Elle riait beaucoup dans ces conversations, plus souvent qu'avec moi, elle promettait d'être bientôt de retour, et l'idée que j'avais eue de lui proposer de passer l'été en ma compagnie apparaissait de plus en plus nettement dénuée de sens; c'est presque avec soulagement que je la reconduisis à l'aéroport. J'avais évité la rupture, nous étions encore ensemble, comme on dit, et la semaine suivante c'est moi qui me déplaçai à Madrid.
Elle sortait encore souvent, je le savais, dans des boîtes, et passait parfois la nuit entière à danser; mais jamais elle ne me proposa de l'accompagner. Je l'imaginais répondant à ses amis qui lui offraient de sortir: «Non, pas ce soir, je suis avec Daniel…» Je connaissais maintenant la plupart d'entre eux, beaucoup étaient étudiants ou acteurs; souvent dans le genre groove, cheveux mi-longs et vêtements confortables; certains au contraire surjouaient sur un mode humoristique le style macho et latin lover, mais tous étaient, évidemment, jeunes, comment aurait-il pu en être autrement? Combien d'entre eux, me demandais-je parfois, avaient-ils pu être ses amants? Elle ne faisait jamais rien qui puisse me mettre mal à l'aise; mais je n'ai jamais eu, non plus, le sentiment de faire véritablement partie de son groupe. Je me souviens d'un soir, il pouvait être vingt-deux heures, nous étions une dizaine réunis dans un bar et tous parlaient avec animation des mérites de différentes boîtes, les unes plus house, d'autres plus trance. Depuis dix minutes j'avais horriblement envie de leur dire que je voulais, moi aussi, entrer dans ce monde, m'amuser avec eux, aller jusqu'au bout de la nuit; j'étais prêt à les implorer de m'emmener. Puis, accidentellement, j'aperçus mon visage se reflétant dans une glace, et je compris. J'avais la quarantaine bien sonnée; mon visage était soucieux, rigide, marqué par l'expérience de la vie, les responsabilités, les chagrins; je n'avais pas le moins du monde la tête de quelqu'un avec qui on aurait pu envisager de s'amuser; j'étais condamné.
Pendant la nuit, après avoir fait l'amour avec Esther (et c'était la seule chose qui marchait encore vraiment bien, c'était sans doute la seule part juvénile, inentamée de moi-même), contemplant son corps blanc et lisse qui reposait dans la clarté lunaire, je repensai avec douleur à Gros Cul. Si je devais, suivant la parole de l'Évangile, être mesuré avec la mesure dont je m'étais servi, alors j'étais bien mal parti, car il ne faisait aucun doute que je m'étais comporté avec Gros Cul de manière impitoyable. Non que la pitié, d'ailleurs, aurait pu servir à quoi que ce soit: il y a beaucoup de choses qu'on peut faire par compassion, mais bander, non, cela n'est pas possible.
À l'époque où je rencontrai Gros Cul, je pouvais avoir trente ans et je commençais à avoir un certain succès -pas encore véritablement grand public, mais enfin, quand même, un succès d'estime. Je remarquai vite cette grosse femme blafarde qui venait à tous mes spectacles, s'asseyait au premier rang, me tendait à chaque fois son carnet d'autographes à signer. Il lui fallut à peu près six mois pour se décider à m'adresser la parole – encore que non, je crois que finalement c'est moi qui pris l'initiative. C'était une femme cultivée, elle enseignait la philosophie dans une université parisienne, et réellement je ne me suis pas méfié du tout. Elle me demanda l'autorisation de publier une retranscription commentée de mes sketches dans le Cahier d'études phénoménologiques ; naturellement, j'acceptai. J'étais un peu flatté, je l'admets, après tout je n'avais pas dépassé le bac et elle me comparait à Kierkegaard. Nous avons échangé une correspondance Internet pendant quelques mois, progressivement les choses ont commencé à dégénérer, j'ai accepté une invitation à dîner chez elle, j'aurais dû me méfier tout de suite quand j'ai vu sa robe d'intérieur, j'ai quand même réussi à partir sans lui infliger d'humiliation trop lourde, enfin c'est ce que j'avais espéré, mais dès le lendemain commencèrent les premiers e-mails pornographiques. «Ah, te sentir enfin en moi, sentir ta tige de chair écarter ma fleur…», c'était affreux, elle écrivait comme Gérard de Villiers. Elle n'était vraiment pas bien conservée, elle faisait plus, mais en réalité elle n'avait que quarante-sept ans au moment où je l'avais rencontrée -exactement le même âge que moi au moment où j'avais rencontré Esther, je sautai du lit à la seconde où j'en pris conscience, haletant d'angoisse, et je me mis à marcher de long en large dans la chambre: Esther dormait paisiblement, elle avait écarté les couvertures, mon Dieu qu'elle était belle.
Je m'imaginais alors – et quinze ans plus tard j'y repensais encore avec honte, avec dégoût – je m'imaginais qu'à partir d'un certain âge le désir sexuel disparaît, qu'il vous laisse du moins relativement tranquille. Comment avais-je pu, moi qui me prétendais un esprit acéré, caustique, comment avais-je pu former en moi une illusion aussi ridicule? Je connaissais la vie, en principe, j'avais même lu des livres; et s'il y avait un sujet simple, un sujet sur lequel, comme on dit, tous les témoignages concordent, c'était bien celui-là. Non seulement le désir sexuel ne disparaît pas, mais il devient avec l'âge de plus en plus cruel, de plus en plus déchirant et insatiable – et même chez les hommes, au demeurant assez rares, chez lesquels disparaissent les sécrétions hormonales, l'érection et tous les phénomènes associés, l'attraction pour les jeunes corps féminins ne diminue pas, elle devient, et c'est peut-être encore pire, cosa mentale, et désir du désir. Voilà la vérité, voilà l'évidence, voilà ce qu'avaient, inlassablement, répété tous les auteurs sérieux.
J'aurais pu, à l'extrême limite, opérer un cunnilingus sur la personne de Gros Cul – j'imaginais mon visage s'aventurant entre ses cuisses flasques, ses bourrelets blafards, essayant de ranimer son clitoris pendant. Mais même cela, j'en avais la certitude, n'aurait pas pu suffire – et n'aurait peut-être même fait qu'aggraver ses souffrances. Elle voulait, comme tant d'autres femmes, elle voulait être pénétrée, elle ne se satisferait pas à moins, ce n'était pas négociable.
Je pris la fuite; comme tous les hommes placés dans les mêmes circonstances, je pris la fuite: je cessai de répondre à ses mails, je lui interdis l'accès de ma loge. elle insista pendant des années, cinq, peut-être sept, elle insista pendant un nombre d'années effroyable; je crois qu'elle insista jusqu'au lendemain de ma rencontre avec Isabelle. Je ne lui avais évidemment rien dit, je n'avais plus aucun contact; peut-être est-ce qu'au bout du compte l'intuition existe, l'intuition féminine comme on dit, c'est en tout cas le moment qu'elle choisit pour s'éclipser, pour sortir de ma vie et peut-être de la vie tout court, comme elle m'en avait, à de nombreuses reprises, menacé.
Au lendemain de cette nuit pénible, je pris le premier vol pour Paris. Esther s'en montra légèrement surprise, elle pensait que jepasserais toute la semaine à Madrid, etmoi aussi d'ailleurs c'est ce que j'avais prévu, je ne comprenais pas très bien la raison de ce départ subit, peut-être est-ce que je voulais faire le malin, montrer que j'avais moi aussi ma vie, mes activités, mon indépendance – auquel cas c'était raté, elle ne se montra pas le moins du monde émue ni déstabilisée par la nouvelle, elle dit: «Bueno… » et ce fut tout. Je crois surtout que mes actes n'avaient plus réellement de sens, que je commençais à me comporter comme un vieil animal blessé à mort qui charge dans toutes les directions, se heurte à tous les obstacles, tombe et se redresse, de plus en plus furieux, de plus en plus affaibli, affolé et enivré par l'odeur de son propre sang.
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