Emmanuel Carrère - La moustache

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Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou? Voudrait-on vous le faire croire? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenus.

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Il respira une dernière fois, un grand coup, puis ouvrit la porte et traversa le salon en courant, sans regarder autour de lui. Il n'entrevit Agnès qu'au moment de pivoter pour tirer la porte d'entrée: encore assise sur le canapé, elle ouvrait la bouche pour crier, mais il était déjà sur le palier, dans l'escalier, dévalant les marches quatre à quatre, le sang battait à ses tempes, il entendait à peine la voix d'Agnès, penchée sur la rampe, qui l'appelait, hurlait son nom, déjà il courait dans le hall, dans la rue, tant pis, il n'avait pas les clés de la voiture, il courut sans s'arrêter jusqu'au carrefour Duroc, son cœur battait, il y avait des gens aux terrasses des cafés, insouciants, paisibles, c'était un dimanche après-midi de printemps. Il s'élança dans l'escalier du métro, sauta par-dessus les barrières, continua de courir jusqu'au quai, qu'il atteignit au moment où la rame arrivait. Il monta, descendit deux stations plus loin, à la Motte-Picquet. A cause du point de côté, qui s'éveillait à retardement, il regagna l'air libre d'un pas de petit vieux, cassé en deux. Il se demand.a si Agnès avait tenté de lui courir après ou si elle avait tout de suite téléphoné à Jérôme. De l'imaginer annonçant qu'il y avait un os le fit ricaner doucement. Mais peut-être ricanait-elle aussi, en disant que tout se passait comme prévu.

Sous le pont du métro aérien, il chercha des yeux une cabine, de la monnaie dans les poches de sa veste, trouva l'une et l'autre, son point de côté s'en allait. La cabine, comble de chance, fonctionnait. Il forma le numéro de ses parents. Occupé. Il attendit, recommença, laissa sonner longuement, sans réponse. Il songea, en attendant, à appeler la police, mais il ne disposait pas d'arguments suffisants, on lui rirait au nez. Et surtout, il voulait voir son père. Non pour s'assurer qu'il était vivant, cela il le savait, mais simplement pour le voir, lui parler, exactement comme si on venait de le détromper après lui avoir annoncé sa mort par erreur, dans un accident d'avion dont toutes les victimes n'auraient pas encore été identifiées. Comme on ne répondait toujours pas, il résolut d'aller boulevard Émile Augier. Il vérifia qu'il avait assez d'argent sur lui pour prendre un taxi, gagna la station au carrefour de la rue du Commerce et s'affala sur la banquette. Si ses parents n'étaient pas chez eux, il les attendrait jusqu'à ce qu'ils rentrent, sur le palier. Non, pas sur le palier. Jérôme et Agnès devaient délibérer, penser qu'il irait là, et ce serait un jeu pour eux de le coincer. Il voyait déjà l'ambulance stationnée devant l'immeuble, les infirmiers costauds à qui ils diraient de ne pas faire attention à ses protestations; ils risquaient, voyant leur proie leur échapper, de miser le tout pour le tout, les grands moyens, de précipiter les choses en provoquant une telle embrouille qu'il se retrouverait dans une camisole de force et d'ici peu réellement fou à lier. Matériellement, cependant, il y avait peu de chances qu'ils arrivent avant lui chez ses parents. Si ceux-ci étaient absents, il se réfugierait dans un café, à La Muette, téléphonerait à intervalles réguliers jusqu'à ce qu'on décroche.

Le taxi avait traversé la Seine, contournait la Maison de la Radio pour prendre la rue de Boulainvilliers. Il se regarda dans le rétroviseur; pâle, les traits tirés, une barbe de trois jours mangeant le visage. Deux jours, corrige a-t-il mentalement. Deux jours sans dormir, et bourré de somnifères, il tenait bien le coup.

«Quel numéro? demanda le chauffeur, arrivé à La Muette.

– Je vous dirai d'arrêter.»

Merde, pensa-t-il, il ne se rappelait plus le numéro. Le numéro de l'immeuble de ses parents, où il avait vécu toute son enfance. Cela se produisait souvent pour des amis, il savait très bien retrouver des immeubles dont il n'avait jamais connu le numéro, mais ses parents… C'était absurde. La fatigue, les somnifères, pertes de mémoire partielles… Le taxi longeait à petite allure le large boulevard en courbe, il reconnaissait les grilles, au milieu, ceignant la voie ferrée sur laquelle autrefois passait le petit train, les hautes façades bourgeoises, bien ravalées. Elles étaient noires de crasse, dans son enfance; il se rappelait le ravalement, les échafaudages et les bâches qui, pendant un mois, plus peutêtre, avaient aveuglé les fenêtres, privant les locataires d'une lumière qui n'était pas le moindre agrément de leur position élevée…

L'étage. Il ne se rappelait pas non plus l'étage.

«Stop», dit-il.

Il paya, descendit, les mains moites. Réfléchit.

Une chose était sûre: ses parents demeuraient du côté droit du boulevard Émile-Augier, en venant de La Muette, puisqu'il n'y avait pas de côté gauche: le côté gauche s'appelait boulevard Jules-Sandeau. Et il connaissait aussi le code de la porte cochère. Il eut envie de le noter, pour être certain de ne pas l'oublier, mais il n'avait rien sur lui pour écrire et n'osait arrêter un passant. Du reste, personne ne passait. Il arpenta le trottoir. On ne pouvait même pas dire que tous les immeubles se ressemblaient, il y avait des différences, même s'ils dataient de la même époque, impossible de ne pas trouver le bon, il y avait vécu dix ans, il y retournait une fois par semaine, et en plus il était architecte. Lorsqu'il arriva presque à l'avenue Henri-Martin, il comprit qu'il était, de toute façon, allé trop loin et rebroussa chemin en redoublant d'attention. Malgré quoi, il se retrouva à La Muette. Il entra dans une cabine, une chance qu'il n'ait pas oublié le numéro de'téléphone depuis tout à l'heure. Au moment où il le composait, la sirène d'une ambulance retentit, pas très loin, sa main se crispa sur le combiné, personne ne répondait. Et ses parents, il le savait, ne figuraient pas dans l'annuaire, ils tiraient même une certaine vanité du fait de payer pour ça. Affolé, il reprit ses recherches, suivit à nouveau le boulevard en s'arrê tant à chaque porte. On n'entendait plus l'ambulance, mais le numéro de code, qu'il se répétait en craignant de le mélanger avec celui du téléphone, ne lui servait à rien. Presque tous les immeubles arboraient des claviers identiques: les neuf premiers chiffres, plus deux ou trois lettres. Il pianota quand même, en désespoir de cause, sur plusieurs d'entre eux, sonna pour appeler une concierge qui l'envoya promener en disant qu'il n'existait personne de ce nom, le sien, dans son immeuble, et se retrouva avenue Henri-Martin. Il refit le trajet sur l'autre trottoir, en pure perte puisque ce n'était même pas le boulevard Émile-Augier. Il croisa une femme qui ressemblait à sa mère, mais ce n'était pas non plus sa mère. De cette catastrophe-là, ni Jérôme ni Agnès ne pouvaient être tenus pour responsables, mais seulement sa fatigue, peut-être aussi une drogue qu'ils lui avaient fait absorber, ou bien ils avaient pleinement réussi, déjà, il devenait fou pour de bon.

De retour à La Muette, il s'assit sur un banc et s'efforça de pleurer, espérant ainsi calmer ses nerfs, recouvrer une lucidité qu'il sentait flancher. Il était en plein Paris, dans un quartier paisible, par un après-midi de printemps, et on voulait le rendre fou, le tuer, et il n'avait nulle part où aller. Il fallait qu'il fuie, vite, avant qu'ils n'arrivent. Il savait que son trouble suffirait à confirmer tout ce qu'ils diraient, s'ils décidaient de le faire enfermer tout de suite, sans plus attendre. Et s'il prenait les devants? S'il allait trouver, soit les flics, soit un hôpital, en racontant tout? Mais la perspective, justement, de tout raconter, de dévider ce qui, aux yeux de n'importe quelle personne sensée ne pouvait apparaître que comme un tissu d'absurdités, de voir le flic, devant lui, téléphoner à Agnès en lui demandant de venir le chercher… Non, ce n'était pas possible. Aucun refuge, personne à qui se confier. S'il avait eu une maîtresse, une double vie… mais sa vie était liée à celle d'Agnès, ses amis étaient les siens, elle avait dû leur faire la leçon, appeler l'un d'entre eux revenait à se livrer à l'un de ses rabatteurs, à se jeter dans la gueule du loup. Il fallait fuir, vite, laisser derrière lui son père peut-être mourant – pourquoi pensait-il ça? – gagner un répit. Un hôtel? Dangereux aussi, ils chercheraient de ce côté-là, il se ferait cueillir au réveil. Plus loin, mettre de la distance, du temps, entre lui et ce cauchemar. Quitter la ville, le pays, oui, c'était la seule solution.

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