Frédéric Beigbeder - L'amour dure trois ans

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L'amour dure trois ans: краткое содержание, описание и аннотация

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« Au début, tout est beau, même vous. Vous n’en revenez pas d’être aussi amoureux. Pendant un an, la vie n’est qu’une succession de matins ensoleillés, même l’après-midi quand il neige. Vous écrivez des livres là-dessus. Vous vous mariez, le plus vite possible — pourquoi réfléchir quand on est heureux ? ».

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Je vous prie de m’excuser, les écrivains sont des gens plaintifs, j’espère ne pas trop vous ennuyer avec ma douleur. Écrire, c’est porter plainte. Il n’y a pas une grande différence entre un roman et une réclamation aux PTT. Si je pouvais faire autrement, je ne resterais pas enfermé chez moi à taper à la machine. Mais je n’ai pas le choix ; je ne parviendrai jamais à parler d’autre chose.

Regardez-moi ce que je suis devenu… J’écris le même livre que les autres… Chasses-croisés amoureux… On quitte une femme pour une autre qui ne vient pas… Que m’arrive-t-il ? Où sont mes soirées décadentes ? Je m’enferre dans les problèmes sentimentaux germanopratins… On dirait du jeune cinéma français… L’amour est le problème des gens qui n’ont pas de problèmes… Mais c’est la première fois que je ressens un pareil besoin physique d’écrire…

Autrefois quand on me parlait de « nécessité », je faisais semblant de comprendre mais je ne savais rien du tout…

Même cet autodénigrement est une énième protection… (Merci Drieu, merci Nourissier…) Je n’ai rien d’autre à raconter… Fallait que ça sorte un jour… Tant que l’on n’a pas écrit le roman de son divorce on n’a rien écrit… Peut-être n’est-il pas inepte de prendre son cas pour une généralité… Si je suis banal, alors je suis universel… Il faut fuir l’originalité, s’atteler aux sujets éternels… Marre du second degré… Je fais l’apprentissage de la sincérité… Je sens qu’au fond de cette détresse il y a comme une rivière qui coule, et que si je parvenais à faire jaillir cette source, je pourrais rendre service aux « joyeux quelques-uns » qui auraient déjà fréquenté le même genre d’abîme. J’aimerais les prévenir, tout leur expliquer, pour que ce genre de déconvenue ne leur arrive pas. C’est une mission que je m’accorde, et elle m’aide à y voir plus clair. Mais il n’est pas impossible que la rivière demeure à jamais souterraine…

XL

Conversation dans un palace

Jean-Georges ne m’a jamais vu comme ça. Il tente désespérément d’égayer la conversation, comme on tend la main à un naufragé. Nous sommes au bar d’un grand hôtel mais je ne sais même plus lequel car nous les avons tous écumés. Je lui demande :

— Dis, tu crois que l’amour dure trois ans ?

Il me regarde avec pitié.

— Trois ans ? Mais c’est énorme ! Quelle horreur ! Trois jours, c’est amplement suffisant ! Qui t’a mis cette ânerie dans la tête, petit moussaillon ?

— Il paraît que c’est hormonal, enfin, biochimique, quoi… Au bout de trois ans c’est fini, on n’y peut rien. Tu trouves pas ça triste ?

— Non mon toutou. L’amour dure le temps qu’il doit durer, ça m’est égal. Mais si tu veux qu’il dure, je crois qu’il faut apprendre à s’ennuyer bien. Il faut trouver la personne avec qui l’on a envie de s’emmerder. Puisque la passion éternelle n’existe pas, recherchons au moins un ennui agréable.

— Oui, tu as peut-être raison… Tu crois que ça me passera un jour de courir après des apparitions ?

— Oui mon poulet. Tu prends le problème à l’envers. Plus on cherche à être passionné et plus on est déçu quand ça s’arrête. Ce qu’il faut, c’est chercher l’ennui, comme ça tu seras toujours surpris de ne pas te faire chier. La passion ne peut pas être « institutionnelle », c’est l’ennui qui doit être la normale — et la passion une cerise sur le gâteau. Tu sais, la peur de l’ennui…

— … C’est déjà la haine de soi… Je sais, tu me l’as dit et répété… Pff… Quand je vois tous ces couples d’amis qui se détestent, s’ennuient, se trompent, tirent la gueule et restent ensemble juste pour faire durer leur mariage, je ne regrette pas de divorcer… Au moins, moi, je garderai une belle image de mon histoire.

— Ma petite gouape, je te parle pas d’Anne mais d’Alice. Tu fantasmes sur elle alors que tu ne la connais même pas. Voilà, c’est ça ta maladie : tu aimes quelqu’un que tu ne connais pas. Est-ce que tu crois que tu la supporterais si tu devais vivre avec elle ? Pas sûr : ce qui vous excite, c’est de ne pas pouvoir être ensemble. Moi, si j’étais toi, je rappellerais Anne.

— Jean-Georges ?

— Quoi, mon zouzou ?

— Dis pas de conneries. On se reprend deux verres ?

— OK si c’est toi qui raques.

— Jean-Georges, je peux te poser une question ?

— Dis toujours.

— Tu as déjà souffert par amour ?

— Non, tu le sais bien. Je ne suis jamais tombé amoureux. C’est mon grand malheur.

— Parfois je t’envie. Moi, je ne suis jamais resté amoureux, c’est pire.

Son silence m’a fait regretter de lui avoir posé cette question. Un nuage voile ses yeux détournés. Sa voix se fait plus grave :

— Arrête de renverser les rôles, petite frappe. C’est moi qui t’envie, tu le sais très bien. Moi je souffre depuis ma naissance. Tu découvres en ce moment une douleur que j’aimerais bien connaître. Changeons de sujet, si tu veux bien. Et voilà, mon malheur est contagieux. Maintenant on est deux à avoir le blues, nous voilà bien avancés.

— Tu crois que je suis un salaud ?

— Mais non, mais non. Tu fais ton apprentissage, tu n’es qu’un petit amateur, mon chou à la crème. Tu as encore quelques progrès à faire. Par contre…

— Par contre quoi ?

— Par contre, t’es vraiment un gros pédé de la fesse et je vais tout de suite t’attraper par le petit orifice.

Là-dessus ce sagouin m’empoigne et nous roulons par terre en renversant la table, les verres et les fauteuils dans un grand éclat de rire, pendant que le barman cherche frénétiquement dans l’annuaire le téléphone des urgences psychiatriques de l’hôpital Sainte-Anne.

XLI

Conjectures

Alors il s’est passé une chose terrible : j’ai commencé à garder mes chaussettes pour dormir. Il fallait réagir, sans quoi bientôt je me mettrais à boire ma propre urine. Je me retournais dans mon lit en songeant à ce que m’avait dit Jean-Georges. Et s’il avait raison ? Il fallait rappeler Anne. Après tout, puisque Alice ne voulait pas venir, j’avais peut-être eu tort de divorcer. Tout n’était pas perdu : beaucoup de gens retombent amoureux de leur époux le lendemain du divorce. Tiens : Adeline et Johnny. Non, mauvais exemple. Euh, Liz Taylor et Richard Burton. Pas tellement mieux.

Je pourrais récupérer Anne. Il fallait récupérer Anne. Tout était rattrapable. Nous n’avions pas tout essayé. Nous allions tout essayer. À force de ne pas se parler pour se ménager l’un l’autre, nous nous étions quittés sans rien nous dire. Nous serions ensemble, à nouveau, et ririons bientôt en évoquant notre séparation. Nous en avions vu d’autres.

Non, à la réflexion, nous n’en avions pas vu d’autres. Autrefois les mariages résistaient à ce genre de passades. Aujourd’hui les mariages sont des passades. La société dans laquelle nous sommes nés repose sur l’égoïsme. Les sociologues nomment cela l’individualisme alors qu’il y a un mot plus simple : nous vivons dans la société de la solitude. Il n’y a plus de familles, plus de villages, plus de Dieu. Nos aînés nous ont délivrés de toutes ces oppressions et à la place ils ont allumé la télévision. Nous sommes abandonnés à nous-mêmes, incapables de nous intéresser à quoi que ce soit d’autre que notre nombril.

J’ai tout de même échafaudé un plan. J’espérais ne pas être obligé d’en arriver à cette extrémité mais le départ d’Alice en vacances avec son mari mérite une riposte nucléaire. Cette fois on jette la dignité à la rivière. Mon plan, c’est de rappeler Anne. Je décroche le téléphone avec un sourire que je voudrais machiavélique et qui n’est qu’intimidé.

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