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Сигизмунд Кржижановский: Estampillé Moscou

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Сигизмунд Кржижановский Estampillé Moscou

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En effet, nous vivons sur quarante cendres, nous marchons sur quarante cendres 12.

Je n’ai pas encore terminé mon travail, mais je puis déjà affirmer que c’est un cierge de quatre sous qui a habillé Moscou de briques et de pierres. Avec une opiniâtreté qui, elle, vaut bien son pesant d’or, il n’a eu de cesse d’incendier Moscou année après année, jusqu’à ce que celle-ci se protège dans la pierre. L’histoire de ces quatre sous ravageurs, de ces pauvres petits bouts de chandelles qui balayaient régulièrement de la terre le travail accumulé par des centaines de milliers de personnes peut se résumer dans la sécheresse de quelques chiffres. Les anciens actes officiels, certaines chroniques plus anciennes encore, des mémoires récents et les comptes rendus – cette fois tout à fait récents – du Tribunal de police, fournissent une statistique incomplète mais suffisamment éloquente. Je ne donnerai qu’une poignée de chiffres. En 1389, l’incendie de la Toussaint ; auparavant déjà, un incendie en 1354 ; en 1451, les Tatars brûlent presque complètement le Kremlin et le Quartier des marchands ; puis une succession d’incendies : 1442, 1475, 1481, 1486 ; à la fin du XVI esiècle, Moscou brûle en 1572 et 1591 puis, au XVII e, en 1626, 1629, 1648, 1668 ; plus tard encore, en 1701, 1709, 1737, 1748, 1754, et ainsi de suite. Et je ne mentionne que les « grands » incendies, qui ravageaient un quart, un tiers et jusqu’à la moitié des bâtiments, habités ou non. Certains sinistres ont même reçu des noms propres : incendie de la Toussaint, de la Trinité, de la Pentecôte, etc. Au fil des siècles, le cierge de quatre sous refuse de s’assagir et poursuit son œuvre : il ravive sournoisement l’incendie près de l’autel d’une petite chapelle, il gagne de proche en proche par les couloirs et les galeries, lance ses brandons de toit en toit, enjambe de sa langue de feu les murailles de pierre du Kremlin, monte jusqu’aux coupoles des tours et des clochers, jetant à bas les cloches dans le mugissement de la foule et les coups du tocsin. Puis les cendres qui refroidissent et, dans une agitation de fourmi, les maisons que l’on reconstruit pour cinq ou six ans. Puisque cinq ou six ans après, le cierge de quatre sous se remet à la tâche.

Le cierge brûle à petit feu dans les noms des carrefours, des rues, des quartiers et des places : l’incendie (ancien nom de la Place Rouge), le Marais-Brûlé (où s’élève aujourd’hui le monastère Pétrovski), le Grand-Feu (ainsi appelait-on parfois au XVII esiècle le quartier des Marchands, Kitaï-Gorod), la Rue-au-Feu (aujourd’hui perdue parmi les nouveaux noms), la Brûlerie, etc. Comme vous le voyez, le cierge s’exprime de manière assez monotone.

Tout brûle : en 1571, le palais de l’Opritchina ; en 1848, le manuscrit des Âmes mortes. Les habitants de l’ancienne Moscou sont des victimes professionnelles du feu ; ils vivent d’un incendie à l’autre ; ils construisent moins pour leur agrément que pour celui de l’éternel cierge de quatre sous. C’est pourquoi la façon même de construire et jusqu’à la manière de vivre dans ces maisons d’un jour ne correspondent pas à la possibilité d’y habiter, mais à leur totale disponibilité à être détruites par le feu : de sorte que les maisons et les choses quelles contiennent puissent à chaque instant, sans opposer de résistance, être réduites en cendres. Au XVI esiècle par exemple, les habitants du quartier marchand de Moscou allaient jusqu’à appeler leur maison Planche-en-l’air ou encore Tête-en-l’air. Inutile de réfléchir longuement et péniblement sur les formes architecturales, inutile de renforcer les murs et de creuser de solides fondations : de toute manière, c’est le cierge de quatre sous qui aura le dernier mot. « Presque chaque année, écrit le voyageur étranger Johann Georg Korb (1698), les fêtes les plus importantes s’accompagnent à Moscou d’incendies qui causent au peuple les plus graves dommages. Ils se déclarent presque toujours la nuit et réduisent parfois en cendres plusieurs centaines de maisons de bois. Lors du dernier incendie, qui détruisit six cents maisons sur les bords de la Néglinna, quelques Allemands accoururent pour éteindre le feu, mais ils furent roués de coups puis jetés dans les flammes » (page 57). Par la suite, P. Chérémétev acquit à juste titre la réputation de gardien des traditions moscovites en régalant les invités de sa villa des environs de Moscou d’« incendies dessinés », véritables œuvres d’art disposées çà et là dans le jardin. Alors même que Moscou commençait à troquer l’habit de bois pour celui de pierre, Catherine II écrivait à Voltaire : « Dans aucun État d’Europe on ne construit avec autant de hâte qu’en Russie » (elle voulait dire « à Moscou » ; t. II, Moscou , 1803, p. 26). Mais voilà ce qui arrivait parfois. Sur la cendre, on construisait des planches-en-l’air ; dans les planches-en-l’air, des têtes-en-l’air vivaient dans l’angoisse et la promiscuité, dans l’attente des nouveaux malheurs et des éternels déménagements ; mais – pour une raison ou pour une autre – le cierge de quatre sous tardait à venir : on attendait l’incendie, mais il ne se déclarait pas. Les maisons construites à la hâte pour durer cinq ou six ans s’affaissaient, se lézardaient, et, tout de guingois, attendaient impatiemment l’incendie – qui tardait toujours ; et la vie déviait de son cours, déconcertée, désemparée.

C’était ainsi.

Aujourd’hui, à la place des isbas mal bâties sous leurs toits de planches bas et avachis, des cubes de pierre dressent leurs cinq ou six étages ; à la place des petits nids en bois collés les uns contre les autres, les vastes plafonds et les voûtes reposant sur des colonnes. C’est vrai de l’extérieur. Mais à l’intérieur, c’est toujours la même Moscou en bois, étroite et confinée ; à l’intérieur, c’est la même confusion, le même besoin de déménager, la même vie de tête-en-l’air. La vieille Moscou en bois est toujours vivante, elle est simplement cachée sous un revêtement de pierre, sous le masque du monumental et de l’indestructible. À observer les bâtiments de la fin du xvir siècle et surtout du XVIII e, on constate que les pierres sont encore assemblées comme dans les constructions en bois : dans la pensée de l’architecte, c’est du bois qui se fait passer pour de la pierre, du bois finement ciselé qui se cache sous des ornements de pierre. Mais à l’intérieur, derrière les larges fenêtres carrées et les épais murs de brique, c’est toujours – d’incendie en incendie, de révolution en révolution, de catastrophe en catastrophe – la même vie qu’avant.

Tout homme, toute maison, tout acte, toute idée, une fois qu’ils ont commencé à vivre, ont envie et ont besoin de s’accomplir jusqu’au bout, mais le cierge de quatre sous n’est pas d’accord : toujours il désire du nouveau et s’empresse de construire Moscou par-dessus Moscou. Et c’est pourquoi, ici, rien ni personne n’est jamais parvenu à s’accomplir jusqu’au bout, ni un homme ni une idée. Seul le cierge de quatre sous brûle jusqu’au bout.

Mais ce qui est mort avant terme, inaccompli, bouge encore dans sa mort même. D’où le paradoxe essentiel de Moscou : ici, ce qui est mort n’est pas définitivement mort, et ce qui est vivant ne l’est pas pleinement. Puisque le vivant ne saurait vivre parmi tant de disparitions, au milieu de ceux qui reposent sans repos et qui, morts à jamais, bougent encore sous l’herbe verte. Moscou, c’est le vieux conte de l’eau vive et de l’eau morte dit par un conteur qui aurait tout confondu : les vivants sont aspergés d’eau morte et les morts d’eau vive, et aucun d’entre eux ne distingue qui est vivant, qui est mort, et qui enterre qui.

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