Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

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«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

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Suzanne n’est pas venue. Elle souffre de la chaleur depuis Suez. Cette nuit l’étouffait. Elle a voulu rester sur le pont jusqu’au matin, malgré les moustiques qui venaient de la côte. Le vent passait sur le navire et brûlait ses paupières comme une fièvre. Au matin, elle a touché le bras de Jacques endormi à côté d’elle, sur le bois du pont. «Sens cela, respire… C’est délicieux!» L ’Ava était entré dans la baie d’Aden sans qu’ils s’en rendent compte. Maintenant la brise de la terre arrivait avec l’aube, apportant la fraîcheur et l’odeur du désert. «Je voudrais tant qu’on reparte, qu’on soit à nouveau en mer.» Suzanne est impatiente depuis qu’ils ont pris le train de Marseille. L ’Ava, cette coupole de fer boulonnée qui vibre et sent la graisse, lui donne mal au cœur. Les escales ne l’intéressent pas. Ce qu’elle attend, c’est Maurice, les pics aigus que Jacques lui a décrits, qui montent au-dessus de l’horizon, qui accrochent les nuages. Ce pays qu’elle voulait le sien.

Cette nuit, dans la mer Rouge, elle regardait les étoiles. Le ciel était couleur d’indigo. «C’est si beau…» Jacques lui disait le nom des constellations, il lui a montré l’étoile la plus brillante près de l’horizon: Aldebaran. Il lui a même dit son nom indien, Rohini, qu’il a gardé depuis l’enfance.

Maintenant, elle s’est endormie dans la cabine, toute nue sous le drap mouillé de sueur. Quand ils sont partis, elle a embrassé Léon, elle a dit: «Ne va pas te perdre!»

À l’avant du canot, Léon a les yeux qui brûlent, lui aussi. Le soleil a déjà noirci la peau de son visage, ses mains. Avec ses cheveux bouclés, il doit ressembler à un jeune mousse indien. Lui aussi est impatient d’arriver, de toucher la terre où il est né. C’est comme cela que je l’imagine, ses yeux noirs comme le jais, où brille l’étincelle. Non pas le regard mélancolique des Archambau, mais la fièvre qui brûlait l’Eurasienne, la soif d’aventure.

Le rivage est une longue avenue poussiéreuse qui se courbe jusqu’à la pointe du Steamer, au soleil levant. Au-dessus des bâtiments commerciaux, douanes, entrepôts, hôpital, commence la lèvre noire du cratère. Plus loin, dans une brume grise, apparaissent les premières collines désertiques de l’Arabie, coupées à la hache, couleur de sable, avec par endroits la longue bande blanche d’un affleurement argileux. La chaleur est extrême. Il est à peine huit heures trente et déjà l’atmosphère tremble au-dessus de la ville, sur les quais poussiéreux. Les portefaix ont commencé à décharger le chaland, empilent les caisses sur la route, devant le ponton. Il y a de la poussière partout, des mouches. Des fausses guêpes géantes bourdonnent autour des cageots de pommes. Un peu en retrait, les porteurs attendent avec leurs charrettes à bras. Ce sont de grands Noirs Issas, vêtus seulement de pagnes en haillons, leurs corps recouverts d’une fine pellicule qui ressemble à de la farine. Derrière eux, à l’abri de grands parapluies noirs, il y a les silhouettes des hommes qui représentent à Aden la civilisation — ce qui en tient lieu: commerçants arabes dans leurs gandouras blanches, officier de santé anglais, et quelques représentants des maisons européennes, Luke Thomas, Peninsular & Oriental, et les Messageries maritimes.

Jacques et Léon marchent sur le quai. Un homme doit avoir attiré leur attention, par son aspect étrange, même dans un lieu aussi éloigné. C’est un homme corpulent, la cinquantaine, vêtu d’une veste noire et d’un pantalon gris, portant gilet, col dur et cravate malgré la chaleur. Il est aussi le seul à ne pas s’abriter sous un parapluie. Il est coiffé d’un chapeau de paille à large bord et d’un mouchoir qui protège sa nuque. Mais ce qui attire le regard de Jacques et de Léon, c’est sa barbe. Une barbe hors de l’ordinaire, longue, large, opulente, d’un noir de charbon où brillent des fils d’argent. L’homme, un peu à l’écart des commerçants arabes, surveille la scène du débarquement en caressant sa barbe. Lui, en revanche, n’a pas accordé un regard à ces deux voyageurs descendus de l’ Ava pour se dégourdir les jambes.

Les commerçants reconnaissent leurs caisses, les examinent avec le second commandant de l ’Ava, puis ils donnent des ordres, sans hausser la voix, ordres répercutés aussitôt par un contremaître — un sirdar, a dû penser Jacques — qui répartit les charges, expédie les charretiers le long de l’avenue jusqu’aux entrepôts.

Il règne à cette heure une certaine agitation sur le port, qui doit contraster avec le vide du ciel et la torpeur de la nuit, troublée seulement par les hurlements des chiens. Avec tout cela, les enfants à demi nus qui courent entre les caisses, dans l’espoir de capturer un fruit qui s’échapperait d’un cageot. Ils ont formé un ballet autour de Jacques pour lui réclamer un sou. Ils crient: «One thaler! One thaler!» Ou peut-être: «One dollar!» Jacques distribue quelques centimes et les enfants s’enfuient en piaillant.

Pour leur échapper, ou dans l’espoir de trouver un air plus frais, Jacques et Léon ont marché le long de la baie, jusqu’au départ du sentier de mulet qui grimpe vers le haut du promontoire, vers les carrières. Assis à l’ombre du bâtiment de la Peninsular & Oriental, ils contemplent le paysage de la rade où est mouillé l ’Ava immobile et noir.

N’était-ce le filet de fumée qui s’échappe de la haute cheminée, on pourrait croire une épave.

De l’autre côté de la presqu’île, il y a la falaise du volcan, le bord effondré du cratère. Quand le bateau est arrivé, à l’aube, Jacques s’est levé sans bruit, il a marché sur le pont jusqu’à la dunette. Le commandant Boileau était appuyé sur le garde-corps, il a montré à Jacques l’énorme rocher sortant de la mer: «Ceci, monsieur, est le djebel Shum Shum, sans doute le rocher le plus célèbre du monde, après celui de Gibraltar.» Il a ajouté: «Et tous deux sont anglais.»

Il y a quelque chose à la fois d’admirable et de maléfique dans le silence d’Aden, qui doit troubler Jacques et Léon, comme le passage d’une épreuve incompréhensible.

Après la fièvre du départ — la fourmilière des quais de Marseille, le tohu-bohu de la gare et des trains, la clameur des vapeurs démarrant dans le vent froid d’avril, et la promiscuité du voyage — la rade d’Aden, avec cette montagne noire et l’eau lisse de la baie, donne un sentiment d’immensité inhumaine qui fait battre le cœur de Léon, trouble son regard. Pour Jacques, cette escale n’est qu’un moment sur la route du retour. Peut-être se souvient-il de tout cela, les quais poussiéreux, l’odeur de l’huile, le mouvement des pirogues. Mais pour Léon, c’est la première fois. Ici commence tout ce qu’il est venu chercher, la nouveauté, la rupture avec la pension de Rueil-Malmaison, l’oubli de l’enfance. Ici commence la mer dont lui parlait Jacques, cette mer qu’on voit à Anna, qui bouillonne et bat en côte à Eau-Bouillie. Cette impression d’être sur un radeau détaché du reste du monde. C’est cela sans doute qui brille dans le regard de Léon, comme un mystère qu’il ne peut pas comprendre, dans la mer, la lumière trop forte, la chaleur du désert. Il pense qu’il est presque arrivé, il est à la porte en quelque sorte, il est en train de franchir le dernier seuil avant de trouver sa terre. Sur un calepin de croquis entoilé, que Jacques lui a offert avant de partir, Léon dessine ce qu’il voit, le croissant de la baie, la pointe du Steamer, les bâtiments blancs, les silhouettes des débardeurs, le ponton où le chaland est amarré, au milieu des canots et des pirogues des pêcheurs, et au loin, la montagne noire, hérissée, pareille à une ruine. Sur une autre page, avec soin, il fait le portrait de l ’Ava, immobile au centre de la rade, entouré des voiles des boutres.

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