Сигизмунд Кржижановский - Estampillé Moscou
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- Название:Estampillé Moscou
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- Издательство:Verdier
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- Год:2014
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Neuvième lettre
Cher ami ! Je voulais vous écrire hier, et j’en ai été incapable ; encore à présent, je ne parviens pas à rassembler mes mots. Je savais bien que Moscou est accrocheuse ; mais que moi, elle ait pu m’attraper à l’hameçon – cela, je l’avoue, je ne m’y attendais pas.
Tout s’est passé hier, je dirais d’un seul coup, entre deux et trois heures de l’après-midi. Il m’est souvent arrivé, comme je flânais du côté de la petite rue Ipatievski, de faire le détour pour admirer une vieille église du XVII esiècle, Notre-Dame-de-Géorgie, dite de Mikitniki. Un haut toit élancé avec ses lunettes cernées de pierre, le regard en éveil ; un petit porche bas orné d’arabesques fantastiques ; la courbe audacieuse du cintre et la pierre finement ciselée des murs. Mais, quel que soit le moment où l’on vient, l’église est fermée. Le porche est désert – personne. Il y a longtemps que je voulais y entrer car je savais qu’elle renferme les œuvres du dernier peintre d’icônes de Moscou, Simon Ouchakov : le polyptyque à douze volets de la Liturgie de la Vierge et l’icône de la Madone à l’arbre (1659 et 1668).
Ayant appris que le bedeau ouvrait l’église à trois heures précises, je me hâtai vers la petite rue Ipatievski. Mais, arrivé rue Tverskaïa, je me trouvai bloqué. J’avais oublié (je lis rarement le journal) que ce jour-là, à cette heure-là, était prévue une des manifestations politiques si fréquentes aujourd’hui à Moscou.
Un flot humain compact et ininterrompu, marchant au son des orchestres qui jouaient tour à tour, me barrait la route. Rien à faire, il fallait attendre.
J’avoue que j’étais dépité. Ce n’était pas la première fois que je croisais des défilés à Moscou et je savais que j’en avais pour un bon moment. Je sortis ma montre ; l’aiguille des minutes avançait d’un pas régulier : j’allais encore être en retard. Mais que faire ! Le temps passait, et la foule ne cessait d’affluer. Je n’aime pas la foule, et j’avais de plus en plus de mal à supporter le bruit de ces centaines, de ces milliers de pas. Je me mis à regarder par-dessus les têtes mais, là encore, je découvris toute une vie éclatante, une et indivisible. Alignées sur les banderoles, des centaines et des milliers de lettres marchaient sur moi en rangs dorés. Vous vous rappelez que je vous ai déjà parlé de l’alphabet en folie, du chaos des lettres qui assaillent les murs et les panneaux d’affichage de Moscou. Cette fois, ce n’était pas du tout la même chose : c’était une vague de lettres au rythme régulier et imperturbable, un cortège triomphal de signes typographiques qui, conscients de la force qui les habitait, ne cessaient d’avancer au-dessus de la foule, telle une armée au-dessus d’une autre armée.
Je regardai à ma hauteur, et c’est alors seulement que je vis les visages. Certains étaient vieux, d’autres juvéniles, mais étrangement, malgré les différences d’âge, le regard des uns et des autres portait le même monde jeune – mieux : la jeunesse du monde. Mes oreilles bourdonnaient, je ne pouvais distinguer les mots, c’est à peine si je lisais les slogans en lettres d’or sur fond rouge, mais alors je compris l’essentiel. Oui, j’avais compris.
Cependant les rangs s’éclaircissaient, le dernier orchestre – six trompettes et un tambour – clama je ne sais quoi dans sa langue de cuivre. La voie était libre.
Je repris ma route machinalement. Mais lorsque le vieux gardien m’ouvrit la porte de l’église en faisant tinter les clés, et que les images ocre et or des saints se dessinèrent dans l’ombre et vinrent à ma rencontre, je vis soudain que je n’avais plus besoin de cela. Je glissai une pièce dans les doigts raides et descendis rapidement les marches. Le lourd cadenas claqua sèchement derrière moi.
Oui, c’en est bien fini de tout cela.
Dixième lettre
Au début, c’étaient des hommes que l’on clouait sur les croix : on raconte que parmi eux il arrivait qu’il y eût des dieux. Puis, ayant recouvert d’or le sang des crucifix, on installa les croix au sommet des coupoles. Il fallait alors lever la tête pour les voir. D’abord on le fit, puis on s’en lassa : pas le temps. C’était clair pour tout le monde : ces « plus » de métal n’additionnaient rien, ils ne savaient pas unir les vies disparates en une seule. L’amour, brouillé et bâclé à l’origine, le demeura.
Et bientôt, quoique certains cachassent une petite croix sous leur chemise, les gens apprirent certes à vivre à proximité de la croix, mais à côté d’elle.
Ce n’est qu’au moment où quelqu’un était couché sous la terre, et son nom sur une page de journal dans un petit cadre noir, que ce nom rencontrait une dernière fois la croix. Cependant, elle ne s’appelait déjà plus une croix mais simplement – les vieux typographes le savent – un signe mort. Dans les années qui précédèrent immédiatement la Révolution, le signe mort nichait dans un des cassetins de la casse d’imprimerie et, comme s’il avait honte de lui-même, cachait ses minuscules bras noirs entre les paumes rapprochées des parenthèses. Voici : (†). Puis les parenthèses se refermèrent, et le cassetin près de la latte centrale de la casse resta vide : le signe mort était mort.
Aujourd’hui encore, un étrange cimetière aérien surplombe Moscou : deux mille signes mort étendent lugubrement leurs bras au-dessus de la ville qui vit ou bien à côté d’eux, ou bien très loin.
On trouve à Kitaï-Gorod plusieurs églises extrêmement curieuses, Saint-Nicolas-à-la-Grande-Croix par exemple, ou Notre-Dame-de-Géorgie dont j’ai déjà parlé. Elles ont deux niveaux : au-dessus, sous forme d’une énorme chapka de pierre, se tient l’église proprement dite ; en dessous, on trouve l’habituelle cave servant d’entrepôt. Le marchand avait besoin d’un dépôt sûr et solide pour ses marchandises afin de mettre son bien à l’abri de la « tentation » (comme il est noté dans les actes de la fin du XVII esiècle), et il faisait construire une église au-dessus de sa cave. L’idée était que le voleur craignant Dieu n’irait pas voler le commerçant craignant Dieu, propriétaire d’une église-entrepôt. En sorte que celle-là, qui a trait au céleste, était utilisée au profit de celle-ci, qui n’est que trop terrestre.
Et nous voici, mon cher, devant un bien curieux problème : la conscience classe les choses qui se présentent à elle en celles-ci et celles-là, les premières comprises dans le domaine de la perception, les secondes inaccessibles à la sensation ; les unes immanentes à la vie, les autres transcendantes ; celles-ci dans la proximité quotidienne et bien connue, celles-là dans le lointain brumeux et impénétrable.
Si maintenant on classe les consciences, il apparaît que, selon leur type, elles progressent dans la connaissance en des directions opposées. Les unes cherchent à faire passer les choses de cela en ceci, les autres – de ceci en cela. Et si enfin, parmi les porteurs de conscience, autrement dit parmi les êtres envisagés selon leur type intellectuel, j’appelle « cherchant-ceci » ceux qui cherchent à transformer cela en ceci, et « cher-chant-cela » ceux qui veulent convertir ceci en cela, alors c’en sera fini des anciennes terminologies normatives.
Revenons-en à Moscou : elle s’est toujours souciée de ceci, contenu dans ses murs ; elle n’a jamais construit que ceci, le recouvrant tout juste de cela à seule fin de le protéger de la tentation ; elle a toujours écrit et écrira toujours sur ceci. Le plus moscovite des écrivains de Moscou était tout fier d’avoir découvert un nouveau pays – le quartier de la Moscova – simplement parce qu’il y vivait (A. Ostrovski, 1.1).
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