Сигизмунд Кржижановский - Estampillé Moscou

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On dit souvent que Moscou est conservatrice. Sottise. Le vieux bronze patiné ne chante-t-il pas l’hymne à l’avenir : L’Internationale ? Oui. D’abord il y eut les choses, puis les cendres, et elles-mêmes refroidirent. Aujourd’hui, presque tout ce qui reste de la vie qui n’est passée que d’hier, ce sont de vieux chiens aboyant encore dans les cours, comme on le leur avait appris, au passage des gens misérablement vêtus : ce sont les seuls qui n’arrivent pas à admettre ce qui s’est passé.

Huitième lettre

Oui, mon ami ! Le foret comme l’aiguille magnétique en témoignent : Moscou repose sur le vide. Il y a les maisons, sous les maisons le sol, sous le sol le sous-sol, et sous celui-ci – une gigantesque « bulle de terre » : une boule de vide qui pourrait contenir trois Moscou.

Il y a une semaine, des rafales de pluie me chassèrent par la ligne brisée des ruelles de la rue Nikitskaïa vers la rue Tverskaïa. Je notais tout en marchant : ici, dans cet hôtel particulier derrière les acacias, Stankévitch 13pensait et mourut, et ici, à ce carrefour, des marchands ambulants vendaient des « soufflés au vide », traditionnels à cette époque.

Et soudain je la sentis nettement : l’énorme boursouflure collant à mes semelles, la boule de vide qui gonflait insolemment en dessous de nous. Il suffirait d’un pas de travers, d’une pensée de travers – et… Non. Sottise ! Je regardai tout autour : la pluie fouettait les murs dégoulinants. Dans les flaques d’eau criblées par les gouttes s’agitait l’image inversée de Moscou, les toits pointant vers le bas. Un passant, le visage dissimulé sous une capuche de caoutchouc, passa rapidement, me bousculant avec sa serviette qui gonflait son imperméable.

Je fis brutalement demi-tour et rentrai chez moi. Là, les paupières serrées, la tête entre les mains, je retournai une nouvelle fois dans mon merveilleux Pays des Néants 14.

Rappelez-vous combien de fois nous avons débattu de l’existence de ce pays de l’inexistant. Car tout aujourd’hui est quelque peu vulgaire et tous les Gens s’enflent d’autosatisfaction. Quand bien même une bulle de savon douterait des preuves platoniciennes de l’immortalité de la bulle, il serait presque impossible de la convaincre que tout ce qui apparaît en mille couleurs à sa surface n’éclatera pas en même temps qu’elle.

Et pourtant la bulle se trompe : si l’on souffle sur elle, les reflets meurent, mais les choses reflétées par sa courbe miroitante continuent d’être ce qu’elles étaient.

Qui plus est, après la disparition des reflets, l’œil qui admirait leur jeu sera contraint de chercher les choses non plus sur la bulle, mais en elles-mêmes.

Je rappellerai que la Parque ne tranche pas le fil mais le suspend. Pour le poète par exemple, le nom, l’appellation de la chose, c’est la chose elle-même, le matériau dans lequel chaque son et chaque écho pour lui se font choses ; et les « choses » – ou ce qui pour lui n’en a que le nom – ne sont que reflets sur une bulle. Et ce n’est que lorsque les choses-reflets disparaissent, déjetées de la vie, que les noms se prennent de nostalgie pour les choses dont ils sont les noms – et se font les pèlerins du pays des Néants. Car, pour commencer à être dans les strophes et dans les phrases, il faut cesser d’être dans le temps et dans l’espace : les noms ne parlent que de ce qui n’est pas.

Le pays des Néants m’appelle depuis longtemps. Je n’ai pas résisté à son charme. J’ai bien essayé de quitter les Néants pour les Gens, mais à présent je ne peux plus : les vieilles cendres me réchauffent. Et j’ai froid.

Hier, je suis tombé sur L’Arbat de Biély, qui évoque un passé tout récent, à peine disparu. Mais lorsque, tout plein encore des images de L’Arbat, je sortis dans l’Arbat d’aujourd’hui, je vis tout de suite qu’il était presque impossible de retrouver ne fut-ce qu’un pâle reflet de ce qui a été. J’étais dépité. Après tout, eux, les Gens, leur pierre n’est pas plus solide que de la cire : une misérable trentaine d’années, et tout a pris un nouvel aspect.

Les mots résistent mieux. Tenez, je me souviens : rue Marosseïka, on trouve encore aujourd’hui, coincée entre de hautes bâtisses, la petite église Saint-Nicolas-le-Miraculeux. L’église est de construction très ancienne. Lorsque jadis, à la place des maisons de brique, poussaient autour d’elle des peupliers, on l’appelait Nicolas-aux-longs-Arbres ; puis les peupliers furent coupés (1504) et l’on se mit à construire dans le voisinage des arsenaux pour la fabrication de l’acier des lames – alors l’église s’appela Nicolas-aux-Longs-Sabres ; enfin, lorsqu’à la place des arsenaux détruits on installa une grande pâtisserie, Nicolas, clignant des syllabes, prit le nom de Nicolas-aux-Bons-Sablés. C’est ainsi que le nom, serrant ses lettres, porta sa racine à travers cinq siècles, tenant la cadence et le son, ne cédant que sur l’écho.

J’aime tant ces petits clochers à chapiteau aux confins de la ville, ces vieilles églises de bois, comme celle que l’on trouve à la Cabane-au-Foin, ou l’émouvante architecture de Notre-Dame-des-Louanges dans le faubourg du Soulier : toutes sont à l’écart, éloignées de la vie, déjà inexistantes, mais elles tendent encore leurs tourelles ciselées vers le vide du ciel. Elles savent tout de même ne pas exister avec plus de force que tout cet « existant » qui les entoure et les repousse.

Ce que je préfère, c’est le térémok 15Kroutitski avec son toit bombé. Il n’est pas très facile d’accès. Auprès des remparts du Collège Impérial, dans le lacis des ruelles Kroutitski, des Grands et des Petits-Maçons, sur une hauteur, dans une étroite impasse, au-dessus d’une double voûte, il semble flotter dans l’air – fragile, recouvert de carreaux de faïence aux arabesques pâlies et d’un antique vernis craquelé. À gauche, sur le mur renflé, on voit les restes des balustrades aux boules blanches ; elles bordaient jadis les passerelles couvertes reliant le térémok Kroutitski à l’église aux cinq coupoles consacrée à l’Assomption.

Je ne me lasserai jamais d’errer parmi les croix et les dalles funéraires des cimetières Donskoï, Danilovski et Lazarevski, cherchant à déchiffrer les vieilles inscriptions voilées par la mousse. Et ce qui m’attire le plus dans la région de Kouskovo, non loin de Moscou, c’est le vieux piédestal de marbre – sur le sentier à gauche du pavillon – portant le mot : Vénus. Aucune Vénus sur le piédestal : la statue a sans doute été détruite depuis longtemps. Seule demeure intacte la courbe délicate d’un pied de marbre. C’est tout ce qui reste ; mais je me rappelle être longtemps demeuré à contempler le néant.

Le territoire du pays des Néants s’étend de jour en jour : le son menu des clochers, qui parfois se mêle au grondement et au fracas de la ville, évoque ce qu’il y a de moins existant au pays de l’inexistant : c’est de Dieu que je parle. Passant devant quelque église, il m’arrive parfois de voir quelqu’un jeter un coup d’œil de droite et de gauche, soulever timidement sa casquette et laisser sa main esquisser un geste furtif du front à la poitrine et aux épaules : c’est ainsi qu’on salue des parents pauvres.

Au numéro 29 de la rue Tverskaïa, où habite aujourd’hui Dolidzé 16, vivait jadis Karamzine qui y conçut La Pauvre Lisa. Quant au tramway numéro 28, il conduit ceux qui le souhaitent à la gare de marchandises de Lisino ; à quelques centaines de pas se trouve justement l’étang de Lisa : c’est là – vous vous rappelez – qu’elle mourut.

J’ai pris le tramway numéro 28 et bientôt je fus près d’une mare, tache ronde, noire et puante qui s’enfonçait entre ses bords irréguliers. Voilà l’étang de Lisa. Cinq ou six bicoques de bois montrent leur derrière à l’étang, qu’elles ne cessent de souiller impudemment de leurs immondices. Je tournai les talons et partis : ah non ! vite au pays des Néants !

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