Emmanuel Carrère - La moustache

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Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou? Voudrait-on vous le faire croire? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenus.

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Il se redressa sur le lit, craignant soudain, après l'avoir espéré, que le somnifère ne fasse son effet. Il avait pris une dose de cheval, pas dormi, ou presque, depuis 48 heures, et à peine mangé, il se sentait très faible. Pourtant, même si sa pensée se mouvait dans une sorte de gangue cotonneuse, elle gagnait en acuité, avançait comme la pointe d'un cutter, tranchant dans le brouillard, il lui semblait l'entendre crisser en bâtissant son raisonnement. Absurde, bien sûr, invraisemblable, aussi absurde et invraisemblable que ces films policiers dont le suspense dissimule les failles de construction, comme Les Diaboliques, ou Chut, chut, chère Charlotte, où les conspirateurs, tout en mettant en scène leurs apparitions pseudosurnaturelles, passent leur temps à rassurer leur malheureuse victime, à lui dire: «Tu es très fatiguée, ma chérie, repose-toi, ça va passer…» Exactement ce qu'on lui disait, ou plutôt ce qu'il se disait lui-même. Et si on avait misé là-dessus, sur la certitude qu'une idée aussi absurde, invraisemblable, n'avait qu'une chance sur un million de lui venir à l'esprit? Les Diaboliques, autant qu'il se souvienne, s'inspiraient d'un fait divers authentique… Et, preuve qu'elle n'était pas si absurde, l'idée avait bien failli ne pas lui venir, il allait s'endormir en confiance, s'abandonner à un trompe-l'œil. Mais ses yeux se dessillaient, il fallait veiller, ne pas lâcher prise, examiner posément le problème en partant du principe que, s'il n'existait qu'une seule explication, si monstrueuse fût-elle, c'était obligatoirement la bonne. Il reprit l'inventaire de ses arguments. Il n'était pas fou, premier point acquis. Maintenant, hormis Serge et Véronique, à qui on avait pu faire le coup de la blague, hormis Samira, que Jérôme avait pu conditionner, qui restait-il? Agnès et Jérôme. Jérôme et Agnès. Combinaison classique: le mari, la femme et l'amant, inutile d'aller chercher plus loin. Objection: s'il y avait une liaison entre eux, il s'en serait aperçu, il y aurait eu des signes. Mais non, pas forcément, et le plan tout entier reposait sur son aveuglement. Autre objection: Agnès aurait pu demander le divorce. Il en aurait souffert, atrocement, mais elle était libre, il n'aurait pu la retenir, et il n'y avait aucun héritage à la clé, rien qui justifiât qu'elle tienne à être sa veuve. Cependant, c'est une objection qu'on peu opposer à la plupart des crimes passionnels, et les gens en commettent quand même. L'idée qu'Agnès, sa femme, et Jérôme, son meilleur ami conspiraient contre lui, ne pouvait s'imposer qu'au prix d'un renversement mental insensé, mais, outre qu'il dessinait une figure répandue, ce renversement, une fois opéré, expliquait tout. Ce mobile admis, les fais s'emboîtaient. Serge et Véronique, dans la première phase, étaient complices sans le savoir, croyaient participer à un canular typiquement d'Agnès, et ensuite on les éliminait. Pas physiquement, bien sûr, simplement en les sortant du jeu, en l'empêchant de communiquer avec eux, d'une façon ou d'une autre. Une fois menée à bien cette préparation psychologique, Jérôme entrait en scène, n'en sortait plus, prenait tout en main, le coupait insidieusement des autres en assumant le rôle de l'ami dévoué, toujours là quand ça ne va pas, en concentrant sur lui toute sa confiance. Et il sortait de sa manche le docteur Kalenka. Certainement pas un vrai psychiatre acquis à leur complot, mais un second couteau, chargé d'achever de semer le trouble dans son esprit. Ou bien, c'était plus vraisemblable, car on ne se met pas à cinquante pour commettre une crime parfait, il n'y avait pas du tout de docteur Kalenka. Agnès, tout à l'heure, ou demain, le conduirait dans un appartement, sans doute à un étage élevé, il n'y aurait pas de plaque sur la porte, ou peut-être une fausse plaque, par perfectionnisme, et la porte donnerait sur le vide, sur un chantier de construction, Jérôme se tiendrait dans l'angle, le pousserait, on conclurait qu'il traversait une phase de dépression, qu'il s'était suicidé. Non, là ça ne tenait pas, trop peu de gens étaient informés de la prétendue dépression, il fallait davantage de témoignagnes pour les innocenter, à supposer qu'on les soupçonne, or toute leur stratégie visait à écarter de possibles témoins… Cette faille du raisonnement l'irrita. Puis, il pensa que le but n'était pas tant de le faire passer pour fou que de le rendre effectivement fou et d'attendre qu'on l'interne, ou bien qu'il se suicide. Considéré ainsi, ça tenait mieux la route. C'était même imparable. Il suffisait qu'Agnès, en tête à tête, persiste à nier ses souvenirs et ses certitudes, à provoquer de nouveaux éboulements en feignant d'en être épouvantée, et que Jérôme l'y aide en intervenant aux moments psychologiques. Personne ne l'empêchait de communiquer avec personne, c'était lui qui, affolé, n'osait plus le faire. Et s'il le faisait, s'il appelait son père, ou Serge et Véronique, s'il allait les voir, la confiance qu'il en retirerait serait détruite le soir même par Agnès. Elle le prendrait dans ses bras, en répétant doucement que son père était mort, ferait une crise de nerfs; Jérôme, comme par hasard, appellerait à ce moment-là, confirmerait, raconterait l'enterrement et ce serait comme avec la femme au landau, un coup pour rien, une tentative aussi vaine que les coups de queue furieux d'un poisson pris au filet. Même une confrontation, un dîner par exemple avec Agnès et son père ne servirait à rien, une fois rentrés à la maison, enfin seuls. Il se demanderait sans cesse s'il perdait la raison, s'il voyait des fantômes, si on lui mentait et pourquoi, c'était beaucoup plus subtil et plus simple à la fois que Les Diaboliques. En quelques jours, ce travail de sape porterait ses fruits. Déjà il se retranchait, renonçait à la plus facile des vérifications, n'osait plus rien demander à personne. En quelques jours, avec du doigté, sans violence, aucune, et même sans complicité extérieure, Agnès et Jérôme l'auraient bel et bien persuadé de sa folie, en douceur rendu fou. Et s'il les accusait, montrait qu'il les avait percés à jour, ce serait une preuve de plus, il voyait déjà leurs visages incrédules, catastrophés. Ils le laissaient accomplir tout le travail, se détraquer lui-même. Et, de ce fait, maintenant qu'il avait compris, l'initiative lui appartenait, il lui restait à contre-attaquer, sur leur propre terrain, à établir un plan aussi tordu que le leur pour les prendre à leur propre piège.

Peut-être, cependant, allait-il un peu vite en éliminant le risque d'une agression physique. Leur combine était tellement sophistiquée, ils devaient en avoir si bien prévu le déroulement que, depuis cinq minutes qu'il l'avait devinée, un élément décisif pouvait lui avoir échappé. Il se pouvait très bien que le coup de grâce soit imminent, complètement imprévisible, et qu'il fasse trop tard le raisonnement qui permettrait de le parer. Deux solutions, donc: soit il laissait venir, se comportait comme s'il n'avait rien compris, suivait sagement Agnès chez le soi disant docteur Kalenka, et il courait alors un risque d'autant plus énorme qu'il ne se le représentait pas. Soit il prenait la fuite, abattait d'un coup leur fragile château de cartes et s'assurait une position de repli. Il se sentait assez lucide pour comprendre que le manque de sommeil, le somnifère, peut-être aussi des drogues qu'on lui avait fait avaler risquaient d'affecter son jugement, ses réflexes, donc que la solution de prudence s'imposait. Au moins le temps de récupérer des forces, de bâtir son plan de défense à tête reposée. Cela dit, il se leurrait sans doute en croyant les surprendre: la combine, encore une fois, était trop bien goupillée pour que l'hypothèse de sa fuite n'y soit pas prévue. C'était même ça le plus effrayant: savoir que ce qu'il découvrait maintenant seulement, et encore, pas dans le détail, eux l'avaient programmé depuis plusieurs jours, des semaines, des mois peut-être, qu'ils se tenaient prêts à toutes les éventualités. Il fallait donc, en priorité, réduire leur avance, et peu importait pour l'instant qu'il fasse capoter tout leur plan ou qu'il n'en choisisse qu'une des modalités possibles. Prendre la fuite, donc. Tout de suite, n'importe comment, à n'importe quel prix. Il n'avait que le salon à traverser pour se retrouver dans l'entrée. Aucun bruit, depuis sa retraite dans la chambre, ne l'avait alerté: Agnès était donc seule, il n'aurait qu'elle à affronter et tant pis si elle devinait qu'il avait tout compris. Il se leva, tituba, sa tête allait et venait sur ses épaules comme celle d'un pantin. Il aspira une goulée d'air, et se mit en devoir d'enfiler ses vêtements. Slip, chaussettes, pantalon, chemise, veste, souliers enfin, par chance il s'était déshabillé dans la chambre. Il ferma les yeux un instant, pour se concentrer, avec l'impression d'être dans un film de guerre, sur le point de quitter un abri pour s'élancer en terrain découvert, sous une rafale de balles. Inùtile de prendre l'air dégagé et de dire qu'il allait chercher des cigarettes, mieux valait foncer.

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