Emmanuel Carrère - La moustache

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Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou? Voudrait-on vous le faire croire? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenus.

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Mais comment? Il avait cinquante francs sur lui, ni chéquier, ni passeport, ni carte de crédit. II fallait qu'il repasse à l'appartement. II ricana: s'il allait à l'hôtel, un des cinq cents ou mille hôtels de Paris, il croyait se jeter dans la gueule du loup et rentrer chez lui, ça oui, c'était faisable? Ridicule, sauf que… Sauf qu'ils devaient l'attendre n'importe où sauf là, s'être lancés à sa recherche et qu'il suffisait de téléphoner pour s'assurer qu'ils étaient absents. Dans leur situation, aucune chance qu'ils ne décrochent pas. Enfin, très peu de chances, c'était un risque à courir. II se leva, voulut faire avant de partir une dernière tentative pour retrouver l'immeuble de ses parents, mais non, le temps pressait, il héla un taxi, se fit conduire au carrefour Duroc. Son plan, dans sa simplicité, lui semblait lumineux, il en riait presque.

Arrivé à destination, il se précipita dans le café d'angle, remarquant au passage que la population de la terrasse s'était clairsemée. L'après-midi tirait à sa fin, l'air fraîchissait. Au comptoir, il demanda à téléphoner, le garçon dit que le téléphone était réservé aux consommateurs.

«Alors, faites-moi un café, le plus dégueulasse possible, et buvez-le à ma santé.»

L'autre, en tirant la gueule, lui tendit un jeton, il posa un billet sur le comptoir et descendit au soussol en se félicitant de sa repartie, qui lui semblait témoigner de la sûreté de ses réflexes. La cabine puait, il chercha son numéro dans l'annuaire, puis le composa. Agnès décrocha aussitôt, mais il avait prévu le coup, il n'allait pas se laisser démonter, au contraire.

«C'est moi, dit-il.

– Où es-tu?

– A La Muette. Chez… chez ma mère.» Il gloussa intérieurement, c'était une bonne réplique. «Viens tout de suite.

– Mais tu es fou. Tu as rendez-vous dans une heure chez le docteur Kalenka, avenue du Maine.

– Justement. Prends la voiture et viens me chercher. Je serai au café d'angle, à La Muette. Je t'attends.

– Mais…»

Elle se tut. Il pouvait l'entendre réfléchir au bout du fil. Respirer, en tout cas.

«D'accord, dit-elle. Mais je t'en prie, ne t'en va pas.

– Non, je t'attends.

– Je t'aime», cri a-t-elle pendant qu'il raccrochait.

Il murmura: «Salope», cogna du poing contre la cloison de la cabine, puis remonta en hâte au rez-de-chaussée, se plaça derrière une colonne d'où, sans risque d'être repéré du dehors, il verrait la voiture passer. A cause des sens interdits, elle ne pouvait pas éviter le carrefour. Le temps qu'elle descende, il revint au comptoir et demanda un autre jeton. Il regrettait un peu d'avoir été désagréable avec le garçon; si par hasard celui-ci refusait, cela compromettrait vaguement son plan. Mais l'autre ne sembla même pas le reconnaître et, serrant le jeton dans sa paume humide, il regagna son poste d'observation.Comme prévu, il vit passer la voiture, qui s'arrêta au feu. D'où il se tenait, en dépit du reflet sur la vitre, il reconnaissait le profil d'Agnès, sans pouvoir cependant saisir son expression. Quand elle tourna dans le boulevard des Invalides, il redescendit au sous-sol, forma de nouveau le numéro, laissa sonner, en vain. Dans sa hâte, elle avait omis de brancher le répondeur. Et Jérôme n'était pas là. Au pire, s'il y était et ne décrochait pas, il se sentait de force à lui casser la figure.

Il sortit du café, courut jusque chez lui en pensant que deux heures plus tôt, il courait exactement en sens inverse, qu'il était alors un fuyard et que maintenant il maîtrisait la situation, qu'il avait manœuvré comme un chef pour s'introduire sans risque dans le camp adverse. Personne dans l'appartement. Il courut vers le secrétaire, ouvrit le tiroir oùse trouvait son passeport qu'il ramassa, ainsi que ses cartes de crédit: American Express, Visa, Diner's Club. Il trouva même de l'argent liquide. Agnès n'aurait pas dû négliger ces détails, c'est ainsi, pensa-t-il avec satisfaction, que capotent les plans les mieux organisés. Il voulut laisser un mot sarcastique, «je vous ai bien eus» ou quelque chose de ce genre, mais n'en trouva pas la formulation. Près du téléphone, il avisa l'interrogateur à distance du répondeur et le fourra dans sa poche, puis il quitta l'appartement. Avant même d'atteindre le carrefour, il trouva un taxi et demanda qu'on le conduise à l'aéroport de Roissy. Tout se passait bien, comme un hold-up minutieusement préparé. Il n'avait plus du tout sommeil.

La circulation était fluide, ils rejoignirent sans peine le boulevard périphérique, puis l'autoroute. Durant le trajet, il prit plaisir à écarter, au nom de la logique et de la vraisemblance, les obstacles qui pouvaient empêcher son départ. A supposer que, découvrant la disparition du passeport et des cartes de crédit, Agnès et Jérôme devinent son intention, ils n'auraient jamais le temps de l'arrêter avant sa montée dans l'avion. Quant à faire transmettre son signalement à la police des aéroports, c'était une mesure hors de leur portée. Il regrettait presque d'avoir pris sur eux une telle avance, se privant du spectacle de leurs silhouettes minuscules en train de courir sur la piste tandis que l'avion décollait, de la fureur qu'ils éprouveraient à le voir leur échapper de si peu. Il se demanda combien de temps il lui faudrait attendre pour partir, obtenir une place sur un vol dont la destination lui était égale, pourvu qu'elle fût lointaine. Le fait d'arriver sans bagages, de demander un billet pour n'importe où lui procurait une sorte d'ivresse, une impression de liberté royale qu'il croyait dévolue aux héros de cinéma et qu'altérait à peine la crainte que, dans la vie, ça ne se passe pas aussi facilement. Mais il n'y avait aucune raison, après tout. Et cette ivresse augmenta encore quand le chauffeur demanda «Roissy 1 ou 2?»: il se sentit riche d'un pouvoir de choix planétaire, libre de décider à son gré, tout de suite, s'il aimait mieux s'envoler pour l'Asie ou pour l'Amérique. En fait, il ne savait pas très bien à quelles régions du monde, ou à quelles compagnies, correspondaient les divisions de l'aéroport, mais cette ignorance entrait dans l'ordre normal des choses, il n'en éprouvait aucune gêne et il dit au hasard «Roissy 2, je vous prie», se renfonça dans la banquette, sans inquiétude aucune.

Ensuite, tout alla très vite. Il consulta le tableau des départs: en s'accordant une marge d'une heure, le temps d'établir le billet, il avait le choix entre Brasilia, Bombay, Sydney et Hong-Kong, et, comme par enchantement, il restait de la place pour Hong-Kong, aucun visa n'était nécessaire, l'hôtesse au guichet ne parut pas surprise, dit seulement que ça risquait d'être juste pour l'enregistrement des bagages. «Pas de bagages!», déclara-t-il fièrement, en levant les bras, un peu déçu cependant qu'elle n'en ait pas l'air plus étonnée. Le contrôle du passeport ne posa pas davantage de problèmes et le va-et-vient indifférent du regard de l'employé entre sa photographie moustachue et son visage en passe de le redevenir dissipa ses dernières appréhensions: tout était en ordre. Moins d'une demi-heure après son arrivée à Roissy, il s'endormait dans le terminal de départ. Quelqu'un, un peu plus tard, lui toucha l'épaule et dit qu'il était temps, il tendit sa carte d'embarquement, piétina jusqu'à son fauteuil où, à peine assis, sa ceinture bouclée, il s'endormit de nouveau.

On lui toucha encore l'épaule, à l'escale de Bahrein. Il mit quelques instants à se rappeler où il était, sa destination, ce qu'il fuyait, et se laissa porter sans bien comprendre par le flot des passagers ensommeillés qu'un règlement quelconque obligeait à descendre, bien qu'on ne changeât pas d'avion, pour patienter dans une salle de transit. C'était un long corridor coupé par une travée d'échoppes brillantes où l'on vendait des produits détaxés, ouvrant d'un côté sur la piste de l'aéroport, de l'autre sur une étendue où l'œil se repérait mal parce qu'il faisait nuit, que les lumières de la salle se reflétaient dans les vitres et aussi parce qu'il n'y avait rien à voir que des constructions basses, vers l'horizon, sans doute d'autres bâtiments de l'aéroport. La plupart des hommes et des femmes qui somnolaient sur les banquettes portaient le costume arabe, ils devaient attendre un autre avion. Il s'assit à l'écart, partagé entre l'envie de replonger dans le sommeil, de regagner plus tard sa place, comme un zombie, de dormir jusqu'à Hong-Kong sans se poser de questions, et le sentiment diffus qu'il fallait faire le point et que, passée l'excitation du départ, ce ne serait pas facile. L'idée de se trouver à Bahrein, au nord du golfe Persique, fuyant un complot fomenté par Agnès, lui semblait à présent si incongrue que toutes ses pensées, encore confuses, tendaient moins à examiner la situation qu'à s'assurer de sa réalité. Il se leva, gagna les toilettes où il se passa de l'eau froide sur le visage, se regarda longuement dans la glace. Derrière lui, la porte s'ouvrit, livrant le passage à un autre voyageur, et il se hâta de remettre dans sa poche le passeport qu'il venait d'en sortir pour le présenter au miroir, comparer. Puis il retourna dans la salle de transit, marcha un moment pour s'éclaircir les idées, louvoyant entre les deux rangées de banquettes que séparait le bloc tronçonné des boutiques hors-taxe auxquelles il feignit de s'intéresser, regardant les étiquettes des cravates, les gadgets électroniques, jusqu'à ce qu'une vendeuse s'approche, dise «May I help you, Sir?», et qu'il batte en retraite. En se rasseyant, il remarqua dans le cratère d'un cendrier sur pied un paquet de cigarettes Marlboro, vide et surtout déchiqueté d'une manière qui lui sembla familière, bien qu'un effort fût nécessaire pour se rappeler ce qu'évoquait ce dépiautage. Cela revint: deux ou trois ans plus tôt, une rumeur avait circulé à Paris, peut-être ailleurs, il n'en savait rien, d'origine aussi mystérieuse que ces histoires drôles qui naissent, se colportent, puis disparaissent sans qu'on sache jamais qui a pu les lancer, et cette rumeur prétendait que la firme Marlboro avait partie liée avec le Ku Klux Klan dont elle assurait la publicité clandestine par certaines marques de reconnaissance incorporées au dessin du paquet. Ce que l'on démontrait en faisant valoir tout d'abord que les lignes séparant les espaces rouges des espaces blancs formaient trois K, un côté pile, un côté face, un sur la tranche supérieure, ensuite que le fond de l'emballage intérieur était orné de deux points, l'un jaune, l'autre noir, ce qui signifiait: «Kill the niggers and the yellow». Que ce fût vrai ou non, cette explication avait eu quelque temps la valeur d'un divertissement de société et l'on voyait souvent; sur les tables des cafés, des paquets déchiquetés témoignant que quelqu'un s'était livré au numéro. Ces vestiges, petit à petit, étaient devenus plus rares, parce que les initiés, trop nombreux, ne trouvaient plus personne à initier, parce qu'on s'était lassé, mais surtout parce que ça ne marchait pas à tous les coups. Agnès qui, à l'époque, ne manquait pas une occasion de faire la démonstration, tirait même de ses échecs de plus en plus nombreux à trouver les points jaune et noir la preuve inattaquable de l'authenticité de l'anecdote: le secret du message s'étant répandu, les manitous de chez Marlboro avaient selon elle renoncé à le faire circuler sous cette forme, il restait donc à découvrir où ils avaient bien pu le transférer. Par désœuvrement, il examina le paquet avec minutie, mais sans succès, puis se leva, alla acheter dans une boutique hors-taxe une cartouche qu'il paya avec sa Carte American Express. Il fuma une cigarette, puis une autre. En face de sa banquette, sur le planisphère moucheté de pendules indiquant l'heure dans différentes régions du monde, l'Espagne manquait, inexplicablement remplacée par une mer d'un bleu soutenu qui s'étendait des Pyrénées à Gibraltar. Il était 6 h 14 à Paris.

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