Frédéric Beigbeder - Une vie sans fin

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« La vie est une hécatombe. 59 millions de morts par an. 1,9 par seconde. 158 857 par jour. Depuis que vous lisez ce paragraphe, une vingtaine de personnes sont décédées dans le monde — davantage si vous lisez lentement. L’humanité est décimée dans l’indifférence générale.
Pourquoi tolérons-nous ce carnage quotidien sous prétexte que c’est un processus naturel ? Avant je pensais à la mort une fois par jour. Depuis que j’ai franchi le cap du demi-siècle, j’y pense toutes les minutes.
Ce livre raconte comment je m’y suis pris pour cesser de trépasser bêtement comme tout le monde. Il était hors de question de décéder sans réagir. »
Contrairement aux apparences, ceci n’est pas un roman de science-fiction. F. B.

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Père est un métier qui s’improvise, même quand on l’a désiré. Logiquement, la nature a prévu un flot de tendresse filiale, une joie qui vous submerge dès la naissance. Le père hérite d’un bébé qui braille dans ses bras : il tombe amoureux de cette créature bleue et gluante qui agite les pieds. La nature compte beaucoup sur ce moment où un jeune écervelé devient vieux gâteux. C’est le déclic paternel : soudain l’homme ne pense plus à sa voiture, son appartement, son boulot, ni même à tromper la mère de son enfant. L’homme n’est plus un homme, mais un père de famille, le « grand aventurier des temps modernes » selon Péguy : en réalité un imbécile heureux. Sait-il ce qui l’attend ? Non : là encore, la nature est bien organisée. Si les hommes savaient ce qui les attend, ils réfléchiraient avant de se lancer dans un projet aussi insensé. Ils choisiraient des aventures plus faciles : traverser le Pacifique à la nage ou escalader l’Himalaya pieds nus. Des promenades de santé. La paternité tombe sur un incompétent sans avertissement. C’est une catastrophe nommée bonheur.

J’ai deux filles : la première a 10 ans, la seconde vient d’apprendre à dire son prénom. Vous remarquez que j’ai dit « la seconde » et non « la deuxième » : c’est de la superstition. J’espère que l’adage « jamais deux sans trois » ne passera pas par moi, mais en réalité le fait d’écrire cette phrase prouve que je suis déjà préparé au pire. Ai-je été un bon père ? Comment le savoir ? Parfois je fus absent ou inconséquent, maladroit ou simplement idiot ; j’ai fait de mon mieux. J’ai fait des câlins et des bisous, j’ai travaillé pour que mes filles aient une maison propre et une nourriture saine, qu’elles partent en vacances au soleil ; ce genre de choses qu’elles tiennent pour acquises m’ont demandé beaucoup d’efforts. La paternité, pour moi, c’est deux choses : 1) ce qui a donné un sens à ma vie ; 2) ce qui m’a empêché de mourir. Il faut cesser de croire qu’un père est quelqu’un qui s’occupe des autres. C’est faux. Je suis sincère en écrivant cela. Ma génération est celle où ce sont les enfants qui s’occupent des parents. Quand je suis devenu papa, je me prenais pour Kurt Cobain, qui avait aussi une fille. Mais contrairement à lui, je ne me suis pas suicidé. Souvent je pense à Frances Bean Cobain, qui a vingt-cinq ans aujourd’hui. J’aime un peu moins Nirvana quand je pense à Frances. Père est un job dont on n’a pas le droit de démissionner.

Cela ne m’empêche pas de culpabiliser tout le temps. Je ne suis pas fier de ne pas avoir été capable de rester avec la mère de mon aînée. Comment éduquer une fille quand on a soi-même tout fait pour demeurer infantile ? Je crois que j’ai essayé d’être à la hauteur de l’enjeu. D’être digne de mes enfants, même si mon père s’est moins occupé de moi que ma mère. Ce n’était pas de sa faute, il y a longtemps que tout est pardonné. Je connais tellement de pères qui croient bien s’occuper de leur progéniture, mais qui ne passent jamais un instant seuls avec elle, qui sont au bureau toute la journée et devant l’ordinateur à la maison, qui ne posent aucune question et n’écoutent jamais les réponses, qui mettent des journaux télévisés, des coups de téléphone urgents et des immigrées clandestines entre eux et leurs enfants. Il est tellement facile d’éviter les petites excroissances qui habitent chez soi. On s’arrange pour ne pas leur marcher dessus, alors qu’on devrait plutôt s’en servir pour gravir l’échelon qui nous manque. Mon père n’a pas eu le choix : sa femme est partie avec ses gosses. C’était à la mode, dans les années 70. Je suis plus ringard d’avoir laissé partir la mienne dans les années 90. Il paraît que notre société est celle des pères absents et démissionnaires : je ne l’ai pas vécu ainsi. Quand je me suis séparé de Caroline, je me suis obligé à m’occuper seul de Romy, un week-end sur deux, puis une semaine sur deux. Je l’ai élevée peut-être davantage que si j’avais vécu avec elle 100 % du temps… Et aujourd’hui, avec Lou, j’expérimente la garde non alternée. Ce n’est pas si affreux de voir quelqu’un grandir tous les jours. J’aurai essayé plusieurs styles de paternité : l’absence, l’alternance, la présence. Il faudra un jour demander à mes filles quel papa elles ont préféré : celui qui part, celui qui reste, ou celui qui clignote ? Il n’y a pas que dans le spectacle qu’on peut être intermittent.

J’ai eu de la chance d’avoir des filles. J’ignore si j’aurais pu admirer autant un garçon : pour moi, la paternité, c’est s’émerveiller devant une frange blonde, des dents piquantes, des oreilles roses, des fossettes, une peau de pêche, un profil espiègle, un petit nez, des bagues sur les dents, un menton pointu sur un cou de cygne. La paternité, c’est aussi, par flemme, de laisser l’infante jouer à son jeu vidéo ou regarder Harry Potter pour ne pas avoir à s’en occuper en dehors des repas. Le divorce m’a obligé à jouer à des jeux chiants, comme le Uno (une sorte de variante contemporaine du Mille Bornes de mon enfance). Aujourd’hui ma fille aînée me surpasse dans beaucoup de domaines. Elle m’écrase 21–08 au ping-pong. Elle parle espagnol couramment. Elle veut faire du cinéma comme Sofia Coppola (ce qui fait de moi Francis Ford !).

On dit parfois que les films d’un cinéaste sont ses enfants. J’ai rarement entendu plus grosse connerie. Je n’ai produit que deux chefs-d’œuvre, et ils ne sont pas en pixels.

J’étais comme tout le monde : je voulais une maison avec piscine à Los Angeles, et s’il y avait une salle de cinéma, un bar et un strip-club au sous-sol, c’était encore mieux. C’est la première fois que toute l’humanité voulait habiter au même endroit.

J’ai négligé de me présenter parce que la plupart d’entre vous me connaissent déjà. Inutile de raconter une vie qui ne m’appartient plus puisqu’elle est exposée dans Voici chaque vendredi. Je préfère vous parler de ce qui m’appartient : ma mort.

Je suis allergique à l’automne, car ensuite vient l’hiver et que je n’ai pas besoin de l’hiver : il fait déjà très froid en moi. Je suis le premier homme qui sera immortel. Ceci est mon histoire ; j’espère qu’elle durera plus longtemps que ma notoriété. Je porte une chemise bleu nuit, un jean bleu nuit et des mocassins bleu nuit. Le bleu nuit est la couleur qui me permet de porter le deuil sans imiter Thierry Ardisson. J’anime la première émission chimique au monde. Vous m’avez forcément vu dans mon « chemical show » sur YouTube, là où les lois françaises ne s’appliquent pas, où la télévision a tous les droits, sans la moindre censure. C’est une émission de débats où j’organise des engueulades sur des sujets d’actualité. L’originalité du concept est que tous les invités sont obligés de gober un comprimé une heure avant l’antenne : Ritaline, Methadone, Captagon, Xanax, Synapsyl, Rohypnol, LSD, MDMA, Modafinil, Cialis, Solupred, Kétamine ou Stilnox, au hasard. Ils piochent leur gélule dans une jarre recouverte de soie noire sans savoir quelle molécule ils vont avaler. Amphétamines, opiacés, cortisone, somnifères, anxiolytiques, excitants sexuels ou hallucinogènes psychédéliques : ils ignorent dans quel état ils abordent la conversation la plus médiatique de leur vie. Le résultat score des millions de vues sur toutes les plates-formes. Pour le style d’animation, je me situe à mi-chemin entre Yann Moix et Monsieur Poulpe — intello mais déconneur (le communiqué de presse dit « pertinent et impertinent »). J’ai un vernis de culture générale mais je ne l’étale pas pour ne pas faire fuir les incultes : le genre de salaud capable de naviguer aisément entre théologie et scatologie. La semaine dernière, un ministre s’est endormi sur mon épaule en suçant son pouce au lieu de défendre son projet de loi, une comédienne a glissé sa langue dans ma bouche en dévoilant sa poitrine (j’ai dû appeler le service d’ordre pour l’empêcher de se doigter devant la caméra 3), et un chanteur a fondu en larmes avant d’uriner dans son froc en parlant de sa mère. Quant à moi, cela dépend : une fois j’ai mis dix minutes à articuler « Madame, Mademoiselle, Monsieur, bonsoir », une autre j’ai interviewé mon fauteuil pendant une demi-heure (je faisais les questions et les réponses), le mois dernier j’ai vomi sur mes « blue suede shoes ». Ma plus célèbre émission est celle où j’ai fouetté mon casting d’invités avec ma ceinture Gucci avant d’arroser le décor de champagne en annonçant l’infarctus de ma mère. Je ne me souviens absolument pas de ce long monologue paranoïaque qui a scoré quatre millions de vues sur YouTube : je refuse de le visionner ; il paraît que je bavais. Quand mes invités ne se disputent pas assez, je regarde mes fiches : mon assistante y a toujours préparé une liste de questions embarrassantes pour les déstabiliser. Ils repartent tous furieux. Certains me demandent de les « arranger » au montage. Je leur apprends alors, avec une sincère compassion, que l’émission était diffusée en direct. (On dit « live hangout » mais c’est comme un bon vieux plateau de « Droit de réponse ».) Personnellement, je ne comprends pas pourquoi des artistes viennent se ridiculiser dans mon studio alors que je suis le seul à être payé (pas cher : 10 000 € par semaine, on n’est plus dans les années 90). Les audiences plafonnent en ce moment, c’est pourquoi je me suis lancé dans la réalisation de films. Sur le tournage de mon premier long, quand les techniciens me trouvaient trop impatient, je leur disais : « Pourquoi on ne tourne que deux minutes par jour ? Sur YouTube, ça me prend une heure et demie pour tourner 90 minutes ! » On devrait tourner les films en direct ; ça prendrait moins de temps, une seule prise et ce serait dans la boîte, comme chez Iñárritu ou Chazelle. La mode des longs plans-séquences vient de là : le public ne veut plus de cinéma, il veut contempler la vie sur un écran, ce qui n’est pas la même chose. Les acteurs de cinéma feraient moins de caprices s’ils avaient le même trac que des comédiens de théâtre. J’ai sorti une comédie romantique, Tu m’aimes ou tu simules ? — financée par une ancienne chaîne à péage — qui a totalisé 800 000 entrées : la chaîne démodée est rentrée dans ses frais, malgré une presse « partagée ». Mon deuxième film, Tous les mannequins du monde , était plus méchant : il n’a pas reçu d’argent des télés et a attiré quatre fois moins de monde. Je ne sais pas encore si je vais en réaliser un troisième depuis que j’ai trouvé un autre moyen de devenir éternel.

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