Frédéric Beigbeder - Une vie sans fin

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« La vie est une hécatombe. 59 millions de morts par an. 1,9 par seconde. 158 857 par jour. Depuis que vous lisez ce paragraphe, une vingtaine de personnes sont décédées dans le monde — davantage si vous lisez lentement. L’humanité est décimée dans l’indifférence générale.
Pourquoi tolérons-nous ce carnage quotidien sous prétexte que c’est un processus naturel ? Avant je pensais à la mort une fois par jour. Depuis que j’ai franchi le cap du demi-siècle, j’y pense toutes les minutes.
Ce livre raconte comment je m’y suis pris pour cesser de trépasser bêtement comme tout le monde. Il était hors de question de décéder sans réagir. »
Contrairement aux apparences, ceci n’est pas un roman de science-fiction. F. B.

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Je suis jaloux de cette horloge sur la place Vauban qui ne tombe jamais en panne. En traversant les avenues mornes du 7 earrondissement, j’ai acheté un bouquet de violettes. Il y avait de l’orage dans l’air. Les magasins fermaient, une cloche sonna. Je ne m’étais même pas aperçu que la nuit tombait. Je suis entré dans une église illuminée, la paroisse Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, qui ressemble à l’Acropole, en moins disloquée. L’encens m’est monté à la tête, j’ai eu peur de m’évanouir. J’ai déposé mes violettes sur un autel mauve ; elles juraient, ce qui est embarrassant dans un lieu saint. J’ai allumé un cierge pour mon père et ma mère. Je ne voulais pas me retrouver en première ligne. La flamme de la bougie a projeté une ombre qui dansait sur la pierre. Elle m’a redonné du courage. Les églises sauvent tous les jours des athées par centaines. Je suis ressorti dans la nuit parisienne. J’ai téléphoné à mon producteur pour lui annoncer que j’arrêtais l’émission : l’avantage des boîtes vocales, c’est qu’elles n’essaient pas (encore) de vous convaincre de rester. J’étais soulagé comme un homme qui a failli recevoir un 747 sur la tête. On devrait démissionner plus souvent.

Les avions clignotaient dans le ciel noir au-dessus des arbres. J’ai eu l’impression qu’ils m’envoyaient un signal en morse mais j’ignorais lequel. « Fous le camp », peut-être ?

Ce soir-là, j’ai emmené Léonore, Romy et Lou manger des frites à L’Entrecôte, un restaurant diététiquement incorrect. Les enfants étaient contentes, et comme elles l’étaient, je l’ai été aussi. Malgré mon foie malade, je nous trouvais tellement plus vivants que la moyenne.

3

MA MORT DÉPROGRAMMÉE

« Vieillir n’est pas fait pour les poules mouillées. »

Bette Davis

Un souvenir me perturbe régulièrement. Après l’enterrement de Gérard Lauzier à l’église Saint-Germain-des-Prés en 2008, j’ai pris une bière au Flore avec Tonino Benacquista, Georges Wolinski et Philippe Bertrand. Pour déconner, j’ai posé la question :

— Alors, c’est qui le prochain ?

On s’est regardés tous les trois et on a rigolé.

Deux ans plus tard, j’ai revu Benacquista et Wolinski à l’enterrement de Philippe Bertrand, emporté par un cancer à soixante et un ans. Je venais de prononcer un discours sur lui, au cimetière du Montparnasse. J’ai essayé de plaisanter :

— Et cette fois, c’est qui le prochain ?

On a ri moins fort.

Le 7 janvier 2015, Georges Wolinski a été exécuté pendant la conférence de rédaction de Charlie Hebdo . Il avait quatre-vingts ans. À son enterrement, de nouveau au cimetière du Montparnasse, Tonino et moi n’avons pas ricané du tout.

On s’est regardés comme Charles Bronson et Henry Fonda dans Il était une fois dans l’Ouest.

De plus en plus souvent, je croise dans la rue des gens que je connais (Régine Deforges, Guillaume Dustan, Hugues de Giorgis, Luigi d’Urso, André Djento, Jocelyn Quivrin, Jacno) mais lorsque je m’approche pour les embrasser, je me souviens qu’ils ne sont plus là et m’aperçois avec effroi que je suis sur le point de saluer des inconnus qui leur ressemblent. Il est assez déstabilisant de passer son temps à se retenir de dire bonjour à des morts.

— Salut Régine !

— Pardon ?

— Mais… vous n’êtes pas Régine Deforges ?

— Non.

— Ah mon Dieu, ça me revient, elle est morte il y a trois ans !

— Vous voyez bien que ce n’est pas moi.

— On vous prend souvent pour elle ?

— Cela arrive, à cause de mes cheveux roux. On me confond aussi avec Sonia Rykiel…

— … qui est morte aussi ! Cela ne vous dérange pas d’être le sosie de toutes ces rousses décédées ?

— Cela ne vous dérange pas d’être moins drôle en vrai qu’à la télé ?

Il faut se dépêcher de parler aux vivants. Un ver de terre dure dix-huit jours, une souris trois ans, un Français soixante-dix-huit. Si je me nourris exclusivement de légumes et d’eau, je gagnerai dix ans de vie, mais je m’ennuierai tellement qu’ils en paraîtront cent. Tel est peut-être le secret de l’éternité : un océan d’ennui pour ralentir l’existence. Les statistiques sont formelles : en 2010, on dénombrait 15 000 centenaires en France. On en prévoit 200 000 en 2060. Je préfère le surhomme transhumaniste au retraité végétalien : lui, au moins, peut s’empiffrer de charcuterie et de pinard, à condition de remplacer ses organes régulièrement. Tout ce que je demande, c’est d’être réparé comme une machine. Je rêve qu’à l’avenir les médecins soient surnommés « garagistes humains ».

J’ai pris rendez-vous en urgence avec Mme Enkidu, ma psychanalyste. Je ne l’avais pas revue depuis dix ans ; elle m’avait aidé à maîtriser mon addiction à la cocaïne et à surmonter mes deux premiers divorces. Son cabinet près de l’Étoile était toujours aussi beige, avec la même boîte de Kleenex en embuscade sur son bureau. Chez un psy, le mouchoir en papier est l’équivalent contemporain de l’épée de Damoclès. Chez le docteur Enkidu, pas de divan : on se parle les yeux dans les yeux. Puis les yeux dans les mouchoirs. Sa bibliothèque est remplie d’essais psychanalytiques aux titres compliqués : traités de la souffrance, autopsies du chagrin, remèdes à la mélancolie. Des recueils d’articles scientifiques rassemblés dans des classeurs pour lutter contre la dépression et le suicide.

— Finalement, la psychanalyse n’est que du Proust mal écrit.

Ma psychiatre a opiné poliment.

— C’est bizarre, ai-je ajouté, je suis payé pour parler à des millions de téléspectateurs mais vous êtes la seule personne qui m’écoute.

— C’est parce que vous me payez.

— Alors voilà ce qui m’amène : j’ai décidé de ne plus mourir.

Son regard apitoyé n’avait pas non plus changé. Quelques rides supplémentaires au coin des paupières, les cernes plus foncés, les cheveux peut-être teints. Écouter le malheur humain toute la journée n’est pas le secret de la jouvence éternelle. Elle avait l’air effrayée de me revoir. Probablement avais-je moi aussi pris un coup de vieux. Elle ne regardait jamais la télévision, sinon elle n’aurait pas été aussi surprise par ma barbe poivre et sel.

— Ne pas mourir est une sage décision, ironisa-t-elle derrière ses demi-lunes. Vous avez bien changé, dites-moi. La dernière fois qu’on s’est vus, vous poursuiviez plutôt le but inverse.

— Je n’ai jamais été plus sérieux. Je ne mourrai pas, point à la ligne.

— Cette bonne résolution vous est venue quand ?

— Pfff… Ma fille m’a demandé si j’allais mourir. Je n’ai pas eu le courage de lui répondre par l’affirmative. Alors j’ai dit qu’à partir de maintenant plus personne ne mourrait dans notre famille. Suis-je un mauvais père ?

— Un bon père est celui qui se demande s’il est un mauvais père.

— C’est bien trouvé, ça. C’est de Freud ?

— Non : de vous. Vous avez prononcé cette phrase en 2007, sans doute pour vous rassurer quand vous trompiez sa mère. À l’époque de notre première psychothérapie, vous parliez déjà de votre peur de vieillir. Syndrome de Peter Pan classique chez le quadragénaire occidental. La peur de l’âge est une angoisse de la mort travestie en hédonisme attardé.

— J’ignorais que l’hédonisme était une maladie. Bientôt notre société enfermera les épicuriens dans des asiles de fous. Le plaisir sous toutes ses formes est déjà puni par la loi, tout en étant encouragé par la publicité. Cette injonction paradoxale fabrique des millions de schizophrènes : vous pouvez remercier le système capitaliste. Grâce à lui, vous n’êtes pas près de mettre la clé sous la porte.

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