Thomas Pynchon - Vente à la criée du lot 49

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Vente à la criée du lot 49: краткое содержание, описание и аннотация

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"Vente à la criée du lot 49" est le deuxième roman de Thomas Pynchon. Une jeune femme nommée Œdipa Mass y apprend qu'elle a été choisie comme exécutrice testamentaire d'un de ses anciens amants, un magnat de l'immobilier dont le legs réside en une mystérieuse collection de timbres. Mais plusieurs éléments, comme la découverte d'un service postal alternatif, ainsi qu'une image de cor bouché dans les toilettes du Scope, la plongent dans une vaste enquête sur la possibilité d'un réseau de dissidents dans la communauté de San Narcisso. Existant depuis plus de 200 ans, le réseau s'appellerait W.A.S.T.E., soit "We await silent Trystero's Empire", formule invoquée par "The Courier's Tragedy" de Richard Wharfinger, un incunable du corpus théâtral jacobéen concernant un héros déshérité qui aurait tenté à plusieurs reprises d'assassiner le maître des postes du prince d'Orange pour contrôler la communication entre les royaumes.

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Quand elle se réveilla le matin, elle était assise toute droite devant la glace qui lui renvoyait l'image de son visage épuisé.

The Lectern Press avait ses bureaux dans un petit immeuble de Shattuck Avenue. Ils n'avaient pas là d'exemplaire des pièces de Ford, Webster, Tourneur et Wharfinger, mais, contre un chèque de 12,50 dollars, ils lui donnèrent l'adresse de leur entrepôt et un bon de caisse à montrer au magasinier. Quand elle eut enfin le livre en main, c'était déjà l'après-midi. Elle feuilleta rapidement le texte, à la recherche du vers en question. Soudain, sous l'ombre mouchetée du feuillage, elle se figea.

Aucune étoile ne veillera quand il dort, (cela commençait bien ainsi) sur celui qui un jour s'est mis en travers des concupiscences d'Angelo.

- Mais non! s'écria-t-elle à haute voix, "sur l'ancien compagnon du pauvre Trystero".

La note au crayon dans l'exemplaire broché signalait une variante. Mais le livre de poche était censé être la reproduction exacte du livre qu'elle avait maintenant entre les mains. Intriguée, elle vit qu'il y avait également une note dans cette édition.

D'après le Quarto de 1687. Dans le Folio original, un plomb remplace le vers suivant. D'Amico suggère que Wharfinger avait peut-être introduit là une comparaison calomnieuse pour une personne de la Cour, et que cette "restauration" tardive pourrait être l'œuvre de l'imprimeur, Inigo Barfstable. L'édition douteuse "Whitechapel" (c. 1670) donne "Sur l'odieux, triste guet-apens de Niccolo". L'alexandrin est bien mauvais, de plus, sur le plan syntaxique, il reste obscur, à moins d'admettre l'explication peu orthodoxe mais assez convaincante de J.-K. Sale: il y voit un jeu de mots sur "Ce trystero dies irae..." Évidemment, le vers est toujours aussi faible, car le mot trystero demeure inintelligible, à moins d'y voir une variante pseudo-italienne de trits (misérable, débauché). Mais l'édition "Whitechapel", qui de plus est fragmentaire, abonde en vers déformés et sans doute apocryphes, comme nous l'avons déjà signalé, et ne saurait être prise comme base de référence.

"Alors, se demanda Œdipa, dans l'édition de poche que j'ai achetée chez Zapf's, où sont-ils allés chercher leur vers de Trystero? Y aurait-il encore une autre édition en plus du Quarto, du Folio, et du fragment "Whitechapel"? La préface, signée cette fois-ci par un certain Emory Bortz, titulaire d'une chaire de littérature anglaise de l'université de Californie, n'en signalait pas". Elle perdit encore une heure à lire toutes les notes, sans succès.

- Et merde! s'écria-t-elle.

Puis, après avoir démarré, elle prit la direction du campus de Berkeley, à la recherche du professeur Bortz.

Elle aurait dû se souvenir de la date du livre -1957. Un autre monde. La fille au bureau de la faculté d'anglais lui dit que le professeur Bortz ne faisait plus partie de l'université. Il enseignait maintenant au San Narciso College, San Narciso, Californie.

"Bien sûr, se dit Œdipa en faisant la grimace, comment pourrait-il être ailleurs?" Elle nota l'adresse, et sortit en se demandant qui avait publié cette édition de poche. Elle l'avait oublié.

C'était l'été, un jour de semaine, et le milieu de la semaine; pas le moment pour voir un campus en pleine activité, si Œdipa se fiait à son expérience. C'était pourtant ce qui se passait. Elle descendit de Wheeler Hall, franchit Sather Gate et arriva sur un vaste patio plein de velours à côtes, de jeans, de jambes nues, de cheveux blonds, de lunettes à monture de corne, de chaînes de bicyclettes qui brillaient au soleil, de sacs de livres, de longues pétitions qui traînaient jusqu'à terre, d'affiches à la gloire d'acronymes indéchiffrables, du FSM, du YAF, ou encore du VCD, il y avait de la mousse de savon dans la fontaine, et des étudiants nez à nez qui causaient. Son gros livre sous le bras, elle traversa la cohue, attirée, anxieuse, une étrangère, elle aurait voulu se sentir des leurs, mais elle savait bien que c'était un autre univers. Ses études, elle les avait faites à une époque de calme, de froideur plutôt, où chacun vivait dans un monde à soi, indifférent aux autres étudiants, mais aussi à ce qu'il y avait autour, ou dans l'avenir. Sans doute une réaction naturelle devant un certain nombre de désordres pathologiques dans les hautes sphères dont seule la mort était venue à bout. Berkeley, maintenant, ne ressemblait plus du tout à l'université somnolente qu'elle avait connue, mais plutôt à ces universités orientales ou sud-américaines où la révolution permanente pouvait à tout moment remettre en question la tradition culturelle la plus sacrée, où s'exprimaient les contestations les plus radicales, voire suicidaires - tout ce qu'il faut pour renverser les gouvernements. Mais c'était bien de l'anglais qu'elle entendait en traversant Bancroft Way parmi les enfants blonds et le grondement des Honda et des Suzuki; de l'anglais d'Amérique. Où étaient donc passés les secrétaires James et Foster, et le sénateur Joseph McCarthy, ces chères vieilles choses qui avaient si gentiment veillé sur la paisible jeunesse d'Œdipa? Dans un autre monde. Sur une autre voie, après d'autres choix et d'autres décisions, des aiguillages fermés, et les aiguilleurs sans visage qui les avaient manœuvrés avaient tous été déplacés, tous avaient foutu le camp, ils avaient sombré dans la folie, l'héroïne, l'alcool, le fanatisme, dissimulés sous de fausses identités, disparus à jamais. À eux tous, ils avaient réussi à faire d'Œdipa un être rare en vérité, certainement peu doué pour les manifs en général, mais très doué pour la chasse aux mots curieux dans les textes élisabéthains.

Elle arrêta l'Impala dans une station-service quelque part sur l'étendue grise de Telegraph Avenue et, dans un annuaire, elle trouva l'adresse de John Nefastis. Elle roula jusqu'à un immeuble construit dans un style mexicain d'opérette, et elle chercha son nom parmi les boîtes aux lettres de modèle réglementaire pour la poste des USA, elle gravit un escalier extérieur, suivit une rangée de fenêtres avec des rideaux, et trouva finalement sa porte. Il avait les cheveux coupés en brosse et l'air d'un gamin, comme Koteks, mais il portait une chemise avec des motifs polynésiens qui devait dater de la présidence d'Harry S. Truman.

Elle se présenta et prononça le nom de Stanley Koteks.

- Il a dit que vous sauriez me dire, ajouta-t-elle, si je suis une "Sensitive" ou pas.

Quand elle était arrivée, Nefastis était occupé à regarder à la télévision des gosses danser une sorte de Watusi.

- J'aime bien les émissions pour les jeunes, expliqua-t-il. Elles ont quelque chose d'intéressant, ces gamines, à cet âge-là.

- Mon mari est comme vous, je comprends très bien.

John Nefastis lui fit un grand sourire, simpatico, et il alla chercher sa machine dans un atelier derrière. Elle était bien comme sur le brevet.

- Vous savez comment ça fonctionne?

- Stanley m'a un peu expliqué.

À la grande stupéfaction d'Œdipa, il se mit alors à parler d'entropie. Ce mot lui faisait le même effet que Trystero à Œdipa. Mais c'était beaucoup trop technique pour elle. Elle comprit cependant qu'il y avait deux sortes d'entropies différentes. L'une concernait les moteurs, l'autre la communication. Dans les années trente, leurs deux équations avaient semblé très similaires. Coïncidence. Les deux domaines étaient complètement séparés, sauf sur un point: le Démon de Maxwell. Quand le Démon était assis en train de trier ses molécules en chaud et en froid, on disait que le système perdait son entropie. Mais cette perte se trouvait effacée par l'information acquise par le Démon concernant la distribution des molécules.

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