Bénoit Duteurtre - Drôle de temps

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Un jeune cadre dynamique bloqué dans une sanisette: un souvenir d'enfance au bord de la mer: un acteur de théâtre reconverti dans les sitcoms; deux filles saoules à cent soixante à l'heure sur l'autoroute; les conversations d'une vache et d'un Parisien… D'aventure en mésaventure, un personnage se métamorphose: la bizarrerie involontaire des situations d'époque et des décors quotidiens provoque le rire avant de glisser, parfois, vers le cauchemar. Entre humour, poésie et fiction, le livre singulier d'un écrivain de trente-cinq ans, salué par Milan Kundera pour son "sens aigu du réel".

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Il descendit de voiture, posa le pied sur l'étendue de bitume noir, encore frais et presque collant. Un groupe d'autochtones se massait au milieu du terrain; des têtes se tournèrent vers l'édile municipal qui pâlit. Dès qu'on le regardait marcher, une timidité rendait sa démarche maladroite. Il tâcha de se redresser, en imprimant а son corps rond l'allure d’un notable. Son visage se figea dans un sourire plein d'ironie. II parvint enfin а rejoindre ses concitoyens, sans susciter la moindre moquerie.

– Le sous-préfet n'est pas arrivé? demanda-t-il inquiet.

Par divers mouvements de tête, les autres signifièrent qu'on attendait toujours. Le conseil municipal était rassemblé sur le parking: les hommes avaient revêtu leur tenue de pompiers – pantalon noir, veste ignifugée, casque chromé -, selon la tradition des jours de cérémonie. Le menton tenu par une sangle, la tête écarlate de Robert Pommier ressemblait а un fruit mûr; le visage gris de Navet sortait de son casque comme un escargot de sa coquille. Joseph portait un drapeau tricolore. D'autres hommes se serraient autour du maire entourés par un cercle plus large de femmes et d'enfants venus assister а l'événement.

A dix heures moins cinq, un minibus déposa sur le parking les majorettes du canton. L'une derrière l'autre, elles descendirent le marchepied et posèrent leurs jambes nues sur le goudron. Minijupes blanches а franges dorées, cuisses roses et petits seins suscitèrent des sifflements chez les pompiers. Mais les jeunes filles étaient accompagnées par une bande d'adolescents de la ville voisine, mi-campagnards, mi-banlieusards, portant anneaux а l'oreille et jeans très larges de Portoricains du Bronx. Un curé а la retraite, séjournant а l'hôtel du village, avait accepté de bénir le nouveau parking. Il portait sur sa veste noire un ruban de solidarité avec les malades du sida. L'enfant de choeur, en aube, tenait un bénitier. Le ciel était traversé par de grands nuages.

Le sous-préfet n'arrivait pas. Le maire déambulait nerveusement, puis s'arrêtait par instants pour contempler son chef-d'oeuvre: une superbe plateforme goudronnée de mille mètres carrés, allongée le long de la rivière а la place de l'ancien relais de poste. Sur le sol, des traits de peinture blanche délimitaient les emplacements réservés aux véhicules. A l'extrémité du parking, un bâtiment en panneaux agglomérés abritait des toilettes automatiques et un espace pique-nique; un plan des environs conduisait le touriste vers le sentier-promenade balisé. La fierté du maire visait, surtout, la dizaine de lampadaires disposés autour du parking; un modèle choisi par sa soeur. Femme de goût, amoureuse des objets d'autrefois, elle avait porté son dévolu sur une série de becs de gaz 1900 qui donnaient а cette étendue, entre prairie et rivière, un périt air haussmannien. La nuit surtout, quand les réverbères éclairaient le bitume d'une lueur jaunâtre, toutes les différences socio-historiques se brouillaient dans une ambiance de périphérie moderne, mâtinée de vieux Paris, qui faisait chaud au coeur des villageois.

La voiture du sous-préfet entra en scène avec un quart d'heure de retard. Le chauffeur stationna instinctivement sur le bas-côté de la route. Irrité, le maire délégua un pompier qui se précipita en courant pour inviter le véhicule а occuper, sur le parkng, l'un des nouveaux emplacements bitumés. Le représentant de la République s'approcha du groupe solennellement ordonné: pompiers au garde-а-vous, majorettes alignées deux par deux et, au centre, le maire, le curé et l'enfant de choeur. Amusé par cette image de la France rurale, le sous-préfet serra quelques mains. Il demanda au maire comment procéder. Deux fillettes s'approchèrent, tenant chacune l'extrémité d'un ruban tricolore – symbolisant l'entrée du parking -, tandis qu'un garçonnet, poussé par sa mère, tendait а l'énarque une paire de ciseaux. Celui-ci insista pour laisser la préséance au maire. Visage grave, l'élu local découpa le ruban puis tendit les ciseaux au sous-préfet qui préleva, а son tour, un périt morceau.

Les pompiers n'avaient pas bougé. Austères, sanglés dans leurs casques, le visage aiguisé par le vent, ils incarnaient la pérennité loyale et valeureuse de la République. Les majorettes en minijupes et le adolescents à boucles d'oreilles ne semblaient pas moins impressionnés. Bientôt, le maire et le sous-préfet s'effacèrent pour laisser la parole au représentant de l'Église qui s'avança, suivi par l'enfant de choeur. Plongeant la main dans le bénitier, le prélat s'empara du goupillon. Il le tendit vers le ciel, accomplit son mouvement professionnel de haut en bas et de gauche а droite, en disant:

– Au nom du père, du fils et du Saint-Esprit, je bénis ce parking: espace de rencontre, d'ouverture et de pique-nique, au bord d'une rivière limpide; lieu de rassemblement, carrefour des familles, venues prendre des congés bien mérités en goûtant aux charmes de votre village…

Tandis que le curé rentrait dans le rang, le maire s'avança, se tourna vers le sous-préfet et entonna à son tour:

– Monsieur le sous-préfet, mes chers concitoyens. Comme le laissait entendre M. le curé, le parking marque le début d'une nouvelle ère dans l'histoire de notre village et dans le développement de la région. Depuis trop longtemps, des touristes traversant en voiture notre terroir hésitaient а s'arrêter et repartaient, découragés. Une mission d'étude, suivie d'une réflexion du conseil municipal, nous a orientés vers cette solution: la construction d'emplacements de stationnement en plusieurs points de la commune. Le premier voit aujourd'hui le jour…

Robert Pommier, le visage cramoisi sous son casque de pompier, avait envie de pisser. II n'aurait pas dû boire cette tournée de blanc avec Joseph, avant la cérémonie. Sa position d'adjoint rendait malheureusement tout mouvement impossible. Le maire parlait:

– Ce parking n'est que la première étape d'un plan de modernisation, visant а désenclaver notre commune, dont je vous rappellerai brièvement les grandes lignes:

«1°) Lxiension de l'usine d'incinération, dont vous avez pu admirer le chantier, étendu de part et d autre de notre superbe lande…

«2°) Mise en valeur du paysage traditionnel et revegétalisation de l'espace dunaire…

Pommier n'en pouvait plus. Le vent frais excitait son besoin. А chaque chute de tonalité dans la voix du maire, il espérait que l'allocution s'achevait; mais l'édile repartait de plus belle:

… 6°) Construction d'un lotissement tout confort…

A bout de nerfs, Pommier se tourna vers le capitaine des majorettes et chuchota:

– Ça va être а vous.

Le maire, les yeux mi-clos, s'éternisait en considérations générales sur les relations entre les petites communes et les pouvoirs départementaux. Comme il s'éteignait dans une phrase incertaine, Pommier souffla а sa voisine:

– Allez-y!

La femme leva son bâton. Un adolescent, juché sur le camion-sono, lança la musique. Les haut-parleurs entonnèrent une marche militaire; les jeunes filles levèrent les genoux en rythme tandis que le maire, décontenancé, continuait а parler dans un vacarme où nul ne l’écoutait plus. II se laissa donc entraîner par le défilé, du parking vers le centre du village.

Pommier profita de la confusion pour se précipiter vers le talus et s'apaiser. Il rejoignit la troupe à mi-chemin, tout rouge, gonflé, soufflant. Derrière le camion-sono, les pompiers marchaient au pas avec un sérieux militaire; les majorettes lançaient ensemble leurs jambes dans une belle unité martiale; suivaient le maire, le sous-préfet, le curé et les curieux. A l'autre extrémité du village, la circulation était coupée par la gendarmerie, le temps de laisser passer la procession. Des poids lourds patientaient derrière le barrage. Une odeur de pourriture planait. Le maire expliqua fièrement au sous-préfet que ces camions alimentaient, jour et nuit, l'usine de l'incinération.

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