Frédéric Beigbeder - Une vie sans fin

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« La vie est une hécatombe. 59 millions de morts par an. 1,9 par seconde. 158 857 par jour. Depuis que vous lisez ce paragraphe, une vingtaine de personnes sont décédées dans le monde — davantage si vous lisez lentement. L’humanité est décimée dans l’indifférence générale.
Pourquoi tolérons-nous ce carnage quotidien sous prétexte que c’est un processus naturel ? Avant je pensais à la mort une fois par jour. Depuis que j’ai franchi le cap du demi-siècle, j’y pense toutes les minutes.
Ce livre raconte comment je m’y suis pris pour cesser de trépasser bêtement comme tout le monde. Il était hors de question de décéder sans réagir. »
Contrairement aux apparences, ceci n’est pas un roman de science-fiction. F. B.

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— Vous n’allez tout de même pas me ressortir votre couplet de bobo libertaire ? Nous ne sommes pas à la télé ici. Vous pouvez vérifier : je n’ai caché aucune caméra.

Soudain je me suis souvenu pourquoi je ne venais plus voir cette sinistre thérapeute : je détestais sa lucidité. Trop d’intelligence chez une femme m’a toujours effrayé, depuis ma mère. Mais c’était ma faute : je venais de me faire scanner le cœur et j’allais à présent me faire passer le cerveau aux rayons X. Je me sentais un libertaire démodé, dans un monde où l’hédonisme passait pour une perversion de vieux con. Quand je pense que, dans ma jeunesse, il fallait faire semblant d’être échangiste pour avoir l’air dans le coup ! On s’inventait des exploits aux Chandelles pour être cool. Aujourd’hui DSK a ringardisé les partouzes, et tout libertaire passe pour un dégueulasse cacochyme en kimono, façon Hugh Hefner (encore un mort). Nous vivons une période de régression sexuelle phénoménale. On peut même parler d’une antirévolution sexuelle.

— Docteur, les cimetières sont pleins de cadavres qui pourrissent dans des boîtes et d’autres personnes debout, vêtues de noir, qui essaient de s’intéresser à la tristesse des orphelins en prenant des mines compassées. Tous ces salauds qui froncent les sourcils pour avoir l’air concerné, j’ai envie de les frapper. Je n’aime ni l’empathie, ni la sympathie.

— La mort rend méchant, dit-elle sans sourire, histoire de justifier ses émoluments (120 € la demi-heure). Les animaux la sentant approcher deviennent parfois dangereux.

— Il y a forcément un moyen de régler ce problème.

— Quel problème ?

— La mort. L’homme trouve toujours une solution. Il a inventé l’électricité, le moteur à explosion, la radio, la télé, les fusées, l’aspirateur qui ne perd pas l’aspiration… À propos, j’ai rêvé que mon robot aspirait les cendres de mes parents, renversées sur la moquette. Qu’en aurait pensé Lacan ?

— Cas typique de délire morbide, agrémenté de pulsions macabres narcisso-mégalo-paranoïdes, aggravées par la célébrité et la polytoxicomanie. Ce qui m’intéresse c’est que vous vouliez remarier vos parents en mélangeant leurs cendres. C’était agréable de les voir réunis dans votre rêve ?

— Écoutez, la science est sur le point de supprimer la mort, et je n’ai pas envie que cette découverte ait lieu après la leur. Avouez qu’il serait vraiment ballot de mourir la veille de la découverte de l’immortalité. Nous devons tenir jusqu’en 2050 alors que, selon l’espérance de vie masculine française, ma mort est programmée pour 2043. Il y a un écart de sept ans à boucler, je ne demande pas la lune ! Le monde entier désire la même chose que moi. Dans mon rêve, passer l’aspirateur à la mort, c’était une sensation très agréable. C’était la faire disparaître. Je me suis réveillé en pleine forme. Vous voulez mourir, vous ?

— J’accepte la destinée humaine. Cette perspective ne m’enchante guère, mais j’ai appris à ne pas me révolter contre ce que je ne peux pas changer.

— Vous allez bientôt pasticher Montaigne : « Psychanalyser, c’est apprendre à mourir » ? Je me fous de la philo comme de l’analyse freudienne ! Je ne veux pas apprendre à mourir, je veux régler cette question. Mon temps est compté : j’ai vingt-six ans pour repousser l’échéance ultime. Et je veux que ma famille soit elle aussi immortelle. Ce devrait être le but de tout être humain normalement constitué.

— Non, la normalité c’est la mortalité. Le compte à rebours fut déclenché le jour de votre naissance ! Acceptez-le ! Vous pouvez tout contrôler, sauf ça.

— Vous ne comprenez pas ce que je vous dis. Vous me prenez pour Don Quichotte, alors que je suis James Bond. Ma mort est une bombe qui doit exploser, et je vais la désamorcer. Sur une musique de John Barry s’il le faut. Tant pis si vous me prenez pour un control freak.

Mme Enkidu me contemplait avec embarras, comme on regarde un mendiant qui tend la paume, quand on n’a pas de pièces dans sa poche. Derrière la fenêtre, des voitures klaxonnaient, accéléraient, polluaient l’avenue. Dans ces bagnoles à l’arrêt, des quinquagénaires flamboyants respiraient des particules fines en écoutant France Info répéter les mêmes alertes au pic de pollution toutes les cinq minutes. On pouvait les entendre penser : « Merde, je vais encore mettre une heure à traverser la porte Maillot alors que je vais crever dans deux décennies. Cette heure immobile à inhaler du poison, sur mon lit de mort, je vais regretter de l’avoir gaspillée. » Le vrai mystère de notre société : comment des individus éphémères font-ils pour accepter les bouchons sur le boulevard périphérique ?

— C’est pourtant simple, ai-je continué : j’appartiens à la dernière génération mortelle et je veux faire partie de la première génération immortelle. Ma mort n’est qu’un problème de timing.

Ma psychanalyste a souri comme si je venais de passer une sorte de test pour psychopathes. Elle a probablement hésité à me faire interner dans l’hôpital psychiatrique le plus proche. Elle avait l’habitude d’entendre un paquet de conneries mais là, je dépassais les bornes ; ça m’agaçait qu’elle prenne des notes avec un rictus condescendant pour son prochain essai chez Odile Jacob. Finalement elle a griffonné une adresse avec son Montblanc, arraché une feuille de son bloc et m’a tendu l’ordonnance.

— Écoutez, je connais peut-être quelqu’un qui peut vous aider, mais il est à Jérusalem. C’est un chercheur qui travaille sur le renouvellement des cellules. Vous verrez bien. Au pire, une cure de vitamines ne vous fera pas de mal. Puis-je vous demander un selfie pour ma petite-nièce ? Cette idiote est complètement fan de votre émission. Elle a adoré le moment où votre mâchoire bloquée vous empêchait d’articuler.

Dans le ciel flottait un nuage en forme de pays inconnu. « Renouvellement des cellules » : en sortant de son immeuble gris, j’ai compris que cette vieille dingo m’avait peut-être guidé sur la bonne route. Elle qui avait accepté sa mort prochaine m’indiquait un moyen de différer la mienne. J’ai encore sangloté devant un magasin de valises de luxe dont je tairai le nom, pour ne pas faire de publicité à Goyard. Un passant m’a tapé dans le dos : « Hey tu m’as bien fait marrer quand t’as dégueulé à la télé ! On peut faire une photo ? » J’ai séché mes larmes pour poser en faisant le « V » de la victoire. Le public attend toujours que je sois destroy et rigolo. Il est déçu quand il s’aperçoit que je suis timide et chiant. Mes fans veulent se murger avec moi pour pouvoir raconter à leurs potes qu’on était bourrés ensemble. À un moment de ma carrière, je faisais tout pour être à la hauteur de cette réputation. Je distribuais de la drogue aux inconnus pour qu’ils le répètent sur Twitter. Je posais systématiquement torse nu avec une bouteille dans la main et un sachet de poudre blanche dans l’autre. Mais à compter de ce soir-là, j’ai cessé de sculpter ma statue de présentateur trash, je voulais juste qu’on me foute la paix pendant les trois siècles qu’il me restait à vivre.

J’ai appelé un Uber qui a mis un quart d’heure à trouver où j’étais. Savez-vous à quoi j’ai su que j’étais vieux ? Quand j’ai demandé au chauffeur d’allumer la radio, le jeune homme m’a regardé longuement, avant de mettre Radio Nostalgie. Gros coup de cafard : j’avais une tête à aimer Gérard Lenormand. Ensuite il a dicté oralement mon adresse à son GPS, qui l’a emmené dans la mauvaise direction : au lieu d’aller rue de Seine, il me déposa rue de Sèvres. L’homme s’en remettait à la machine, et la machine était sourde. Ou bien les robots prenaient-ils un malin plaisir à nous humilier ? Je trouvais surprenant qu’une compagnie aussi puissante qu’Uber assume aussi ouvertement un nom nazi. La confiance que nous avons dans les logiciels sera fréquemment déçue. Certes, il y aura des tâtonnements, il y aura des ratés. Cependant il faut y croire : le progrès de la science conduira un jour l’humanité vers la délivrance ultime.

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