Frédéric Beigbeder - Une vie sans fin

Здесь есть возможность читать онлайн «Frédéric Beigbeder - Une vie sans fin» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2018, ISBN: 2018, Издательство: Éditions Grasset, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Une vie sans fin: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Une vie sans fin»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

« La vie est une hécatombe. 59 millions de morts par an. 1,9 par seconde. 158 857 par jour. Depuis que vous lisez ce paragraphe, une vingtaine de personnes sont décédées dans le monde — davantage si vous lisez lentement. L’humanité est décimée dans l’indifférence générale.
Pourquoi tolérons-nous ce carnage quotidien sous prétexte que c’est un processus naturel ? Avant je pensais à la mort une fois par jour. Depuis que j’ai franchi le cap du demi-siècle, j’y pense toutes les minutes.
Ce livre raconte comment je m’y suis pris pour cesser de trépasser bêtement comme tout le monde. Il était hors de question de décéder sans réagir. »
Contrairement aux apparences, ceci n’est pas un roman de science-fiction. F. B.

Une vie sans fin — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Une vie sans fin», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Le déclic fut l’émission du Nouvel An. Comme chaque année, je l’enregistrais pour pouvoir passer Noël à Harbour Island. Entouré de danseuses du Pink Paradise et de comiques professionnels, je faisais semblant d’être le 31 décembre et d’attendre minuit pour le compte à rebours : « Cinq ! Quatre ! Trois ! Deux ! Un ! BONNE ANNÉÉÉÉE LA FRAAANCE ! » alors que nous étions en train de nous congratuler le 15 novembre dans un studio glacial de Boulogne-Billancourt, aux alentours de 19 heures. Et nous recommencions trois fois le countdown parce que les ballons de baudruche n’étaient pas descendus à temps. Il se trouve que cette année, deux invités sont décédés entre l’ampexage et la diffusion. Une chanteuse toxicomane et un humoriste gay n’ont pas passé l’année. Par leur faute, quatre heures de faux direct furent trappés : deux millions d’euros passèrent sous le nez de mon producteur (moins ma com’) ; après visionnage, l’émission était indiffusable, même remontée — ce con de comique décédé ayant fait le mariole sur tous les plans larges. Tous mes invités étaient furax ; tous ces ringards s’étaient emmerdés à faire semblant de fêter le réveillon en smoking et robe du soir, une mascarade durant tout un après-midi d’hiver pour zéro UBM. Ce fut la goutte d’eau : j’en ai eu marre que la mort vienne me gâcher la vie. C’est à partir de là que j’ai commencé à me renseigner de plus près sur les progrès de la génétique.

Le monde actuel me donne l’impression d’un encombrement accéléré. Comme si nous étions coincés dans un embouteillage mais qu’au lieu de rouler lentement, les véhicules collés les uns aux autres fonçaient pied au plancher, à 200 km/h, vers le vide, comme dans Fast & Furious 7 , quand la Lykan HyperSport de Vin Diesel saute d’un building d’Abu Dhabi pour entrer au 74 eétage d’un autre building d’Abu Dhabi qu’elle détruit intégralement avant d’atterrir dans un troisième gratte-ciel d’Abu Dhabi. C’est une cascade spectaculaire mais avons-nous envie d’une vie de stuntman ? On vieillit de plus en plus tôt : à trente ans déjà, la génération suivante est incompréhensible, son sabir inintelligible, son mode de vie abscons, et elle, si pressée de te pousser dehors. Au Moyen Âge, à cinquante ans, nous étions tous morts. Aujourd’hui on s’inscrit à Club Med Gym et l’on gesticule sur un tapis en mousse en regardant Bloomberg TV, avec ses chiffres qui défilent dans tous les sens. Je suis sûr que si j’ouvrais un club de sport nommé Death Row, les gens se battraient pour y cotiser.

Si vous me prenez pour un fou, refermez ce livre. Mais vous ne le ferez pas. Parce que vous êtes comme moi, un « sujet autonome », selon l’expression du sociologue Alain Touraine, c’est-à-dire un individu libre et moderne, sans attaches rurales, ni communauté religieuse. Une étude marketing de ma boîte de prod’ a montré que je n’attire que les célibataires urbains, les déracinés, les atypiques, les CSP+ et les athées à fort pouvoir d’achat ; les autres ne font pas partie de mon public. Le sondeur qui avait interrogé le panel sur mon image citait dans son rapport le philosophe allemand Peter Sloterdijk, parlant de l’homme contemporain comme d’un « citoyen autogénéré » et d’un « bâtard sans généalogie ». J’ai failli mal le prendre mais, en sortant de la présentation, je me suis regardé dans le miroir de l’ascenseur pour constater que j’ai bel et bien une tête de « créature du discontinuum ». J’appartiens à la première génération humaine élevée sans patriotisme, ni orgueil familial, ni racines profondes, ni appartenance locale, ni croyance particulière, hormis le catéchisme d’une école catholique durant la petite enfance. Il s’agit d’un fait de société sur lequel je n’ai nulle complainte réactionnaire : je constate seulement une réalité historique. Je suis la conséquence d’une utopie démodée, celle des années 70, durant lesquelles les habitants des pays occidentaux ont tenté de se débarrasser de tous les boulets des siècles précédents. Je suis le premier homme sans boulet au pied. Ou le dernier boulet au pied de la génération suivante.

Personne ne souhaite la mort, à part les dépressifs et les kamikazes. S’il y a une chance sur huit milliards que je parvienne à prolonger ma vie de deux ou trois siècles, vous aurez envie de m’imiter. Gardez bien à l’esprit cette réalité : vous allez mourir parce que vous vous laissez faire. Vous mourrez et pas moi. L’humanité a tout dompté : les océans les plus profonds, les montagnes les plus inaccessibles, même la lune et la planète Mars. Le moment est venu pour la médecine d’euthanasier la mort. Ensuite, on se débrouillera pour trouver de la place pour loger la surpopulation. Il n’y aura plus de Sécurité sociale dans vingt ans. Avec le vieillissement massif de la population, le déficit colossal des comptes sociaux mènera au chacun pour soi : les riches ne paieront plus pour sauver les pauvres. À moins de reporter l’âge de la retraite à 280 ans… Quant aux mutuelles et compagnies d’assurances, un rapide séquençage de notre ADN leur indiquera le niveau de risque-santé et un algorithme calculera les cotisations en fonction. L’augmentation de la durée de vie aura une conséquence positive sur le plan financier : tout le monde pourra s’acheter des maisons très chères en s’endettant sur plusieurs siècles (sauf en cas de génome déficient). Exemple : un crédit de 10 millions est remboursable sur trois cents ans, avec des mensualités de 2 700 €. Vous désirez un yacht ? Aucun problème si vous avez des siècles devant vous.

Je vous épargne le baratin des religions sur la vie après la mort. Je ne suis pas adepte des casinos, ni du PMU : ne comptez pas sur moi pour lancer des paris. Je me fiche d’une vie après la mort, ce que je veux c’est prolonger indéfiniment mon existence avant la Faucheuse. Le catholicisme prie pour la vie éternelle ; moi, je veux la vie éternelle sans me faire prier. Le problème avec Dieu c’est que si l’on n’y croit pas, on a franchement l’air d’un paumé. Surtout à cinquante ans, quand le corps se met à dysfonctionner ; une situation dont on sait, malgré tous les efforts, les crèmes anti-âge, les injections de botox, les implants capillaires et les massages ayurvédiques, qu’elle ne fera qu’empirer, jusqu’à la défaite ultime. C’est pour cette raison que les fidèles des messes ont tous plus de cinquante ans. L’Église, c’est le spa de l’âme.

Aurais-je perdu le goût du vide ?

2

GONZO CHECK-UP

(Hôpital européen Georges-Pompidou, Paris)

« Vivre, comment ? »

Boulgakov, La Garde blanche , 1926

Romy et Lou avaient tellement plus de futur que moi : je respectais leur longévité. Elles étaient déjà posthumaines à la naissance. Les enfants sont de merveilleux organismes multicellulaires qui courent dans le salon et récompensent notre attention.

La naissance de Lou a considérablement compliqué la rédaction de ce livre. Quand votre bébé répète « papa, papa, papa », l’écriture est un effort colossal pour résister à un sourire qui attend d’être regardé. Ce paragraphe a été tapé sur mon ordinateur alors que Lou se cachait dans les rideaux afin que je la surprenne, avant d’éclater de rire sous ses cheveux de paille lorsque je la chatouillais. Comment voulez-vous écrire Guerre et Paix dans ces conditions ? Il paraît que Dickens a réussi à pondre Oliver Twist au milieu de ses marmots, mais c’était une histoire d’enfants maltraités : il se vengeait. Ma vengeance à moi consiste à mâchouiller les oreilles de Lou et la pulpe de ses orteils jusqu’à ce qu’elle demande grâce : « Oh non ! Oh non ! » Elle a la peau la plus douce du monde. Et les petites dents écartées de Vanessa Paradis, avec quarante-cinq ans de moins. Un profil de déesse au front bombé et aux joues pleines, le nez mutin, la bouche boudeuse pleine d’abricots. Impossible d’imaginer plus heureux que ses fossettes. Comment créer quand la création la plus fraîche gambade autour de vous ? Désolé, j’ai une couche-culotte à changer. Je me remettrai au travail demain. La littérature attendra : une petite main, posée dans ma grande main, m’empêche d’écrire.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Une vie sans fin»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Une vie sans fin» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Michael Smith - Une pluie sans fin
Michael Smith
Frédéric Beigbeder - Un roman français
Frédéric Beigbeder
Frédéric Beigbeder - L'amour dure trois ans
Frédéric Beigbeder
libcat.ru: книга без обложки
Ги де Мопассан
Frédéric Beigbeder - 99 francs (14, 99 €)
Frédéric Beigbeder
Frédéric Beigbeder - A French Novel
Frédéric Beigbeder
Frédéric Beigbeder - Windows on the World
Frédéric Beigbeder
Guy Maupassant - Une vie
Guy Maupassant
Barbey d'Aurevilly - Une Histoire Sans Nom
Barbey d'Aurevilly
Отзывы о книге «Une vie sans fin»

Обсуждение, отзывы о книге «Une vie sans fin» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x