Сигизмунд Кржижановский - Estampillé Moscou

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Estampillé Moscou: краткое содержание, описание и аннотация

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Je me levai et partis lentement, non pas chercher mes lettres – mais loin d’elles – chez moi.

Et me voici à vous écrire.

Practica : puisque vous avez monté toute cette histoire avec vos lettres (ou bien les miennes – je ne m’y retrouve plus), à vous de la conclure. Je ne vous demande qu’une chose : supprimez le nom et les dates.

Après tout, c’est aussi bien ainsi : dès lors qu’ils se sont détachés de la plume, que les mots aillent leur chemin d’orphelins sans feu ni lieu – ils suivront leur destin. Et s’ils ont dû faire un détour de cent verstes pour aller de Moscou à Moscou, cela non plus n’est pas dénué de sens : eux et moi, nous sommes des provinciaux tout nouvellement arrivés.

Et voici qu’une autre histoire me revient à l’esprit : le professeur de philosophie Iourkévitch, vieil habitant de Moscou, se promenait un jour avec son assistant Soloviev dans l’entrelacs des ruelles moscovites. Frappant sentencieusement le trottoir de sa canne noueuse, le vieux professeur dit : « Mon jeune ami, ne croyez pas Kant pour qui le bâton est une chose en soi. Non ! Le bâton, c’est une chose pour les autres. »

Au fond, il avait peut-être raison. Et moi, ne devrais-je pas me débarrasser demain matin de mon Kant au marché de Soukharevka ? Croyez-vous qu’on me l’achètera ?

Le destinataire des lettres ci-dessus, vivant loin de Moscou, m’a prié de bien vouloir me charger de leur publication.

En communiquant à mon correspondant l’adresse de la revue qui avait accepté d’inclure Estampillé Moscou dans son calendrier, je lui ai demandé à mon tour quelques renseignements sur l’auteur et sur la ville qu’il habitait avant de faire sienne Moscou.

Pour toute réponse, le destinataire ma envoyé la treizième lettre qui semblait conclure la correspondance, sans commentaire ni explication.

C’est pourquoi la question de savoir si l’homme qui a inventé cette curieuse répartition de l’humanité en « cherchant-ceci » et « cherchant-cela » appartient à la première ou à la seconde catégorie, reste au moins pour moi sans réponse.

S. Krzyzanowski, 1925.

Les enseignes de Moscou

1

Moscou est vaste et ses trottoirs étroits, et c’est pourquoi la ville s’empêtre : coudes s’accrochant aux coudes, serviettes cognant ballots et paniers… Pourtant, les trottoirs bondés sont d’ordinaire muets. La chaussée pavée gronde et résonne, tandis que sur les bas-côtés, on s’entasse et on se tait : les mots sont bouclés dans les serviettes, pliés en quatre dans les kiosques, enfouis sous les casquettes et les bonnets. Mais pour peu que le regard s’élève de trente degrés… voilà que les mots resurgissent.

Sur le fer bariolé des enseignes, s’affichent la pensée quotidienne, les mots de tous les jours, les phrases ordinaires, bref, tout ce qui se dissimule sous le double couvercle du crâne et du bonnet, en bas, au-dedans des passants affairés qui se pressent en silence :

Tout pour l’enfant (et pour beaucoup de ceux qui sont là, en bas) ;

Un intérieur bien entretenu ;

Coiffeur pour amateurs du travail bien fait (que le regard s’abaisse de trente degrés et il repérera aussitôt lesdits amateurs, chaque jour plus nombreux).

Brasseries : Au rendez-vous du bon causeur ; L’Avance ; Aux deux amis 18 ; L’Atelier (au marché Smolenski) ; À la lune ; La Planète.

Au-dessus des piétons pressés, s’arrondissent des cadrans peints dont les aiguilles s’animent à chaque minute. Et cette minute en bas se fiche dans les cerveaux et pousse en avant la foule des passants sur le ruban des trottoirs. Si vos yeux vont fouiller le lexique bien particulier qui suspend ses pages métalliques au-dessus de l’agitation des rues, vous ne pourrez échapper au regard fixe et perçant des gigantesques prunelles peintes dans l’ovale de verre bleu sur l’enseigne de l’opticien. Et si vous vous dégagez de la cohue pour gagner la chaussée et examiner plus longuement et plus attentivement ces yeux arrachés à l’homme et accrochés dans le vide, vous vous apercevrez bientôt que leur expression est celle de la ville tout entière et qu’on la retrouve sous toutes les visières et sous tous les chapeaux.

2

La Révolution a trop accéléré le rythme de Moscou pour que les mots et les dessins serrés sur les aplats des enseignes puissent suivre tout ce qui se passe sur l’immense surface plane de la ville et ses trente-cinq verstes d’étendue. La technique même de la fabrication de l’enseigne, le coût élevé des matériaux et du travail qu’elle requiert, la nécessité de la repeindre régulièrement (ici, les intempéries jouent leur rôle), voire de la démonter pour la transformer ou en changer le cadre métallique (là, le poids entre en jeu), font qu’à l’évidence l’enseigne prend du retard sur la course du temps : elle n’est, bien sûr, pas vouée à l’histoire mais au quotidien, aussi lent, aussi inerte et aussi résistant qu’elle.

C’est l’affiche qui, d’ordinaire, est au service de l’histoire : nerveuse et fine avec sa peau de papier, elle se multiplie aisément et change du jour au lendemain couleurs, caractères et dimensions. Le slogan révolutionnaire, qui cherche à se faire affiche et sait agrandir ses lettres et aviver ses couleurs jusqu’à rivaliser avec la dimension et l’éclat des textes des enseignes, a sans aucun doute influencé la nouvelle enseigne de Moscou, celle de la période de la NEP. À côté des lourds cadres aux mots énormes et métalliques qui ont conservé les iat et les i de l’ancienne orthographe, l’affiche a appris aux lettres à alléger leur corps pour s’élever, flotter au besoin à la hauteur des toits ou se poser sur d’immenses banderoles coupant la faille des rues. Il n’y a pas très longtemps que les « affiches commerciales » qui, sur les panneaux cylindriques, cherchent à attirer les clients dans les magasins, sont apparues à côté des affiches de théâtre. Même la Révolution, lorsqu’elle livre son lexique purement technique au métal des enseignes, se borne à compléter la collection d’anachronismes de cet immense musée ouvert à tous et à toute heure qu’est le lacis des rues de Moscou. Par exemple :

Chauffe-eau soviétique N°1 (marché Khitrov) ou encore Vente ouverte à tous les citoyens (formule courante dans les années 1921-1922, et que l’on trouve encore aujourd’hui, quoique rarement).

D’après la théorie d’Einstein, on peut imprimer à une masse une vitesse qui croît proportionnellement à ladite masse, jusqu’à la destruction complète de celle-ci. L’accélération que la Révolution a imprimé au quotidien a détruit ce quotidien. Les mots ont déserté la surface immobile des enseignes au-dessus des rues pour courir le long de ces mêmes rues. Les gens qui marchaient en silence sur les trottoirs en ont franchi la bordure et se sont soudain mis à parler ; les enseignes qui parlaient à la place des gens se sont soudain tues pour se retirer en deçà de cette bordure, dans l’hier.

Comme je traversais, au milieu de l’année 1917, une misérable petite ville du sud, je vis un Café Max dont les belles lettres d’or étaient complétées d’un étrange gribouillis à la craie qui descendait en escalier : imaliste (Max-imaliste).

Les craintives pattes de mouche d’imaliste glissèrent des planchettes de bois sur des plaques de fer-blanc dissimulées sous les porches ou derrière les portes cochères, allèrent maculer d’une encre délavée de minuscules feuilles de papier quadrillé, créant ainsi le style particulier de l’enseigne illégale qui vante sa marchandise tout en la cachant. En 1921 encore, on pouvait voir en prenant la longue courbe de la rue Lente 19des affichettes qui proposaient le « Deuil en 24 heures ». Il n’y avait jamais de noms et les adresses étaient souvent imprécises ou illisibles. Après le communisme de guerre, quand l’ancienne pratique économique fut remplacée par la nouvelle et que les choses, les marchandises et la vie elle-même vinrent reprendre leur place en dessous de leurs enseignes, un certain désaccord entre les unes et les autres apparut : sous l’inscription Fleurs Fraiches, la pointe d’une chaussure louchait vers le talon d’une botte ; dans le quartier de Nikolaï-Chtchipovski, derrière les énormes lettres solidement rivées à la pierre : Appartements meublés à prix modique, on avait installé une maison d’arrêt.

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