Сигизмунд Кржижановский - Estampillé Moscou

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Estampillé Moscou: краткое содержание, описание и аннотация

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Surgissant ça et là par touches, le nouveau de jour en jour prenait des forces et entamait sa lutte acharnée contre l’ancien partout, y compris sur le terrain des enseignes. Mais l’ancien s’entêtait à s’échapper des tombes qu’on lui creusait et refusait obstinément de s’étendre sous la pelle. Sur des rectangles bleu foncé, à l’intérieur du mot CUVE qui résonnait aussi tristement que le cri d’un oiseau des marais, s’était glissé un V, comme un timide début de VIE. Derrière les vitres des salons de coiffure, encore sales et rapiécées avec du contre-plaqué, étaient installés des carrés blancs : Soins des ongles et Gaufrage des cheveux ; sur une des vitrines de la rue Kouznetski, des lettres blanches, souples et soigneusement dessinées indiquaient :

Café : (intimité).

Les courbes douces des parenthèses cherchaient à se réunir discrètement et tendrement.

Dans les vitrines des magasins, on proposait des abat-jour, des préservatifs Isis, des matelas de crin et des bureaux en chêne vieilli. Mais, enfoncé tantôt ici, tantôt là, le front de la vie nouvelle se reconstituait et reprenait l’offensive, partout, et jusque sur la surface des enseignes. Des deux côtés de la voûte d’entrée de l’ancien monastère de Saint-Jean-Chrysostome, s’accrochaient deux petites chapelles où l’on vendait avant des images pieuses et des cierges. On voit aujourd’hui, à gauche de l’entrée, l’ancienne inscription Chapelle et, à droite, une nouvelle enseigne : Beurre et œufs . En 1921-22, dans la toute petite rue Paresseuse désignée par ses deux plaques « Lénivka » « Lénivka », deux enseignes se faisaient face : Coopérative La Fourmilière et, à l’angle de la rue Lébiaji, Confiserie Le Travail . Aujourd’hui encore, on peut lire sur l’enseigne accrochée à l’extrémité de la rue Boutyrskaïa l’histoire de l’année de misère, « l’année nue », où les gens vécurent dans l’indigence et la gêne, et les lettres aussi : il semblerait qu’on eût vendu là du foin comprimé en bottes ; puis les cubes verts de foin ont dû se pousser pour faire place à de pauvres cercueils de bois blanc. Sur l’enseigne, c’était pareil : à droite, tout au bout, les lettres serrées Vente de foin, et, à gauche, quelques caractères noirs entassés : Cercueils.

Au cours de la deuxième année de la NEP, se multipliant d’heure en heure, de gigantesques écrevisses d’un rouge triomphant se mirent à grouiller dans les devantures ; elles remuaient, pliaient servilement la carapace, sortaient d’un air menaçant leurs pinces des manches élégantes des laquais. La lutte se diversifiait et s’intensifiait : hier contre demain, en arrière contre en avant, putréfié contre moderne. Ça et là au-dessus de la ville, apparaissaient de nouveaux noms revêtus de caractères nouveaux. Comme nous l’avons déjà dit, la nouvelle enseigne est en quelque sorte plus légère et plus lapidaire que l’ancienne. La possibilité même de remplacer les mots par leurs initiales réduit considérablement la surface devant supporter les lettres. Simples assemblages de sons, les mots ainsi formés comme gdouw, ongl, tsit 20, etc., peuvent facilement se décomposer en deux ou plusieurs groupes de lettres, disposés par exemple en forme d’étoile ou de marteau croisé avec la faucille : les possibilités de composition s’en trouvent notablement élargies.

Il saute aux yeux que la vie nouvelle préfère la verticale à l’horizontale : l’enseigne électrique du Mosselprom 21, avec ses lettres écarlates qui courent le long de l’arête de l’immeuble tout juste achevé à l’angle des rues Kalachny et Maly-Kislovski, exprime cette tendance de la façon la plus complète et la plus nette.

Qu’elle soit ancienne ou nouvelle, la vie est toujours une immense complication, un inextricable réseau de nœuds, et j’aurais eu besoin de trop de place, ne fût-ce que pour énumérer les différents signes du quotidien tels qu’ils s’inscrivent sur les feuilles métalliques des enseignes.

Ainsi, dans les brasseries et les débits de thé des faubourgs, le châssis dormant, c’est-à-dire la partie supérieure de la fenêtre divisée en plusieurs carrés par des montants de bois, sert habituellement de support à l’enseigne. Chaque carré peut contenir une lettre, de sorte que le nombre des carreaux détermine la longueur du mot. S’il y en a cinq, on peut écrire bière ; s’il n’y en a que trois, on inscrira thé .

Et il est notoire que, dans les buvettes, ce sont les vitres qui ont la vie la plus courte, les vitriers sont obligés de remplacer régulièrement tel ou tel carreau. Mais pour une seule lettre à refaire, ça ne vaut pas la peine de faire venir un peintre d’enseignes et un regard attentif, s’il observe systématiquement les faubourgs, découvrira ce processus particulier de dé-lettre-ment progressif des mots peints sur les châssis : thé se transforme soudain en hé, bière en bire, puis finalement en ire.

Une observation prolongée montre que la juxtaposition à première vue fortuite de tel ou tel panneau de métal peint est régie par une sorte de régularité, un principe de répétition obscurément présent : point n’est besoin, par exemple, de courir au bout de la rue Boutyrskaïa pour trouver une association d’images comme celle du foin et du cercueil, de la nourriture et de la mort. Tout près, à Krasnaïa Presnia, on voit une autre illustration de ce principe : deux enseignes cherchent à se rejoindre de part et d’autre d’une étroite porte rouge…

À gauche du porche :

Atelier de cercueils

à droite :

Cantine Vénus

À déconseiller aux étourdis !

Quelque chose m’attire dans les silhouettes et les visages du peuple des enseignes surmontant les magasins de fourrure ou les vitrines des ateliers de couture : leurs corps sans défense ont été enfilés dans des pelisses ou des jupons et ne sauraient bouger sans rompre la symétrie des plis soigneusement ajustés ; leurs yeux méticuleusement dessinés ne pourront jamais se croiser, l’axe de leurs regards fuit en lignes parallèles vers l’infini. Peut-être est-ce pour cela que leurs visages crayeux semblent toujours perplexes et un peu effrayés.

Il m’est arrivé – c’était avant la guerre – d’assister à une curieuse scène : un petit soldat tout embarrassé venait d’entrer chez un photographe des faubourgs et sortait de sa capote un paquet de photos qui le représentaient.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? J’appartiens au 132 e. Et voilà qu’ici, le soldat pointa l’index sur une photo, c’est le numéro 133 qu’on voit sur mes épaulettes. C’est pas normal !

De tout l’écheveau d’explications sans queue ni tête, je n’avais déduit qu’une seule chose : dans cette échoppe bon marché où l’on photographiait les soldats en masse les dimanches de permission, on disposait pour tous d’un cliché du corps déjà prêt, auquel le déclic de l’appareil n’ajoutait que la tête. Cela revenait moins cher. Il n’y avait guère de clients assez tatillons pour scruter d’un œil suspicieux les chiffres à peine visibles des épaulettes. Sans aucun doute, le photographe avait découvert le principe essentiel du quotidien : sa pratique et son dogme veulent que l’individuel, tout ce qui distingue un moi d’un autre, soit simplement ajouté et ajusté à des modèles figés, déjà prêts et valables pour tous : même forme pour les chapeaux, ou même forme pour les chaussures. Et, dans leur immense majorité, les enseignes qui ont assimilé cette caractéristique en cernent plus sûrement et plus fidèlement l’essence par le pinceau de leurs artisans que l’art par celui de ses peintres. Les tableaux suspendus dans les galeries toujours ouvertes des rues se contentent du quotidien.

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