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Muriel Barbery: L'élégance du hérisson

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Muriel Barbery L'élégance du hérisson

L'élégance du hérisson: краткое содержание, описание и аннотация

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« Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »

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En fait, j’ai eu cette idée d’un double journal (un pour l’esprit, un pour le corps) hier, parce que papa regardait un match de rugby à la télévision. Jusqu’à présent, dans ces cas-là, je regardais surtout papa. J’aime bien le regarder quand il a retroussé ses manches de chemise, enlevé ses chaussures et quand il est bien installé dans le canapé, avec une bière et du saucisson, et qu’il regarde le match en clamant : « Voyez l’homme que je sais être aussi. » Il ne lui vient apparemment pas à l’esprit qu’un stéréotype (Monsieur le très sérieux Ministre de la République) plus un autre stéréotype (bon gars tout de même et aimant la bière fraîche), ça fait du stéréotype puissance 2. Bref, samedi, papa est rentré plus tôt que d’habitude, a lancé sa serviette au petit bonheur la chance, enlevé ses chaussures, retroussé ses manches, pris une bière dans la cuisine et s’est affalé devant la télé en me disant : « Ma chérie, apporte-moi du saucisson s’il te plaît, je ne veux pas rater le haka. » En fait de rater le haka, j’ai eu largement le temps de couper des tranches de saucisson et de les lui apporter et on en était encore aux publicités. Maman était assise en équilibre précaire sur un bras du canapé, pour bien montrer son opposition à la chose (dans la famille stéréotype, je demande la grenouille-intellectuelle-de-gauche), et elle assommait papa avec une histoire de dîner compliquée où il était question d’inviter deux couples fâchés pour les réconcilier. Quand on connaît la subtilité psychologique de maman, le projet a de quoi faire rigoler. Bref, j’ai donné son saucisson à papa et, comme je savais que Colombe était dans sa chambre en train d’écouter de la musique censément avant-garde éclairée du Ve, je me suis dit : après tout, pourquoi pas, faisons-nous un petit haka. Dans mon souvenir, le haka était un genre de danse un peu grotesque que font les joueurs de l’équipe néo-zélandaise avant le match. Du genre intimidation à la manière des grands singes. Et dans mon souvenir aussi, le rugby, c’est un jeu pesant, avec des gars qui se jettent sans cesse sur l’herbe et se relèvent pour retomber et s’emmêler trois pas plus loin.

Les publicités se sont enfin terminées et après un générique plein de gros malabars vautrés sur l’herbe, on a eu vue sur le stade avec la voix off des commentateurs puis un gros plan des commentateurs (esclaves du cassoulet) puis retour au stade. Les joueurs sont entrés sur le terrain et là, j’ai commencé à être happée. Je n’ai pas bien compris d’abord, c’étaient les mêmes images que d’habitude mais ça me faisait un effet nouveau, un genre de picotement, une attente, un « je retiens mon souffle ». À côté de moi, papa s’était déjà sifflé sa première cervoise et s’apprêtait à poursuivre dans la veine gauloise en demandant à maman qui venait de décoller de son bras de canapé de lui en apporter une autre. Moi, je retenais mon souffle. « Qu’est-ce qui se passe ? » je me demandais en regardant l’écran et je n’arrivais pas à savoir ce que je voyais et qui me picotait comme ça.

J’ai compris quand les joueurs néo-zélandais ont commencé leur haka. Parmi eux, il y avait un très grand joueur maori, un tout jeune. C’est lui que mon œil avait accroché dès le début, sans doute à cause de sa taille au départ mais ensuite à cause de sa manière de bouger. Un genre de mouvement très curieux, très fluide mais surtout très concentré, je veux dire très concentré en lui-même. La plupart des gens, quand ils bougent, eh bien ils bougent en fonction de ce qu’il y a autour d’eux. Juste en ce moment, quand j’écris, il y a Constitution qui passe avec le ventre qui traîne par terre. Cette chatte n’a aucun projet construit dans la vie mais elle se dirige pourtant vers quelque chose, probablement un fauteuil. Et ça se voit dans sa façon de bouger : elle va vers. Maman vient de passer en direction de la porte d’entrée, elle sort faire des courses et en fait, elle est déjà dehors, son mouvement s’anticipe lui-même. Je ne sais pas très bien comment expliquer ça mais quand nous nous déplaçons, nous sommes en quelque sorte déstructurés par ce mouvement vers : on est à la fois là et en même temps pas là parce qu’on est déjà en train d’aller ailleurs, si vous voyez ce que je veux dire. Pour arrêter de se déstructurer, il faut ne plus bouger du tout. Soit tu bouges et tu n’es plus entier, soit tu es entier et tu ne peux pas bouger. Mais ce joueur, déjà, quand je l’avais vu entrer sur le terrain, j’avais senti quelque chose de différent. L’impression de le voir bouger, oui, mais en restant là. Insensé, non ? Quand le haka a commencé, c’est surtout lui que j’ai regardé. C’était clair qu’il n’était pas comme les autres. D’ailleurs, Cassoulet n° 1 a dit : « Et Somu, le redoutable arrière néo-zélandais, nous impressionne toujours autant par sa carrure de colosse ; deux mètres zéro sept, cent dix-huit kilos, onze secondes aux cent mètres, un beau bébé, oui, Madame ! » Tout le monde était hypnotisé par lui mais personne ne semblait vraiment savoir pourquoi. Pourtant, c’est devenu évident dans le haka : il bougeait, il faisait les mêmes gestes que les autres (se taper les paumes de mains sur les cuisses, marteler le sol en cadence, se toucher les coudes, le tout en regardant l’adversaire dans les yeux avec un air de guerrier énervé) mais, alors que les gestes des autres allaient vers leurs adversaires et tout le stade qui les regardait, les gestes de ce joueur restaient en lui-même, restaient concentrés sur lui, et ça lui donnait une présence, une intensité incroyables. Et du coup, le haka, qui est un chant guerrier, prenait toute sa force. Ce qui fait la force du soldat, ce n’est pas l’énergie qu’il déploie à intimider l’autre en lui envoyant tout un tas de signaux, c’est la force qu’il est capable de concentrer en lui-même, en restant centré sur soi. Le joueur maori, il devenait un arbre, un grand chêne indestructible avec des racines profondes, un rayonnement puissant, et tout le monde le sentait. Et pourtant, on avait la certitude que le grand chêne, il pouvait aussi voler, qu’il allait être aussi rapide que l’air, malgré ou grâce à ses grandes racines.

Du coup, j’ai regardé le match avec attention en cherchant toujours la même chose : des moments compacts où un joueur devenait son propre mouvement sans avoir besoin de se fragmenter en se dirigeant vers. Et j’en ai vu ! J’en ai vu dans toutes les phases de jeu : dans les mêlées, avec un point d’équilibre évident, un joueur qui trouvait ses racines, qui devenait une petite ancre solide qui donnait sa force au groupe ; dans les phases de déploiement, avec un joueur qui trouvait la bonne vitesse en arrêtant de penser au but, en se concentrant sur son propre mouvement et qui courait comme en état de grâce, le ballon collé au corps ; dans la transe des buteurs, qui se coupaient du reste du monde pour trouver le mouvement parfait du pied. Mais aucun n’arrivait à la perfection du grand joueur maori. Quand il a marqué le premier essai néo-zélandais, papa est resté tout bête, la bouche ouverte, en oubliant sa bière. Il aurait dû être fâché parce qu’il soutenait l’équipe française mais au lieu de ça, il a dit : « Quel joueur I » en se passant une main sur le front. Les commentateurs avaient un peu la gueule de bois mais ils n’arrivaient pas à cacher qu’on avait vraiment vu quelque chose de beau : un joueur qui courait sans bouger en laissant tout le monde derrière lui. C’est les autres qui avaient l’air d’avoir des mouvements frénétiques et maladroits et qui pourtant étaient incapables de le rattraper.

Alors je me suis dit : ça y est, j’ai été capable de repérer dans le monde des mouvements immobiles ; est-ce que ça, ça vaut la peine de continuer ? À ce moment-là, un joueur français a perdu son short dans un maul et, tout d’un coup, je me suis sentie complètement déprimée parce que ça a fait rire tout le monde aux larmes, y compris papa qui s’en est retapé une petite bière, malgré deux siècles de protestantisme familial. Moi, j’avais l’impression d’une profanation.

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