Michel Houellebecq - La possibilité d'une île
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«Bien sûr que oui! Bien sûr que oui! s'exclama Flic avec bonne humeur. Nous ne sommes pas en prison, ici! Je vais demander à quelqu'un de vous conduire à Arrecife; ou peut-être à l'aéroport, ça sera plus pratique pour louer une voiture.
«Vous rentrez ce soir quand même? demanda-t-il au moment où nous montions dans le minibus. C'est juste pour savoir…»
Je n'avais aucun projet précis, sinon ramener Vincent pour une journée dans le monde normal, c'est-à-dire à peu près n'importe où; c'est-à-dire, compte tenu de l'endroit où nous nous trouvions, assez vraisemblablement à la plage. Il manifestait une docilité et une absence d'initiative surprenantes; le loueur de voitures nous avait fourni une carte de l'île. «On pourrait aller à la plage de Teguise… dis-je, c'est le plus simple.» Il ne se donna même pas la peine de me répondre.
Il avait pris un maillot de bain, une serviette, et s'assit sans protester entre deux dunes; il semblait même prêt à y passer la journée s'il le fallait. «Il y a beaucoup d'autres femmes…» dis-je à tout hasard, pour amorcer une conversation, avant de me rendre compte que ça n'avait rien d'évident. Nous étions hors saison, il pouvait y avoir une cinquantaine de personnes dans notre champ de vision: des adolescentes au corps attirant, flanquées par des garçons ; et des mères de famille au corps déjà moins attirant, accompagnées d'enfants jeunes. Notre appartenance à un espace commun était destinée à rester purement théorique; aucune de ces personnes n'évoluait dans un champ de réalité avec lequel nous pouvions, d'une manière ou d'une autre, interagir; elles n'avaient pas plus d'existence à nos yeux que si elles avaient été des images sur un écran de cinéma, plutôt moins je dirais. Je commençais à sentir que cette excursion dans le monde normal était vouée à l'échec lorsque je me rendis compte qu'elle risquait, de surcroît, de se terminer de manière assez déplaisante.
Je ne l'avais pas fait exprès, mais nous nous étions installés sur la portion de plage dévolue à un club Thomson Holidays. En revenant de la mer, un peu fraîche, où je n'avais pas réussi à entrer, je m'aperçus qu'une centaine de personnes étaient massées autour d'un podium sur lequel on avait installé une sono mobile. Vincent n'avait pas bougé; assis au milieu de la foule, il considérait l'agitation ambiante avec une parfaite indifférence; en le rejoignant, je lus «Miss Bikini Contest» inscrit sur une banderole. De fait, une dizaine de pétasses âgées de treize à quinze ans attendaient en se trémoussant et en poussant des petits cris près d'un des escaliers conduisant au podium. Après un gimmick musical spectaculaire, un grand Noir vêtu comme un ouistiti de cirque bondit sur le podium et invita les filles à monter à leur tour. «Ladies and Gentlemen, boys and girls, vociféra-t-il dans son micro HF, welcome to the "Miss Bikini" contest! Have we got some sexy girls for you today!…» Il se tourna vers la première fille, une adolescente longiligne, vêtue d'un bikini blanc minimal, aux longs cheveux roux. «What's your name?» lui demanda-t-il. «Ilona» répondit la fille. «A beautiful name for a beautiful girl!» lança-t-il avec entrain. «And where are you from, Ilona?» Elle venait de Budapest. «Budaaaa-pest! That city's hoooot!…» hurla-t-il en rugissant d'enthousiasme; la fille éclata de rire avec nervosité. Il continua avec la suivante, une Russe blond platine, très bien roulée malgré ses quatorze ans, et qui avait l'air d'une vraie salope, puis posa deux ou trois questions à toutes les autres, bondissant et se rengorgeant dans son smoking lamé argent, multipliant les astuces plus ou moins obscènes. Je jetai un regard désespéré à Vincent: il était à peu près autant à sa place dans cette animation de plage que Samuel Beckett dans un clip de rap. Ayant fait le tour des filles, le Noir se tourna vers quatre sexagénaires bedonnants, assis derrière une petite table, un carnet à souches devant eux, et les désigna au public avec emphase: «And judging theeem… is our international jury!… The four members of our panel have been around the'world a few times – that's the least you can say! They know what sexy boys and girls look like! Ladies and Gentlemen, a special hand for our experts!…» Il y eut quelques applaudissements mous, cependant que les seniors ainsi ridiculisés faisaient signe à leur famille dans le public, puis le concours en lui-même commença: l'une après l'autre, les filles s'avancèrent sur scène, en bikini, pour effectuer une sorte de danse erotique: elles tortillaient des fesses, s'enduisaient d'huile solaire, jouaient avec les bretelles de leur soutien-gorge, etc. La musique était de la house à fort volume. Voilà, ça y était: nous étions dans le monde normal. Je repensai à ce qu'Isabelle m'avait dit le soir de notre première rencontre: un monde de kids définitifs. Le Noir était un kid adulte, les membres du jury des kids vieillissants; il n'y avait rien là qui pût réellement inciter Vincent à reprendre sa place dans la société. Je lui proposai de partir au moment où la Russe fourrait une main dans la culotte de son bikini; il accepta avec indifférence.
Sur une carte au 1/200 000 e, en particulier sur une carte Michelin, tout le monde a l'air heureux; les choses se gâtent sur une carte à plus grande échelle, comme celle que j'avais de Lanzarote: on commence à distinguer les résidences hôtelières, les infrastructures de loisirs. À l'échelle 1 on se retrouve dans le monde normal, ce qui n'a rien de réjouissant; mais si l'on agrandit encore on plonge dans le cauchemar: on commence à distinguer les acariens, les mycoses, les parasites qui rongent les chairs. Vers deux heures, nous étions de retour au centre.
Ça tombait bien, ça tombait bien, Flic nous accueillit en tressautant d'enthousiasme; le prophète avait justement décidé, impromptu, d'organiser ce soir un petit dîner regroupant les personnalités présentes – c'est-à-dire tous ceux qui pouvaient, d'une manière ou d'une autre, être en contact avec les médias ou avec le public. Humoriste, à ses côtés, hochait vigoureusement la tête tout en me faisant de petits clins d'oeil comme pour suggérer qu'il ne fallait pas prendre ça tout à fait au sérieux. En réalité il comptait pas mal sur moi, je pense, pour redresser la situation: en tant que responsable des relations presse, il n'avait jusqu'à présent connu que des échecs; la secte était présentée dans le meilleur des cas comme un regroupement d'hurluberlus et de soucou-pistes, dans le pire comme une organisation dangereuse qui propageait des thèses flirtant avec l'eugénisme, voire avec le nazisme; quant au prophète, il était régulièrement tourné en ridicule pour ses échecs successifs dans ses carrières précédentes (pilote de course, chanteur de variétés…) Bref, un VIP un peu consistant tel que moi était pour eux une aubaine inespérée, un ballon d'oxygène.
Une dizaine de personnes étaient réunies dans la salle à manger; je reconnus Gianpaolo, accompagné de Francesca. Il devait probablement cette invitation à sa carrière d'acteur, aussi modeste soit-elle; manifestement, il fallait prendre personnalités au sens large. Je reconnus également une femme d'une cinquantaine d'années, blond platine, assez enveloppée, qui avait interprété le chant d'accueil aux Élohim avec une intensité sonore à peine soutenable; elle se présenta à moi comme une chanteuse d'opéra, ou plus exactement une choriste. J'avais la place d'honneur, juste en face du prophète; il m'accueillit avec cordialité mais semblait tendu, anxieux, jetait des regards affairés dans toutes les directions; il se calma un peu lorsque Humoriste prit place à ses côtés. Vincent s'assit à ma droite, jeta un regard aigu au prophète qui faisait des boulettes avec de la mie de pain, les roulait machinalement sur la table; à présent il semblait fatigué, absent, pour une fois il faisait vraiment ses soixante-cinq ans. «Les médias nous détestent… dit-il avec amertume. Si je devais disparaître maintenant, je ne sais pas ce qu'il resterait de mon œuvre. Ça serait la curée…» Humoriste, qui s'apprêtait à placer une saillie quelconque, se retourna vers lui, s'aperçut au ton de sa voix qu'il parlait sérieusement, en resta bouche bée. Son visage aplati comme par un fer à repasser, son petit nez, ses cheveux rares et raides: tout le prédisposait à interpréter le rôle du bouffon, il faisait partie de ces êtres disgraciés dont même le désespoir ne peut pas être pris totalement au sérieux; il n'empêche que dans le cas d'un effondrement subit de la secte son sort n'aurait rien eu de très enviable, je n'étais même pas sûr qu'il dispose d'une autre source de revenus. Il vivait avec le prophète à Santa Monica, dans la même maison qu'occupaient ses douze fiancées. Lui-même n'avait pas de vie sexuelle, et plus généralement ne faisait pas grand-chose de ses journées, sa seule excentricité consistait à se faire livrer de France son saucisson à l'ail, les boutiques de Delikatessen californiennes lui paraissant insuffisantes; il poursuivait, aussi, une collection d'hameçons, et apparaissait au total comme une assez misérable marionnette, vidée de tout désir personnel comme de toute substance vivante, que le prophète conservait à ses côtés plus ou moins par charité, plus ou moins pour lui servir de repoussoir et de souffre-douleur à l'occasion.
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