Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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La vie chez les esclaves

Appuyée sur le bastingage, Lalla regarde l’étroite bande de terre qui apparaît à l’horizon comme une île. Malgré la fatigue, elle regarde la terre de toutes ses forces, elle essaie de distinguer les maisons, les routes, peut-être même les silhouettes des gens. À côté d’elle, les voyageurs sont massés contre le bastingage. Ils crient, ils font des gestes, ils parlent avec véhémence, ils s’interpellent dans toutes les langues d’un bout à l’autre du pont arrière. Il y a si longtemps qu’ils attendent ce moment ! Il y a beaucoup d’enfants et d’adolescents. Ils portent, accrochée à leurs vêtements, la même étiquette, avec leur nom, leur date de naissance, et le nom et l’adresse de la personne qui les attend à Marseille. Au bas de l’étiquette, il y a une signature, un tampon, et une petite croix rouge dans un cercle noir. Lalla n’aime pas la petite croix rouge ; elle a l’impression qu’elle brûle sa peau à travers sa blouse, qu’elle se marque peu à peu sur sa poitrine.

Le vent froid souffle par rafales sur le pont, et les vagues lourdes font vibrer les tôles du bateau. Lalla a mal au cœur, parce que, pendant la nuit, au lieu de dormir, les enfants ont fait circuler les tubes de lait condensé que les commissaires de la Croix-Rouge avaient distribués avant l’embarquement. Et puis, comme il n’y avait pas assez de chaises longues, Lalla a dû dormir par terre, dans la chaleur écœurante de la cale, dans l’odeur du mazout, de la graisse, secouée par les trépidations du moteur. Maintenant les premières mouettes volent au-dessus de la poupe, elles crient et piaillent, comme si elles étaient en colère de voir arriver le bateau. Elles ne ressemblent pas du tout a des princes de la mer ; elles sont gris sale, avec un bec jaune et un œil qui brille durement.

Lalla n’a pas vu l’aurore. Elle s’est endormie, accablée de fatigue, sur la bâche de la cale, la tête appuyée sur un morceau de carton. Quand elle s’est réveillée, tout le monde était déjà sur le pont, les yeux fixés sur la bande de terre. Il n’y avait plus dans la cale qu’une jeune femme très pâle qui tenait dans ses bras un minuscule bébé. Le bébé était malade, il avait vomi par terre, il geignait doucement. Quand Lalla s’est approchée pour demande ce qu’il avait, la jeune femme l’a regardée sans répondre, avec des yeux vides.

Maintenant, la terre est toute proche, elle flotte sur la mer verte, encombrée de saletés. La pluie commence tomber sur le pont, mais personne ne se met à l’abri. L’eau froide ruisselle sur les cheveux frisés des enfants, fait des gouttes au bout de leur nez. Ils sont habillés comme des pauvres, avec des chemisettes légères, des pantalons de toile bleue, ou des jupes grises, quelquefois avec une grande robe traditionnelle en bure. Ils sont pieds nus dans des chaussures de cuir noir trop grandes. Les hommes adultes ont de vieilles vestes fatiguées, des pantalons trop courts, et des bonnets de ski en laine. Lalla regarde les enfants, les femmes, les hommes autour d’elle ; ils ont l’air triste et apeuré, ils ont des figures jaunes, bouffies par la fatigue, les jambes et les bras martelés par la chair de poule. L’odeur de la mer se mêle à celle de la fatigue et de l’inquiétude, et au loin, comme une tache sur la mer verte, la terre elle aussi semble triste et lasse. Le ciel est bas, les nuages couvrent le haut des collines ; Lalla a beau regarder, elle ne voit pas la ville blanche dont parlait Naman le pêcheur, ni les palais, ni les tours des églises. Maintenant, il n’y a que des quais, sans fin, couleur de pierre et de ciment, des quais qui s’ouvrent sur d’autres quais. Le bateau chargé de voyageurs glisse lentement dans l’eau noire des bassins. Sur les quais, il y a quelques hommes debout, qui regardent passer le bateau avec indifférence. Pourtant, les enfants crient à tue-tête, agitent leurs bras, mais personne ne leur répond. La pluie continue à tomber, fine et froide. Lalla regarde l’eau du bassin, l’eau noire et grasse où flottent des débris dont même les mouettes ne veulent plus.

Peut-être qu’il n’y a pas de ville ? Lalla regarde les quais mouillés, les silhouettes des cargos arrêtés, les grues et, plus loin encore, les longs immeubles blancs qui font un mur au fond du port. Peu à peu, la gaieté des enfants du bateau de la Croix-Rouge Internationale se met à tomber. Il y a, de temps en temps, encore quelques cris, mais ils ne durent pas. Déjà, les commissaires et les accompagnatrices marchent sur le pont, crient des ordres que personne ne comprend. Ils réussissent à grouper les enfants, et ils commencent l’appel des noms, mais leur voix se perd dans le bruit du moteur et dans le brouhaha de la foule.

« … Makel… »

“… Séfar… »

« Ko-di-k i… »

« Hamal… »

« … Lagor… »

Cela ne veut rien dire, et personne ne répond. Puis le haut-parleur se met à parler, comme en aboyant, au-dessus de la tête des passagers, et il y a une sorte de panique. Certains courent vers l’avant, d’autres essaient de monter les escaliers vers le pont supérieur où les officiers les refoulent. Enfin, tout le monde se calme, parce que le bateau vient d’accoster et a arrêté ses machines. Sur le quai, il y a une laide baraque de ciment aux fenêtre, allumées. Les enfants, les femmes, les hommes se penchent par-dessus le bastingage pour essayer d’apercevoir un visage familier, parmi les gens qu’on voit marcher là-bas, de l’autre côté de la baraque, pas plus grands que des insectes.

Le débarquement commence. C’est-à-dire que pendant plusieurs heures, les passagers restent sur le pont du bateau de la Croix-Rouge Internationale, en attendant qu’on donne un signal quelconque. Au fur et à mesure que le temps passe, l’énervement grandit parmi les enfants qui sont massés sur le pont. Les jeunes enfants se mettent pleurer, avec un geignement continu qui grince et n’arrange pas les choses. Les femmes crient, ou bien les hommes. Lalla s’est assise sur un tas de cordage, avec sa valise posée à côté d’elle, à l’abri de la cloison du pont des officiers, et elle attend en regardant les mouettes grises qui volent dans le ciel gris.

Enfin vient le moment de descendre à terre. Les passagers sont tellement fatigués d’attendre qu’ils mettent un bon moment avant de s’ébranler. Lalla suit la cohorte jusqu’à la grande baraque grise. Là, il y a trois policiers et des interprètes qui posent des questions à ceux qui arrivent. Pour les enfants, cela va un peu plus vite, parce que le policier se contente de lire ce qui est écrit sur les étiquettes et de le recopier sur ses fiches. Quand il a fini, l’homme regarde Lalla et il lui demande :

« Tu as l’intention de travailler en France ? »

« Oui », dit Lalla.

« Quel travail ? »

« Je ne sais pas. »

« Employée de maison. » Le policier dit cela, et il l’écrit sur sa feuille. Lalla ramasse sa valise, et elle va attendre avec les autres, dans la grande salle aux murs gris où brille la lumière électrique. Il n’y a rien pour s’asseoir, et malgré le froid de la pluie, au-dehors, il fait une chaleur suffocante dans la salle. Les enfants les plus jeunes se sont endormis dans les bras de leur mère, ou bien par terre, couchés sur des vêtements. Ce sont les enfants plus âgés qui se plaignent maintenant. Lalla a soif, sa gorge est sèche, ses yeux brûlent de fièvre. Elle est trop lasse pour penser à quoi que ce soit. Elle attend, le dos appuyé au mur, debout sur une jambe, puis sur l’autre. De l’autre côté de la salle, devant la barrière des policiers, il y a la jeune femme très pâle au regard vide, qui tient son minuscule bébé dans ses bras. Elle est debout devant le bureau de l’inspecteur, l’air hagard, sans rien dire. Le policier lui parle longuement, montre les papiers à l’interprète de la Croix-Rouge Internationale. Il y a quelque chose qui cloche. Le policier pose des questions, que l’interprète répète à la jeune femme, mais elle les regarde sans avoir l’air de comprendre. Ils ne veulent pas la laisser passer. Lalla regarde la jeune femme si pâle qui tient son bébé. Elle le serre si fort dans ses bras qu’il se réveille un peu et se met à crier, puis se calme quand sa mère, d’un geste rapide, a dégagé son sein et le lui a donné à sucer. Le policier a l’air embarrassé. Il se tourne, cherche des yeux autour de lui. Son regard rencontre celui Lalla qui s’est approchée. Le policier lui fait signe de venir.

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